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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un club, sur la scène « trois instruments. Piano, basse, batterie. La plus belle formation selon Simon ». Il s'y connait lui dont la « manière de jouer avait pas mal chamboulé la pratique du piano en jazz ». Mais sa vie d'alors avait un tempo particulier : « nuit, jazz, alcool, drogue, femme, jazz, nuit. » Suzanne, sa femme, un soir « a entendu le danger. Elle est allée le chercher. Elle l'a ramené, enfermé, soigné. »

Dix ans qu'il n'a pas touché un piano. Ni un verre d'alcool. Ni même écouter un morceau de jazz. Maintenant c'était « la belle, la grande, la classique, la savante. Il s'y était mis après sa désertion. Le swing lui manquait mais à défaut swing il se gavait de beauté. »

Il devient technicien, s'occupe d'ajuster la température d'une usine, d'un entrepôt. Suite à un incident, avec l'ingénieur, ils travaillent une partie du week-end dans cette entreprise située au bord de mer. Il ne rentrera pas à Paris ce soir. Il ne rentrera pas chez lui. Suzanne attendra.

L'ingénieur souhaite le remercier pour son aide, il l'emmène « un soir au club ». Scène piano jazz alcool... tout y était. Debbie aussi. « Il oublia le clavier. Il jouait pour elle ». Ils ont improvisé un petit blues « pendant au moins 96 mesures en si bémol ».

« Quand Simon m'a raconté cette scène d'amour j'ai trouvé ça charmant, s'agissant d'un homme et d'une femme vieillissants qui sans doute ne connaîtront plus jamais une émotion de cette qualité, aussi intense, aussi belle dans sa fulgurance. »

Un nouveau trio piano, une nouvelle formation entre en scène : Suzanne, Debbie, Simon. Et...

«Softly as a morning sunrise » !

Ce livre swingue tant sur le fond que sur la forme. L'écriture est syncopée, rythmée. Christian Gailly, que je découvre avec ce roman, aime autant la mer que le jazz et le rend à merveille avec ses choix de mots, et ses harmonies. Les phrases parfois écourtées à l'extrême, aspirant le sujet, pour ne laisser que plus de rythme au récit. Ça swinguait !

Une jolie histoire. J'ai beaucoup apprécié cette lecture.

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Un soir au club

Jam session : vague à l'âme, variations.

Il y a plus ou moins une semaine Ambages m'a balancé : un soir au Club, super ! Comment refuser son invitation ? Christian Gailly, je ne connais pas. Alors, j'y vais ... ou j'y vais pas ? Avec ou sans Ambages ? Avec ! Avec sinon, non. Avec sinon rien. Samedi.

Evidement, je rate mes trains de 10h12 et de 13h21. Foutue chute ! Erreur d'aiguillage. J'entends Passer les wagonnets.
*"Les wagonnets
Qui nous éloignent l'un de l'autre
Erreur du destin qui choisit.
Les wagonnets"

Hagard, j'attends au buffet. J'attends le prochain, tiens ! Il a du retard ... le prochain train, je l'attends au buffet de la gare. Pour passer le temps, je prends un demi et puis encore un. Marrant, total cela ne fait qu'un. Pas de quoi être bourré. Pas avant le club, qui le sera c'est certain. Après on verra bien. le train démarre, accélère son tempo. "Locomotive d'or" Top, top, top ... Un autre air me vient.
** "Ca fait des siècles que j'attends
Sous le paravent
Le vent du désert m'allonger
M'allonger sous le paravent
Sous le sable blanc
Tout près de la mer à côté

Un palais un palace
Pour voir le temps qui passe
Je ne suis pas sur la photo
Je suis au bord de l'eau
Être en vie n'est pas assez ni trop"

Sûr, il fera nuit. Ciel noir, nuit blanche ! Ciel noir, nuit blanche ? ... noir, ...blanche. Dans la nuit flotte comme la promesse de ^^ "Dur réveil." Belle aventure. Je suis tendu d'être attendu. Il y a si longtemps. Je vivais en dormant. Je rumine comme un veau, attendri : m'attendra-t-elle ? Bref, enfin.
* "Un peu parti un peu naze
J'descends dans la boîte de Jazz
Histoire d'oublier un peu le cours de ma vie"

Comme prévu, rien qu'à voir le nombres de critiques, c'est bourré. Un geste, cela doit être Ambages. Eh oui ! Je la reconnais à ^ "ce geste qui veut dire : viens, il est encore temps. Et c'est à ce moment précis, que moi je le vois comme un diamant." Il y a une ambiance de feu avec ce trio. Feu Michel Petrucciani au piano, feu Henri Salvadore à la basse et la guitare, feu Raymond Devos à la batterie. Ambages s'approche. Mes mains qui tremblent. Il y a si longtemps. Si longtemps que je n'ai plus joué.
** "Je n'en peux plus de l'attendre
Les années passent
Qu'il est loin l'âge tendre
Nul ne peut nous entendre"

Elle m'enchante, elle me chante, très fort pour que je l'entende.
* "Touchez mes blanches caressez mes noires
dit-elle en venant se coller sur ma peau
c'est le début me suis-je dit d'une histoire
j'acceptais l'invitation illico

On a dansé toute la nuit avec ma guitare
qui ressemblait de plus en plus au piano
de l'homme dont on fêtait la mémoire"

Je voudrais lui parler vraiment du livre. du souvenir que je garderai. Ce duo doré sur le sol sablonneux, dans l'été indien de leur vie. Avec dans mon imaginaire, en toile de fond Mélodie pour un meurtre, Al Pacino et sa chanson Sea of Love. Mais je me souviens p.70 "Un club de jazz n'est pas un endroit ou parler, même de jazz ou d'amour. On se tait, on écoute."

Et à ce moment très précisément, Raymond Devos se lève prend sa clarinette. Nous offre "Petite Fleur". Silence absolu. Ciel noir, nuit blanche. Et puis :
*** " Sur une mer imaginaire , loin de la rive...
L'artiste en quête d'absolu,
joue les naufragés volontaires...
Il est là debout sur une planche qui oscille sur la mer.
La mer est houleuse et la planche est pourrie.
Il manque de chavirer à chaque instant.
Il est vert de peur et il crie:
"C'est merveilleux!
C'est le plus beau métier du monde!"
Et pour se rassurer il chante :"

Jonaz monté sur la scène :
* "Tous ces désirs inassouvis qui s'amoncellent
on voulait s'endormir à l'ombre d'une immortelle
se glisser sous un arc en ciel
comme un oiseau sous un arc en ciel
où vont les rêves où vont les rêves
où vont les rêves où vont les rêves"

* Michel Jonaz, Bonsoir
** Henri Savaldore, A la guitare et à la basse .... Henri Salvadore, Mesdames et Messieurs
*** A la batterie ... et à la clarinette ... de Belgique ... RAYMOND DEVOS, applaudissez
ET AU PIANO... petit par la taille, mais combien grand par le talent : Michel Petrucciani, MICHEL PETRUCCIANI, MESAMES ET MESSIEURS.

Rem : Les personnages d'Ambages et Krout sont purement imaginaires dans ce texte J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de mes longues digressions par rapport au thème principal dont ne reste plus que quelques touches ci et là disséminées dans mon interprétation, très libre. Question de style, sorte de signature. Comme partager la scène, très jazz aussi. Je vous invite à rejoindre sa critique beaucoup plus respectueuse et proche du texte originel. Je tenais à la remercier pour cette très belle découverte. Que de belles émotions !
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Quel charmant roman !
Il est très court mais me laisse une forte impression.
C'est sensible, délicat, tout en nuance et en pudeur.
La manière de procéder est intéressante. C'est un ami qui raconte ce qui est arrivé à Simon Nardis, ancienne gloire du jazz. Un ami proche et compatissant, tendre et attentif.
Franchement une belle découverte. Je ne connaissais pas Christian Gailly. Je vais creuser de ce côté là
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Simon était jazzman. Pas n'importe quel jazzman : un grand, avec un style reconnaissable entre tous. Mais le jazz, c'était aussi l'alcool et la drogue. Alors Suzanne n'a pas accepté, il a dû choisir. Il est devenu un bon mari et un bon père de famille.
Simon est devenu ingénieur chauffagiste et a oublié tout le reste.
Lors d'un déplacement professionnel dans une station balnéaire sur la Côte Normande, à cause d'un train raté, il rentre par hasard dans un club de jazz et pendant la pause des musiciens il s'assied devant le piano et se met à jouer.
"Il faut imaginer ces mains, au-dessus du clavier, qui tremblent, et Simon qui, toutes les quinze secondes environ, les cache derrière son dos, puis les montre à nouveau, les offre au piano, les lui propose, l'air de lui dire : Je t'ai abandonné mais je reviens »
Une femme a pris le micro pour mêler sa voix à la musique.
« le micro sur les lèvres, reprenant au vol la mélodie, elle chanta tout près de lui : Vous n'avez pas changé. Simon leva le nez, regarda Debbie, puis, sans cesser de jouer, répondit : Vous non plus. Simon ne l'avait jamais vue. »
Le texte de Christian Gailly est magnifique, l'écriture est somptueuse, d'une grande musicalité.
Un texte court mais un grand roman sur le thème de l'éternel retour de la passion et de l'amour.



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Un style bref, syncopé et jazzy.
Le narrateur nous raconte une histoire sur un mode oral avec des retour en arrière des évocations du futur... C'est très particulier mais totalement prenant.
L'histoire pourrait être simple : un ancien pianiste de jazz qui est revenu à son ancien métier (chauffagiste) après avoir risqué la mort (alcool, drogue, femmes, jazz) et n'écoute plus que du classique va rentrer dans une boite de jazz parce qu'il a une heure à perdre.... et là tout le passé va revenir.
C'est "un singe en hiver" à la mode jazzy.
Je vous en recommande la lecture surtout si comme moi vous ne connaissez pas cet auteur, c'est un très bo moyen de la découvrir.
Bonne lecture!
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Simon a raté son train... le premier parce qu'il n'avait pas pu réparer à temps l'installation de chauffage. Ouf! c'est réparé tout fonctionne. L'ingénieur l'invite à diner et lui propose un petit tour vite fait dans un club de jazz de la ville .. et là Simon "renait" . Ses mains tremblent au-dessus du piano , se poseront elles sur le clavier? Les secondes s'égrainent et ... le sang circule dans ses veines. Dix ans et dix minutes qu'il n'avait pas joué, qu'il n'avait pas swingué. Lui le grand Simon Nardis.
Et le train ne l'a pas attendu , Debbie a chanté et il l'accompagnée . Suzanne l'attend mais il n'y a plus de train... demain elle le rejoindra ou pas.
J'ai eu envie de replonger dans ce roman de Christian Gailly.J J'avais gardé le souvenir d'un texte délicat, plein de pudeur et de retenue, un texte où le jazz s'insinue dans toutes les fibres de votre âme . le choix d'un narrateur extérieur mais ami très proche de Simon et de Suzanne est le gage de l'impartialité des propos. Et le jazz est là ...
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Quand le destin vous fait un clin d'oeil. Simon Nardis, alors qu'il effectue un dépannage dans une usine en province, rate le train qui doit le ramener vers sa petite vie étriquée auprès de Suzanne. Ancien jazzman, mais aussi ex-alcoolique, Simon pénêtre dans un Club, un petit verre, un seul, et puis une double rencontre, celle de trois jeunes musiciens de jazz et celle d'une femme idéalisée qui reconnait Simon.
Il ne faut pas en savoir plus, nous suivont Nardis, et comme lui une fois la porte de cette boite entrouverte, nous sommes happés, sous le charme de cette ambiance feutrée. le style de Gailly est inimitable, incroyablement musical, chaque mot semble pensé comme une note sur une partition d'une musique qu'il aime et qu'il a pratiqué. Il n'a pas son pareil pour amener l'émotion, à travers un geste, un regard, un silence. Et cet homme qui a remisé sa vie d'avant, va renaitre le temps de cette soirée et redécouvrir les palpitations musicales et affectives qu'il avait abandonné. Un bouquin envoutant qui se lit d'une traite. Gailly travaille comme un artisan, pas d'aspérités, tout est clean, pas de fausses notes. Un vrai coup de coeur.
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J'y connais rien au jazz mais ce Simon m'a ému, ce Simon qui après 10 ans et dix minutes attend la pause, la sortie des musiciens, hésite, monte sur scène, pose les doigts sur le piano et enchante la salle qui se demande si c'est vraiment le Simon Nardis qui avait disparu?

La patronne Debbie l'accompagne alors au chant, le séduit, Simon rate le dernier train, prévient sa femme Suzanne.

J'aime bien l'écriture de Christian Gailly, délicate, même si un peu démodée.

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Un disciple de Freud avait émis l'idée que nous passions notre vie entre la liberté=rupture avec les ancêtres, invention de sa vie, indépendance vis à vis et la conformité, et la rentrée dans le rang, renouant avec les préceptes de la famille. Pourquoi revenir dans le rang? Parce que la liberté est difficile à suivre, et le prix à payer est souvent lourd.
Et pourquoi une fois “dans le rang” ne pas y rester? Parce que notre individualité nous semble, à certains moments de notre vie, essentielle.
Dans “un soir au club”, on assiste à l'abandon de la conformité – elle même adoptée parce que la liberté du monde autour du jazz: alcool, drogue et femmes, a été rejetée par Simon Nardis, avec l'aide de sa femme qui le protège et le sauve.
Il est heureux, Simon, il est conforme, et le livre de Christian Gailly ne nous donne pas de ce bonheur une caricature critique. Il est heureux, il a fui les démons qui gravitent autour du jazz.

Un jour, il écoute du jazz. Dans une boite.
Il rechoisit la liberté.
Ou plutôt il ne choisit pas, CELA se choisit pour lui.
Pour raconter l'histoire du passage de la conformité heureuse à la liberté bienheureuse, Gailly parle avec des notes de jazz : il annonce un thème, revient dessus, ne finit pas ses phrases, il improvise, on ne sait pas tout, mais on sait quelque chose. Car le héros raconte son histoire à un tiers, et celui ci nous livre certains détails : exactement comme en une partition de jazz. Où les thèmes s'entremêlent, se répètent, comme les souvenirs qui remontent, et les pensées qui se zigzaguent.

Gailly improvise, puisqu'il est jazzman avant d ‘être écrivain, il raconte l'histoire d'un homme, de Simon vu par son ami. Il connaît la connivence entre les musiciens jazz, leur mémoire d'une improvisation géniale, leur facilité à céder la place à un « amateur » , qui se révèle , dans le cas de Nardis, un grand.
Les phrases s'allongent, se courbent, s'annoncent longues, puis s'éteignent, comme une répétition hésitante, bégaiyante, celles du jazz lui même. Phrases courtes, , qui s'enchainent suivies de phrases longues, coupées avec bonheur .
L'ami de Simon raconte son amitié avec Simon, son amour pour le jazz, qui a failli le tuer, et son amitié avec Suzanne, la femme qui a sauvé Simon du jazz et de la mort.


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Un peu étrange comme sensation tout comme le roman. Je suis partagée entre l'émotion et l'indignation du personnage Simon. Pourtant l'histoire est menée de façon originale, ne laissant rien présager de la finalité.

Pour un train loupé, pour un verre prit, un piano et tout un destin qui prend une autre direction.

C'est intense, troublant, déroutant même. On ne peut pas trop en dire, sans dévoiler le tout, le livre est court, tout est condensé, les actions s'enchaînent rapidement, et puis voilà le lecture prend une autre direction, un atterrissage brutal, tout le monde descend, plus rien à voir.

Bizarre mais intéressant, j'ai beaucoup aimé malgré ce personnage qui peut faire rire, ou faire pitié, c'est ainsi, il fait partie de cet ensemble du roman.

Merci à Sylvaine qui a choisi ce livre dans le tirage pal dévoileuse ;)
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