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Citations sur Écoutez nos défaites (230)

Comment peut-on voir cela et ne pas en mourir ? L e général Ewell s'effondre en plein milieu de la bataille. Il n'est pas touché. Il en a trop vu. Il se met à terre, se bouche les oreilles. Il n'a pas peur de mourir - cela fait trop longtemps qu'il a accepté cette idée - mais il ne peut plus voir ce qui l'entoure. C'est trop. Son esprit a sauté. Il se recroqueville. Pourquoi est-ce qu'il n'a pas fait comme Ewell, lui ? Qu'est-ce qui, en lui (Grant), est capable de supporter cela ? Le général Ewell ne reviendra jamais de Spotsylvania. Les soldats le ramènent à l'arrière mais il est fou dorénavant et parle seul. (p. 142)
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Lui, leur empereur à tous, roi des rois, lui, Hailé Sélassié, il est sûr de la défaite mais à quoi bon le leur dire ? Il garde son calme légendaire, n'exprime rien, ni peur, ni hâte. Il est le temps qui ne s'émeut pas, l'œil qui voit ce qui sera.
(p. 31)
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Pourquoi n'y-a-t'il jamais de victoire ? Jamais de moments de joie pleins auxquels ne succède rien d'autre qu'une vie de paix à laquelle on puisse s'adonner avec douceur ? (p. 219)
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Les grandes batailles qui restent dans les mémoires sont des charniers atroces qui font tourner les oiseaux.
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Cet instant là, tête basse, où l'homme est allé si loin qu'il n'en était plus un.
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Alors, Ferruccio, le fou de la place des Tilleuls, rit de moi car lui seul a compris que quelque chose était né qui m’emmènerait bien au-delà des terres où la France m’envoie depuis dix ans, tuant ou protégeant des hommes sans que j’aie jamais pu dire si nous gagnions ou perdions car il faut toujours recommencer, il y a toujours de nouveaux terrains d’action et de nouveaux ennemis à abattre, toujours de nouvelles zones d’influence à maintenir ou de nouveaux points stratégiques à contrôler, t Ferruccio rit parce qu’il sait, lui, que lorsque l’obscurité tombe, lorsque le dernier adversaire est battu, le pire commence, car c’est le moment où il faut accepter de retourner à ses propres tics et à ses tourments. (p. 18-19)
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"Moi, Hailé Sélassié, premier empereur d'Ethiopie, je suis ici aujourd'hui pour réclamer la justice qui est due à mon peuple, l'assistance qui lui a été promise il y a huit mois, lorsque cinquante nations ont affirmé que l'agression dont il était victime avait été commise en violation des traités internationaux..."
Il a attendu longtemps de pouvoir prononcer ces mots. Lorsqu'il est entré dans la grande salle du siège de la Société des Nations, sur les bords du lac de Genève, il a pensé que l'instant serait solennel et il s'y était préparé, mais il a été accueilli par des sifflets. Des Italiens lui ont crié qu'il était un singe, que l'Italie ne pouvait pas décemment siéger dans une assemblée qui accueillait de tels pays. Ils ont fait du bruit. Ils ont ri, fait des grimaces, l'ont injurié. Ils étaient quatre ou cinq, dans le carré réservé aux journalistes. Il a serré les dents, attendant patiemment que le service d'ordre intervienne, que l'on évacue ces activistes fascistes. Mais cela a été long. La défaite. Jusqu'au bout. Et l'humiliation qui va avec. Ils ne lui laisseront rien : ni la solennité, ni même le silence. Il s'est concentré sur les souvenirs de son pays pour rester impassible. Là, debout à la tribune de la Société des Nations, devant la planète entière, humilié comme un vulgaire homme politique que l'on prendrait à partie sur les marchés. Il est un roi déchu, en exil.
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Ce qui se joue là, dans ces hommes qui éructent, c'est la jouissance de pouvoir effacer l'histoire.
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Sa victoire, elle est là, mais il veut se souvenir que ce sont des morts qui la lui offrent. Il en est toujours ainsi et malheur à celui qui l'oublie. Les grandes batailles qui restent dans les mémoires sont des charniers atroces qui font tourner les oiseaux.
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Il voulait être dans l'Histoire - pas être reconnu par elle (il n'a pas cette ambition) mais la sentir, être dans les endroits du monde où elle se cherche, se convulse, hésite, prend des formes effrayantes, démesurées. Sentir son souffle, voir comme elle modèle des pays, déforme des vies, crée des espaces singuliers.
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