Un résumé très prometteur pour une fantasy d'influence japonaise : voilà ce qui m'a plu lorsqu'on m'a proposé la lecture de Porcelâme. J'aime la fantasy (vous vous en êtes déjà plus ou moins rendus compte), et je ne rate pas une occasion de commencer une nouvelle lecture du genre, surtout quand elle mêle la délicatesse de la fleur de cerisier japonaise et la violence crue du samouraï assassin. Alors j'ai décidé d'emprunter moi aussi la voie du Kirin, le temps de ces quelques trois cent pages, pour découvrir Tomoe, une jeune guide qui ressemble trait pour trait à un assassin sanguinaire, Gintaro, un garçon qui possède une aptitude bien particulière concernant les porcelâmes, et Kiyoshi, un rônin (au Japon, le "samouraï sans maître") fort charmant (mais la pointe de son sabre tranche facilement).
C'est en s'inspirant des quatre animaux ou gardiens des quatre orients (les points cardinaux), nommés Shijin au Japon, que
Célia Flaux construit une intrigue bien ficelée qui nous emmène à la découverte des terres du Kirin, et de l'ascension de sa montagne au prix de quelques sacrifices. Par ailleurs, cette étape initiatique du livre m'a fait penser au livre de
Alain Damasio,
La Horde du Contrevent ; j'y ai retrouvé une progression similaire et cela m'a fait sourire. le premier tome se passe donc essentiellement sur cette voie de pèlerinage (et j'espère bien découvrir les autres clans dans les autres tomes), dans une atmosphère presque méditative (qui peut faire penser aux livres de
Haruki Murakami) détonnant avec la violence graphique des combats. Un paradoxe bien maîtrisé, offrant une expérience sensorielle assez envoutante et qui ajoute à l'attrait du livre.
Les personnages, bien qu'ils évoluent au fur et à mesure de leur quête, sont déjà très matures quand on les découvre ! C'est en relisant le résumé pour faire cette chronique que j'ai pris conscience qu'ils étaient encore jeunes, tandis que leurs comportements et leurs décisions sont celles d'adultes. Leur enfance-adolescence les a mené à murir beaucoup trop vite, l'innocence tranchée par le sabre acéré de la guerre, du pouvoir et par les obstacles qu'ils ont du franchir. C'était très intéressant de découvrir des protagonistes jeunes qui à la différence de certains autres livres que j'ai pu lire n'étaient pas infantilisés. Ils ont déjà de grandes responsabilités et doivent agir en conséquence, même s'ils ne choisissent pas tout le temps la voie de la sécurité. Tomoe qui tient entre ses mains la vie des voyageurs qu'elle guide sur la voie du Kirin (et d'autres petits trucs sympas mais ça, vous le découvrirez en lisant le livre), Gintaro qui lit les Porcelâme, Kiyoshi, un rônin-samouraï accompli... Vous l'aurez donc compris, j'ai particulièrement adhéré aux protagonistes, même si j'aurai aimé qu'ils soient un peu plus approfondi, notamment Kiyoshi ; mais je suis sure que les prochains tomes nous apprendront encore davantage à connaître ces derniers. Mention spéciale pour Izumi, la maitresse de l'école Nakajima, qui fait une apparition brève mais d'une très grande qualité (j'ai adoré son personnage). J'espère qu'on la reverra dans les prochains tomes !
Je ne peux que souligner le talent narratif de
Célia Flaux, qui arrive à saisir le lecteur au vol dès lors qu'il commence à sauter des mots, pour le ramener sur la voie du Kirin, lui faisant ressentir des émotions diverses et variées, notamment lors des rencontres avec l'animal sacré. Je reparle encore d'atmosphère (je radote, c'est l'âge) mais c'est dingue comment l'ambiance de ce livre s'est répercutée sur moi quand j'étais en train de le lire. Douceur, exaltation, j'ai passé un très bon moment de lecture. Sa description des paysages est superbe et est représentée de manière splendide par
Florent Grattery, sur les deuxième et troisième de couverture. L'imagination de l'autrice ne semble pas avoir de limites, et j'espère retrouver dans les prochains tomes la même virtuosité.
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