Citations sur Anansi Boys (42)
- Apparemment vous ne réalisez pas que les mariages coûtent de l'argent. J'ai attribué 175€ par personne pour les tables A à D -la A esst la table d'honneur-, ce qui couvre les parents proches de Rosie et les dames de mon club, puis 125€ pour les tables E à G qui accueilleront comme vous le savez les relations plus lointaines, les enfants et ainsi de suite.
- Vous disiez que mes amis seraient à la table H, dit Gros Charlie.
- C'est la catégorie suivante. Ils n'auront pas d'avocat aux crevettes en entrée ni de génoise au xérès.
Peut-être n'est-il pas inutile de mentionner que, dans l'univers de Gros Charlie, les femmes ne se manifestaient pas spontanément. Il fallait leur être présenté ; il fallait réunir le courage de leur parler ; ensuite, il fallait trouver un sujet de conversation et, une fois ces sommets gravis, d'autres restaient à escalader. Il fallait oser leur demander si elles étaient prises samedi soir, et lorsqu'on s'y résolvait, la plupart d'entre elles, ce soir-là, devaient justement se laver les cheveux, ou bien rédiger leur journal intime, ou encore s'occuper de leur cacatoès, voire tout simplement rester près du téléphone à attendre l'appel d'un autre homme.
Il racontait à tous ceux qui s'en informaient une histoire différente pour expliquer qui il était et ce qu'il faisait là. Au bout d'une heure, la plupart des invités furent convaincus qu'il représentait un investisseur étranger désireux d'acheter rubis sur l'ongle un des studios ; au bout d'une demi-heure de plus, tout le monde sut qu'il se préparait à faire une offre pour la Paramount.
Anansi a donné son nom aux histoires. Toutes sont siennes. Jadis, avant qu'elles ne soient à lui, elles appartenaient à Tigre (nom que les insulaires donnent à tous les grands chats) et elles étaient sombres, maléfiques, emplies de souffrance ; aucune ne se terminait bien. Mais c'était il y a très longtemps. De nos jours, les histoires appartiennent à Anansi.
En toute honnêteté, Maeve n'était pas sûre que fréquenter l'église idoine durant toute son existence l'aurait préparée à une telle situation. Elle commençait à se dire que dans un monde bien organisé, la Mort aurait dû prendre modèle sur les voyages organisés de luxe avec forfait complet, au début desquels on se voit remettre un dossier comprenant tickets, bons de réduction, horaires, ainsi que plusieurs numéros de téléphone à composer en cas d'ennui.
Il s'essuya le front de la main. "Je ne crois pas avoir jamais dit "Je t'aime, papa" de toute ma vie. Vous tous, vous le connaissiez sans doute bien mieux que moi. Certains d'entre vous, peut-être, l'aimaient. Vous faisiez partie de sa vie, moi pas. Donc, je n'ai pas honte que vous m'entendiez le dire. Le dire pour la première fois depuis au moins vingt ans." Il baissa les yeux vers l'impénétrable cercueil métallique. "Je t'aime. Et je ne t'oublierai jamais."
Les cris s'enflaient encore. Dans le silence qui suivit le discours, ils s'avérèrent assez forts et assez clairs pour que chacun comprenne les mots hurlés à travers le cimetière : "Gros Charlie ! Arrête immédiatement d'embêter ces braves gens et ramène ton cul par ici !"
Elle lui avait envoyé des cartes postales de Paris, de Rome, d'Athènes, de Lagos et du Cap. Dans celle en provenance de Nankin, elle disait détester ce qui passait pour de la cuisine chinoise en Chine, et avoir hâte de rentrer à Londres afin d'y manger de la véritable cuisine chinoise.
"Ses yeux explorèrent le flanc de montagne et les cavernes, observèrent chacune des centaines de créatures totémiques surgies d'avant l'aube des temps. Il en remarqua une demeurée invisible la dernière fois qu'il avait regardé: un petit homme portant des gants jaunes citron, une très fine moustache mais aucun chapeau en feutre pour dissimuler son crâne dégarni."
"La voix de Tigre s'éleva à nouveau dans l'obscurité.
_ Quand tu seras mort, fils d'Anansi - quand toute ta lignée aura disparu - les histoires seront miennes. On recommencera à raconter des histoires de Tigre. On se rassemblera pour vanter ma ruse, ma force, ma cruauté et ma joie. Toutes les histoires m'appartiendront. Toutes les chansons m'appartiendront. Le monde sera comme il était jadis: dur. Noir."
"Quelque chose tomba du ciel au-dessus de lui et se posa sur le grillage. Gros Charlie leva les yeux. Un merle le contemplait avec un intérêt hautain. Il y eut d'autres battements d'ailes, et le merle fut rejoint par plusieurs moineaux puis par quelque chose que le prisonnier estima être une givre.
D'autres oiseaux arrivèrent.
Gros Charlie aurait eu peine à dire quand exactement cette accumulation de volatiles cessa d'être intrigante pour devenir terrifiante. Aux alentours de la première centaine en tout cas. Et tout était dans la manière dont ils ne pépiaient ni ne roucoulaient ni ne croassaient ni ne chantaient. Ils se posaient simplement sur le grillage et le regardaient."