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sur 433 notes
Dix-sept ans, c'est l'âge qu'avait sa mère en lui donnant la vie.
Dans ce roman largement autobiographique, Eric Fottorino prend pour point de départ une révélation de sa mère qui a maintenant soixante-quinze ans. Cette confidence pousse l'auteur à poursuivre une quête identitaire et une recherche de filiation amorcée dans ses livres précédents.

Pour recomposer cette mosaïque familiale, il se rend à Nice, lieu de sa naissance, pour retourner dans le passé et tenter d'y trouver sa mère. Il la cherche dans ses absences, fait parler les non-dits et tente de comprendre ce manque d'attachement qu'alourdit le poids des secrets. Tout est dans les émotions et les ressentis, l'imaginaire comblant le mutisme de leurs relations. « C'est dans le silence que nous nous sommes perdus. le silence. Il est devenu notre marque de fabrique. Depuis toutes ces années, ne rien se dire a été notre mode unique de conversation »

Pour renouer le dialogue, il l'imagine, les jours qui précèdent sa naissance, arpentant les rues de Nice, belle, heureuse, libre. Ils sont juste tous les deux, l'un dans l'autre, dans l'attente. Petit à petit il apprivoise cette mère inaccessible, la comprend. Elle qui a été rejetée par tous les hommes de sa vie. Son père d'abord, sa plus grande déchirure, puis les pères de ses enfants, ses frères, son fils. Trop jeune pour être mère, elle est dominée par sa propre mère, dévote et autoritaire. L'auteur passe par un maelström d'émotions, du sentiment d'abandon à la colère, de l'incompréhension à l'effacement. Mais il fait le chemin vers sa mère pour la retrouver, sa « petite maman », pour écraser la rancoeur par l'amour, pour la voir telle qu'elle est.

L'écriture d'Eric Fottorino se nourrit de détails émouvants, de pensées mélancoliques rendant ce témoignage poignant, sensible et émouvant. C'est un livre éblouissant qui ne peut que résonner en chaque personne. Il montre que l'amour filial peut être présent même s'il ne se voit pas. On peut le trouver dans les silences, il faut alors aller vers lui pour l'entendre. Plus qu'un roman de retrouvailles entre un fils et sa mère, c'est un livre pour comprendre et pardonner. Un livre comme thérapie, qui ne parle finalement que d'amour.

Il me tarde de lire son nouvel écrit « Mon enfant, ma soeur » pour continuer cette recherche identitaire toute en émotions.
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J'aime beaucoup Eric Fottorino en tant qu'écrivain, et aussi journaliste

Dans ce nouveau roman il est toujours à la recherche de ses origines multiples

Ici les secrets de famille les étouffent tous mais paradoxalement c'est ainsi qu'il retrouvera sa mère qui recherche en li aussi un être aimé.

Roman des filiations, des abandons & des non-dits tout en retenue & pudeur

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De cet auteur, je n'ai lu que "Chevrotine" dont je ne garde à ce jour aucun souvenir.
Il n'en sera pas de même avec celui-là, car j'ai été bouleversée par son récit.
Les années 60, j'ai bien connu. Et l'opprobre qui pesait sur les filles-mères aussi. J'en avais l'exemple autour de moi.
Arracher ainsi un enfant à sa mère est quelque chose d'odieux, de répréhensible, surtout lorsque celle-ci n'est qu'une enfant mineure. Car oui, à l'époque, la majorité était à 21 ans et avant, le bon vouloir des parents primait sur le désir de l'adolescente.
Arracher ainsi son premier amour à une jeune-fille de dix-sept ans est également odieux. Et tout ça, parce qu'il était juif !
Cette mère, je l'aurais haïe de toutes mes forces.
Et le petit-fils, lui, l'a aimée énormément, ne sachant rien du passé.
L'auteur a fait un magnifique travail de mémoire, il a accompagné cette mère qu'il a eu du mal à aimer, il a compris, enfin, un peu tard, ce qui s'était joué à son insu.
Je le répète, bouleversant, mais sans pathos.
A mon prochain passage à la médiathèque, je vais emprunter d'autres livres de lui.
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"Ce livre est traduit du silence... "

Eric Fottorino convoque dans ce livre une nouvelle fois , le roman et l'imaginaire pour démêler sa propre vie .
Il aborde pour la premiere fois , le sujet peut etre plus intime , subtile .. de sa mère , sa "petite maman" qu'il a longtemps côtoyée mais qu'il réinvente .... apres deux romans ecrits autour du pere ...
Ces trois romans sont sa façon d'exprimer un amour filial entravé de secrets , de silences , lourd passif de mutisme émotionnel.
Écrits largement autobiographiques, tous d'une grande sobriété, rapportant sans fioritures les ravages des non-dits, le poids des secrets au sein des familles

Ce roman, consacrée à cette mère qu'il connait si mal et qui, à l'âge de dix-sept ans, donna clandestinement le jour une petite fille rayée des albums de famille ..

Pour Fottorine, , la magie des mots, des romans... répare , lève le poids des secrets , allege et libere
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Un dimanche, auprès de ses trois fils, une mère se déleste du plus lourd fardeau de sa vie. Un secret, terrible, enfoui, qu'elle a gardé en elle trop longtemps. Ce secret a fait d'elle la personne qu'elle est devenue, mais aussi cette mère, lointaine, incomprise, qu'elle était. Son fils essaie de comprendre et dans cette quête ultime, il repart sur le chemin de son enfance pour y arriver.

Sans trop d'attente, j'ai ouvert ce livre, un énième livre sur la mère. Mais je n'ai pas regretté. L'auteur raconte sa mère, celle qu'il a souvent cherché, du bout des doigts, du bout du coeur, celle qu'il a essayé de trouver, sans jamais réellement la toucher, la voir. On sent la vie réelle au bout du stylo, les émotions qui pointent à travers les pages, le tremblement d'une main qui écrit la douleur, sa douleur, d'une incompréhension, d'une distance, d'une presque inconnue. On sent à travers les mots, l'espoir, la volonté. Cette douloureuse quête d'identité éternelle, celle qu'on essaie d'attraper, sans jamais l'atteindre, et en se cognant plusieurs fois au passage. C'est tendre et juste, c'est fort et doux, simplement puissant.
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En Chine, à l'époque quasi actuelle, une femme, une mère se meurt.
Elle est amnésique depuis très longtemps. Son fils qui l'a toujours connue comme cela cherche à comprendre et remonte le fil de l'histoire et des époques.
Funérailles molles ? Funérailles tristes, funérailles à la sauvette.
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Un bel ouvrage sur la quête de la mère par un homme qui n'a jamais su poser les mots sur ses sentiments envers elle. Eric Fottorino illustre ici le fossé qui peut se creuser avec les autres quand on fait partie d'une famille différente de celle présentée comme "traditionnelle". L'influence néfaste de la grand-mère, les deux pères étrangers qui disparaissent, etc. Il faut attendre de nombreuses années pour que le personnage principal se décide à creuser son passé pour retrouver les traces de sa mère jeune et des événements qui ont forgé sa personnalité si atypique. Un voyage sera nécessaire pour réparer les liens brisés il y a des années. Mais en terme de famille, rien n'est jamais définitif.
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Un fils et une mère absente, puisque c'est sa grand-mère que le jeune Éric a longtemps appelée maman. Puisque dans ces années 60, le poids du quand dira-t-on et de la religion ont guidé cette grand-mère autoritaire et toute puissante qui fait plier sa fille d'à peine dix-sept ans. Enceinte hors mariage, engrossée par Moshé, un étudiant juif vite reparti à Fès, cette fille mère ne sera pas rejetée par les siens, mais c'est tout comme. Elle devra s'effacer pour que l'opprobre ne tombe pas sur la famille, et son fils, né en catimini à Nice, est élevé par une grand-mère hostile qui fera tout pour annihiler en lui jusqu'à la judéité du père absent. Lina devient la soeur de son fils… Puis Lina épouse le gentil Michel, qui arrive de Tunisie. de cette union naitront deux fils légitimes et Eric sera adopté par ce mari aimant mais suicidaire.

Lorsque s'ouvre ce roman, Lina avoue à ses fils la douleur qui la tourmente depuis tant d'années. Eric décide alors de partir à la recherche de sa propre enfance, de sa naissance, de chercher les traces de la mère qu'enfant il n'a pas eue, de cette Lina qu'il n'a jamais vraiment connue, jeune fille de dix-sept ans, jeune femme, jeune mère.

Le roman est ce long échange entre un fils parti sur les traces de sa mère, échange avec les souvenirs, les impressions, les attentes de ce bonheur perdu qui ne viendra jamais plus, avec cette mère qu'il aurait voulu connaître. Avec ces pères absents aussi, morts tous les deux, mais arrivés bien tard dans sa vie. Attente sans doute d'une meilleure compréhension des silences, des absences, des douleurs incomprises dans l'enfance, mais qui révèlent aujourd'hui toute leur réalité et leur poignante vérité.

Difficile de comprendre et d'accepter la distance que ce fils éprouve pour sa mère, mais elle est si évidente pourtant. le chemin vers l'amour et la compréhension est long et douloureux, mais l'issue en est heureuse. J'ai aimé cette quête d'une enfance, d'une trace du bonheur, d'une mère absente à réinventer, l'aveu de ce manque, de cette vie gâchée, est certainement un bel exemple pour ceux qui n'osent pas dire…

chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/18/dix-sept-ans-eric-fottorino/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Les pouvoirs de la lecture sont rassemblés dans « Dix-sept ans » d'Eric Fottorino : curiosité, intérêt, émotion, surprise, interrogation. Comment rester insensible face à cette histoire, pour une part autobiographique, des relations d'un fils avec sa mère, qu'il ne (re)connait pas, non pas bâties sur un secret de famille mais subies par l'un et l'autre. C'est une quête d'identité du narrateur, d'une culture, d'une histoire pour se construire, apprendre à se connaître, pouvoir transmettre à ses propres enfants. C'est l'analyse des dégâts commis par une époque, celle des années 60 et des diktats sociétaux ou religieux faisant fi de l'Homme. C'est l'hommage rendu à une fille, une femme, une mère qui n'a pas été aimée, à qui l'on n'a pas fait de place. Et le tout dans une langue et un style qui disent l'urgence de cette vérité nécessaire, un souffle qui empêche de lâcher l'oeuvre, avec un usage subtil du vocabulaire et de ses pouvoirs magiques de révélations. Une oeuvre à placer aux côtés de « Le livre de ma mère » d'Albert Cohen et « Lambeaux » de Charles Juliet.
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Une question s'impose à moi : en littérature, jusqu'où un auteur peut-il livrer à des milliers de lecteurs son intimité profonde - qui ne devrait pas sortir du cabinet du psy - pour ne pas déclencher chez ce lecteur un voyeurisme malsain ?
Cette phrase : "Je suis le fils d'une pute qu'un salaud de juif a tringlée avant de se tirer", doit-elle être livrée ainsi, parce qu'enfin, on a fait le chemin de réparation avec sa mère et parce qu'on est un écrivain reconnu ?
Dommage, jusqu'ici je lisais Fottorino avec plaisir, ce livre a gaché mon image de lui.
Cependant, lecture achevée, j'ai ressenti un hommage à la mère. Malgré l'adversité qui se répète à plusieurs reprises dans sa vie, elle bataille pour aimer ce fils, issu d'un premier amour que le contexte social, culturel et catho de la grand-mère (matriarche et indigne) n'a pas permis de se concrétiser.
L'écriture est très poétique, sublime, où l'émotion nous emporte avec la sienne.

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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