Je viens de terminer la trilogie des Légions d'Hadès de
Cendrine Bertani. Les trois tomes étant intimement liés et ne pouvant se lire indépendamment, je vous fais une chronique globale.
Le premier tome « le réveil » pose les briques de l'intrigue et de l'histoire. C'est assez lent, logique, j'ai du m'accrocher, je dois bien l'avouer….
2016. Graciella, Hans, Miguel et Dorothee sont des étudiants européens suivant un cursus en Grèce dans le cadre d'Erasmus. Ils ne le savent pas encore, mais ils vont vivre une histoire hors du commun. Ils font la connaissance de Milos, dont le père est professeur d'archéologie. Lorsque ce dernier se fait assassiner, Milos va tout faire pour trouver le meurtrier, y compris s'il faut le chercher dans le passé. En effet, le père de Milos possédait des bracelets de cuir permettant de se téléporter dans le passé. Nos cinq jeunes gens vont se retrouver en Grèce antique, à l'époque de Périclès.
L'histoire se déroule sur deux temporalités et mêle deux intrigues : dans le passé, mais aussi dans le présent, avec l'équipe d'enquêteurs. Georgia, Eugène, Chrysostomis et Niagas auront fort à faire pour trouver celui qui a assassiné le professeur Nikopoulos. Secte maléfique ? Ou…démon ? La question reste ouverte et engage le lecteur dans un récit à couper le souffle.
Le tueur s'en prenant à des migrants, la police penche pour un groupuscule d'extrême droite. Mais le mode opératoire donne à penser que le tueur est accompagné d'un loup sanguinaire…La police cherche à tout prix une explication rationnelle…
Au fur et à mesure de la lecture, on s'aperçoit que le passé et le présent sont liés, que tout s'emboîte, qu'aujourd'hui, tout découle d'un acte, d'une pensée du passé. Brillant !
Cendrine mêle le fantastique et le polar historique, et j'ai trouvé l'idée judicieuse. Grâce aux étudiants, le lecteur est propulsé en Grèce Antique, quoi de mieux que l'immersion pour comprendre la vie et les enjeux de cette époque ? Un Erasmus particulier ! Et bigrement efficace ! Même un novice ne peut pas se perdre et être noyé. Tout est bien décrit et expliqué, de manière simple mais néanmoins complète. La mythologie, l'humour, l'horreur, l'érotisme, les vampires, la médecine cohabitent de manière plus ou moins proche dans les trois tomes. J'ai apprécié tout particulièrement cette richesse.
« La piste d'un agresseur accompagné d'un animal était originale. le capitaine avait bien vu comment Chrysostomis avait réagi : le flic s'était montré fasciné par la morsure. Cette marque dans le cou de l'archéologue, le fait que la victime ait été vidée de son sang…La bestialité de la scène. C'était jouissif, obscène et stimulant à la fois. »
Car le second, « Aurélia », fait apparaître un couple de personnages bien étonnant. Aurélia, orpheline, a intégré les fameuses légions d'Hadès. Ne me demandez pas plus de détails, je ne spoilerai pas, même sous la torture. Aurélia vit une très belle histoire d'amour avec Lukios. Leur particularité les rapprochera, mais les éloignera également.
J'ai plus accroché avec ce second tome car on entre réellement dans le vif du sujet. Les personnages s'étoffent, on les connait mieux, le lecteur fait partie de la bande. Dans le passé, notre groupe est confronté, comme toute la Grèce, à une épidémie de peste, qui coûtera la vie à plus d'un tiers de la population. J'ai beaucoup apprécié les descriptions relatives à l'épidémie, aux symptômes, mais également la manière dont elle a modifié radicalement le quotidien des Athéniens. Les citoyens riches voient leurs moyens de subsistance détruits du jour au lendemain, tandis que les pauvres s'enrichissent en s'appropriant les biens d'un mort. Plus personne ne craint la justice, puisque la mort semble bien plus imminente que n'importe quelle forme de procès. Les adorateurs d'Hadès s'en donnent à coeur joie.
Les bas instincts refont surface également dans le présent. Manipulation, chasse à l'homme, violences, dérives sectaires, enlèvements d'enfants. Les disciples d'Hadès ont un objectif bien peu louable et sont prêt à tout pour l'atteindre.
J'ai aimé le parallèle entre présent et passé. Rien n'a vraiment changé, finalement, au fil du temps et des siècles. Les problématiques sont sensiblement les mêmes.
« Les Grees étaient de vieilles sorcières. Ces trois soeurs n'aspiraient qu'à un seul objectif, récupérer un oeil. Cela remplacerait le globe oculaire que Zeus leur avait accordé, pour atténuer leur exil. (…) Un oeil, pour voir le présent. Afin de retrouver les repères nécessaires pour prédire l'avenir. Un organe encore vivant, chaud, intact, prélevé d'un homme en bonne santé, jeune. »
Le tome 3 « La marque d'Hadès » est plus sportif et plus violent. Nos étudiants vont rencontrer des créatures mythologiques bienveillantes, comme Pégase, mais ils devront également en affronter d'autres, bien moins sympathiques…
Dans le présent, l'horreur et la barbarie montent encore d'un cran. Je reste floue volontairement, il est difficile de chroniquer une trilogie sans trop en dévoiler ! Je ne veux surtout rien spoiler !
La plume de Cendrine est fluide, riche, travaillée. Elle maîtrise son sujet et prend beaucoup de plaisir dans l'écriture de cette saga, c'est indéniable. le rythme est agréable, la construction alternant les passages au présent et au passé, les moments plus vifs à d'autre plus reposants, permettant au lecteur de souffler.
Les personnages sont riches, eux aussi. Surtout dans le groupe de policiers. Georgia est très tourmentée, elle a une vision bien négative d'elle-même et se donne exclusivement à son travail. le médecin légiste, Eugène, a un physique vraiment ingrat. Son rôle prendra de l'importance à partir du tome 2. Ce que Cendrine lui fera vivre est insoutenable. Chez les étudiants, c'est Graciella que j'ai préféré. Elle est forte, son caractère déterminé permet au groupe de rester soudé et de ne pas abandonner. Elle est leur pilier.
« – Quand les viscères de l'animal se répandent comme la queue d'une étoile filante, la Chimère doit regagner son antre et se baigner dans les eaux du Styx afin de se régénérer. »
J'ai plus accroché avec les passages dans le passé. Que ce soit les étudiants ou Aurélia, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre leurs aventures. Les passages au présent étant plus « classique », me rapprochant d'un thriller contemporain. J'ai lu cette trilogie pour l'immersion dans la Grèce Antique, j'ai appris une foule de chose, je me suis régalée.
Plus j'avançais dans ce tome et plus j'étais impatiente de connaître le dénouement de toute cette histoire. Arrivé à la moitié, je me suis posée bien des questions…Cendrine a déroulé son intrigue calmement, posément, depuis le début. Cela devrait indéniablement beaucoup s'affoler pour finir dans les temps…J'ai trouvé ça louche. Et pas manqué…Une fois la dernière page tournée, dans les remerciements, Cendrine nous confie que sa trilogie initiale s'est transformée en mini-série de six volumes. Ou comment un auteur ne peut pas laisser ses personnages et fait du rabe !! Sur ce coup, j'ai été un peu déçue. J'ai lu les trois tomes à la file, j'étais dedans, impeccable.
Vous qui me connaissez, vous savez ce que j'aime le moins : les briques, et les romans à plusieurs tomes (la preuve sur le blog, où certains tome 1 sont restés seuls et uniques…). Je suis bien incapable de patienter un an pour lire la suite d'une saga . En général, j'attends qu'elle soit publiée dans son intégralité et je m'y mets. Je déteste rester sur ma faim. Avec « Les légions d'Hadès », j'y suis restée !! Grrrrrr. Il n'y a plus qu'à attendre la suite !!
Je remercie Cendrine et les Éditions Eaux Troubles pour ce voyage !
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