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Citations sur Le syndrome de Garcin (36)

Tel Louis Pasteur, il résumait son art avec trois verbes et leurs adverbes décisifs : « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. »
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Quelle consolation ou quelle argumentation, enfin, suis-je donc allé chercher en visitant cette dynastie de mandarins ? Peut-être l'idée toute simple que si soigner, c'est sauver des vies, écrire, c'est les prolonger.

II fait beau, allons au cimetière, préconisait Emmanuel Berl. Et rappelons-nous à la mémoire de ceux qui, même disparus, ne nous ont pas oubliés.
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Or, l'image, troublante et merveilleuse, de ces grands-pères lettrés et contemplatifs fut si forte qu'elle a dicté, à mon insu, mes premiers choix de romans. A douze ou treize ans, j'ai ainsi dévoré tous ceux du docteur écossais Archibald Joseph Cronin, auteur d'une thèse sur les anévrismes, dont la plupart des titres, de La Citadelle au Destin de Robert Shannon, du Signe du caducée à Sur les chemins de ma vie, mettent en scène des médecins des pauvres dans les villes minières et industrielles de la vieille Angleterre.

Des romans pas fameux, rédigés dans une prose pastorale, chargés de bons sentiments, pleins de dialogues pontifiants et dont les intrigues manichéennes ne visaient qu’à édifier le lecteur, mais où je retrouvais, à chaque page, des figures familières et des histoires, des drames, des maladies dont j'entendais si souvent parler à table.

Et si, à la même époque, j'ai dévoré Le Chien des Baskerville ou La Vallée de la peur, c'était moins pour Sherlock Holmes que pour Conan Doyle, dont j'aimais qu'il eût été maître en chirurgie, officier de santé à bord du baleinier Hope.
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Une fois le patient reconduit dans sa chambre, Monsieur Garcin formulait ses hypothèses, localisait le siège de la lésion, tout en feignant de confesser ses doutes et de critiquer ses propres conclusions. Il livrait enfin un diagnostic - il pouvait trouver une maladie d'Osler derrière une hémiplégie ou déceler un ulcère gastrique sous une myopathie -qu'il augmentait ensuite de considérations plus générales sur l'histoire des symptômes et des syndromes qu'en bon arpenteur du cadastre humain il venait de relever à main nue.

Certains internes, craignant de les oublier, notaient sur leurs cahiers ses meilleures formules, qui tenaient de l'oracle ou de l'apophtegme : « Les paralysies du grand dentelé se cachent derrière des gilets de flanelle » ; « Enseigner, ce n'est pas faire preuve d'érudition, c'est choisir»; «II ne nous suffit pas de connaître, il nous faut encore comprendre » ; ou « L'instrument intellectuel le plus important, c'est un examen rigoureux perfectionné par la fréquentation assidue des malades».
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« La base de la médecine est l'amour. Pauvre de cœur, si intelligent soit-il, un être d'élite fera peut-être un savant remarquable, mais un médecin mediocre ».

À l'un d'entre eux, qui déplorait l'abattement moral du malade dont il avait la charge, le Prix Nobel Charles Nicolle avait répondu : « Lui avez-vous pris la main, au moins ? » C'est Georges Duhamel qui avait rapporté à mon grand-père ce mot magnifique, dont il avait fait sa devise et son ordonnance.

Il croyait en effet, bien avant la prescription des médicaments, à la vertu des gestes les plus simples, aux verbes essentiels, toucher, écouter, parler, accompagner, soulager. Il s'inquiétait de l'inéluctable déshumanisarion de sa discipline et de la disparition programmée du médecin de famille.
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Cette délicate attention à l'autre et cette sollicitude, qui n'enlevaient rien à son magistère, mais donnait seulement de l'humanité à son autorité, je crois en connaître la source : c'est l'immense et silencieuse nostalgie qu'avait mon grand-père de son île tropicale. Pour lui, chaque malade était un réfugié, qui avait quitté le pays luxuriant des bien-portants et rêvait, avec son aide, d'y retourner vivre.
Page 93
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Dans Le Monde des médecins au XXe siècle (Editions Complexe, 1996), l'historienne Bénédicte Vergez note que « si, en 1935, 28 % des gendres des membres de l'Académie de médecine appartenaient à l'élite médicale, ce n'était le cas que de 16 % des fils d’académiciens.

La raison en est simple, ajoute-t-elle : si l'on ne choisit pas son fils, on choisit son gendre. Lorsqu'une fille de patron a l'occasion de rencontrer un futur médecin, il a souvent franchi les premiers degrés de la sélection hospitalière. Les chefs de service reçoivent leurs internes chez eux, parfois pour des dîners, aussi pour la préparation d'articles ou d'ouvrages ; les chirurgiens emmènent les leurs pour opérer "en ville" ou dans leurs cliniques.
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«Votre grand-père a été mon père », me confia Jean Métellus, très ému, beau visage noir barré d'une moustache blanche, soudain si sensible sous sa carrure olympienne, le jour où nous déjeunâmes ensemble pour fêter la parution, en 1990, chez Gallimard, dans la collection Blanche, de son roman Charles-Honoré Bonnefoy, sous-titré La seconde vie d'un grand médecin.

Derrière ce pseudonyme se cachait en vérité Raymond Garcin, qui le prit sous son aile lorsqu'il arriva, à vingt-deux ans, sans un sou en poche, à Paris. Les deux insulaires, qui s'exprimaient dans le français châtié et métaphorique des pays lointains, se reconnurent aussitôt. Ils n'avaient pas la même couleur de peau, mais partageaient les mêmes origines, modestes et brûlantes.
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Au commencement était l'homme et sa souffrance, en face se trouvaient son semblable et sa compassion. Toute la médecine est partie de là.
Séance inaugurale par Raymond Garcin en 1954.
p 9
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Les grands-pères empêchent toujours un peu les parents de vieillir et permettent aux petits-enfants de grandir. L'histoire qu'ils portent, ils la confie à l'avenir, dans l'espoir qu'elle grossira avec le temps, à la manière d'un large et très vieux fleuve africain.
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