Je ne connaissais pas l'auteur, le texte m'a beaucoup plus, des tournures de phrases comme je les aime !
La mère de René
Fregni se meurt, il reste à ses côtés, mettant son amour à nu pour elle, tout contre elle avec pudeur et une tendresse immense. Et de la colère aussi (qu'il défini comme un rat qui lui laboure le ventre de l'intérieur), colère donc contre la clinique qu'il accuse de l'acharnement thérapeutique qui aura raison de ses derniers sourires... (page 98 : "quelques heures plus tard, je quittai l'hôpital. La lune frappa mon visage, je lui crachai dessus.")
Et puis sa femme l'a quitté avec une phrase "Je n'ai plus de désir pour toi." prononcé un soir, le lendemain elle partait. C'est simple et ça fait des ravages dans son coeur d'homme. Mais
Fregni tient debout car il y a Marilou, sa petite fille de 6 ans aux mains chaudes dans les siennes, les prisonniers des Baumettes qui participent à l'atelier d'écriture qu'il anime. Et puis aussi cet espoir infini qu'une femme-rêve existe bel et bien (page 69 : "Il faudrait que je rencontre une femme qui ressemble à mes rêves, à ma fatigue. Quelques instants contre sa voix, contre cette musique qui est en moi depuis que j'attends.")
R. Fregni pose un regard sur le monde qui l'entoure dans une langue émouvante, à fleur de coeur (page 139 : "ce matin, j'ai senti le printemps sur les façades, les arbres nus, le sourire presque étrange des femmes. J'ai pensé qu'en s'allongeant les jours lanceraient sur leurs corps des couleurs de violoncelle. Je me suis senti aussi léger que le ciel.")
C'est un récit tendre, doux qui mêle la brutalité de la vie qui passe vers, indéniablement, le noir de la mort au bout mais quelle langue merveilleuse pour nous en parler !!!