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EAN : 9782070141128
272 pages
Gallimard (16/08/2018)
3.48/5   428 notes
Résumé :
«Lina n’était jamais vraiment là. Tout se passait dans son regard. J’en connaissais les nuances, les reflets, les défaites. Une ombre passait dans ses yeux, une ombre dure qui fanait son visage. Elle était là mais elle était loin. Je ne comprenais pas ces sautes d’humeur, ces sautes d’amour.»
Un dimanche de décembre, une femme livre à ses trois fils le secret qui l’étouffe. En révélant une souffrance insoupçonnée, cette mère niée par les siens depuis l’adole... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (109) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 428 notes
« Et puis tout d'un coup je me suis mis à pleurer pour rien. Ce rien, c'était notre vie disparue sans que je te serre contre moi, petite maman, sans ces gestes que tu avais tant attendus puis qu'à la longue tu avais cessé d'espérer, comme on ferme la lumière dans une pièce déserte où nul ne viendra plus. »

Ne plus aimer d'avoir trop aimé. Puis se réconcilier avec son histoire et aimer à nouveau. Un parcours difficile qu'Eric Fottorino va accomplir sur les traces de ses pères, adoptif et naturel, et de Lina, sa mère surpassée pendant trop longtemps par sa propre mère aux yeux de l'enfant qu'il a été.

À Nice, Ascros, Bordeaux, Condéon, Barbezieux... Éric Fottorino va retrouver seul puis avec sa mère ces lieux de bonheurs, de chagrins, de drames familiaux. Pour combler sa quête identitaire et renouer le dialogue avec sa chère mère, ces étapes sont indispensables ; car il lui faut comprendre ce qui lui a échappé de sa famille et de son enfance.

Légitimement, comme tout un chacun, Eric Fottorino cherche à savoir avec quoi et avec qui il s'est construit. Et ce n'est pas facile quand on a une mère, fille-mère (comme on disait à l'époque) à l'adolescence à deux reprises, et deux pères, Moshé de Fès et Michel de Tunis, qui « portaient en eux les germes de toutes les haines ... : les séquelles de la colonisation, l'intolérance religieuse, l'antisémitisme français, le rejet des basanés. » Une autofiction émouvante et sincère, qui, si elle révèle l'intime, contrairement à d'autres ne règle pas ses comptes.
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« Être abandonné, avoir été abandonné, qui peut dire ce qui fait le plus mal ? »

Un dimanche, une mère révèle à ses trois fils qu'elle a accouché d'une petite fille qu'on lui a enlevé aussitôt. C'était en 1963, elle était déjà « fille-mère », c'était plus que n'en pouvait supporter sa famille, sa propre mère surtout qui a organisé l'abandon, avec la complicité de l'église et sans la consulter bien sûr.
Commence alors pour l'ainé, le « narrateur batard », une quête difficile mais devenue nécessaire : qui était cette enfant de dix-sept ans qui en aout 1960 l'a mis au monde clandestinement à Nice ? Sa mère, cette inconnue.

Refaire le chemin, sans juger, vers Nice, tenter de remonter le temps vers son enfance à Bordeaux, entre autre. Se rapprocher de sa mère adolescente, de ses souffrances, de ses pères aussi, naturel et d'adoption.
Chercher à comprendre. Se heurter à l'incompréhensible.
« J'essayais de recoller nos vies. » « On s'en était sortis vivants. Vivants, mais pas indemnes. »

Ce roman, largement autobiographique, est d'une grande sobriété. Il dit sans fioritures les ravages des non-dits, le poids des secrets au sein d'une famille, leurs répliques même cinquante ans plus tard. Son authenticité, sa justesse de ton font sa force. C'est l'hommage émouvant d'un fils à sa mère mais aussi le témoignage rapporté d'une époque pas si lointaine où les carcans de la société pouvaient briser des vies en toute impunité.

Commencé dans la brutalité de la révélation d'un secret, il s'achève par une délivrance, une ébauche d'apaisement et de tendresse entre un fils et sa maman.
C'est peut-être cela en définitive que j'ai envie de retenir au-delà de la quête personnelle de l'auteur : le pouvoir d'apaisement et de libération des mots, plus forts que les maux, magistralement démontré par Eric Fottorino.
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Longtemps les origines d'Éric Fottorino, et plus encore son lien avec sa mère, n'auront été que secrets, mensonges ou souvenirs fragmentaires. "Korsakov" ou "L'homme qui m'aimait tout bas" (pour ne citer qu'eux), désarmants hommages à ses deux pères, témoignent de cette quête d'identité sans trêve qui relie la plupart des oeuvres de cet auteur sensible et discret.

Ici le voilà qui convoque à nouveau le secours de l'imaginaire et des mots pour comprendre l'histoire de sa vie, explorant pour la première fois son sujet sans doute le plus complexe et le plus douloureux : sa mère, le "profil perdu" qui manque à sa mosaïque familiale.

S'affranchissant des absences et des non-dits, Fottorino emprunte à l'artifice du roman pour mettre en lumière et réinventer sa "petite maman", celle qu'il côtoie depuis toujours mais dont il ignore tout. Celle qui, à l'âge de dix-sept ans, donna clandestinement le jour à cet enfant pas vraiment prévu au programme.

Plus que jamais l'on comprend combien, pour cet auteur, ses mots et leur magie sont une essentielle respiration de vie, et en l'occurrence ici sa seule façon d'exprimer un amour filial irrémédiablement entravé par un lourd passif de mutisme émotionnel.

« Ce livre est traduit du silence »… merveilleuse formule pour un message bouleversant, le plus lumineux moment de grâce que j'aie pu découvrir de cet auteur à ce jour.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Lorsque les écrivains prennent la plume pour évoquer la figure maternelle , pour peu que Calliope, muse de la poésie se soit penchée sur le berceau de l'auteur, le récit fait alors vibrer les âmes, séduites par l'expression sublimée de l'amour filial.


A partir d'une confidence tardive qui révèle un secret de famille bien gardé, l'auteur part à la recherche des vestiges de la jeunesse de sa mère, mêlant ce qu'il en sait et ce qu'il en devine, reconstruisant l'histoire à partir de bribes et de témoignages glanés au hasard. Déambulations sur les lieux historiques , recueil de confidences de témoins jusqu'alors ignorés, le lecteur est guidé sur les traces de la jeune fille, à qui l'on a volé l'enfance pour la condamner deux fois . C'est ainsi que l'auteur tisse la lame de sa filiation, deux pères, c'est à dire aucun, une famille cependant, mais à jamais amputée d'une enfant dont personne ne savait l'existence.

Si l'impression première laisse penser que l'histoire s'orientera vers la recherche de cette soeur ignorée, il n'en est rien. C'est bien de ses propres racines que l'auteur explore. Sans juger, en essayant juste de comprendre.

« J'étais le survivant d'une histoire trouble qui nous avait séparés, une histoire douloureuse oubliée à dessein »

La démarche est incontournable, l'auteur ne peut l'éviter :

« Mon existence en dépendait. Toutes mes pensées affluaient vers une gamine saisie au vif sur la promenade des Anglais, dans ces journées de soleil où elle croyait que l'avenir existait. il était temps de rembobiner le temps. d'aller là où je n'étais jamais allé , au plus profond l'oubli »

La filiation peut se faire confuse, au point de ne plus avoir de qui l'on parle, de quelle enfant, mère ou fille , d'autant que se mêle souvent l'ombre de la grand-mère, à l'origine de tous ces liens anéantis.

Pour ces deux êtres retranchés derrière un silence affectif lourd de sens, les retrouvailles sont poignantes. Ce qu'il a découvert sur cette petite dame qu'il a côtoyé des années durant, qu'il n'a jamais pu appeler maman, a fondamentalement modifié leur relation, recréant le lien distendu par les non-dits, les impossibles à dire.

C'est ce rapprochement inespéré qui fait surgir l'émotion, et achemine le récit vers un fin bouleversante.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Conquise par la critique qu'en avait posté Lolokili, j'ai sauté sur ce livre sans même me poser la question de savoir s'il s'agissait ou non d'un roman autobiographique. Au cours de ma lecture, il m'est apparu comme une évidence qu'il ne pouvait en être autrement.
Il me semble, en effet, qu'un auteur, aussi talentueux soit-il, ne pourrait nous transmettre avec une telle intensité, des sentiments, des blessures, des ratages, s'il ne les a pas lui-même vécus, ressentis, éprouvés.

Ce livre transpire à toutes les pages de vies volées, de rendez-vous manqués, de non-dits, de cris désespérés et d'amour. Surtout d'amour.
Et quelle belle écriture !
Touchée. J'en ressors sincèrement émue.
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critiques presse (2)
Liberation
18 septembre 2018
Manquait le livre sur sa mère Lina, que voici, figure maternelle éclipsée jusqu’à présent par le charisme des deux pères. C’était sans doute le plus difficile à écrire. Moins porté sur la quête des origines, il cherche davantage à comprendre quelle est la raison de son «désamour tenace» pour Lina.
Lire la critique sur le site : Liberation
Actualitte
20 août 2018
Éric Fottorino nous invite dans Dix-sept ans à une plongée dans l'extrême. Pas celui du saut à l'élastique, de l'expédition au cœur de la jungle. Un extrême bien plus terrifiant, qui nous concerne tous : celui de notre intimité la plus ultime.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (157) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis formé à la psychologie des plus petits. À ma grande surprise, j’ai découvert qu’ils se souvenaient de tout. Les bons souvenirs, ils les enjolivent. Les drames, ils les gardent intacts au fond d’eux. Ils ne cessent de les revivre au présent, comme une réalité qui ne passe pas. Les scènes d’horreur sont toujours aussi effrayantes. Elles se figent en eux comme des statues de pierre. Vouloir les détruire est illusoire. On ne peut que les éroder avec des mots. De l’écoute et des mots.
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On n’a jamais parlé de ces quelques jours où tu m’as attendu ici. J’en suis réduit à deviner. Tu as nagé devant ces plages bondées. Il faisait chaud. Tes bras se sont ouverts, tu as laissé la fraîcheur nous envahir. L’étendue liquide t’a portée. Qui t’avait portée, avant ? Je crois entendre un clapotis quand je me bouche les oreilles. Pas les brisants de l’Atlantique. Seulement cette langueur de Méditerranée, un ressac assoupi. Tu étais ma première maison, ma maison mère. Rien ne pouvait m’arriver.
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Je ne savais pas.
Je ne sais toujours pas. J'ai oublié.
Un chagrin muet, sans histoire et sans visage.
Un chagrin qui ne prévient pas.
Il a fait son lit à l'intérieur de moi,
a troublé tant de mes nuits.
Pas à cause du bruit mais du silence
qu'il a creusé dans les galeries de mon être.
Parfois pourtant, j'entends un cri.
Ce cri a plus de 50 ans.
Il traverse ma vie comme la balle d'un silencieux.
Je suis le seul à l'entendre.
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la mémoire m'est revenue.
Une mémoire à pleurer.
On était deux enfants, petite Lina.
Toi à peine plus grande que moi.
Tu n'étais pas ma mère.
Il n'y avait pas de maman qui tienne.
Mamie régnait sans partage, décidait de tout.
Vos prises de bec, finissaient en cris. Je me bouchais les oreilles.
Tu t'enfermais dans ta chambre qui était notre chambre.
Je frappais doucement, laisse entrer.
Je te consolais.
Laisse ta sœur tranquille, lançait mamie les dents serrées. Ma sœur.
P 130
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Je suis né d’une contraction. C’est douloureux, une contraction. Je ne m’appelle pas Éric pour rien. Éric et crier se contractent. Nous savons les mots qui comptent double, les mots à double sens. En déplaçant les lettres de mon prénom, en créant le désordre, Éric devient crié. Je ne suis pas ton fils tout craché, je suis ton enfant crié. Il a fini par sortir, ce cri.
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Vidéo de Éric Fottorino
Eric Fottorino vous présente l'hebdomadaire "Le 1" à l'occasion des 10 ans du journal. En partenariat avec l'IJBA.
Retrouvez le journal : https://www.mollat.com/Recherche/Editeur/0-7102238/le-1
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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