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4,02

sur 393 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Où se situent le bien et le mal, où est la trahison : dans la fidélité à un camp coupable ou dans la dissidence ? Voilà l'une des multiples questions qui taraudent le capitaine Degorce à l'heure où la torture est l'alternative à une possible défaite et où lui-même se transformera en bourreau à l'instar de ses condisciples qui ne lui inspirent que mépris...
Dans ce roman dense et bouleversant, Jérôme Ferrari nous renvoie à notre condition très humaine et très faible et assène une vérité universelle : l'homme est misérable et porte le mal en lui, le mal si difficilement discernable du Bien.
Une réflexion sombre et magnifique sur la torture, les questions morales qu'a pu soulever la guerre d'Algérie et la condition humaine tout simplement.
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Excellent roman.
Un style adapté à chaque personnage, une histoire prenante pourtant si dure (les tortures en Algérie). Une analyse psychologique qui m'a tenue en haleine. Vraiment un beau texte.
Et félicitations à l'éditeur pour la très belle couverture ! Magnifique....
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Franchement,j'ai bien fait de ne pas lire les commentaires des lecteurs de Babelio sur cet ouvrage.Certains se donnent le droit de TOUT raconter et c'est affligeant.Les gens intéressés ont aussi le droit de découvrir et d'exprimer leur sentiment et sont capables de comprendre.Cette attitude m'énerve,il n'y a pas ceux qui savent et les autres.Je m'égare.
Cet ouvrage mérite vraiment toute notre attention.J'ai été vraiment très ému par cette fine analyse du rôle des militaires dans ce qu'on a appelé "les événements d'Algerie" C'est vraiment très fort,très perturbant,un très beau livre assurément conseillé par ma libraire après mes lectures de madame Zeniter et madame Giraud dont on a beaucoup parlé en cette rentrée littéraire 2017.J'ai apprécié cet autre regard,dur,émouvant,dérangeant.Je vous conseille la lecture de cet ouvrage si vous vous intéressez à cette période obscure de notre histoire,c'est du grand art.
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Jérôme Ferrari nous propose une nouvelle fois une descente dans les méandres de l'âme humaine où la lumière de l'espoir n'a que peu de place. Suite à une expérience commune de souffrance et de solidarité, les deux protagonistes de ce drame vont développer chacun à leur manière, leur propre traumatisme post-guerre. L'écriture hypnotisante de l'auteur nous entraîne avec force dans cette spirale sans fin de la douleur physique et mentale.
Le thème de ce roman paraît totalement adapté au style flamboyant de Jérôme Ferrari, qui retranscrit avec lyrisme la réflexion sur soi même et la remise en cause des personnages. le contexte est sombre, l'histoire est sous tension, et les êtres sont torturés. A tel point que le récit m'a pris aux tripes et va me laisser à coup sûr un souvenir bouleversant.

Le fait d'avoir déjà lu précédemment "Le sermon sur la chute de Rome" diminue l'effet de surprise et d'émerveillement que crée la belle écriture de Jérôme Ferrari au premier contact, mais il n'en reste pas moins que je classe Jérôme Ferrari dans le haut du panier de la littérature française.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Nous sommes en 1957, à Alger, en compagnie du capitaine André Degorce, chargé de « recueillir des renseignements » ; on l'aura compris, il fait pratiquer la torture, de la manière la mieux adaptée à chacun(e) de ses prisonniers. Quand il en a terminé, les victimes sont remises aux mains du lieutenant Horace Andreani, qui, on le devine, les fait le plus souvent « disparaître ». Il faut dire que Degorce a une grande expérience de la guerre et de la détention : jeune résistant, il a été envoyé à Büchenwald, il s'est marié avec la veuve d'un ancien déporté, et il a ensuite choisi la carrière militaire, pour affronter l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. C'est là qu'il a connu Andreani, qui l'a éperdument admiré et aimé pour sa grandeur d'âme.

Et pourtant… Degorce « a laissé son âme en chemin, quelque part derrière lui, et il ne sait pas où » : il est devenu bourreau. Alors qu'Andreani s'accommode sans problème de la situation, Degorce a des scrupules, il joue le jeu de la hiérarchie mais ne se retrouve plus lui-même. Alors qu'il vient de faire arrêter Tahar, le commandant de l'Armée de libération nationale (arrestation dont il croit naïvement qu'elle mettra bientôt fin à la guerre), il cherche à apaiser son malaise en venant se confesser à Tahar, « le pur », en lui manifestant les égards dus à son rang. Mais il devra finalement livrer le prisonnier à Andreani

Encore une fois d'étonnantes correspondances avec mes lectures précédentes, L'insomnie des étoiles (dont le héros, lui aussi capitaine, dans une autre guerre, doit affronter un crime contre l'humanité), Pitié pour le mal (qui pose la question du bien et du mal, de la pitié ou du pardon) et Passé sous silence. Autant ce dernier pouvait être grandiloquent dans son évocation de la guerre d'Algérie, autant ce roman court mais puissant nous plonge dans la sordide réalité de la torture, en nous mettant presque les mains dans le cambouis !

Deux voix parcourent le livre, dont l'action est resserrée sur trois jours de mars 1957 : celle d'Andreani, qui s'adresse directement à Degorce, pour exprimer son admiration ancienne, puis ses ressentiments, son dégoût sur la manière dont le capitaine s'est « débrouillé » avec ses scrupules ; une voix extérieure qui suit Degorce dans ses labyrinthes intérieurs et ses sales missions. C'est un des points forts du livre que cette double narration, qui permet au lecteur de s'interroger et de se sentir terriblement impliqué à la fois.

Des échos effroyables dans la propre histoire de Degorce et aux limites de ces trois jours, comme la double scène de torture d'une femme et d'un homme, sont écrits d'une plume brûlante, débordante, qui sait se faire haletante ou impitoyable.

Un livre que j'ai trouvé peu banal, audacieux, dérangeant, et par ailleurs doté d'une belle couverture, comme souvent chez Actes Sud. Un livre pioché en bibliothèque, le 9e dans le challenge Rentrée littéraire 2010.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Si vous n'avez pas encore lu de livres de Jérôme Ferrari, je vous encourage fortement à le faire. Il est l'un des écrivains francophones actuels les plus « littéraires », avec un style travaillé et soigné, que j'apprécie beaucoup et dont je ne me lasse pas.

Son livre « Où j'ai laissé mon âme » est un petit bijou, saisissant et bouleversant, à l'écriture lyrique et éclatante. L'auteur emmène le lecteur dans les profondeurs de l'âme, de la Foi et de la morale, à travers le récit de trois journées de la Guerre d'Algérie, au coeur d'une unité de l'Armée française chargée de recueillir des renseignements pour démanteler les réseaux du FLN. La torture physique et mentale est donc au centre de l'histoire.

Les deux protagonistes se connaissent de longue date. Ils ont fait la Guerre d'Indochine, ont été capturés et torturés ensemble. Les voici maintenant de l'autre côté de la barrière : les victimes sont devenues bourreaux. L'un va sur-assumer son changement de rôle, sans remords ; l'autre va douter et comprendre l'impossibilité des victoires en temps de guerre. Mais ces deux personnages restent dans la nuance et la complexité tout au long du roman.

Ce livre est puissant et fascinant. Il prend aux tripes, tant par le sujet que par la justesse des mots et de l'écriture. Il représente une plongée dans la noirceur des hommes, au plus profond d'eux-mêmes, perdus dans leur solitude.

Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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Enrôlés dans la guerre d’Indochine par l’armée française, le capitaine André Degorce et le lieutenant Horace Andreani ont développés des liens forts nés dans l’enfer de Diên Biên Phu et les camps du Viêt-minh.

En ce mois de mars 1957, ils se retrouvent à Alger. Le vent a tourné, les captifs de hier sont aujourd’hui bourreaux. Leur façon différente d'assumer leur nouveau statut a raison de leur solidarité.

Où j’ai laissé mon âme ? met en scène trois personnages, trois hommes livrés à l’implacable vérité de la guerre, celle de la délation, des tortures, des massacres.
Dans cet huis clos qu’est la villa Saint Eugène à Alger le prisonnier Tahar colonel de l'ALN est celui qui semble le plus apaisé, il va serein vers une mort inéluctable .

« Il (Tahar) est immobile sur sa paillasse, comme dans les rêves du capitaine, mais il est si calme qu’on pourrait le croire assis dans l’ombre fraîche d’une palmeraie, à Timimoun où à Taghit, regardant par delà le mur crasseux les dunes onduler sous la caresse d’un vent tiède, absorbé dans la contemplation de choses douces et mystérieuses qui n’appartiennent qu’à lui seul. »

Le lieutenant de l'armée française Andréani s’est fait une raison et ne tergiverse pas devant son devoir. Il règle ses comptes avec sa conscience en s'abritant derrière les horreurs perpétrées par les membres de l'ALN. Il pense que chaque homme abrite le mal et la violence en son sein, la guerre ne fait qu'exacerber ce penchant naturel
Le capitaine Degorce est un homme tiraillé, écartelé entre ses responsabilités et sa conscience. Il se trouve en porte à faux par rapport aux membres de sa famille qui le porte aux nues, il se sent indigne de cette confiance.

« Il est capable d’élaborer des raisonnements complexes et de prendre des décisions. Il sait formuler et comprendre les données d’un problème, hiérarchiser des informations. Il sait concevoir des plans nécessitant l’élaboration de conjectures à moyen et long terme. Mais, bien sûr, quand il s’agit d’écrire une lettre aux siens, quelque chose d’autre est nécessaire, quelque chose qu’il a manifestement perdu. L’âme, peut-être, l’âme, qui rend la parole vivante. Il a laissé son âme en chemin, quelque part derrière lui, et il ne sait pas où. »

La lecture de Où j'ai laissé mon âme? n'est pas une lecture facile. C'est une réflexion sur la torture par les tortionnaires eux-mêmes. Elle nous met au plus près des consciences tourmentées et suppliciées. Les corps se dénudent et les bourreaux entrent dans une danse macabre et douloureuse.
L'écriture de Jérôme Ferrari est à la hauteur de ce sujet difficile: puissante et énergique.
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Ce roman est le second que je lis sur la guerre d'Algérie en moins d'un mois. Tout comme "Le Mur, le kabyle et le marin" d'Antonin Varenne, "Où j'ai laissé mon âme" traite des tortures perpétrées par les français en Algérie au nom de la guerre, au nom de la France.

Le roman de Jérôme Ferrari dénonce les méfaits de certains soldats, l'horreur de ces actes et leur importance sur les tortionnaires eux-mêmes et notamment sur le capitaine André Degorce qui a vécu la seconde guerre mondiale en tant que résistant et la guerre d'Indochine en tant que combattant. En trois jours, son âme va basculer ; son "innocence" sera annihilée et il ne sera plus le même homme.

Tout au long de ce récit, on s'attache à ce capitaine, à son humanité. On espère toujours qu'il ne sombrera pas dans son côté inhumain.

Quant à la construction du roman, l'auteur alterne deux points de vues. Tout d'abord la narration traditionnelle dans laquelle on suit le capitaine Degorce durant ces trois jours terribles, 27-28 et 29 mars 1957 où tout bascule. le second point du vue est celui du lieutenant Horace Andréani, camarade du capitaine durant la guerre d'Indochine. le récit du lieutenant se passe beaucoup plus tard. Il s'adresse directement au capitaine dont il connait déjà la transformation morale élaborée durant ces trois jours de mars 1957.

L'écriture de ce roman est vraiment magnifique. Les mots coulent de phrase en phrase et il est difficile de quitter le texte des yeux. Cette beauté du texte est en totale opposition avec la cruauté humaine qui y est décrite. Au premier abord, lorsque l'on feuillette le livre, on voit des paragraphes d'une longueur infinie, faisant plusieurs pages... Cette forme peut faire peur, mais la qualité du texte est telle que l'on ne souffre pas de ce manque d'aération dans les pages.

En conclusion : Texte sublime sur un thème terrible. A lire absolument


Lien : http://coffresalivres.canalb..
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Ce roman de Jérôme Ferrari a pour décor les caves sombres d'une ville algérienne, pendant cette guerre qui fut longtemps nommée " la guerre sans nom".
Deux hommes, deux destins similaires, et pourtant deux réactions opposées face à l'horreur. le capitaine Degorce et le lieutenant Andreani ont été réuni par la violence et les humiliations subies pendant la guerre d'Indochine. le jeune Andreani était subjugué par Degorce, cet homme qui avait survécu au camps de Buchenwald pendant la seconde guerre mondiale.
De nouveau ensemble dans ce conflit algérien, ces deux militaires deviennent à leur tour des bourreaux. Mais contrairement au passé, cette situation les différencie, les éloigne. Tandis qu'Andreani laisse parler sa rancoeur et son dégout, Degorce lui se met à réfléchir à l'absurdité de ses actes. Il comprend que toute la violence qu'il a vu au cours de sa carrière de militaire l'a anéanti, a fait de lui un homme sans âme. Il se cherche, mais ne se retrouve plus.
Les mots de Ferrari sont forts et justes. Les scènes de torture ne sont pas ostensibles, mais sont insoutenables par leur froideur et leur précision. On a la nausée, on est choqué par cette souffrance gratuite.
L'âme humaine est ici décortiquée dans ses recoins les plus sombres. Face à l'horreur, l'homme se découvre dans sa noirceur, la lutte pour sa survie fait de lui un être dépourvu de compassion.
Même si ce récit a pour théâtre les rues dévastées d'Alger, c'est le comportement humain face à l'atrocité de la guerre qui est mis en scène. Et c'est avec une plume incisive et percutante que Jérôme Ferrari entraine ces personnages et ses lecteurs en enfer.
Le bien et le mal n'ont plus de frontière et les limites ne sont plus définies.

En conclusion, ce roman est dur, choquant, mais surtout bouleversant.
Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Deux hommes, deux voix pour raconter leurs guerres, la Guerre. Assurément, un livre choc.
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