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Citations sur Écoutez nos défaites (230)

Les grandes batailles qui restent dans les mémoires sont des charniers atroces qui font tourner les oiseaux.
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Pourquoi n'y a-t-il jamais de victoire ? Jamais de moments de joie pleins auxquels ne succède rien d'autre qu'une vie de paix à laquelle on puisse s'adonner avec douceur ?
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Le silence de l’assemblée devient plus dense. Quelque chose vibre dans l’air qui n’a rien à voir avec la compassion que l’on peut avoir pour un vaincu. Et le petit homme, dans son uniforme impeccable, qui parle un parfait anglais, se tient droit comme si personne ne lui avait dit que son armée avait été défaite et que son pays était envahi. « … C’est pourquoi j’ai décidé de venir en personne témoigner devant vous des crimes perpétrés contre mon peuple et adresser à l’Europe un avertissement de ce qui l’attend si elle s’incline devant le fait accompli … » Les délégations relèvent la tête, regardent avec surprise le petit homme. Un avertissement … ? Est-ce qu’ils ont bien entendu … ? Sa voix est ferme. Ils comprennent alors que ce n’est pas un vaincu qui parle, pas un roi qui vient demander l’aumône. L’Histoire hésite-t-elle encore ? Il continue son discours, se sent de plus en plus fort. Rien ne peut l’ébranler. Il est de la lignée du roi Salomon. […] Il est de la lignée de la reine de Saba et ce qu’il est venu apporter ici, ce n’est pas une supplique. Les délégués commencent à le sentir et ils l’écoutent avec plus d’attention. L’empereur face à eux est un fossoyeur, pas de l’Ethiopie, mais de la Société dans laquelle ils siègent.
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Il ne se réveille jamais en se demandant sous quelle dune de quelle partie du désert libyen est enseveli Kadhafi. Le corps d'Alexandre le Grand, oui. Celui d'Hannibal, aussi. Ceux-là portent en eux une vibration.
Parce qu'ils étaient chargés d'une vision, parce que ce sont les corps d'hommes qui ont vu l'Histoire les abandonner alors qu'ils auraient pu régner dessus, parce que ce sont des hommes qui ont mis des mondes à terre et ont posé des mots sur des mondes nouveaux.
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[...] il a parlé de l'importance de ne pas oublier que nous sommes des pilleurs de tombe. Que des pharaons se sont enfermés dans leur tombeau pour l'éternité et que nos ouvertures, nos effractions, même au nom de l'Histoire, restent des intrusions de forbans. Il ne faut pas l'oublier. Nous construisons une science, nous sommes rigoureux, nous étudions dans les bibliothèques, nous parlons de patrimoine, de l'Histoire, de la mémoire des civilisations, mais il ne faut pas taire cette chose là : le plaisir de l'effraction. Les squelettes, les momies, les objets funéraires, nous les volons au néant. Nous ouvrons des salles qui devaient rester fermées. Hier c'était à la dynamite, aujourd'hui c'est avec une inifinie précaution, mais malheur à celui qui oublie que le geste est le même.
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1 Zurich.
Tout ce qui se dépose en nous, année après année, sans que l'on s'en aperçoive : des visages qu'on pensait oubliés, des sensations,des idées que l'on était sûr d'avoir fixées durablement,puis qui disparaissaient,reviennent,disparaissaient à nouveau,signe qu'au-delà de la conscience quelque chose vit en nous qui nous échappe mais nous transforme, tout ce qui bouge là, avance obscurément ,année après année souterrainement, jusqu'à remonter un jour et nous saisir d'effroi presque,parce qu'il devient évident que le temps a passé et qu'on ne sait pas s'il sera possible de vivre avec tous ces mots ,toutes ces scènes vécues,éprouvées, qui finissent par vous charger comme on le dirait d'un navire.
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Les mille possibilités, hasards, carrefours, improbabilités qu'offre la vie, sans cesse. Et vivre, peut-être, n'est que cela : se frayer un chemin à travers les aléas.
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Peut-être est-ce cela, le signe de la défaite : ce sentiment de gêne vis-à-vis de soi ?
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Le masque regarde bien plus loin : les hommes qui s'agitent sous ses yeux, les hommes et les femmes qui passent et repassent devant cette vitrine. Il a vu, le jour de l'attentat, les gens pris de panique dans ce musée qui était devenu un piège. Il a entendu les coups de feu, les cris. Peut-être a-t-il aperçu les traces de sang sur les murs... Et il grimace devant cette humanité qui se tue. Le fait-il par dégoût ou simplement pour singer la folie des hommes? Les entrées de ces bâtiments seront bientôt mieux gardées que des ambassades ou des casernes. Les assassins sont les mêmes que ceux qui entament à la disqueuse les colosses du musée de Mossoul, les mêmes que ceux qui ont pris possession de l'hôtel Zénobie à Palmyre en regardant les vestiges antiques avec un appétit de vautour, les mêmes qui veulent désapprendre aux femmes à lire, qui brûlent le passé et font tomber les colonnes sur les sites immémoriaux.
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Il part, je le sens, pour des lieux dont on ne revient pas, ou tellement changé, qu'il est impossible de dire si on en revient réellement.
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