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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Conte mythique sans âge ni lieu véritablement identifiable, ce bref récit nous fait découvrir l'histoire tragique de Salina, bébé abandonné par un voyageur et recueilli par une tribu africaine. Heureuse pendant son enfance mais anéantie par un mariage forcé et un amour impossible, Salina connaîtra plusieurs fois l'exil, menant courageusement une existence rude et solitaire, portée par son esprit de vengeance puis par son amour pour son dernier fils.


Même si tous les ingrédients du conte africain sont réunis et nous transportent merveilleusement dans l'ambiance colorée d'un village, minérale du désert, sanglante des guerres tribales, poétique et onirique du passage qu'est la mort, Salina est avant tout une tragédie antique aux sonorités mythologiques, où l'héroïne, qui voit le bonheur lui être injustement et irrémédiablement arraché, combat vainement les coups du sort, aveuglée par l'amour et la haine.


L'écriture est poétique, portée par un souffle épique, et retranscrit magiquement, au travers du récit du fils de Salina, l'aveugle et violent combat qu'est la vie, jusqu'à son possible apaisement final.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un début avec un cavalier qui surgit de nulle part et arrive dans un village, ça vous rappelle pas quelque chose ? « Le soleil des Scorta » de Laurent Gaudé bien sûr. Mais la comparaison s'arrête là avec son roman culte, il faut plutôt voir du côté de « La mort du roi Tsongor » pour les comparaisons, et le genre surtout. Un conte moderne, une fable mythique, peu importe le qualificatif, on est embarqué dans la maîtrise de l'écrivain conteur.
Un bébé empli de cris du désert est donc déposé par ce cavalier mystérieux devant des villageois médusés, circonspects et dubitatifs.Sissoko Djimba ordonne de laisser faire le cours des choses sans devenir acteur, la chaleur accablante finira bien par faire taire cet avorton de chairs hystérique. Ou les hyènes une fois le soleil vaincu. C'est finalement Mamambala qui défiera les ordres, nommera Salina et l'allaitera. le début d'une intégration défaillante, d'une vie de souffrance et de violence, d'une épopée de vengeance. Tout cela est conté bien plus tard par un de ses fils pour trouver un endroit décent à la dépouille de Salina.
Pas grand chose à dire, c'est admirable comme souvent avec Laurent Gaudé. Captivant, parfait, académique presque. Juste un peu court peut-être, on est à peine entré dans cette histoire fabuleuse que c'est déjà fini.
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Laurent Gaude, après une pièce de théâtre, a fait un roman de Salina, drame antique venu d'Afrique. Salina qui n'a que sa haine et son désir de vengeance pour laver l'affront des hommes. Forcée d'épouser le mauvais frère, toute sa vie ne suffira pas à réparer ce qui a été brisé en elle.

Que l'on soit africaine ou d'un autre continent le poids insupportable des hommes est le même. Mais en Afrique les femmes, démunies face à la primauté masculine et aux traditions, n'ont d'autres choix que de s'incliner, et les rares rebelles à subir l'opprobre de tous ou presque.

Laurent Gaudé, dans le style très particulier qui est le sien, fait une fois de plus mouche avec ce conte africain dédié à une femme qui refuse son sort. Les mots et les images de la tragédie de Salina, puissants et beaux, traduisent avec vraie amplitude une réalité universelle et intemporelle.

Challenge MULTI-DEFIS 2023
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« Une guerre ne s'achève vraiment que si le vainqueur accepte de perdre à son tour ».
Une phrase, et me revoilà au coeur du livre inoubliable : « Ecoutez nos défaites ».
Laurent Gaudé est un conteur. Un raconteur de légendes, un messager qui nous tient en vie.

La haine, la vengeance, la mort, la reddition, la victoire : tout se tient.
Mais qu'est cela face à l'essentiel : « instruire, nourrir, protéger » ?
Qu'est cela, qu'est-ce que cette force, qui emmène dans un flot de boue la haine et le désir de mutiler, face à cet autre fleuve aussi puissant, la Vie ?

Je ne vous raconterai pas l'histoire de Salina, la maudite. Salina la femme, l'épouse, la mère, maudite.
Ce conte de guerre et de vengeance, je le laisse aux mains de Gaudé.
Exils au coeur de l'Afrique, au coeur du désert, au coeur de soi-même.
Pour mieux en sortir, pour mieux vivre.
Pour mieux mourir.
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Entre réalité et fétichisme, mysticisme et archaïsme, Laurent Gaudé plante un décor effrayant que la présence du désert ne fait que parachever. Dès la première page, la montagne gémit, et fredonne la présence si étrange d'un nouveau-né. Toutes les femmes du clan Djimba ont entendu ce cri, celui d'un bébé qui pleure, mais ses pleurs sont des cris qui vrillent les tympans et ne cessent jamais.


Il vient de la montagne sans doute, il n'est pas d'ici, et le clan observe le cavalier qui pose l'enfant devant Sissoko, les pleurs et les cris pourront ainsi s'amplifier pendant des jours repoussant les crocs des hyènes, repoussant la fureur du soleil, repoussant l'ardeur des sables.


C'est une petite fille, je l'appellerai Salina dit Mamanbala qui lui donnera enfin la tétée.
Ainsi le conte de Laurent Gaudé s'ouvre sur une terreur indéchiffrable et marque au fer rouge la petite fille, qui ne sera de ce jour, que colère.


Malaka porte en lui toute l'histoire de la petite Salina devenue au fil des pages la vieille femme rejetée de toutes parts. Sa vie se déplie sur la haine de Khaya et sur l'exclusion du clan Djimba par Sissoko, puis le bannissement, Elle affrontera comme une ultime souillure, le bonheur de ceux qui l'ont banni.
Ainsi le narrateur dresse le récit le plus violent qu'une femme puisse endurer, une violence imaginée pour rendre folle de douleur Salina, une dégradante douleur irrespirable perverse et malsaine, pas de gifles réparatrices.


Peut-on imaginer qu'être une femme est une bénédiction. Il n'y a pas de bonheur possible pour une femme, car aucun geste gratuit n'est possible.
La réalité dans laquelle s'imprime histoire de Salina, repose en permanence sur la loi du talion la réparation à la hauteur de l'offense. L'histoire a fabriqué la haine, la montée inexorable de la colère


Salina accomplira le geste le plus funeste pour réparer la mort que son propre fils a infligé à son ennemi.
Elle étouffe l'immense combattant Koura Comba. Lui qui a tué son frère Mumuyé aveuglé par une rafale de sable.


Le conte ne permet aucun compromis, la dernière vertèbre du chef du Clan Sissoko doit peser autant que le dernier né du roi des Djimba

Ce conte, célèbre les femmes rebelles blessées dans leur être, les hommes écartés de leurs terres par le bannissement, un pays aride où le pardon est inconcevable, un clan où la dignité d'une main tendue est suspecte.
La fatalité est implacable, comme une vision de ténèbres où la rédemption exige la mort. Une mort doit être digne et honorable, elle exclut toutes les autres vertus.

Les quelques traces de contemplation ont du mal à passer, les gestes entre Malaka et Salina trop frêles pour m'apaiser comme lecteur,
"Veillant sur la dépouille avec le silence d'une statue" page 148

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Dans ce livre on s'immerge très rapidement dans le désert (ce qui est bizarre finalement...), on a des senteurs, des sensations qui arrivent immédiatement dans notre esprit.

L'héroïne du livre arrive bébé, elle est déposée par un ténébreux et mystérieux cavalier au milieu d'une tribu du désert.

Elle est dans un premier temps laissée de côté par la tribu, qui voit là un très mauvais présage...

Ce bébé à une force extraordinaire et alors cette petite fille survivra. Une femme la recueillera et l'élèvera elle se nommera Salina et c'est sa vie que l'on découvrira là.

Cette vie est âpre comme une colère, comme un renoncement. Cette histoire c'est toute l'aridité d'un désert, les personnages y sont façonnés au gré des duretés de la vie.

De sa naissance à sa mort la vie de Salina sera semée de renonciation et d'exils. de colère et de vengeance !!!

Dans ce roman j'ai ressenti beaucoup de souffrances et d'aridité. Salina n'a pas eu une vie facile. Rejetés, toujours rejetée par les hommes... Les femmes elles seront plus douces envers elle... Pas toutes hélas...

L'écriture est belle et j'ai aimé comme cette histoire m'a été racontée. Car oui, Laurent Gaudé met en avant ici la coutume de l'oralité.

L'histoire de Salina est racontée par Malaka, cet homme qui accompagne les dernières heures de Salina. Je vous laisserais alors découvrir qui il est vraiment.

Installez vous,
dans une barque auprès de celle qui emmène la dépouille de Salina.

Ecoutez Malaka,
conter l'histoire de cette femme qui subira trois exils.

Ouvrez votre coeur et votre âme,
Laissez couler peut être vos larmes

Attendez alors que s'ouvre, peut-être, les portes de l'île cimetière.

Pour reposez enfin en paix !

Une très belle lecture malgré sa rudesse.
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Salina est une vieille femme, ridée, basanée, fatiguée, elle sent sa mort prochaine et décide de quitter son refuge dans les montagnes. Accompagnée de son fils, elle va lui indiquer le chemin vers le lieu où elle veut être ensevelie.
Salina a trois fils. le premier est né de son mariage forcé avec le fils du chef du clan Djimba, le second est né de la colère et de l'humiliation que Salina a engrangée auprès du chef et de sa famille. Le troisième enfant, est né de la paix entre deux femmes que tout oppose et c'est lui, Malaka, qui, aujourd'hui, porte le corps sans vie de sa mère afin de l'ensevelir dans le cimetière de l'île.
Laurent Gaudé est un grand conteur, sa voix chaude et enveloppante s'harmonise et s'insinue dans la souffrance et les larmes de Salina. Du fin fond de son imaginaire il entrelace les cordelles de son histoire pour en extraire tout le merveilleux.
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Le conte commence par un bébé-malheur venu de loin, arraché à sa mère et déposé par un cavalier dans le village des Djimba. le bébé pleure, crie. personne ne bronche.
Approchent les hyènes...vont-elles manger l'enfant? Elles reculent.
C'est à ce moment que Mamambala s'approche et offre son sein à l'enfant, une petite fille à qui elle donne le prénom de Salina en raison des larmes innombrables qu'elle a versées dans un soleil brûlant et la poussière.
Nous retrouvons Salina à la fin de sa vie. Son fils Malaka va l'emmener au-delà du grand mont Tadma. Elle meurt en route.
Pour pouvoir accéder aux portes du cimetière situé sur une île, il va devoir raconter la vie de sa mère à Darzagar et à d'autres accompagnants sur des barques.
Une vie douloureuse dans les cris, la poussière, la violence, l'amour d'une mère qui a eu trois enfants.
Laurent Gaudé nous raconte l'histoire de Salina avec des mots magnifiques qu'on a tendance à relire plusieurs fois.
Cependant, certaines scènes sont cruelles envers les femmes et pas seulement mais certaines régions d'Afrique vivent encore dans cet état. L'auteur ne situe pas géographiquement son récit.
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De sa plume puissante, habile, poétique et enchanteresse, Laurent Gaudé signe un très beau conte d'ailleurs… Une histoire difficile où se mêlent tradition, conditions de la Femme, humiliation, injustice, douleur, révolte et vengeance… Malaka, le fils de Salina, raconte le passé de sa mère : son enfance, son passage à la féminité, ses espoirs, ses illusions et les batailles qu'elle a traversé. Même si c'est bien écrit, ce ne fut pas une lecture facile, car j'ai plusieurs fois eu de la peine pour cette héroïne qui avait toutes les raisons du monde d'être en colère ou malheureuse… Rien que son mariage alors qu'elle venait d'avoir ses premiers sangs a suffi à me toucher… Faire preuve d'empathie n'est pas difficile : on comprend aisément les sentiments qui ont animé cette femme…

Ce court roman, je l'ai lu quasiment d'une traite tant j'étais prise par cette histoire déchirante ! Je souhaitais ardemment voir la rage vengeresse de Salina et comprendre comment Malaka était devenu son fils. Un fils désiré. Un fils qu'elle aime enfin. Les pages ont défilé avec aisance, si bien que j'étais étonnée d'être arrivée au dénouement. Quelle belle découverte grâce au club des lecteurs de ma médiathèque ! Laurent Gaudé a un merveilleux talent : celui de conteur… Si vous n'avez pas peur d'être secoué(e) par le récit de cette femme incroyable, asseyez-vous auprès du feu. Allons… Prenez place ! Et laissez Malaka vous narrer les exils de sa mère…
Lien : https://lespagesquitournent...
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Deux minutes.
Il ne m'aura fallu que deux minutes, quelques phrases, une page grand maximum, pour savoir.
Savoir que j'allais vivre un grand moment et que Laurent Gaudé allait une fois encore m'embarquer pour un très beau voyage.
Deux minutes, le temps d'un bref prélude intitulé "le jour des origines", et j'étais fixé. À peine la petite orpheline avait-elle poussé son cri déchirant que déjà j'avais succombé à la beauté du texte et que j'étais projeté là-bas, sur cette terre d'Afrique faite de rocailles et de poussière, de vents chauds et de légendes anciennes. J'étais auprès de Salina.

Il est vrai que son fils Malaka est un conteur hors pair : le récit qu'il nous offre, celui de la vie de sa mère, a quelque chose de puissant, d'unique, d'envoûtant. Il se déploie, plein de grâce et d'émotion, depuis le premier cri de Salina, alors transportée à travers les dunes par un mystérieux cavalier jusqu'à son dernier souffle de vieille femme et à son ultime voyage sur la barque du passeur vers l'île-cimetière.
Entre ces deux extrémités, une vie.
Des rêves et des rancoeurs, des espoirs déçus et un immense courage surtout, une force de caractère hors du commun : voilà ce que fut Salina, voilà ce dont témoigne Malaka, et son hommage est saisissant !
Gaudé excelle dans cet exercice, et sa plume toujours si envoûtante conjugue à merveille la puissance de l'écrit à l'oralité ancestrale du clan Djimba, la tribu qui recueillit jadis la petite Salina avant de la contraindre à l'exil.
Quel destin !

Une nouvelle fois, avec cette tragédie africaine traversée de sentiments profonds (colère et révolte, soif de vengeance, mais aussi et surtout amour filial inconditionnel), Laurent Gaudé m'a complètement conquis. Son texte remarquable, en plus d'être porteur d'une charge poétique évidente, questionne sur le poids des traditions, la condition féminine, les mystères de l'hérédité ou la pérennité du souvenir par delà la mort.
Encore une réussite, encore une lecture intense, encore un super Gaudé.
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