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EAN : 9782878442854
96 pages
Faton (19/11/2021)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Peintre formé à Paris dans l’atelier de Paul Delaroche avec Gustave Le Gray, Roger Fenton se tourne vers la photographie. De mars à juin 1855, il va en Crimée photographier le siège de Sébastopol où l’Angleterre, la France et le Piémont soutiennent l’Empire ottoman contre la Russie. Il réalise des images aseptisées d’un conflit sanglant et très impopulaire. Son « camion photographique » sert de cible aux tirs russes, la forte lumière et la chaleur de l’été rendent s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La guerre en Ukraine déclenchée alors que l'exposition « Roger Fenton et la guerre de Crimée » s'achevait au musée Condé à Chantilly replace la mer Noire au coeur de l'actualité et montre que les tensions entre la Russie et l'Europe ne datent pas d'aujourd'hui.

Les Editions Faton publient le catalogue en 46 pages de cette exposition tenue du 13 novembre 2021 au 27 février 2022 et ont confié au Conservateur général du patrimoine chargée du musée, Madame Nicole Garnier-Pelle, le soin de rédiger une introduction de 26 pages présentant Roger Fanton, la guerre de Crimée (1853-1856), la photographie et les origines du reportage de guerre, la mission du photographe (mars-juin 1855), la diffusion de ses photos et l'acquisition de plusieurs d'entre elles par le duc d'Aumale qui les ajouta aux collections du chateau de Chantilly.

Cette préface est fort instructive, comme l'illustrent les quatre citations publiées sur Babelio, et précise le contexte dans lequel ce reportage fut commandé. Elle évoque la carrière du duc d'Aumale, fils de Louis Philippe, acteur de la conquête de l'Algérie, qui connaissait très bien les soldats engagés en Crimée.

Le catalogue de l'exposition présente les photos exposées et pour chacune précise la biographie des militaires photographiés et les circonstances de la prise de vue. Au fil des pages les chefs militaires anglais, français, ottomans défilent sous nos yeux. Puis apparaissent nos troupes, les zouaves, les bachi-bouzouks, les vues du camp et les panoramas.

Ce reportage était une action de propagande et les photos se gardent bien d'offrir « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Mais le bilan humain de ce conflit, 95 000 français, fut très lourd et aggravé par les épidémies résultant des conditions climatiques et sanitaires. Lord Raglan mourut du choléra le 28 juin 1855, le Colonel Vico, son aide de camp, le 10 juillet 1855, le colonel de la Boussinière fut tué lors de l'assaut sur Malakoff le 18 juin 1855.

Cet ouvrage est incontournable pour les lecteurs attentifs à l'histoire et je remercie sincèrement Babelio et les éditions Faton qui me l'ont envoyé lors d'une opération Masse Critique. A noter que les pages du catalogue ont une double numérotation assez perturbante : la page 28 (en bas de page) est la page 1 (en haut de page), ou plus exactement la page CAT.1, pour reprendre la terminologie utilisée … il m'a fallu du temps pour comprendre !

Cette lecture m'a incité à relire un ouvrage d'Armand Dayot, prédécesseur de Madame Nicole Garnier-Pelle, publié vers 1890, « LE SECOND EMPIRE (2 Décembre 1851 - 4 Septembre 1870) : d'après des peintures, gravures, photographies, sculptures, dessins, médailles, autographes, objet du temps » qui consacre près de quarante pages (44-82) à la guerre de Crimée et reproduit des images d'Epinal, des lithographies parues dans le Charivari, le Monde Illustré, l'Univers Illustré, la Vie Parisienne et des tableaux.

Les batailles de l'Alma, avec son immortel Zouave et le mortel Maréchal de Saint-Arnaud (complice du 2 décembre) Baklava, Inkermann, Tchernaia, Eupatoria, Sébastopol, Malakoff, sont immortalisées par les artistes de l'époque dans un style allégorique et épique qui tranche avec le reportage de Fenton.

Contraste saisissant qui illustre que la guerre de Crimée fut la première guerre « moderne » avec les bateaux à vapeur, les trains et la photographie et s'inscrit ainsi en rupture avec l'époque napoléonienne.
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Un an après les portraits de Nadar, Roger Fenton est envoyé en Crimée pour rapporter un témoignage des combats, ou de ce qui se passe là-bas. La France est impliquée dans la guerre de Crimée, qui durera de 1853 à 1856. Il y a des zones qui n'en finissent jamais avec les affrontements. Et à cette époque-là, la Russie affronte une coallition de pays occidentaux (avec la Turquie). Les Parisiens vivent depuis près de 150 ans au rythme de cette guerre, du pont de l'Alma aux stations de métro (Sébastopol entre autres).

Roger Fenton est un peintre modeste que le succès délaisse. D'ailleurs, si vous googlez "Roger Fenton paintings", vous avez un abondant résultat de photographies, et quasi aucun tableau. Il part en Crimée et fait le taf, comme on dit. le résultat est un ensemble de photographies d'une qualité incroyable (pour l'époque, mais de manière générale aussi). Cet ouvrage en répertorie quelques dizaines, sur un total de 360 clichés verre ramenés par Fenton.

Ils représentent principalement des portraits, à pied ou à cheval, des hauts gradés. C'est un signe des temps. On ne photographie pas l'horreur, les charniers ou les gueules cassées. On a une guerre glamour, il faut en rendre compte de manière à persuader les populations que tout est propre et net. Fenton fait quelques plans larges, quelques photos des campements, mais cela reste soft. Il s'essaie à des clichés panoramiques en photographiant de manière séquentielle. C'est hyper impressionnant.

Après quelques pages d'intro historique sur les débuts de la photographie et biographique sur Roger Fenton, l'ouvrage rend en fait compte d'une exposition qui s'est tenue au musée Condé à Chantilly au début 2022. On ne peut que féliciter ce musée pour cette double initiative: l'expo et l'ouvrage. Très bien documenté, érudit sans être lourdingue, l'ouvrage se lit avec plaisir, se feuillette avec grâce et nous fait voyager en titillant notre imagination. Les catalogues d'exposition peuvent être parfois particulièrement indigestes. Ici, chaque photo est agrémentée d'un paragraphe de contextualisation avec des infos techniques et historiques en plus. de la belle ouvrage comme on dit.

Un tout grand merci à Masse Critique (avril 2022, de mémoire) et aux éditions Faton, et au Château de Chantilly.
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Ceci est le catalogue de l'exposition qui a eu lieu en début d'année au château de Chantilly.
Je ne connaissais pas Roger Fenton. C'est plutôt le sujet, la guerre de Crimée qui m'a interpellée. En partie parce que grâce à Florence Nightingale, les soins aux blessés ont énormément évolué. Un reportage photographique me paraissait donc bienvenu.
Cependant, les photos sont essentiellement des portraits d'officiers des différentes nations (française, anglaise et ottomane, croates…) engagées contre la Russie. Et comme expliqué dans le texte de présentation, pour des motifs éthiques et politiques, la violence de la guerre est cachée.
Ces photos sont un des premiers exemples de reportages de guerre. le texte de présentation parle de l'importance du matériel, (36 caisses), et donne des précisions sur le procédé : verre au collodion humide et tirage sur papier salé ou albuminé.

Je suis contente d'en savoir un peu plus sur ce photographe mais un peu déçue de ne rien voir de la réalité de cette guerre “moderne”.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
LA GUERRE DE CRIMÉE

Le souvenir de cette guerre oubliée n'existe aujourd'hui pour la plupart des Français qu'à travers les noms de victoires inscrits sur les murs de Paris (Malakoff, pont de l'Alma, boulevard de Sébastopol, etc.)

Le conflit éclate le 23 octobre 1853 entre la Russie du tsar Nicolas Ier (puis Alexandre II à partir de mars 1855) et la Turquie ottomane à propos de la mer Noire et se déroule principalement dans la presqu'île de Crimée, dont la ville principale est Sébastopol. Le petit-fils de la Grande Catherine rêvait de rétablir le christianisme à Constantinople. La France de Napoléon III et l'Angleterre de la reine Victoria entrent en guerre contre la Russie aux côtés de la Turquie musulmane afin de préserver un équilibre stratégique en Méditerranée orientale. Les Français envoient 300 000 hommes dirigés par les généraux Canrobert et Bosquet, les Anglais 98000 sous l'autorité de Lord Raglan, un vétéran des guerres napoléonlennes, les Ottomans 25 000. La Crimée n'est russe que depuis peu : envahie en 1783 par la Russie, l’antique Chersonèse est terre ottomane de longue date, et la moitié de la population, d'origlne tatare, est pro-turque, d'où des persécutions. Les alliés décident de prendre Sébastopol par le nord et débarquent à Eupatoria. Le 20 septembre 1854, les zouaves du général Bosquet s'illustrent à la victoire de l'Alma, le maréchal de Saint-Arnaud quitte ses fonctions au profit de Canrobert et meurt du cholera. Le prince Menchikov se retranche dans Sébastopol, mais les alliés gèrent mal leur victoire et le laissent se protéger en coulant des navires à l’entrée de la rade. Ayant reçu des renforts, l’armée russe tente des sorties, mais échoue le 25 octobre 1854 à Balaklava (où a lieu la charge de la brigade légère) et le 5 novembre 1854 à Inkerman où la France l!emporte grâce à l’arrivée décisive des troupes du général Bosquet.
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LA GUERRE DE CRIMÉE ET LA PHOTOGRAPHIE

Une quinzaine d'années après son invention en 1839, la photographie intervient pour la première fois dans le domaine militaire, accompagnant d'autres nouvelles technologies comme le télégraphe, la marine à vapeur et un armement plus perfectionné.

La technique de la photographie n'est pourtant pas adaptée à ce domaine nouveau : les appareils sont lourds, la chimie complexe à gérer sur le terrain, les temps de pose trop longs ne permettent pas de rendre compte des combats. Il faut utiliser un laboratoire ambulant pour développer rapidement les clichés, et être assisté : l’Anglais Roger Fenton travaille avec Marcus Sparling (…).

Surtout, les conditions météorologiques sont difficiles en Crimée : fortes chaleurs l’été, froid et intempéries l’hiver. Si la photographie est censée par nature transcrire fidèlement la réalité, la technologie rudimentaire et la météorologie exécrable ne permettent de donner qu’une image partielle de la guerre.

Or, les photographes de la guerre de Crimée montrent une guerre propre : on ne voit ni blessés, ni malades, ni morts, à la fois pour des raisons éthiques, mais aussi pour des motifs politiques. Fenton pour l'Angleterre, le colonel Langlols pour la France doivent donner à une opinion publique très hostile au conflit une image positive de la guerre que l’aspect incontestable de la photographie doit conforter.
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Le reportage de Fenton est aujourd'hui le plus important ensemble de photos de la guerre de Crimée qui soit parvenu jusqu'à nous, mais il n'est pas le premier à s’y rendre. Le gouvernement anglais avait envoyé en Crlmée début 1854 plusieurs photographes dont Richard Nicklin associé aux militaires Pendered et Hammond, mais tous trois firent naufrage à bord du Rip Van Winkle à Balaklava le 14 novembre 1854 et disparurent corps et biens.

Une seconde équipe militaire fut formée par Brandon et Dawson au printemps 1855 sous l'autorité de John Mayall, mais les photos envoyées en Angleterre ne furent ni exposées ni publiées et s'effacèrent en quelques années. Avant même que la guerre n'alt atteint la Crimée, le photographe de Bucarest Carol Popp de Szathinari (1812-1887) avait photographié l'armée russe qui ravagea Valachie et Moldavie en juin 1853 ; il exposa à Paris à l'Exposition universelle en juin 1855, comme le rapporte le journal La Lumière. Arrivé en Crimée peu après le départ de Fenton, l'anglais James Robertson réalisa en un an une soixantaine de vues de Sébastopol en ruine, complétant la mission de Fenton.
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LA GUERRE DE CRIMÉE (suite)

Dès lors, un siège meurtrier s'installe pour de longs mois (octobre 1854 - septembre 1855). L'épreuve est dure pour les deux camps, en raison du froid intense, du vent et de la boue, qui amènent des épidémies (choléra, dysenterie, scorbut). Victor Hugo commente : « L'Emplre recommence par 1812 ». L'armée d'Afrique est arrivée en tenue d'été, les soldats manquent de pain, de soullers, de tout. Tolstoï décrit les mêmes souffrances du côté russe. Le général Canrobert, jugé trop hésitant, est remplacé par le général Pélissier, plus énergique : le 7 juin, il lance avec succès l'attaque du Mamelon Vert, après avoir déstabilisé les Russes par une violente attaque d’artillerie, mais Sébastopol résiste. La bataille de la Tchernaïa, le 16 août 1855, se déroule sur la rivière arrosant la vallée d'Inkerman. Du 5 au 8 septembre, Pélissier bombarde Sébastopol, puis lance l'attaque de la tour Malakoff, prise par les zouaves de la division Mac-Mahon.

Détruite par les Russes avant leur retraite, Sébastopol tombe le 8 septembre. Lors du congrès de Paris en mars 1856, les diplomates alliés obtiennent du tsar Alexandre II l'intégrité de l'Empire ottoman et la neutralisation de la mer Noire.

Mais 95 000 Français ont perdu la vie, et la France n'obtiendra pas en 1870 l'aide de la Russie.
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