La poésie est souvent le miroir de l'émotion, réfléchissant le regard de notre âme à un moment précis, comme un instantané prisonnier du temps, les mots gravent ces sentiments qui nous inondent, comme un testament de nos humeurs, la poésie aura toujours été présente dans mon existence, par ma façon d'être, mon regard sur le monde, la philosophie qui m'anime, dès que c'est possible, j'aime pouvoir découvrir cette poésie moderne à travers des masses critiques qui dicteront mon choix, ce hasard sera toujours salvateur d'émotions nouvelles et d'enrichissements. Cette fois-ci, comme fréquemment, je voulais découvrir de la poésie, à travers cette masse critique,
Solitude sans moi de
Delphine Gest, le titre de ce recueil, était une évidence, cet oxymore accentue l'intensité émotionnelle de la phrase, c'est une voie royale pour voyager dans l'interstice solitaire de cette lecture en
solitude sans moi, mais avec
Delphine Gest.
Ce recueil de poésie des éditions de l'atelier de l'agneau est présenté sous une forme originale, grain du papier épais, de feuilles simples, repliées en deux sans pliures, les unes sur les autres, comme un oiseau de papier avec ces deux ailes, puis sur la dernière feuille qui au centre du recueil, un ruban violet entrelace le côté droit posé sur la table pour se nouer à l'extérieur d'un noeud double sur la quatrième de couverture, liant le livre avec magie et simplicité, les pages s'ouvrent par miracle, laissant la pureté de la naturalité agir avec enchantement.
Delphine Gest, originaire du Pas-de-Calais, réside actuellement à Lille, artiste peintre, on la retrouve en 2019 avec l'association La pluie des oiseaux, exposant ces oeuvres lors d'un rendez-vous estival, Un dimanche à la campagne, elle publie régulièrement dans la revue Grèges.
Solitude sans moi est le premier livre de cette artiste, sa poésie est une douceur d'émotion où la nature se pose dans sa légèreté de nous entourer, l'amour abonde dans une tendresse intime invisible.
Solitude sans moi, est constellée de vingt-deux poèmes, de l'adolescent qui ouvre ce livre avec ce mystère que livre la poésie moderne, le lapin côtoie le crocodile, le fraisier, la dentelle, l'arrosoir, becs de lièvre sont ces mots qui amènent à l'adolescent, ce terroir royal !, je ne vais pas interpréter tous ces moments prosaïques, ces instants qui figent encore plus cette
solitude sans moi, ces choses que l'on n'oublie pas, ces émotions lointaines gravées en soi, se détachant lentement pour noircir chaque poème, les mots teintent un souvenir intime, Autour de l'amour, comme autour de la terre inondent les sentiments qui vont laisser aux lecteurs ces propres sensations, comme les autres poèmes de ce livre, le petit lapin, L'enfant des rues, Paranoïa, L'absent, Peurs, le bain de mer, Des bouquets pleins les mains, le reste, La moisson, La princesse endormie, Dans un champ, Dame du monde, Dans le même panier, Cloisonnement, La clé de voute, de la tyrannie du temps, Désespérance, L'écran et le celui qui clôt ce recueil le chariot de la lune. À travers tous ces titres se dégagent beaucoup d'angoisse, la nature y est beaucoup présente comme un pansement face à la tyrannie du désordre humain, en conclusion de ce livre, je parlerai du poème sarcastique de la princesse endormie, jetant aux orties la parabole angélique des films pour enfants venu d'outre Atlantique comme une profession idéologique, chacun trouvera réponse à chaque poème, sachant que l'auteur exprime la violence que peuvent ressentir la femme et son désir de vengeance, surement le sien.
Merci Babelio pour ce livre et
Delphine Gest pour cette symphonie silencieuse de mes pensées, bercées par la danse prosaïque de vos poèmes, rythmées par la mélancolie des pages successives, laissant votre musique s'harmoniser avec mes sentiments. Lecture en écoutant Pink Floyd et son album The Division Bell et The Wall !