Un livre très court qui est en quelque sorte le résumé de son autre ouvrage volumineux (environ 700 pages) où il donne une analyse plus approfondie du rêve, mais celui-ci est assez concis et assez clair pour que les lecteurs moins initiés ou qui ne veulent pas s'embrouiller de trop de littérature spécialisée, y trouvent leur compte. Freud nous expose ici l'essentiel de sa théorie sur l'interprétation du rêve, basée sur "les idées latentes" qui s'expriment par le rêve ainsi que le la notion du refoulement.
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Une fillette de près de quatre ans avait été amené de la campagne à la ville à cause d’une poliomyélite ; elle avait passé la nuit chez une tante à sa taille. Le lendemain matin, elle dit avoir rêvé que le lit était devenu beaucoup trop petit de sorte qu’elle n’y avait plus assez de place. L’énigme de ce rêve, en tant que réalisation d’un désir, est facile à éclaircir. Qui ne sait que pour les enfants, une chose entre toutes est désirable : devenir grand ! Les dimensions du lit avaient rappelé trop vivement à la fillette son peu d’importance ; aussi s’empressa-t-elle de remédier en rêve à cette situation humiliante, et elle devint si grande que le grand lit même ne pouvait plus la contenir.
Qui de nous n’a rencontré dans ses propres rêves des images de ce genre ? Elles résultent des combinaisons les plus variées. Je puis former une figure unique de traits empruntés à plusieurs ; je puis voir en rêve une physionomie bien connue et lui donner le nom de quelqu’un d’autre, ou bien l’identifier complètement mais la placer dans une situation où, en réalité, c’est une autre personne qui se trouve. Dans ces différents cas, la condensation de plusieurs personnes en une seule confère à toutes ces personnes une sorte d’équivalence, elle les met, d’un point de vue spécial, sur le même plan. Cette équivalence peut être indiquée par le contenu du rêve, mais le plus souvent elle ne se découvre qu’à l’analyse, et rien ne la révèle dans le rêve si ce n’est la figure attribuée à la personne collective.
Il s’ensuit que le travail du rêve n’est jamais créateur, qu’il n’imagine rien qui lui soit propre, qu’il ne juge pas, ne conclut pas. Son action consiste à condenser, déplacer, et remanier, en vue d’une représentation sensorielle, tous les matériaux du rêve.
Appelant alors l’analyse à notre secours, nous nous apercevons que tous les rêves sans exception ont leur racine dans une impression reçue la veille, ou, disons mieux, pendant la journée qui a précédé le rêve. Cette impression, qui peut être appelée incitation au rêve, est quelquefois assez forte pour qu’il n’y ait rien d’étonnement à ce qu’elle nous ait préoccupés pendant l’état de veille ; et dans ce cas, nous disons avec raison que le rêve de la nuit ne fait que continuer les préoccupations du jour.
Je puis dès maintenant concevoir le rêve comme un substitut de tout le contenu sentimental et intellectuel des associations d’idées auxquelles l’analyse m’a fait parvenir. Je ne sais pas encore par quel processus ces idées ont donné naissance au rêve, mais je puis affirmer déjà que c’est une erreur de ne voir dans celui-ci qu’un phénomène matériel sans importance pour la psychologie et qui n’a d’autre cause que l’activité persistante de quelques groupes de cellules pendant le sommeil.
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