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3,2

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Excellent roman sur l'enfance, les groupes, les amitiés, les rêves, l'utopie, l'imaginaire, le fantasme de l'autre, l'idéalisation, la déchéance, le retour sur terre, la trahison, l'image de soi et des autres.
En deux mots, Faber est isolé, il vient d'échouer dans sa fonction de leader d'un groupe d'autonomes. Ses amis d'enfance, Madeleine et Basile, viennent le secourir, le ramener dans la ville de son enfance. Ces trois là étaient inséparables, Faber, garçon brillant et rebelle avait pris sous son aile les deux autres jusqu'au lycée ou tout avait basculé.
Ces trois personnages seront narrateurs à tour de rôle et nous dévoilerons leur vie commune vue à travers leurs yeux, il est évident que les trois versions ne se ressemblent pas.
La raison de leurs retrouvailles n'est pas claire, chacun ayant reçu un appel au secours des autres. Les souvenirs de l'enfance s'étiolent, et laissent place à la désillusion des adultes qu'ils sont devenus. La violence et la vengeance seront les moteurs de ce livre un peu fou qui prend plaisir à surprendre et perdre son lecteur.
J'ai adoré ce livre car il m'a totalement pris dans son intrigue, je me suis retrouvé fasciné par la destiné de ses protagonistes. Finalement, notre vie n'est que le roman que nous nous racontons, notre regard sur les autre est déformé par le prisme de nos sentiments et de nos émotions.
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Tristan Garcia est vraisemblablement la plus belle découverte littéraire de ces dernières années. En 2008, alors qu'il n'a que 27 ans, il sort « La Meilleure part des hommes », sorte de radiographie du milieu homo et militant des eighties à l'arrivée du sida. Alors que, compte-tenu de son âge, il ne pouvait avoir de souvenirs de cette période, il a pourtant réalisé l'exploit de signer le roman de référence de ces années noires où hystérie joyeuse, défiance, désespoir et manipulation régnaient en maître.
Avec « Faber le destructeur », il nous offre un roman tout aussi redoutable. Comme pour « La meilleure part des hommes », il s'appuie sur un trio ; Faber au charisme incandescent, Basile le « lunetteux » couard mal à l'aise dans la vie et Madeleine, mi fille mi gamin. Basile et Madeleine tout à la dévotion de Faber vont connaître à ses côtés bien des splendeurs et bien des misères… Mais il serait dommage de dévoiler ne serait-ce qu'une once de la trame de cette histoire hallucinante et passionnante à découvrir.
Garcia signe ici une oeuvre admirable, son constat de la génération des trentenaires est sans appel, et s'éloigne, par exemple, de la vision cinématographique d'un Cédric Klapisch (la série « L'auberge espagnole »), quoique jubilatoire reste tout de même très parisianiste. Garcia lui, plante son décor au coeur de la province où les années s'écoulent sans relief. C'est ce qui fait de Faber cette figure emblématique, son aura illumine la ville, les vies… mais à quel prix ?
De la trame de ce récit se dégage toute la symbolique sur le sens profond de l'existence. C'est ce qui en fait sa force, sa substance. le besoin de reconnaissance et de plaire à l'autre, qui travaillent chacun de nous au point d'user d'artifices, de duperie. Les parcours de ses protagonistes en sont le reflet, transformant des enfants plein d'illusions et de rêves en adultes individualistes, féroces et aigris.
« Faber le destructeur », tout comme en son temps « La meilleure part des hommes » d'ailleurs, dépasse les frontières du simple roman et se place d'ores et déjà parmi les chefs d'oeuvres de cette décennie.
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Avec cet ouvrage, Tristan Garcia quitte définitivement le statut d'écrivain prometteur pour accéder à celui d'auteur confirmé.
Faber le destructeur constitue une synthèse ingénieuse des histoires propres à cette génération qui a eu vingt ans à l'aube du XXIe siècle, et pour laquelle la morne perspective d'une existence normée, cloisonnée, sans saveur véritable n'a jamais été autre qu'une promesse invariablement tenue.

L'état des lieux est posé dès la phase introductive, où la trentaine de lignes qui la composent évoquent sans concession le devenu – puisqu'il n'y a pas lieu de parler de devenir – de cette génération : « Nous étions des enfants de la classe moyenne d'un pays moyen d'Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n'étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l'aristocratie, nous ne rêvions d'aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. […] Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons – par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d'attendre une vie différente. […] Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu'il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. A ce moment-là, c'était la crise économique et on ne trouvait plus d'emploi, ou bien c'était du travail au rabais. […] J'ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque – mais pas Faber, hélas ou heureusement. Et pour cette raison il n'a cessé de me hanter. »
Puis le roman se dévoile sous la forme d'un récit à trois voix – Faber le destructeur, Madeleine ou Maddie l'idéaliste et Basile l'inaccompli, trois parcours intimement liés jusqu'à la perdition, jusqu'à l'aliénation de chacun des protagonistes. Une histoire d'amitié tout autant que de quêtes, dont le personnel finit par se confondre avec le collectif, par-delà les frontières de la décence et de la raison. Une histoire de séduction également, aussi jouissive que corrosive, belle et utile qu'impitoyable.

Mehdi Faber incarne tout à la fois l'espoir, la désillusion et l'ensemble des maux générés par notre époque, et avec lesquels il est devenu coutume de composer pour tenter de préserver au mieux sa « survie sociale ». Cette histoire, la sienne, celle de Maddie et de Basile, la leur, interpelle comme un cri de rage dans le silence assourdissant de notre temps, et nous renvoie à cette part souvent enfouie de nous-mêmes – celle-là même qui nous confronte à cette réalité : cette vie, la mienne, l'ensemble de mes choix, l'orientation de mon existence… si j'avais pu prévoir… si c'était à refaire… Et puis quoi ? Merci Monsieur Garcia.
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Un roman maîtrisé, puissant et triste sur l'adolescence et la difficulté de vivre, autant qu'une chronique des années 80 / 90 dans une petite ville de province.
Trois personnages sont au coeur de ce roman, deux sont "normaux" un est hors norme. La vie n'est facile pour aucun.
C'est l'histoire d'un déclassement , celui de l'Occident et celui des classes moyennes :
"la fin du XX° siècle, le début du XXI° sont un glissement, pas un déclin ni une catastrophe, comme voudraient le penser ceux qui espèrent encore vivre des temps héroïques, et qui préfèrent le cataclysme au simple déclassement". p. 455
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J'ai adoré ce roman! Un style rythmé, une narration qui nous cueille, nous surprend. Un suspense qui m'en a fait perdre le sommeil, repoussant toujours le moment de refermer le livre, aidé par de courts chapitres qui me faisait dire, allez... encore un!

Faber le magnifique, qui es-tu, ange ou démon, protecteur ou destructeur? Surnaturel ou réel? J'avais parfois l'impression d'être avec Nail Gaiman dans American God...
Une ville de province, 2 enfants sans amis, Basile, bouc émissaire et Madeleine un peu garçon manqué, ne trouvant aucun intérêt aux jeux des filles mais rejetée par les gars. Et enfin l'arrivée de Faber qui va les prendre sous son aile... Les "sauver" oui mais...
A lire d'urgence!
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