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Sidonie Van Den Dries (Traducteur)
EAN : 9782754832939
128 pages
Futuropolis (04/05/2022)
3.86/5   52 notes
Résumé :
Raptor nous donne à voir tour à tour deux mondes et deux âmes en proie au conflit. Sokól erre dans un paysage féodal et fantastique, chassant les monstres pour le compte de ceux qui peuvent s’offrir ses services, tandis qu’Arthur, un auteur de contes fantastiques, qui pleure la mort de sa jeune épouse dans le Pays de Galles du XIXe siècle, s’en remet au surnaturel dans le vain espoir de la revoir. Tous deux vivent dans le crépuscule entre la vérité et le mensonge, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Voir n'est pas croire.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première parution date de 2021, sans prépublication. Elle a été réalisée par Dave McKean pour le scénario et les illustrations, le lettrage, tout.

Si vous avez marché seul dans les bois, ou sur un chemin des douaniers, ou dans un sentier en bordure de la mer et de la terre, ou si vous avez écouté avec attention le souffle du monde, ce livre est pour vous. Je suis revenu à moi, voilà une expression qui interroge. Un rapace plane haut dans le ciel, le long d'une falaise, au-dessus de l'océan. Il effectue un piqué sur un petit oiseau, le lacère de ses griffes et coupe sa moelle épinière d'un coup de bec. le narrateur éprouve l'impression de pouvoir sentir le sang, métallique, chaud, avec une petite montée d'acide dans sa gorge, à la fois de la faim et de la répulsion. Puis il sent qu'il revient à lui. Et il descend. Un homme emmitouflé, avec un capuchon et un masque sur le visage, une écharpe masquant le bas de son visage : Sokól. Il descend un escalier taillé à même la roche de la falaise, vers la grève. Il voit les veines de roches dans le flanc, trois bondrées apivores dans volant haut dans le ciel. Il atteint la plage, et se fait la remarque que c'est un lieu de transition, parfaitement adapté à son rendez-vous. Il avance entre les poteaux de bois rongés par la marée, étendant son bras gauche en avant : le rapace vient se poser sur son gant de fauconnier. Il regarde ses deux yeux totalement blancs, puis le rapace va se percher sur le sommet d'un des poteaux. Sokól continue d'avancer se rendant au poteau suivant, comme un mot sans contexte sur une page vierge. Il y a un bruit non identifiable.

Sokól attend car il est sûr d'avoir correctement interprété les signes. Mais il n'y a rien, juste des mots, comme de petites floraisons bactériennes sur un papier de Petri. Il n'y a rien de tangible, alors que dans le brouillard devant lui la silhouette d'un monstre d'une vingtaine de mètres de haut semble se dessiner. le reste de l'après-midi se déroule dans le calme. le rapace s'envole de son perchoir et se dirige vers la silhouette fantomatique du monstre. Il effectue un passage devant lui et le griffe, faisant gicler un peu de sang. le silence continue de régner. Des hommes approchent de Sokól sur la plage. le monstre s'agit en tous sens, alors que les serres du rapace lacèrent à nouveau sa carapace. Il semble cracher une pièce au loin. Puis s'effondrer. Sokól se baisse et ramasse la médaille, usée par le temps. le rapace vient se poser sur le gant de fauconnier. Les hommes se sont rapprochés de Sokól : celui en tête lui demande s'il veut bien être leur maire. Sokól lui jette la médaille en la qualifiant de pourboire. Dans un village du pays de Galle, dans le cimetière à l'arrière de l'église, une cérémonie d'enterrement prend fin, à laquelle assiste une douzaine de personnes. Arthur est assis à sa table de travail en train d'écrire un roman. Il relève la tête et regarde le portrait de son épouse défunte. Ed, son ami, entre dans la maison.

C'est un événement : Dave McKean a réalisé une nouvelle bande dessinée, la précédente étant Black Dog: The Dreams of Paul Nash (2016). Ce créateur a durablement marqué le monde des comics de la bande dessinée, avec Arkham Asylum (scénario de Grant Morrison), puis ses collaborations avec Neil Gaiman, et sa bande dessinée Cages (1998) sur l'acte de création artistique. le lecteur sait qu'il va plonger dans un monde à nul autre pareil sur le plan graphique, et certainement dans une histoire racontée de manière très personnelle. Il commence par s'immerger dans ce monde mangé par le brouillard, aux côtés de ce personnage tellement emmitouflé qu'il est impossible de voir une zone de peau. Il regarde le rapace voler, le monstre à la consistance douteuse, à la forme indiscernable dans le brouillard, cette plage sans autre élément visible que les poteaux de bois rongés par la mer et l'air. Il lit les dessins qui racontent l'histoire. Il se demande si le flux de pensée qui les accompagne est bien celui du personnage représenté, ou celui d'un autre qui sera montré plus tard. Il s'imprègne du vocabulaire recherché qui est utilisé pour décrire les lieux. Il ressent que les dessins oscillent entre descriptif et impressionniste. Il ne perçoit pas d'intrigue à proprement parler, mais l'expérience esthétique est agréable et divertissante.

Rapidement, le lecteur comprend qu'il suit deux fils narratifs distincts. Celui de Sokól à une époque médiévale dans une région côtière d'un pays qui peut être la grande Bretagne, mais ça n'est pas précisé. Celui d'Arthur, récemment veuf, écrivain, vivant dans une petite ville du pays de Galle, et recevant régulièrement son ami Ed. Ces deux fils narratifs sont racontés de manière linéaire et traditionnelle. Ils se côtoient, et s'intriquent de temps à autre, à un degré plus ou moins élevé. Ça va d'une sensation similaire dans l'un et l'autre, à une forme de rencontre des deux personnages principaux. D'un côté, Sokól est un voyageur qui séjourne plus longtemps que d'habitude dans un village et ses abords. de l'autre côté, Arthur essaye de se remettre à écrire, espérant ainsi faciliter son travail de deuil pour son épouse. le lecteur suit Sokól se baladant dans les bois au gré son inspiration, jusqu'à l'incendie d'une ville. Il voit Arthur essayer d'écrire, papoter avec son ami Ed jusqu'à une surprenante séance de spiritisme, impliquant une douzaine de personnes. L'histoire est donc celle de ces deux hommes, le premier semblant prendre la vie comme elle vient et vendant ses services guère précisés, à des villageois, le second subissant son deuil, affecté d'un vague à l'âme. Il règne une forte composante introspective, sans qu'elle ne devienne psychanalytique, plutôt nourrie par des états d'esprit.

S'il ne connaît pas déjà d'autres oeuvres de cet artiste, un simple coup d'oeil à la couverture indique au lecteur qu'il possède une forte personnalité graphique. La première page s'apparente à une image à l'aquarelle (la paroi de la falaise), illustrant un texte qui est une citation du premier chant des Enfers de la Divine Comédie de Dante Alighieri (1265-1321). Les deux pages suivantes ressemblent également à de l'aquarelle, avec des cases à fond jaune Flave, sans bordure, avec une représentation impressionniste beaucoup plus évocatrice que descriptive, et deux cases pouvant relever de l'abstraction car incompréhensibles sur le plan figuratif et narratif si on les détache des cases adjacentes. Au fil des pages, le lecteur relève plusieurs particularités graphiques qui transcrivent la personnalité de l'artiste, et qui confèrent un caractère totalement unique à cette bande dessinée. Régulièrement, mais pas systématiquement, McKean gauchit ses perspectives pour leur donner un caractère étrange, mais aussi pour indiquer l'état d'esprit du personnage qui contemple ou qui habite cet environnement. Il joue également sur les proportions des visages, les allongeant, les penchant, exagérant la dimension d'un front, ou des joues, ou des yeux. Ces écarts avec les proportions anatomiques rendent les visages plus expressifs, mais aussi plus vivants, comme si l'artiste avait saisi un soupçon de la trace d'un mouvement de tête, de bouche ou des yeux. le lecteur se rend compte que le mode de dessin ou de peinture varie en fonction des séquences : formes détourées avec un trait de contour encré, aquarelle diaphane, peintre à l'huile ou à la gouache pour des séquences oniriques muettes, motif complexe intégré en arrière-plan. le lecteur ne retrouve pas de manière flagrante des photomontages comme pour les couvertures de Sandman, mais l'artiste a expliqué qu'il avait dessiné chaque planche de manière traditionnelle ou en tout cas sur un support physique, avant de les traiter l'infographie, soit simplement pour les nettoyer et les rendre propres à l'impression, soit en les complétant, modifiant, triturant avec des effets spéciaux.

Il ne s'agit pas pour l'artiste d'étaler sa maîtrise de telle ou telle technique picturale, mais d'exprimer ce qu'il souhaite avec les outils appropriés. le lecteur peut d'ailleurs n'y prêter aucune attention car il est plus absorbé par ce que racontent les pages, que par la manière dont elles ont été réalisées, cet aspect n'étant pas démonstratif. En fonction de sa sensibilité, certaines images ou certains propos attirent plus fortement son attention, ou génèrent une émotion ou un écho plus parlant. Il peut ressentir plus d'empathie pour la mélancolie d'Arthur que pour les pensées teintées d'ésotérisme de Sokól. Il peut se sentir emporté par le vol du rapace, ou plutôt par l'utilisation d'un registre de vocabulaire sortant de l'ordinaire (bondrée apivore, bécasse, huard, mouette tridactyle, bécasse arctique, le papillon sphinx, bractée, crécelle, tégument…). Ainsi, l'auteur emmène le lecteur sur cette grève, dans les bois pour une balade avec une personne en parlant avec le vocabulaire spécifique approprié. de la même manière qu'il ferait connaissance avec une personne, cherchant les points en commun, les thèmes familiers pour établir un premier contact, les prémices d'une nouvelle relation, il se sent plus intéressé par telle ou telle remarque ou tel thème : la responsabilité du pouvoir, la relation entre le réel et l'imaginaire, la révélation que peut amener l'usage des cartes du tarot, les métaphores (le miroir est la porte, le livre est la clé), Sokól qui se sent piégé entre deux états (celui du chasseur, et celui de la proie). Il perçoit également l'amour de la nature qui se dégage de plusieurs passages, l'écart en vie civilisée et vie sauvage, les interactions à double sens entre rêveur et rêve, la vie de l'esprit qui donne un sens personnel aux événements. Il peut aussi être rétif à certains passages, par exemple la cérémonie ritualisée d'une séance de tarot divinatoire.

Dans le même temps, il se dit que l'auteur l'invite à plusieurs reprises à prendre chaque passage comme une image, comme une interprétation de la réalité, une représentation sciemment biaisée pour en faire ressortir une facette sous un éclairage choisi et orienté. Il perçoit plus ou moins consciemment que le thème de l'entre-deux, de la transition est présent dans chaque séquence, la mise en scène d'un déséquilibre entre deux états opposés, réalité ou fantaisie, humain ou oiseau, artiste ou public, réalité matérielle et vie spirituelle, etc. Avec ce point de vue en tête, il se surprend à sourire quand un personnage dit que Voir n'est pas croire, comme si l'auteur encourageait le lecteur à ne pas croire les images qu'il voit. À un autre moment, Arthur affirme que ce n'est pas lui qui a écrit les phrases qui se trouvent dans le livre qu'il écrit, à nouveau proposant au lecteur de prendre du recul et de ne pas attribuer littéralement chaque image ou chaque phrase à l'auteur. Il apprécie la manière dont l'auteur imagine en toute liberté et en toute sensibilité. Il comprend mieux pourquoi Arthur a choisi le mot d'Apophonie pour le titre de son livre : l'accent que le lecteur met sur une phrase ou une image en change significativement le sens. Il y a autant d'interprétations de l'oeuvre que de lecteurs : la bande dessinée est différente à chaque fois qu'elle est lue.

Dès la couverture, le lecteur sait qu'il va plonger dans une bande dessinée singulière. Il en a immédiatement la confirmation par la personnalité diverse de la narration visuelle, et par l'intrigue dont la nature ne se discerne que très progressivement. Il se laisse bien volontiers emmener dans ces déambulations sortant de l'ordinaire, une expérience esthétique, émotionnelle et spirituelle, un flottement entre deux réalités, entre deux états, une liberté imaginative incomparable qui lui donne la sensation de se détacher d'un monde convenu et prévisible pour dériver dans un monde imaginaire qui lui permet de considérer autrement son existence, d'y retrouver du merveilleux. Chef d'oeuvre.
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Il y a dans l'oeuvre de Dave McKean une approche de la surface et du trait digne d'un archéologue. Les strates de la couleurs, des matières se chevauchent tel des palimpsestes, plusieurs styles de graphisme semblent se superposer sur la même image, plusieurs histoires aussi.
L'aquarelle s'étale sur le papier, semble sauvage, livrée à elle-même, la tâche devient personnage, animal, les formes surgissent de l'encre ou du brouillard, entre la précision la plus poussée, chaque plume de l'oiseau émerge de l'encre, et l'abstraction la plus libre, simple expression des émotions.

Pour le scénario, c'est un peu la même chose, du coup ça reste évasif, mais d'une belle force poétique et gothique.
Arthur l'écrivain vit douloureusement son veuvage, Ed, son ami, l'emmène à leur club ésotérique. Qui est alors ce fauconnier, un personnage issu de son imagination, le personnage de ses écrits ? C'est un peu flou, Dave McKean aime perdre son lecteur et le laisser se débrouiller avec sa propre interprétation, laissant nos propres fantasmes s'accaparer l'histoire.

Le thème de l'inspiration, ou simplement une écriture surréaliste ? Une première lecture ne vous dira peut-être pas grand-chose, alors il faut le relire, tel un vieux grimoire énigmatique, le déchiffrer doucement, et le lecteur se fait archéologue.

On a le droit de dire j'ai rien compris mais j'ai beaucoup aimé ? C'est un peu comme de la danse contemporaine, il faut accepter de se laisser emporter par le mouvement, ici, c'est l'encre qui coule sur le papier qu'il faut suivre.
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Grandiose, fascinant, captivant … fantastique, dans tous les sens du terme. Rien que la couverture, mystérieuse et envoûtante, du graphic novel Sokól de Dave McKean paru aux Éditions Futuropolis, est une invitation à franchir la frontière entre réalité et fiction et pénétrer dans un monde où plutôt errer dans les limbes de deux mondes parallèles non seulement par le magnétisme des images mais également par la magie des mots.


Il rêvait d'autres mondes
Sokól est le type même de récit ou plutôt de récits pour lesquels il convient de ne donner que les grandes lignes sans trop en dévoiler et pour cela, je me contenterai de citer l'éditeur.
« Sokól erre dans un paysage féodal et fantastique, chassant les monstres pour le compte de ceux qui peuvent s'offrir ses services, tandis qu'Arthur, un auteur de contes fantastiques, qui pleure la mort de sa jeune épouse dans le Pays de Galles du XIXe siècle, s'en remet au surnaturel dans le vain espoir de la revoir. Tous deux vivent dans le crépuscule entre la vérité et le mensonge, la vie et la mort, la réalité et l'imaginaire. Raptor nous donne à voir tour à tour deux mondes et deux âmes en proie au conflit. »
Et si la lecture de Raptor, nous donnait accès à un autre monde, le mien, le vôtre en nous ouvrant les portes de notre propre conscience ? Outre cette incursion en terres inconnues, ce qui importe, c'est le sens que chacun d'entre nous donnera à ces planches empreintes de poésie, de fantastique, d'ésotérisme.


Quand les mots se font oiseaux et « descendent, tombent à pic au bas de la page ».
Dès la première planche, le ton est donné. En contrepoint de la virtuosité graphique, viennent s'ajouter la qualité littéraire, la puissance des mots, la poésie et la musicalité du texte composé par l'auteur, grand amateur de jazz. L'amour de la nature y est admirablement retranscrit par l'utilisation d'un vocabulaire recherché dans la description des lieux traversés et on se laisse bercer par la sonorité de ces mots tout comme de ceux prononcés en énochien, la langue occulte utilisée lors d'une séance de spiritisme.
Bravo à la traductrice Sidonie van den Dries qui a accompli un travail remarquable en conservant le rythme et la beauté de la langue.


« Le texte est la clé, le miroir, la porte »
« Je voulais faire quelque chose qui s'inspire de la nature contemporaine et de la littérature de voyage que j'ai lue, quelque chose qui exprimerait mon amour du monde naturel et quelque chose qui vivrait dans ce royaume entre la réalité et l'imagination. Mon personnage est pris au piège entre ces deux mondes, l'état de l'humain et de l'oiseau, ou la réalité et le fantasme, de la vie civilisée et de l'instinct animal brut. »
Tout est dit ou presque. Certes, entre ces deux mondes, espace et temps s'entremêlent et la frontière n'est pas hermétique… Mais Raptor, c'est aussi une réflexion sur la vie et la mort, le processus créatif, la puissance de l'écriture, le pouvoir politique ...


Un artiste à part entière
David McKean né en 1963, est un artiste britannique protéiforme à la fois illustrateur, photographe, graphiste, dessinateur de comics, réalisateur et musicien. Alors oui, c'est un géant de la bande dessinée anglo-saxonne à qui l'on doit notamment le magistral « Arkham Asylum » sur un scénario de Grant Morisson, plusieurs ouvrages avec Neil Gaiman au scénario ainsi qu'en tant qu'auteur « amphivalent » (selon la définition de la scénariste Loo Hui Phang qui réfute le terme d'auteur complet) de « Cages », un pavé de 500 pages, Alph-Art du meilleur album étranger à Angoulême en 1999 et enfin « Black Dog: The Dreams of Paul Nash » en 2016, une oeuvre de commande dans laquelle l'artiste a exploité toutes les facettes de son talent afin de dénoncer les horreurs de la Grande Guerre à travers le regard Paul Nash, artiste officiel durant les deux guerres. Mais Dave McKean est bien plus qu'un bédéiste : c'est avant tout un créateur en réflexion et création perpétuelles qui va puiser ses sources d'inspiration aussi bien dans l'art contemporain que la littérature.
Grand amateur de la littérature fantastique du XIXe siècle, nul doute que le personnage d'Arthur a été fortement inspiré par Arthur Llewelyn Jones, dit Arthur Machen, écrivain fantastique gallois qui après la mort de sa femme rejoignit une société secrète de mouvance occultiste.
Son travail pictural, ses compositions graphiques associant dessin, peinture, collage … réalisées sur feuilles avant d'être scannées et nettoyées (ou pas) par infographie sont d'une beauté à couper le souffle et on est ébloui de la première planche à la dernière.


Maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire : précipitez-vous chez votre libraire, prenez l'album, ouvrez le et plongez dans ce superbe one shot certes étrange et complexe mais plus que tout envoûtant.
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Un individu masqué et accompagné d'un faucon parcourt un territoire de bord de mer. le faucon attaque une proie, un monstre qui recrache une pièce, une insigne. L'homme faucon remet l'insigne à un homme issu d'un groupe venu à sa rencontre. Cette insigne permet d'avoir du pouvoir. Celui qui la détient peut être maire. L'homme faucon la refuse.

Dans un autre univers, Arthur un auteur, se tient devant un livre tristement. Il vient de perdre sa femme. Ed un ami, lui propose de rejoindre un groupe lors d'une réunion secrète où il pourra se mettre en connexion avec son passé.

On navigue entre ces deux univers, ces deux personnages, Arthur et l'homme faucon qui remplit sa mission de chasse à monstres. Mais leur désirs, leurs pensées pourraient être plus liées que l'on ne le croit.

Entre un homme qui cherche à être soi, à s'incarner depuis longtemps et un homme qui voudrait revoir sa femme, comment le fantastique, le mystique peut-il intervenir ? L'un et l'autre vont cheminer et se croiser pour réaliser leur destin. le message est dans le livre d'Arthur, le miroir en est la clé.

Superbe fresque mystique, proche de l'oeuvre de Dante, incorporant des rites de type sociétés secrètes, Raptor est une quête de deux êtres perdus qui se trouvent, s'entraident pour dépasser un état de malaise.

Superbement illustré dans des tons sepia, voire bleutés dans certaines scènes particulières, ou des tons flous beige/marron quand le faucon est à l'oeuvre.

Cette histoire est fascinante, presque envoûtante.

























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Parfois, un livre te fait peur. Tu ne t'autorises pas à le lire, … tu l'ouvres, tu trouves ça beau, incontestablement, mais tu penses que c'est pour d'autres, pas pour toi.

Raptor est de ces livres-là. Et la conclusion, c'est qu'il faut oser !

La claque graphique est évidente, à chaque page, elle est partout. Dave McKean nous offre une variété impressionnante - peinture, collage, dessin - des ambiances envoûtantes, des impressions, rien n'est évident, tout est là mais chacun y composera son oeuvre.

Le récit permet également au lecteur de chercher sa place… j'ai parfois cru tout comprendre puis le fil m'a échappé… j'ai navigué entre 2 mondes, un monde sensible et un autre imaginaire… j'ai réussi à me laisser porter, manipuler, j'ai juste tourné les pages.

Tu l'as vu venir, je ne te dirai rien de plus sur le sens car chaque lecteur saura y trouver le sien. Sache juste qu'il y est question de création, de démons intérieurs, de littérature, de politique aussi et d'amour évidemment. Et de frontière, entre un monde et l'autre….

Je vais tâcher de retenir la leçon : il ne faut jamais avoir peur d'un livre. Il ne faut jamais se priver d'une expérience de lecture comme celle-ci… Merci Thomas @librairiebd16 et @francinevanhee
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critiques presse (3)
BDGest
04 août 2022
Raptor est de ces albums qui submergent et emportent le lecteur, au risque de le noyer ! Dans une interview à The BEAT comics culture de juin 2021, Dave Mc Kean espérait qu'un jour la bande dessinée deviendrait une forme d'Art à part entière. Qu’il soit rassuré, si ce n’était déjà chose faite, cela le serait aujourd’hui !
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
25 juillet 2022
On connaissait le style de Dave McKean, sombre, nourri d’imaginaire, mais on ne pensait pas qu’il arriverait à nous retourner à ce point avec ce nouveau livre. Une histoire menée d’une main de maitre et illustrée de façon somptueuse, Raptor est l’un des albums les plus marquants de cette année et assurément l’un des chefs d’œuvre de son auteur.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
10 mai 2022
McKean parle alors de la capacité de l'Art de transcender les mondes que nous percevons, et ceux que l'on imagine, infinis et étranges. Les personnages ne se définissent ainsi plus uniquement par les normes que le monde qui les entoure leur impose, mais par leur désir à s'imaginer eux même, à se dévoiler.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Imaginez le pouvoir d'une bibliothèque pleine de voix, le pouvoir d'évocation d'un simple livre, un concentré d'expériences et de révélations, qui renvoie la réalité à elle-même, la déforme et la façonne, et trace un sentier de mots vers un avenir changeant ?
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Je suis coincé entre deux états, le chasseur et la proie.
Je m'accroche à l'humanité, j'ai peur de m'engager dans mon vrai moi.
P98
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Créons-nous les démons qui hantent nos vies, ou sont-ils là à l'extérieur qui nous attendent, prêts à répondre à nos invocations ?
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Quel meilleur moyen de transmettre ses pensées et ses prières que les pages d'un livre ?

P40
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Va te promener de temps en temps. L'infini est au coin de la rue.
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Videos de Dave McKean (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dave McKean
Dave McKean, l'un des plus importants artistes du comics britannique, rejoint le catalogue de Futuropolis ! Véritable prouesse visuelle et narrative, Raptor vous entraînera dans deux mondes, celui de Sokól et celui d'Arthur. Deux mondes entre la vérité et le mensonge, la vie et la mort, la réalité et l'imaginaire.
Musique : Prélude en La mineur, Op. 28 No. 2 par Frédéric Chopin Narrateur : Olivier Mayer
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