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3,68

sur 224 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Premier roman d'Émile Gaboriau, et à mon sens première réussite. Non pas que l'intrigue soit si complexe qu'on ne puisse deviner le coupable assez tôt et même une partie de la vérité, mais j'aime beaucoup sa façon de narrer les évènements. Et il y en des évènements, des retournements, qui même s'ils ne surprennent pas complètement ont pour moi un charme indéniable.
Et puis l'écriture, et l'humour. le portrait de la dame Arlange dont voici un extrait est un plaisir « La plus grande preuve d'amitié qu'elle lui donnât était d'articuler son nom comme tout le monde. Elle avait conservé cette affectation si comique de ne pouvoir retenir le nom des gens qui ne sont pas nés et qui par conséquent n'existent pas. Elle tenait si fort à les défigurer que si, par inadvertance, elle prononçait bien, elle se reprenait aussitôt. Dans les premiers temps, à la grande réjouissance du juge d'instruction, elle avait estropié son nom de mille manières. Successivement elle avait dit : Taburon, Dabiron, Maliron, Laliron, Laridon. Au bout de trois mois elle disait net et franc Daburon, absolument comme s'il eût été duc de quelque chose et seigneur d'un lieu quelconque. » Ce n'est pas la seule description qui m'ait parue très savoureuse.
Le départ de ce policier est l'assassinat d'une femme, la veuve Lerouge. Ce fait réel ne fut jamais expliqué, Gaboriau brode donc allègrement dessus. Amours contrariés, paternité reconnue ou pas, maitresses avides… ou non, honneur du nom auquel on sacrifie tout, c'est bien l'ambiance 19ème siècle que j'aime tant.
Un coup de blues, un Simenon et ça repart, je pense que je pourrais dire la même chose pour Gaboriau, c'est ma deuxième rencontre avec lui, après monsieur Lecoq, et elle me donne envie de le revoir régulièrement.

Challenge 19ème siècle
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En 1864, lorsque paraît la traduction définitive des "Histoires extraordinaires" d' Edgar Poe, Émile Gaboriau, retrouvant la nostalgie de sa jeunesse, voulut écrire un brillant pastiche du "Double meurtre de la rue Morgue" qu'il intitula "L'affaire Lerouge".
Tout près de la porte d'Italie, une veuve, Célestine Lerouge, fut égorgée avec une sauvagerie effroyable.
Le romancier, chargé par son journal, d'enquêter sur ce fait divers atroce, suivit l'affaire de très près et se prit d'amitié pour le vieux policier de la sûreté chargé de l'affaire, l'inspecteur Terabat, surnommé Tirauclair.
Le véritable assassin ne fut jamais découvert mais conseillé efficacement par le policier et brodant sur la réalité, Gaboriau tira un roman de ce drame affreux.
Le vieux Terabat accepta de figurer dans l'ouvrage à condition que son nom soit modifié. Il devint Tabaret dit Tirauclair.
La première parution, sous forme de feuilleton dans le journal "le pays" fut un échec. Une deuxième tentative, dans les pages du "soleil" fut un succès immédiat.
Du jour au lendemain, le jeune auteur connut la célébrité.
Le roman policier était inventé. Il s'appelait alors le roman judiciaire.
Gaboriau, s'étonnant de l'immense effet produit par son livre sur le public, résumait son art par ces quelques mots : "Le rôle du lecteur est de découvrir l'assassin, le rôle de l'auteur est de dérouter le lecteur".
Pour atteindre ce but, Gaboriau s'appuyait sur une imposante bibliothèque composée de rapports policiers, de manuels de médecine légale et de traités scientifiques.
Tabaret et Lecoq, sans jamais innover, ont été les premiers à introduire des détails techniques dans le roman judiciaire et policier.
Ce qui a fait dire, quelques années plus tard à Maurice Dekobra : "Je parie une livre sterling contre un os à moelle et un dollar contre un tuyau de pipe que Maurice Leblanc et Conan Doyle avaient lu Émile Gaboriau de haut en bas".

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Belle surprise que ce rompol, avec lequel j'ai découvert Emile Gaboriau, apprenant au passage qu'il est le père du roman policier français et qu'il a inspiré Conan Doyle!

Haute en couleurs, très bien écrite, pleine de rebondissements (certes un peu téléphonés mais on ne va pas bouder son plaisir), cette Affaire Lerouge est extrêmement plaisante à lire.

On démarre classiquement avec la découverte de l'assassinat d'une mystérieuse veuve dans une maison de l'ouest parisien, puis voilà qu'arrivent sur la scène, après ceux de "la rue de Jérusalem" (la police), un bonhomme vibrionnant qui fait le détective à ses heures, puis une vieille aristocrate confite dans ses souvenirs d'avant 89, un comte sévère dans son palais parisien, et encore une odieuse cocotte, un avocat ambitieux, une sombre histoire d'enfants échangés à la naissance : une belle pelote que le juge d'instruction Daburon, bien que juge et partie dans l'affaire, se fera fort de démêler aidé de notre brave détective.

L'intrigue est cousue de fil blanc mais cela fait tout son charme, tant le rythme est vif et les personnages bien campés. Pas étonnant que ce polar ait rencontré un vif succès à l'époque, tous les ingrédients sont là pour faire vibrer le public des années 1860, et celui d'aujourd'hui pour peu qu'il goûte à ses saveurs délicieusement surannées. Une expérience à renouveler!
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La veuve Lerouge est retrouvée assassinée dans sa petite maison, un peu à l'écart de Bougival. La police fait les premières constations et s'invite rapidement Tabaret dit Tirauclair, un jeune retraité qui, ayant hérité d'une fortune colossale, consacre désormais son temps libre à suivre et éventuellement résoudre des énigmes policières. Grâce à sa capacité de déduction hors pair, Tirauclair, au vu de quelques détails passés inaperçus sur la scène de crime, élabore rapidement la genèse du crime, qu'il fait partager au juge Daburon...Une enquête rondement menée, un peu trop rapidement peut-être, car au fur et à mesure de la progression des interrogatoires et des vérifications d'alibis, les premières hypothèses s'infirment progressivement.
La lecture de L'affaire Lerouge s'est révélée une très bonne surprise. Ecrit en 1866 par un jeune écrivain, Emile Gaboriau secrétaire de Paul Féval , ce roman jette les bases du roman policier moderne grâce aux déductions ingénieuses et aux raisonnements qui s'appuient sur des constatations scientifiques et techniques relevées sur le lieu du crime. Conan Doyle s'en souviendra au moment de créer le personnage de Sherlock Holmes...
Un style direct et concis, utilisant des images et des métaphores à bon escient pour décrire des situations complexes ou dépeindre telle ou telle psychologie ainsi que de nombreux rebondissements donnent tout son rythme au roman, et même si ce rythme est quelquefois ralenti par des digressions, il faut garder en mémoire que ce roman a été publié sous forme de feuilleton et d'ailleurs ces digressions sont souvent instructives sur la mentalité, les us et les coutumes de l'époque.
L'affaire Lerouge est un roman policier précurseur pour l'époque, qui n'a pas à rougir de la comparaison avec certains polars que j'ai pu lire récemment qui peuvent être poussifs dans leur rythme ou mal ficelés quant à leurs intrigues.

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C'est avec ce roman que je découvre Émile Gaboriau, et je dois dire que j'ai aimé ! Alors d'accord, on découvre avant la fin qui est l'auteur du crime, mais j'ai apprécié les cheminements du romancier, sa façon de traduire certaines moeurs de l'époque et la psychologie des personnages.
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Une femme, veuve, est assassinée chez elle. le commissaire Gévrol conclut rapidement au vol qui a mal tourné.
Mais Lecoq fait appel à un enquêteur amateur avec qui va relever des indices matériels probants et élimine le mobile du vol.
Suivra un incroyable concours de circonstances, de rencontre et de confidences qui permettront d'élucider l'affaire.

En tout cas, Emile Gaboriau écrit toujours très bien. On peut trouver les énigmes relativement simplistes, mais le style est remarquable.

Pour se faire plaisir, quand on aime le polar un peu historique.


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Émile Gaboriau est un écrivain du XIXème siècle considéré comme le père du roman policier français. Sir Arthur Conan Doyle lui-même le citait en exemple !
Il fut l'un des premiers à mettre en scène des policiers et des magistrats dans de longues intrigues complexes inspirées des sujets favoris des romans-feuilletons très en vogue à l'époque…
Je redécouvre L'Affaire Lerouge, grâce aux éditions VOolume, via NetGalley.

La veuve Lerouge a été sauvagement assassinée dans sa petite maison de Bougival. La femme passait pour riche et la police a tôt fait de conclure à un cambriolage qui aurait mal tourné. Cependant, très rapidement, la thèse du meurtre crapuleux s'écroule…

L'intrigue de ce roman est particulièrement complexe. Il est question d'amours contrariées, d'infidélité, d'échange d'enfants…
L'enchevêtrement des péripéties, les liens entre les personnages, l'imbroglio narratif sont particulièrement réussis. J'ai également beaucoup apprécié le travail sur les psychologies et les questionnement des personnages ; ainsi le juge d'instruction développe des états d'âme particulièrement intéressants.
C'est cependant un peu long à lire d'une traite, l'abondance de détails se prêtant mieux sans doute à la publication en feuilleton… Dans cette version audio, la voix de Frédéric Kneip, bien que s'accordant parfaitement au style un peu suranné, m'a souvent endormie.
À noter pour les puristes, amateurs de l'oeuvre d'Émile Gaboriau que son personnage phare, Monsieur Lecoq, fait ses débuts dans ce roman avec un tout petit rôle d'aide de camp du chef de la sureté ; sa perspicacité est cependant décisive puisque c'est lui qui trouve les indices démontrant que le vol n'est pas le mobile du crime.

Encore une fois, je salue l'initiative de VOolume qui réédite des textes anciens, fondateurs de la littérature policière.

#LAffaireLerouge #NetGalleyFrance

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Oulàlà!! on est clairement dans les tout débuts des romans policiers! C'est amusant, un peu écrit avec des digressions : le côté feuilleton. Mais le style est indéniablement là : les auteurs avaient un style beaucoup plus soutenu: une affaire d'époque.
Concernant l'intrigue: peu de personnages, mais un côté vraiment romanesque avec un échange d'enfants et des amours contrariées. L'auteur prend vraiment le temps de nous faire connaître chacun des personnages et de lui donner une vraie densité psychologique.
Finalement, peu d'empathie pour les personnages et une fin cousue de fil blanc, mais rien que pour le style et le contexte historique, ça reste très plaisant à lire!
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Ceux et celles qui lisent régulièrement mes critiques littéraires (je ne sais pas s'il y en a) savent à quel point je ne jure que par le genre policier et que je suis passionné par la littérature populaire de jadis et par les personnages récurrents.

Du coup, les mêmes personnes doivent être persuadées qu'en tout premier lieu, j'ai dévoré toute l'oeuvre d'Émile Gaboriau et, en priorité, les enquêtes de son fameux Monsieur Lecoq.

Que nenni ! Si, effectivement, je connaissais l'auteur et savais tout ce que la littérature policière lui doit, lui, le créateur du roman policier ayant inspiré les plus grands depuis Conan Doyle à Georges Simenon, je n'avais, jusqu'ici, uniquement lu « le petit vieux des Batignolles » une nouvelle parue après la mort de son auteur.

Si j'avais adoré cette lecture, je n'avais pourtant pas remis le couvert avec un autre titre de l'écrivain devant la tâche immense qu'est celle de découvrir un maximum d'auteurs français de récits policiers.

Mais, l'erreur est désormais réparée puisque je viens de déguster « L'Affaire Lerouge », le premier roman policier de l'auteur, paru en 1866, après avoir été publié une première fois en feuilleton dans des journaux.

C'est le premier récit dans lequel apparaît Lecoq, de façon très brève puisque le personnage principal est plutôt son mentor, le Père Tabaret alias Tirauclair.

Lecoq, dans l'Affaire Lerouge, ne servira qu'à introduire dans l'enquête le Père Tabaret en vantant ses qualités d'analyse et de déduction.

Il est bon de noter que le crime de l'Affaire Lerouge et le père Tabaret semblent avoir été inspirés à l'auteur par un véritable crime sur lequel il fit un reportage pour le journal qui, le premier, publiera son feuilleton par la suite :

Les voisins de la veuve Lerouge sont inquiets de ne plus la voir depuis plusieurs jours. Ils parviennent à convaincre la police d'aller jeter un oeil chez la veuve. Les policiers vont la découvrir morte, égorgée. L'inspecteur Lecoq propose alors au juge d'instruction d'aller chercher le Père Tabaret alias Tirauclair, un civil qui est, selon lui, le meilleur enquêteur qui soit. En effet, le Père Tabaret, en quelques minutes, parvient à établir le schéma du crime ainsi que les motivations de l'assassin…

Le roman d'Émile Gaboriau débute de la meilleure des manières en présentant le crime dans son aspect le plus cru et le plus froid avec la découverte du meurtre et l'inspection de la scène de crime. L'apparition du Père Tabaret rehausse encore l'intérêt du roman de par son profil atypique (un riche civil à la retraite et qui, pour occuper son temps, n'hésite pas à dépenser sa fortune pour mener des enquêtes).

Hélas, la suite de cette première séquence se perd en digression autour de l'histoire de personnages subalternes, un processus qui, malheureusement, se répétera tout du long du roman.

Si le procédé est compréhensible pour l'époque et était inspiré des auteurs et des oeuvres romanesques à succès dans la première moitié du XIXe siècle, il était probablement également adopté pour faire de la ligne, pour remplir de la page puisque le récit était, à l'origine, un feuilleton pour les journaux.

Cependant, le procédé sera toujours utilisé des décennies plus tard, par Albert Boissière, par exemple, mais il est encore à la mode dans certains romans, certaines séries ou certains films, dans lesquels l'action démarre sur les chapeaux de roues avant que de nombreux flash-back permettent de découvrir l'histoire des différents protagonistes du drame.

Bref.

Je n'ai jamais été fan des narrations non linéaires et je ne le suis toujours pas, même quand elles sont de la plume d'Émile Gaboriau.

Je dois bien avouer que ces digressions m'ont fait un peu sortir du roman, mais heureusement, la qualité de plume de l'auteur et la poursuite de l'enquête m'ont permis de conserver les braises de mon intérêt jusqu'à ce que l'enquête reprenne, puis soit à nouveau interrompue par une digression sur un autre personnage, etc., etc.

Mais il est difficile d'en vouloir à un feuilleton de trop digresser comme il est impossible de reprocher à un récit fasciculaire d'être trop direct, trop concis.

Aussi, quand on s'attaque à un genre littéraire, il faut savoir en accepter les défauts (défauts pour moi, mais qui peuvent être des qualités pour d'autres).

On pourra aussi reprocher que, dès le premier roman policier, le hasard soit le grand guide de l'enquêteur, car, si Tirauclair est, effectivement, un enquêteur de génie, il n'en demeure pas moins qu'il est rapidement aidé par le hasard qui le fait entrer en possession d'éléments capitaux pour la compréhension du crime…

Et le hasard continuera à jouer des tours au juge d'instruction et à d'autres personnages du roman.

Pourtant, malgré ces défauts (pour moi), force est de constater que la qualité de la plume de l'écrivain ainsi que l'attrait pour son personnage principal, le père Tabaret, ont largement emporté la timbale puisque c'est avec un évident plaisir que je poursuivais ma lecture.

J'aurais pu être quelque peu déçu par certains rebondissements un peu trop prévisibles, par une intrigue au final assez simple, mais il s'agit là d'un roman policier et non d'un Thriller.

Je rajouterais enfin que certains personnages sont insupportables, notamment et surtout la maîtresse du jeune avocat..

Au final, un premier roman policier qui a les défauts de ses origines (le récit feuilletonnisant), de son époque (les digressions autour du passé des personnages) et de son genre (le hasard comme premier allié des enquêteurs), mais qui se révèle pourtant un bon roman policier notamment grâce à une première scène efficace, une plume très agréable et un personnage principal attachant.
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Dés les premières lignes se dessinent les silhouettes d'inspecteurs et aventuriers qui deviendront les références du genre, leur genre, celui du gentleman aventurier et inspecteur et détective tout terrain.

Conan Doyle ne s'y trompera pas, et son héros naîtra aux trace d'un Tirauclair au flegme sans pareil. Edgar Alla Poe se retrouvera facilement sur les routes d'Orgeval, Paris ou Saint Germain et de cette veuve, aujourd'hui, Lerouge.

L'auteur inspiré et inspirant pour bien d'autres par la suite, nous fait suivre pistes et rebondissements avec humour et simplicité, tel un Rouletabille voire un certain Maigret.

A suivre dans cette innovation de style dans un contexte d'alors encore régit par des carcans littéraires et sociaux bien ancrés dans leurs monopoles.
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