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Burn out » est un bon roman policier, écrit par un ancien policier. Via une enquête forcément immersive et des personnages crédibles,
Didier Fossey aborde un épineux problème de société : celui de l'épuisement de nos forces de maintien de l'ordre. Les horreurs subies au quotidien, la façade de personnalité sans faille qu'ils doivent montrer pour accomplir sereinement leur métier, le sens du devoir, tout cela couplé au manque d'effectifs qui entraîne un manque de repos, une déliquescence familiale et une défaillance subséquente du soutien du cocon familial, provoque de nombreux points de rupture chez les hommes et les femmes sensés nous protéger. Ce
burn-out, il est dangereux pour eux, entrainant de trop nombreux suicides ou morts sur le terrain ; Mais il devient aussi dangereux pour la société et les citoyens que nous sommes, puisqu'il fait naître des électrons libres incontrôlables, et formés au pire. La manière dont des anges-gardiens peuvent muter en tueurs déterminés est rapidement effrayante, et
Didier Fossey, en voulant nous sensibiliser, en joue parfaitement pour servir son histoire qui en devient angoissante.
Au départ, une bande organisée semble dévaliser les cimetières et les les tombes d'objets précieux. Par manque d'effectif, un équipage de la BAC est chargé d'une surveillance trop longue, entrainant la mort d'un équipier sur le terrain (je vous laisse découvrir comment, la vie est parfois trop bête^^). C'est désormais la brigade criminelle qui est chargée de l'enquête. Mais elle est surchargée, ses effectifs, qui donnent toute leur disponibilité à leur travail, sont tous en rupture familiale et au bord de la saturation mentale : divorces, déprime, dépendance, solitude, chacun tente de tenir du mieux qu'il peut en se forgeant une carapace très dure qui, si elle semble les rendre inatteignables au premier abord, menace surtout de se rompre d'un coup lorsque la coupe sera pleine. Or, il suffit d'une dernière goutte d'eau pour remplir une coupe. La mort de son coéquipier de la BAC pousse Franck à mener bêtement son enquête de son côté, au péril de sa vie ; quant à Guillaume, un de la Crim', sa récente rupture le fait littéralement disjoncter : hors de contrôle, il n'a désormais plus qu'une seule idée en tête au détriment de son travail, se venger de son ex et de son amant… en tuant ces vies humaines pour lesquelles il se battait si chèrement jusqu'ici. le commandant le Genn devra donc gérer cette enquête surnuméraire, ses effectifs en berne, son propre épuisement et un divorce qui se profile, un équipier aux abonnés absent dans la nature, dont les dernières nouvelles laissent penser qu'il menace désormais sa vie et celle des autres, et un baqueux qui a disparu en menant sa propre enquête… Bon courage !
Une histoire menée tambour battant, la coïncidence de la fin est si bien amenée qu'elle passe crème. Je trouve très bien de sensibiliser la population, via des lecteurs de romans policiers, aux problèmes qui se posent en vrai dans notre société. Qui protège nos protecteurs, et que se passera-t-il lorsque nous n'en aurons plus - ou plus assez ? La violence qu'ils absorbent pour nous devient leur violence au quotidien, et par principe elle devrait être aussi notre problème puisqu'il sont notre rempart contre elle. Au-delà du principe, les problèmes pratiques que cela cause sont effrayants car après ce livre, vous n'aurez plus envie qu'un policier pète un câble en sachant qu'il a les moyens d'être plus dangereux que la moyenne… Un roman utile donc, en plus d'être distrayant pour les amateurs de romans policiers, mais qui laisse bien planer le malaise.
Le gros bémol pour moi, c'est la place des femmes dans ce roman. L'auteur a-t-il un problème avec elles ? Les hommes se sacrifient, sauvent le monde, les pauvres, et les femmes ont le mauvais second rôle : se la coulent douce, abandonnent leurs maris ou leurs collègues, ou encore sont soit des hystériques soit des « putes » - y compris celles appartenant « à la maison ». Je ne suis pas rancunière, je mets 4 étoiles quand même parce que ça se lit tout seul (j'ai lu les 300 pages dans la journée), que je n'ai pas lu les autres romans de l'auteur (c'est peut-être un cas isolé), et qu'au final les personnages masculins passent un peu pour des sauvages aussi (peut-être même que cela exprime la vision qu'on a des femmes dans ce genre de milieu). L'ensemble reste réaliste, addictif et même attachant. N'hésitez pas à me donner votre avis sur l'auteur si vous le connaissez car je le découvrais avec ce roman. En attendant, pour le prochain, je vais me tourner vers un autre auteur de policier, histoire de ne pas me désespérer complètement !