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4,02

sur 393 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman poignant, réaliste, où les mots violents traduisent avec force l'atroce vérité des guerres évoquées ici : la seconde guerre mondiale, la Résistance, le camp de concentration de Buchenwald , l'Indochine , les camps de prisonniers, l'Algérie, la torture …)
Les hommes y perdent leur foi, leur âme, leur humanité…
Ferrari s'appuie sur une documentation rigoureuse, sur des personnages bien campés témoins et acteurs de cette époque pour composer cette fiction.
Lecture, pour moi, à la fois douloureuse et particulièrement prenante.
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Un roman que je voulais lire déjà depuis longtemps dont on m'avait assuré qu'il était encore bien supérieur au prix goncourt "Le sermon sur la chute de Rome" qui a récompensé l'auteur. C'est effectivement un livre magistral, un texte fort. Ce livre de Jérôme Ferrari ne peut laisser indifférent. Il évoque une période noire de notre histoire, cette guerre d'Algérie que pudiquement on nommait "les évènements d'Algérie", avec ses attentats, ses règlements de comptes, ses passages à tabacs, ses tortures perpétrées par un camp ou l'autre. Un livre d'homme qui oppose deux psychologies et philosophies différentes. Celui qui obéit aux ordres et accompli sa tache de tortionnaire comme un simple fonctionnaire, et cet autre qui ne se reconnaît plus et va jusqu'à en perdre son âme... Un très grand livre, servi par une superbe plume, à découvrir...
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Il fut une génération d'hommes qui enchaîna les guerres. Seconde, Indochine, Algérie.
Alors, quand Jérôme Ferrari nous présente l'un d'eux au cours de trois jours consécutifs de l'année 1957, on se rend compte combien cet homme a eu le temps de cogiter en étant aux premières loges pour observer le comportement humain et les arrangements que chacun s'octroie avec soi-même pour rendre la frontière du mal plus floue.
Sauf que cet homme n'est pas plus dénué de contradictions qu'un autre, comme le démontre le discours plus "entier" de la seconde voix dans ce roman.
"Chaque matin il faut retrouver la honte d'être soi-même."
Et ce n'est pas de savoir si ces deux soldats combattent pour le FLN ou l'OAS qui changerait l'interprétation de ce texte, parce que le sujet est la guerre au sens général.
C'est brillant de réflexion comme seul un bon philosophe a la capacité de le partager.
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Avec ce roman conseillé et gentiment prêté par un membre babeliote, me voilà plongée dans une histoire d'hommes, un récit de guerre, une amitié virile mais sans concessions.

Le capitaine André Degorce est un homme tourmenté.
Profondément marqué par son passé de prisonnier à Buchenwald et de combattant en Indochine, c'est avec beaucoup de difficultés et d'états d'âme qu'il remplit sa fonction de tortionnaire en Algérie.
Mal à l'aise dans son rôle, il compense en se rapprochant d'un de ses prisonniers, commandant de l'ALN et tente de se justifier.
En double narration, son compagnon d'infortune, le lieutenant Andréani, pourtant admiratif de son supérieur, en dresse un portrait lucide et implacable.

Un style très travaillé pour une réflexion riche sur le bien et le mal, sur la justification des actes de guerre, sur le sens de la mort ou de la victoire.
Tout cela dans un contexte sombre et complexe.
Un livre court mais qu'il m'a pourtant fallu du temps pour lire tant le propos est dur et lourd de sens.

Un truc de mecs, je vous dis ;-) mais un livre fort, inoubliable...
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Cette fois, Jérôme Ferrari met sa belle plume et son talent au service de la guerre d'Algérie.
Encore un roman fort, qui traite du rôle du tortionnaire et de celui du torturé.
Le capitaine Degorce a été emprisonné à Buchenwald lors de la précédente guerre, il se retrouve bourreau lors de la guerre d'Algérie.
Perdu, le capitaine se prend d'admiration pour un de ses prisonniers. En même temps, le lieutenant Andreani, qui lui a voué longtemps un amour inconditionnel s'adresse virtuellement à lui.
Du rôle que les circonstances nous poussent à tenir. Que de questionnement à travers le comportement du capitaine Degorce !
Ce n'est pas un roman facile à lire mais il nous pousse loin dans la réflexion.
Ceci dit, les ouvrages sur la guerre m'épuisent psychologiquement.
Deux si rapprochés, j'ai besoin de légèreté maintenant.
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Après avoir lu avec consternation les chroniques médiatiques de l'auteur ("Il se passe quelque chose", l'actualité vue par Homais-lenchon), je ne m'attendais pas à un roman aussi subtil sur l'armée et les guerres françaises qu'elle a dû livrer. "Où j'ai laissé mon âme" est un roman à deux personnages : l'un, le capitaine Degorce, est le héros du récit à la troisième personne de sa carrière militaire, l'autre, le lieutenant Andréani, s'exprime à la première personne et s'adresse, avec une implacable lucidité, audit Degorce. Degorce est un nostalgique de la pureté, un idéaliste que les aléas de l'histoire, de Buchenwald à l'Algérie en passant par Dien Bien Phu, détruisent peu à peu. Sans pitié, Andreani met à nu le problème de son ami : ce n'est pas la perte des idéaux, ni celle de la foi, ni la souillure du mal, qui détruisent Degorce, mais l'opposition entre la belle image qu'il a de lui-même et le mal qu'il commet. Ce n'est pas de l'idéal, c'est du narcissisme, comme le fait voir Tolstoï en la personne de son prince pénitent Nekhlioudov, dans Résurrection. Aussi, ce roman qui retrace l'épopée de deux officiers de l'armée française, déportés, vaincus d'Indochine, rééduqués par les communistes, tortionnaires en Algérie, et pour l'un d'eux, membre de la rébellion des généraux, - ce roman est profondément théologique (quelle part Bernanos a-t-il jouée dans la formation de Ferrari ?) En la personne de Degorce, Jérôme Ferrari crée un personnage de chrétien que l'orgueil de la pureté et la faiblesse devant le mal conduisent au désespoir, à la damnation subie du criminel qui n'assume pas ses actes et ne peut donc s'en repentir. Quant à Andréani, sa lucidité sans illusions le mène à une théologie sans Dieu, sans justice, surtout sans justification : en somme, une damnation acceptée et comme revendiquée (il y a quelque chose de la beauté du Diable en cet Andréani). C'est un beau roman, qui dévoile la fausseté d'un christianisme qui ne serait qu'un idéal de pureté et qui ne passerait pas par l'horreur de la croix et du mal, clés de la résurrection. Cette dimension-là a disparu du livre de Ferrari : le paradis est perdu dans le passé, il n'est jamais une perspective d'avenir, sauf pour les musulmans emprisonnés du livre, comme on le voit à la mort de Tahar : pour eux, tuer, même des innocents, ne provoque pas pareils dilemmes moraux, ni cas de conscience, puisque le paradis islamique est promis aux meurtriers "martyrs". Concernant la langue et le style de l'auteur, je continue de suspendre mon jugement de lecteur.
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Où j'ai laissé mon âme...

Quelle magnifique plume que celle de Jérôme Ferrari, qui nous narre pourtant un sujet incroyablement dur, celui de l'atrocité des guerres et de toute la cruauté qui peut prendre possession de ces hommes-bourreaux abjectes, devenus Dieu face à leurs victimes...

Mais ce récit, Jérôme Ferrari nous le sert avec tellement de beauté brute, avec tellement de poésie à fleur de peau, qu'on le lit d'un trait, sans relever la tête ! Cent cinquante pages de dépaysement, de quête vers la recherche d'un peu d'humanité, où la rudesse du désert africain se mêle à la moiteur des nuits d'Indochine et à l'odeur pestilentielle des camps de concentration, que l'on dévore en une petite soirée à peine.

Cette histoire prend aux tripes, elle nous plonge dans les pensées tourmentées de deux frères d'armes, anciennes victimes des guerres passées, devenus à leur tour bourreaux... Mais les remous du passé n'auront pas la même emprise sur ces deux hommes...

Une écriture fluide, faite de longues, très longues phrases, où les points qui marquent leurs séparation se font volontairement rares, pour mieux nous empêcher de respirer et nous immerger au plus profond de ces esprits qui aimeraient tant trouver leur paix intérieure.

On aimerait tant les aider à la retrouver, leur âme... Magnifique roman !

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Le capitaine André Degorce se destinait à des hautes études dans l'apprentissage des mathématiques. C'était avant sa déportation pour acte de résistance contre l'occupant Nazi à Buchenwald au printemps 1944. Il en est rentré meurtri en profondeur. Rencontre de l'amour avec Jeanne-Marie qui est son ainée, une mère pour ainsi dire, et retrouve l'envie de se battre pour la vie.
Il débutera sa carrière militaire peu après, comme une révélation.
L'histoire se situe en Algérie en pleine guerre d'indépendance. Il y dirige les renseignements militaires à Alger. Est présent à ses côtés le lieutenant Horace Andréani, un frère d'arme d'Indochine avec lequel il a survécu à l'emprisonnement et les privations des prisonniers de guerre après la chute de Diên Biên Phu.
Mais l'histoire ne se répète pas car il est de l'autre côté, plus une victime. Il donne désormais les ordres aux bourreaux traquant les « terroristes » de L'ALN au travers d'interrogatoires où la torture est une arme.
Il fait face à la grande muette, partagé par ce souci de loyauté et le paradoxe des victoires au goût amère. Ses échanges épistolaires avec sa femme ne sont que banalités et vérité éludée. On le voit perdre la foi, se rendant compte d'une rédemption impossible.
Un prisonnier de premier choix, Tahar, le rappelle à sa propre histoire, le rempli de doutes sur l'accomplissement de sa mission et les moyens mis en oeuvre pour la remplir. Sa grandeur d'âme, ses réflexions autours de ses actes entre bien et mal deviennent un épineux supplice.
Un roman qui décrit bien les positions dévastatrices auxquelles doivent se confronter les hommes qui décident de prendre les armes aux noms d'idéologies de civilisation et où la frontière entre victime et bourreau devient si ténue qu'elle rend illégitime toute velléité bienveillante.
J'aurais aimé qu'il développe plus le personnage de Tahar, sa psychologie.
Lecture dure sur un sujet resté tabou. Épisode de l'armée française que l'on méconnait par manque de transparence de celle-ci. Traumatisme d'une génération de soldat.
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L'auteur s'est inspiré d'un épisode réel de la bataille d'Alger. Il s'agit de l'arrestation de Larbi Ben M'hidi, un des chefs de la rébellion, responsable de terribles attentats (ici il prend le nom de Tahar).

Dans un cadre sordide et sombre, dont le lecteur ne devinera pas l'emplacement exact, il dresse le portrait de trois hommes réunis par la grande Histoire, et qui souffrent chacun à leur manière de ce qu'ils sont devenus.
Le héros principal du roman est le Capitaine Degorce, un chrétien convaincu, pris de remords pour ce qu'il a fait, et qui n'arrive pas à surmonter sa honte. Il n'arrive pas non plus à avouer ses fautes à sa femme, qu'il aime par-dessus tout, mais dont il reste éloigné depuis si longtemps qu'il ne sait plus comment lui avouer ses crimes. Il s'en tient donc à des propos totalement futiles dans les lettres qu'il envoie à ses proches. Son principal défaut, outre le fait qu'il donne les ordres, c'est donc en plus d'être hypocrite, qu'il se justifie sans cesse de ses actes, se posant des questions inutiles, cherchant ainsi une rédemption à laquelle il pense pouvoir prétendre.
Le lieutenant Andreani, se sent méprisé par le capitaine qui lui donne toutes les basses besognes. Il ne rêve que de se venger de celui qu'il a beaucoup trop admiré dans le passé. Et c'est 50 ans après qu'il va s'adresser à celui-ci et lui exprimer tout son mépris, tout en laissant dans ses propos transparaître par moment une certaine douceur, pour celui qu'il a tant aimé.
Tahar, enfin, est un prisonnier respecté pour son intelligence et dont la sagesse et la sérénité vont profondément marquer le Capitaine Degorce...qui en oubliera ce qu'il a fait.

Le thème de la torture et de la conscience des bourreaux qui la pratiquent n'a rien d'original, mais toute la force de ce roman provient du talent de Jérôme Ferrari, de son style et de son écriture particulière, et de cette manière époustouflante qu'il a de nous faire entrer dans son récit et de nous rapprocher suffisamment des personnages pour que nous nous posions des questions en même temps qu' eux.
C'est un roman intemporel très profond je trouve, sur le bien et le mal, le courage et la lâcheté des hommes, les limites entre la liberté ou sa privation, la culpabilité et la compassion, et l'espoir possible d'une rédemption.
L'auteur a voulu nous parler de manière générale des actes odieux perpétrés en temps de guerre et de leurs conséquences sur les victimes, comme sur les bourreaux, ce qui bien entendu n'excuse rien.
La construction de ce roman très littéraire est complexe mais abordable, car l'auteur sait parfaitement bien orchestrer son récit en faisant alterner les deux voix, celles du capitaine Degorce et d'Andréani, l'exécuteur des tortures.
C'est un roman fort qui n'est pas facile à lire tant le sujet est douloureux car il nous décrit la noirceur des hommes... mais je trouvais important d'en parler ici.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Nous sommes à Alger en 1957 et le capitaine Degorce retrouve le Lieutenant Andreani qu'il connait depuis de longues années puisqu'ils ont combattu ensemble et été ensuite détenus en Indochine. Mais le sort les a fait changer de position et ils sont devenus bourreaux : à eux de trouver des coupables, de les interroger et les torturer. Cependant Degorce ne peut plus supporter cette violence au quotidien qui semble sans fin et surtout vaine et en arrive à se réfugier auprès d'un nouveau prisonnier, le commandant Tahar de l'ALN. le lecteur entre de plain-pied dans la guerre d'Algérie et en découvre les horreurs : règlements de compte, attentats, meurtres, tortures…


Où est le bien et où est le mal ? Qui a tort et qui a raison ? Qui est le gentil et qui est le méchant ? Des questions que l'on peut bien sûr se poser pour chaque guerre, et plus encore pour les guerres fratricides.


Faut-il obéir aveuglément aux ordres pour être un bon soldat ? Tuer et torturer sans se poser de questions ? L'humanité a-t-elle le droit d'interférer dans la guerre ? Et, bien sûr, la question principale que pose ce roman, le soldat va-t-il y laisser son âme ? Quelle est la limite du suportable, de l'humain ? Pour le Lieutenant Andreani, membre de l'OAS, pas de problème : il suit les ordres sans états d'âme, ne se pose pas de questions, reste dans l'action. Mais il en est tout autrement pour le capitaine Degorce qui est complètement rongé par la culpabilité et n'arrive plus à « gérer » ses fonctions. Pendant tout le roman, Andreani s'adresse à Degorce en un long monologue où le « mon capitaine » revient comme un leitmotiv, témoin des liens qui les unissent, mais aussi de ce qui les sépare désormais.
Suite sur Liliba
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