De cette origine, la psychologie expérimentale française a gardé le souci de l’étude des processus supérieurs et de la personnalité, souci particulièrement sensible dans l’œuvre de P. Janet et A. Binet. Le premier est surtout un clinicien et un théoricien. A Alfred Binet, nous devons, en dépit d’une carrière trop brève, la véritable création de la psychologie expérimentale en France. Ses études sur la psychologie des grands calculateurs, des joueurs d’échecs mais surtout son Etude expérimentale de l’intelligence (1903) ont été des dates. Aujourd’hui il est connu en particulier pour son Echelle métrique de l’intelligence (1905). On oublie trop que cette échelle, d’où est parti le développement de la psychologie appliquée, n’a été qu’un fruit de ses études expérimentales. Son successeur Henri Piéron (1881-1964) a hérité de cette tradition qu’il a alliée à celle des physiologistes français, passionnés dès l’origine par l’étude du système nerveux central.
La psychologie est aussi ancienne que l’homme. Même les animaux tiennent compte de leur environnement, de la nature de leurs congénères et se laissent guider par des systèmes de signes auxquels ils répondent par des réactions instinctives ou acquises grâce à l’expérience. Chez les vertébrés, et en particulier chez les primates, chaque individu s’adapte plus ou moins à la psychologie de ses compagnons. Le jeune enfant, dès sa première année, manifeste des réactions de même type. L’adulte ajoute à cette psychologie vécue, qui reste implicite (cf. P. Guillaume, Introduction à la psychologie, 1943), une psychologie explicite qui essaie sommairement de formuler ce qui lui semble caractéristique de la connaissance de soi ou d’autrui.
« Personne ne soupçonne l'existence des Murs Blancs. Pourtant cette propriété a marqué l'histoire intellectuelle du XXème siècle. Elle a été aussi le lieu, où enfants, nous passions nos dimanche après-midi : la maison de nos grands-parents…
Après la guerre, ce magnifique parc aux arbres centenaires niché dans le vieux Châtenay-Malabry, est choisi par le philosophe Emmanuel Mounier, pour y vivre en communauté avec les collaborateurs de la revue qu'il a fondé : Esprit. Quatre intellectuels, chrétiens de gauche et anciens résistants, comme lui, Henri-Irénée Marrou, Jean Baboulène, Paul Fraisse, Jean-Marie Domenach, le suivent avec leurs familles dans cette aventure. Ils sont bientôt rejoints par Paul Ricoeur.
Pendant cinquante ans, les Murs Blancs sont le quartier général de leurs combats, dont la revue Esprit est le porte-voix : la guerre d'Algérie et la décolonisation, la lutte contre le totalitarisme communiste, la construction de l'Europe. Et bien sûr, Mai 68... Une vingtaine d'enfants, dont notre père, y sont élevés en collectivité. Malheureusement, les jalousies et les difficultés nourries par le quotidien de la vie en communauté y deviennent de plus en plus pesantes… Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles cette histoire est tombée dans l'oubli, et que personne n'avait pris la peine de nous la raconter jusqu'alors. Pourtant, beaucoup d'intellectuels, d'artistes et d'hommes politiques y ont fait leurs armes : Jacques Julliard, Jean Lebrun, Ivan Illich, Chris Marker, Jacques Delors et aussi… Emmanuel Macron. C'est grâce à leurs récits et confessions que nous avons pu renouer avec notre histoire : transformer un idéal difficile en récit familial et politique. »
L. et H. Domenach
+ Lire la suite