On ne présente plus
Jacques Garnier, l'un des grands spécialistes de l'époque
napoléonienne, avec
Jean Tulard et
Thierry Lentz.
Nos autorités politiques n'ont pas voulu fêter comme il se devait en 2005 le Bicentenaire de l'événement, et qu'on le regrette ou pas, on peut se demander si, à travers ce refus, il ne fallait pas acter :
- que nos responsables ne considérant que le fait que
Napoléon ne sut pas abolir une bonne fois pour toutes l'esclavage dans les îles et les territoires d'Outre-Atlantique contrôlés par les Français où l'on trouvait de grandes exploitations ;
- que le personnage de
Napoléon, s'il est encore apprécié par de nombreux acteurs politiques qui ont joué un rôle dans un passé récent (
Dominique de Villepin, ou
Max Gallo) n'est plus célébré par ceux qui tiennent les commandes du pouvoir quand ils l'ont (toutes tendances politiques confondues) ; il a même pu faire l'objet d'un jugement sévère mais assez bien équilibré de la part de
Lionel Jospin.
Ce n'est pas ici le lieu de faire le procès de ceux qui suivent cette règle implicite de l'ignorance entretenue par peur de faire un faux pas, et qui n'osent même plus dire un mot au sujet de ce Géant de notre Histoire.
S'il est un acte qui le caractérise, c'est celui de son action stratégique et tactique de préparation et d'exécution d'un plan de bataille à Austerlitz, événement survenu le 2 décembre 1805, un an jour pour jour après le sacre impérial de 1804.
Une bataille n'est en soi qu'une rencontre militaire qui peut décider de la suite provisoirement, si elle doit être suivie par une succession d'autres engagements militaires, ou plus durablement si elle anéantit littéralement l'adversaire et ne lui donne pas les moyens de se relever et de riposter.
L'ennui pour
Napoléon est que cette illustrissime bataille, bien connue avec le halo de légende qui l'entoure - abandon du projet d'invasion de l'Angleterre par la Grande Armée, mouvement rapide et coordonné des divisions en corps d'armée vers le lieu de l'affrontement avec au passage un succès sur le parcours avec la reddition d'un gros contingent ennemi à Ulm, observation et reconnaissance du champ de bataille situé dans l'ancienne Tchécoslovaquie, avec piège tendu à l'ennemi sous forme d'abandon du point dominant, le plateau de Pratzen, ce qui donnait l'impression d'une fuite devant la coalition austro-russe, pression exercée par cette dernière sur les défenses françaises à Tellnitz et Sokolnitz, puis ruée française et retour offensif sur le plateau de Pratzen avec choc de cavalerie et excellente tenue de l'infanterie, soutenues par une artillerie ciblant l'ennemi aux points névralgiques, complicité du brouillard pour exécuter le début de ce retournement puis de l'éclat d'un soleil lumineux et de la "rupture" exagérée de zones en eau gelée sur le passage des "fuyards" ennemis, enfin bulletin de victoire sans appel et brevet de célébrité : "Soldats, ils vous suffira de dire : j'étais à Austerlitz, pour que l'on vous dise : voilà un brave" - n'empêche pas ce combat victorieux pour les Français de n'être qu'un brillant épisode qu'il faudra sans cesse répéter, au fil des années, alors que se reformeront sans cesse les ententes des pays ennemis dans le dos de l'Empire
napoléonien grâce à l'argent versé sans compter par l'Angleterre.
Napoléon eut sans cesse à relever ces défis, et ses victoires furent avec le temps assez chèrement acquises, jusqu'à l'ultime rencontre, celle de Waterloo, le 18 juin 1815. Une seule grande défaite annula, d'un seul coup, toutes les victoires. Et l'Empire s'écroula définitivement. Austerlitz fut décrit par
Tolstoï dans la Guerre et la Paix et Waterloo par
Victor Hugo. La littérature porta la flamboyante épopée pour toujours dans le souvenir et la mémoire, mais ce ne fut plus que légende entretenue.
François Sarindar