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3,2

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme un immense écrin qui renferme un bijou, le roman "Faber- le Destructeur- révèle toute sa beauté et sa puissance dans les dernières pages. Une vile ordinaire, des classes sociales ordinaire, un lycée ordinaire. Là, un ado exerce son talent démoniaque. Qui est-il ? Un génie? Un ange, un Satan, un Dieu, un enfant de Dieu, un clochard, ou tout cela à la fois. Avec une maîtrise narratique totale et une puissance rarement égalée, Tristan Garcia ("La meilleure part des hommes") dresse le portrait d'une génération qui n'a rien à se mettre sous la dent. Pas de rêves, pas de moteurs, pas de croyances, encore moins de défis. Cette génération est celle d 'une certaine France d'aujourd'hui, au carrefour de deux siècles. Alors comment faire, en l'absence de désir? On croit en un homme. Faber ! A lire, il aura un prix, mérité, cet automne, c'est évident!
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Faber, le destructeur de Tristan Garcia, Ed. Gallimard

Faber, disparu depuis de longues années, revient, ramené par ses deux amis d'enfance, dans la petite ville de province qu'il a marquée d'une trace indélébile. Mais Madeleine et Basile, ses fidèles séides, veulent-ils le tirer de la déchéance ou s'en venger? Et lui, Faber, les a-t-il sauvés ou perdus quand il a jeté son regard jaune sur leur existence falote ?

le roman oscille entre le roman « générationnel », ancré dans la réalité politique des années 80, le classique récit d'enfance, la réflexion philosophique sur la fascination et l'imposture, et flirte parfois même avec le récit fantastique.

La construction très architecturée, soulignée par une chronologie limpide et tendue par un enjeu qui relève presque du polar, est subtilement éclatée en facettes multiples du fait des quatre voix narratives : celles de Madeleine, de Basile, de Faber lui-même, mais aussi celle, plus tardive, de Tristan, double de l'auteur ou avatar du mythique Faber lui-même et qui plonge ce roman protéiforme dans une sorte de mise en abyme vertigineuse.

Bref, un étrange roman, fascinant, attachant, palpitant, qui n'a pas fini de nous interroger, de nous intriguer, de nous déranger.


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Belle construction de roman. Je ne pensais pas le finir en un week end, mais la fraicheur de l'écriture et le sujet du bien et du mal m'a tenu en haleine. Envie de savoir plus et de le lire jusqu'au bout. Arrivée à la moitié j'étais un peu décue par l'apparition de Faber en tant que démon. Une sorte de Belzebuth (seigneur des mouches) . le rendre fort et malin, oui, mais le rendre diaboloique non... Puis après le milieu du livre il m'est devenu de plus en plus difficile de savoir qui parlait dans les chapitre. Dans chaque chapitre c'était un autre narrateur mais sous forme de "je". Il y a travers l'apparition de l'auteur lui même dans le livre sous son propre nom une parenté aux dessins d'Escher, où on ne sait plus ou est la main et ou est le dessin. L'illusion d'optique dans la littérature comme le faisait Julio Cortazar. Ça rend la fin confuse, mais l'idée de fond, est excellente, cette critique de la société molle où certains finissent par accepter de vivre comme "personnes" et d'autres qui rêvent d'héroïsme, un héroïsme qui n'aura pas lieu. Parce que la transition entre générations se fera sans grande révolution. Sauf pour quelques uns... On voit qu'il a étudié la philosophie.... Mais pour un homme de 37 ans il a indéniablement un don ! Un talent à suivre !
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Faber est un être énigmatique, mi ange, mi démon. Orphelin très jeune, cet enfant maghrébin est recueilli par Marthe et Jean, un couple brisé par la mort de leur fille. A l'école de Mornay, Faber va défendre Basile, un jeune garçon devenu la tête de turc du méchant Romuald et Madeleine, une fille un peu garçon manqué. Les trois enfants vont très vite être inséparables et Basile et Madeleine idolâtrent le jeune Faber.
Dès les premiers chapitres, l'auteur nous fait comprendre toute l'ambiguité de Medhi Faber. Il est beau, intelligent, torturé, défenseur des plus faibles. Adulte, il n'est plus qu'un homme à l'écart de la société, sale et sans le sou.
Tristan Garcia excelle dans la construction de ce roman qui se dévoile par étape, alternant l'âge adulte des retrouvailles et les périodes de collège puis de lycée. Ce n'est que dans l'ultime partie que l'on comprend le drame de cette période adolescente.
Le récit montre aussi cette place difficile recherchée par l'adolescent. Être suffisamment fort pour ne pas se laisser manipuler par les meneurs, vouloir comme Faber être ce leader qui lève les foules, savoir accepter qu'un ami ait d'autres admirateurs. L'amitié peut parfois être possessive, étouffante. Et comment la vit-on lorsque l'on a grandi et que l'on a trouvé une place comme Basile ou Madeleine alors que Faber reste toujours un marginal?
" L'âge fait toute la différence, il sépare les hommes comme le font les genres, les classes et les cultures; mais il ne coupe pas seulement les individus les uns des autres, il écarte chaque individu de lui-même d'année en année."
L'auteur parvient grâce à la construction et à l'ambiguïté de ses personnages à créer un récit complexe, inquiétant qui laisse une large part de mystère. le style est assez classique et maîtrisé mais je n'aime pas spécialement les passages avec des verbes sans sujet.
Je regrette aussi un peu le dénouement qui se fait avec l'arrivée de Tristan, l'auteur, un jeune garçon un peu semblable au jeune Faber. Même si j'avoue qu'il donne finalement une vision un peu philosophique au personnage de Faber, une tentative d'explication de cet étrange personnage. Enfant perdu à la mort de ses parents, Faber a -t-il retourné sa peine ou sa culpabilité contre lui et la société ou est-ce un être foncièrement maléfique ? Les vies de Madeleine et Basile auraient elles été meilleures ou pires sans la rencontre de Faber.
La période, le lieu ont ils un impact sur les illusions perdues de cette jeunesse puisque l'auteur dit plusieurs fois que l'histoire est celle de " ces enfants de la classe moyenne… deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée ».

Je retiens deux points forts sur ce livre : la construction et l'ambiance particulière et prenante que l'auteur est parvenu à créer.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Ce roman est construit autour de la figure de Faber, personnage démoniaque et fascinant. Faber est différent, libre, excessif, d'une intelligence sans limites, c'est un intellectuel qui fuit le monde des sentiments. Orphelin, adopté par un couple de Mornay, petite ville de Province, il se lie d'amitié avec Madeleine et Basile, des enfants faibles qu'il protège. A l'adolescence, il devient un révolté et bascule dans l'ultragauche. Il est obligé de quitter Mornay et ses amis, mais Madeleine et Basile le font revenir quelques années plus tard. Faber ne peut supporter de devenir ordinaire, il préfère se détruire et détruire autour de lui.
Ce roman possède d'indéniables qualités : suspense, remarquable construction. Il peut se lire comme un roman générationnel de ceux qui sont nés dans les années 80, mais c'est surtout l'histoire d'un dieu qui déchoit. A découvrir.
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C'est drôle comme pour nous, habitants de Paris et sa banlieue, l'atmosphère pesante d'une petite ville de Province a quelque chose d'exotique et d'étrange. Les rumeurs et les mesquineries se répandent à toute vitesse. En cela nous nous sentons proches de Medhi Faber parce qu'il vit au-delà de ça. Ce qui l'empêche de trouver sa place dans ce monde trop humain. ça va forcément finir mal...
Mme Deathnote
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Nous sommes à Mornay, une ville de province, mais proche de Paris. Dans les années 80 et 90, trois gamins se retrouvent dans la même classe et deviennent un trio d'inséparables. le chef de ce trio est Mehdi Faber, qui préfère se faire nommer Faber. Basile est un jeune garçon un peu timide et Mehdi va le prendre sous son aile et lui faire découvrir la vie. Il y a aussi une fille dans ce trio. Madeleine, une belle blonde mais qui est aussi et surtout un garçon manqué. Tristan Garcia va nous raconter alors les années collège et lycée de ce trio. Alternant les points de vue des trois protagonistes, nous allons au fur et à mesure des pages apprendre à les connaître. L'auteur va nous décrire, à travers le regard des trois protagonistes, leur vie actuelle et surtout leurs années collège et lycée. le personnage central du titre est un jeune garçon, surdoué, qui vient d'être adopté après la mort dans un accident de ses premiers parents adoptifs. Il va devenir alors le leader du collège et surtout du lycée. On va être en 1995, avec les grandes manifestations contre la réforme des retraites. Les syndicats sont dans la rue et quelques lycées sont occupés. Faber va devenir l'un des leaders de ce mouvement dans son lycée. D'ailleurs, il a déjà une culture politique. Car en avance, il a déjà lu et analysé les textes révolutionnaires. Il est une sorte de diable pour certains et de leader charismatique pour d'autres. Dans cette ville de province où les classes moyennes vivotent. Nous allons croiser des parents de classe moyenne, qui essaient d'offrir le nécessaire à leurs enfants pour qu'ils réussissent mieux qu'eux, des enseignants avec chacun leur particularité. Il y a des portraits de professeurs si réels, qu'on pourrait croire que nous les avons connus pendant nos années lycée. Nous croisons aussi les enfants des immigrés, de la deuxième génération qui vont essayer de réussir grâce à l'école. Ce livre est aussi un constat pessimiste de notre société actuelle. Que sont devenus cette génération qui n'a pas connu de guerre, de révolution et qui avait tout de même des espoirs. Madeleine est devenue, comme sa mère, pharmacienne, elle s'est mariée et a une petite fille. Basile est devenu professeur de français et enseigne cette matière dans son collège d'enfance. Faber lui est resté un marginal, qui vivote comme un clochard dans un chalet des Pyrénées après avoir tenter de faire la révolution avec des mouvements d'extrême gauche. Nous allons alors les retrouver de nos jours dans cette ville de province, qui ressemble du point de vue architectural ou sociologique à n'importe quelle ville de province. Il y a de belles descriptions de cette architecture citadine, semi urbaine, avec ces vieux quartiers centraux, ses quartiers de banlieue et ses zones commerciales, industrielles puis des champs et des forêts, qui deviennent alors des lieux d'aventure… Il y a aussi ces friches industrielles, ces ruines d'usines qui ne fonctionnent plus. Il y a aussi un fonds policier dans ce roman. Les trois amis veulent se retrouver après tant d'années mais aussi régler des comptes. Tristan Garcia décrit très bien l'ambiance de ces années et de ces villes moyennes avec cette classe ouvrière moyenne..
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La vie sans capitale. le "moyen" en toute chose. Ce que ça a de rassurant et de déprimant à la fois. J'ai compris que j'étais un provincial et que je le resterai probablement. Cela signifiait que je n'étais né qu'à moitié, que j'étais déjà mort pour partie. Je me sentais engourdi, paralysé d'un côté. Cette vie mêlée de non vie était mon destin. Et ce destin était médiocre, je l'aimais bien. p184
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Roman de l'amertume qui laisse un goût de soufre dans les tripes. Une odyssée désagréable dans notre époque désenchantée.
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Qui l'eut cru, c'est vrai prenant. Très agréable.
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