- Avant, […] les habitants des Highlands étaient libres, indépendants et entiers. C’est peut-être pour ça qu’ils paraissaient plus puissants, plus vigoureux, et rebelles. Ce n’est pas en lançant un tronc qu’ils acquéraient leur force, mais en vainquant un ennemi. Ils ne mesuraient sans doute pas tous plus de deux mètres. Peut-être qu’ils avaient seulement l’impression de faire cette taille.
- Pourquoi elle ? C’est la question que je me pose. J’ai eu bien assez de belles femmes, dans ma vie. Pourquoi est-ce la seule qui ait le don de m’enflammer les sens ? Pourquoi ?
- Parce qu’elle est spéciale. […] Il n’y a pas beaucoup de femmes comme elle, nées pour la grandeur. Elles ne sont pas faites pour être des épouses, vieilles avant l’âge, avec des seins secs et tombants qui oscillent comme des pendus. Elle scintille telle une étoile, alors que les autres luisent comme la flamme d’une bougie. Tu saisis ? Tu devrais te sentir privilégié de l’avoir mise dans ton lit. Elle a le don, Fell. Le don de l’éternité. Tu comprends ce que ça veut dire.
- Je ne comprends rien à es divagations, admit le garde forestier.
- Ça signifie qu’elle vivra éternellement. Dans mille ans, on parlera encore d’elle.
- […] Viens Lady !
La chienne se leva avec prudence et marcha à côté de la grande jeune femme. Sigarni s’agenouilla et flatta les flancs de l’animal.
- Tu as appris à respecter Abby, souffla-t-elle, mais j’ai bien peur qu’elle ne sache jamais te rendre la pareille.
- Pourquoi donc ? s’enquit Ballistar.
Sigarni leva les yeux.
- Il en va ainsi des faucons, mon ami. Ils n’aiment personne, n’ont besoin de personne et ne craignent personne.
- Mais Abby t’aime toi, non ?
- Non. C’est pourquoi elle ne doit jamais être appelée en vain. Chaque fois qu’elle vient se poser sur mon poing, je lui donne une beccade. Le jour où je ne le ferai pas, elle pourra décider de ne plus jamais revenir. Les faucons ne connaissent pas la loyauté. S’ils restent, c’est parce qu’ils l’ont choisi. Aucun homme – ni aucune femme – ne peut en être le maître.