Ce livre a été publié dans le cadre de l'exposition Dessins orientalistes qui se tient au
Musée Condé de Chantilly en mai 2022.
L'histoire du château de Chantilly est liée à un homme au destin exceptionnel, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, qui était le cinquième enfant du roi Louis-Philippe, dernier roi des Français. Jeune officier, il sert en Algérie de 1840 à 1848, pendant la guerre de colonisation, terminant gouverneur général d'Algérie.
À son retour d'Algérie, durant 15 ans d'exil en Angleterre, il acquiert un nombre impressionnant d'oeuvres dites « orientalistes » lui rappelant ses années en Algérie. Son premier achat, sans doute le déclencheur, sera un carnet de dessins exécutés au Maroc par
Eugène Delacroix, peu après la mort de ce dernier. C'est à son retour en France que la collection de dessins est réunie à Chantilly.
Cet ouvrage constitue le catalogue des oeuvres présentées dans le cadre de l'exposition Dessins orientalistes du
Musée Condé. L'auteure,
Nicole Garnier-Pelle, Conservateur général du patrimoine chargée du
Musée Condé, a réalisé un travail de recherches exceptionnel pour permettre à tout un chacun de se familiariser avec l'Orientalisme qui, plutôt qu'un courant artistique, est une thématique souvent méconnue qui coïncide avec l'intérêt pour les cultures d'Afrique du Nord et des régions dominées par l'Empire ottoman (Turquie, pays arabes) et le début de la colonisation française en Algérie.
Le voyage d'
Eugène Delacroix au Maroc en 1832 en qualité de peintre officiel de l'expédition d'Alger est considéré comme le point de départ de la vague dite Orientaliste. Il rapportera plus de 2100 esquisses, croquis et dessins de son voyage, dont le tableau Femmes d'Alger dans leur appartement est sans doute le plus connu. Cinq de ses oeuvres figurent dans ce livre, dont l'aquarelle La famille Bonzoglo dans son appartement (conservée au Louvre), superbement reprise en couverture de l'ouvrage.
Outre Delacroix, de nombreux autres peintres et artistes orientalistes, moins connus, figurent également dans l'exposition, notamment Prosper Marilbat, Horace Varnet, Alexandre Gabriel Decamps,
Edward Lear ou Felix Emmanuel Phillipoteaux, pour n'en citer que quelques uns.
Au travers de leurs dessins à la gouache, à la mine de plomb, au fusain, leurs aquarelles et leurs feuilles de croquis (dont environ 40 oeuvres sont illustrées dans l'ouvrage), on se retrouve transporté dans un monde d'un autre temps : nombreuses scènes guerrières bien sûr, mais aussi caravanes et cavaliers en marche dans le désert,
paysages rocailleux, tentes bédouines, fantasias équestres, architecture de villes arabes avec leurs minarets, portraits d'hommes et de femmes croqués sur le vif. Les dessins et les croquis réalisés au fusain et à la mine de plomb sont particulièrement beaux par leur simplicité.
L'auteure détaille avec soin et à grand renfort d'informations le parcours artistique et personnel de chacun de ces artistes voyageurs, dont certains étaient peintres d'histoire, dessinateurs d'expédition scientifique ou simples militaires. Elle les resitue dans la grande histoire du bassin méditerranéen alors que celui-ci fait l'objet de profondes transformations au XIXème et, une fois le livre fini, on comprend mieux comment l'Orientalisme est né.
Ce livre est un bel ouvrage, tant par la mise en page harmonieuse que par les oeuvres qui y sont reproduites. Un vrai plaisir pour les yeux et un livre qu'on ne se lassera pas de feuilleter.
Merci aux Éditions Faton pour ce beau livre et merci à Babelio de m'avoir permis de le découvrir dans le cadre de sa Masse critique.