Une place de tout repos ?
Fabien, la quarantaine bien tassée, apprend subitement le décès de sa femme et de son amant Martial dans un accident de voiture.
Du coup, Il se découvre veuf et cocu. Un brin sonné et déboussolé, il se laisse un peu aller à la solitude domestique (chaussettes sales,, vaisselle en vrac..) .Gilles, le meilleur ami de Fabien, divorcé de fraîche date, se fait du souci pour lui. Il l'héberge dans son appartement qu'il partage avec son fiston. Sans emplois et sans envie, ils passent leur temps à jouer paisiblement aux Legos de Léo et à regarder par la fenêtre - tous les trois - les gros" nissons" de la pharmacienne . Subitement lui vient une idée de vengeance implacable : puisque l'autre m'a piqué ma femme, alors je vais piquer celle de l'autre et ainsi prendre
la place du mort...
Martine, veuve de Martial, petite blonde trentenaire insignifiante va l'entraîner dans son périple à ses risques et périls...
Pascal Garnier écrivain français mort en 2010, proche de l'univers de
David Goodis aime immerger ses personnages dans des situations abominables qu'ils ne maîtrisent pas.
Dans "
La place du mort" le héros, Fabien est un type normal issu d'un milieu modeste et déprimant, parents divorcés, père taiseux, mère inexistante. Son quotidien baigne dans un univers d'ennui. Son couple avec Sylvie n'est pas folichon "pas de dialogues, pas d'enfants, ni d'animaux, un désert..." Sa vie triste mais stable s'écroule lors de la perte de sa moitié. Besoin de remplir le vide et de s'inventer d'autres repères. Avec Martine, la femme de Martial, Fabien va basculer dans un engrenage sanglant et infernal.
L'auteur a le sens de la formule qui fait mouche : "elle flottait dans la vie comme un foetus dans le formol" dit-il en parlant de l'amie pas très claire de Martine.
Et le sens du détail anodin qui en dit long "Il n'avait jamais remarqué que son père avait de si longs poils dans les oreilles. C'est tout ce qu'il retiendrait de ces trois jours passés avec lui".
Au final
Un bon polar noir bien serré de 150 pages au style concis et poétique, pétri d' humour pince-sans-rire, flanqué de personnages désemparés, englués dans des situations abominables et sanglantes.
Un grand cru du fleuve noir de 1997 à ouvrir maintenant !