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3,6

sur 2310 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Écrivain mélomane, André Gide invite le lecteur à entrer dans le récit rétrospectif d'un pasteur interprétant une partition musicale bien singulière. Celle des épanchements affectifs et des sentiments.
Le récit s'ouvre sur des notes douces de bienveillance lorsque le pasteur recueille au sein de son foyer une jeune orpheline aveugle et recluse avec la volonté affichée de la sortir de sa torpeur et orchestrer son éducation morale et intellectuelle. Mais la candeur et la beauté incandescente de Gertrude irradient laissant place à un mouvement crescendo des émotions.
A son contact, le pasteur découvre une intelligence vive trop longtemps mise en sommeil, une sincérité désarmante, une âme pure qu'il lui appartient de préserver de la corruption des hommes au point de devenir lui-même aveugle à sa propre doctrine et à la réalité qui l'entoure...

Avec une écriture à la musicalité ancienne, André Gide séduit par ses efforts constants dans la recherche du mot juste, de la phrase dense qui, pour autant, ne se confond pas avec une plume esthétique. Effectivement, c'est une littérature qui s'inscrit au coeur de la conscience humaine et de la morale, qui met à l'épreuve le rapport du pasteur avec sa jeune protégée et expérimente sans cesse l'éthique revendiquée.
C'est également une littérature qui invite à regarder entre les lignes par un jeu subtil qui jongle entre désir et censure, volonté de dire et nécessité de taire, liberté de conscience et doctrine religieuse. Elle signe l'émergence du courant individualiste et la liberté d'être soi face aux contraintes morales.
Indubitablement, la force de ce roman est d'avoir adopté l'écriture intime pour conter au lecteur une histoire douloureuse où la spontanéité des émotions, le repli sur soi et le questionnement reflètent le conflit intérieur auquel est confronté le pasteur. Malgré la violence des sentiments, l'auteur réussit également à ne pas noyer le récit sous le poids des émotions dans ce difficile exercice d'équilibriste.
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Ce petit roman de Gide, écrit sous forme de récit à la première personne, se lit vite et sans ennui.
Son style est de haut vol, comme souvent chez l'auteur, mais pas trop pompeux, comme on pourrait de temps à autres lui en faire le reproche. le style est, à mon sens, le principal point fort de l'ouvrage car le scénario est un peu brimbalant et parfois téléphoné voire facile.
André Gide revisite le mythe de l'enfant sauvage que l'on éveille peu à peu à la civilisation et qui se révèle finalement pétri de sensibilité interne contrairement à ce que les rudes manières pouvaient laisser entrevoir de prime abord.
L'auteur multiplie les artifices et les cas limites en faisant de la jeune fille une aveugle et de son précepteur un pasteur.
À ce stade, l'éveil de la jeune fille est prévisible et visible comme le nez au milieu de la figure, mais en plus, une espèce d'amourette à deux sous vient se greffer dans le coeur noble et franc du preux chevalier pasteur, sans même qu'il s'en rende compte.
Ici, on a envie de crier " N'en jette plus André ! ", mais comme si cela n'était pas suffisant, le propre fils du pasteur tombe lui-même amoureux de la jeune aveugle.
Humm ! miam ! miam ! Gide fait grincer les violons à pleins tubes dans le registre de l'amour impossible, de la rivalité père-fils et au comble de l'invraisemblance et de la guimauve, on nous assène une possibilité d'opération qui pourrait rendre la vue à Gertrude. (Disons qu'à partir de là en ce qui me concerne la limite de l'indigeste est franchie depuis longtemps et seule la longueur restreinte du livre m'incite à aller au bout.)
Chose dite chose faite, notre Gertrude retrouve la vue et comme Gide est réfractaire aux happy-ends et qu'il se dit qu'il a déjà épuisé sa ration de sucré et qu'il craint La Dysenterie Post-orale (pardonnez-moi encore ce calembour vaseux), il s'arrange pour faire absolument capoter l'histoire à la fin afin qu'il y ait une belle mort tragique digne du théâtre antique.
Je vous avoue que (toujours de mon point de vue, par ailleurs critiquable sous tous angles) cette histoire vaut plus pour la façon dont elle est écrite que pour le brio sans pareil et l'imagination diabolique du scénario, qui pourrait parfois faire rire alors que ce ne semble manifestement pas être l'objectif premier de l'auteur.
Quelque chose dans ce roman me rappelle le film La Nuit du Chasseur avec Robert Mitchum. Une oeuvre soi-disant mythique mais qui a tellement vieilli, qui est tellement téléphonée et bateau qu'elle en devient drôle au second degré, mais bien sûr, tout cela n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Un pasteur recueille une jeune orpheline aveugle et quasi-sauvage et entreprend de l'éduquer et de l'éveiller au monde et à la vie spirituelle. Gertrude devient une jeune femme vive et intelligente, dont l'âme pure va chavirer le coeur du pasteur et lui faire perdre tout discernement au point d'adapter les préceptes religieux à ses desseins amoureux et au risque de mener à leur perte les brebis qui lui étaient confiées.

La parabole de l'aveuglement, poussée ici à son paroxysme, offre une réflexion sur la perception des choses, du monde et de soi-même. Gertrude découvre le monde par le regard du pasteur, elle ne voit que ce qu'il lui donne à voir et à comprendre et ce prisme étroit lui sera fatal lorsqu'elle recouvrera la vue. Quant au pasteur, chargé d'éclairer ses ouailles mais aveuglé par son amour, il ne voit plus que ce qui l'arrange. La relecture de la première partie de son journal, sorte d'auto analyse ou plutôt d'examen de conscience, l'éclairera mais ne sera pas suivi d'un acte de contrition.
La forme du journal intime, utilisé dans le roman, renforce encore ce sentiment d'égarement du pasteur en nous donnant uniquement son point de vue et en nous mettant au coeur de ses conflits intérieurs.

Mais que montre Gide finalement si ce n'est que la nature humaine s'accorde mal avec la morale chrétienne et que c'est à l'individu de choisir les principes et les valeurs qui vont gouverner son existence.

L'histoire pourrait paraître désuète si elle ne servait un propos intelligent dans un style pur et concis. A la fois classique et moderne l'écriture de Gide donne au récit une impression de légèreté et de densité très agréable à lire.

Challenge Nobel 2013/2014
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Décidément, je ne suis pas touchée par le verbe d'André Gide. Il tend au superbe et dépeint avec lyrisme et spiritualité des relations sentimentales quasi mystiques et élevées. Je me sens terriblement prosaïque dans ces moments-là. Non pas que je sois incapable de reconnaître la beauté de l'absolu dans l'amour mais simplement parce que cela éloigne de moi, pauvre mortel, les protagonistes qui éprouvent ces émotions.

La narrateur, un pasteur, recueille chez lui Gertrude, une jeune femme aveugle couverte de crasse et analphabète, à la suite du décès dans l'isolement de sa seule parente. Bien que sa femme torde le nez (la suite lui donnera raison), le pasteur s'attelle à sortir cette "enfant sauvage", enfant de Dieu, de sa misère sociale et intellectuelle. Il s'implique tellement dans son rôle de mentor que tel Pygmalion, il s'éprend de son élève. Sa Galatée lui renvoie une image de pureté si intense qu'il est d'abord dans le déni quant aux sentiments qu'elle lui inspire et qui va contre tout ce en quoi il croit et qu'il prêche. le cas de conscience n'est pas loin, surtout quand il écarte sous de faux prétextes un prétendant de Gertrude.

Le style est beau, j'en conviens mais sa plastique ne le rend pas attachant. le récit est émouvant, surtout vers le dénouement, de mon point de vue, et sans doute qu'il aurait mérité plus de développements. le roman est court, abouti mais laisse une impression de fugacité qui nuit aux amours qu'il narre.


Challenge RIQUIQUI 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge ATOUT PRIX 2022
Challenge NOBEL
Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
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Roman lu dans le cadre du Challenge prix Nobel de littérature 2013/2014

L'histoire d'un pasteur qui recueille chez lui une jeune orpheline aveugle et dans un état sauvage envers et contre sa femme (qui voit en elle un vrai danger pour sa famille). le pasteur se voue à l'éducation primaire, social et spirituelle de la jeune fille, et qui à force de passer du temps avec la fille, en tombe amoureux. le pasteur est alors confronté à un conflit intérieur en contradiction entre ses convictions religieuses et ses émotions.


L'histoire écrite sous forme d'un journal intime tenu par le pasteur (donc à la première personne), est (à mon humble avis) classique, mais écrite de façon légèreté et est très agréable à lire.
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le narrateur, un pasteur, lors d'une de ses visites à la campagne rencontre une jeune aveugle qui se retrouve seule à la mort de sa tante sourde.
Il la recueille chez lui, -" Il m'apparue soudain que Dieu plaçait sur ma route une sorte d'obligation et je ne pouvais pas sans quelque lâcheté m'y soustraire", malgré ses quatre enfants et une femme guère enchantée.
Il instruira Gertrude, cette jeune fille et lui fera découvrir le monde.
Une histoire agréable à lire!
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Le regard de Michèle Morgan est indissociable de ce court roman, présenté sous forme de carnet que tient le pasteur, tout au long des évènements.

On retrouve le protestantisme sévère et rigide, auquel a été confronté Gide durant sa jeunesse. le narrateur est donc un pasteur qui décide de recueillir chez lui une jeune aveugle, Gertrude, qui vivait un peu comme un enfant sauvage, et dont la vieille tante sourde vient de mourir.Sa femme, qui doit s'occuper de leurs quatre enfants ne voit pas cette venue d'un bon oeil...

Le lien qui se crée, au fur et à mesure que le pasteur fait son éducation, entre ces deux êtres est très délicatement décrit. J'ai aimé la façon dont Gertrude conçoit le monde, par l'ouïe et l'imagination.Cette jeune fille sensible et intelligente est fort touchante, dans sa beauté et sa pureté.Le pasteur mettra longtemps avant de s'apercevoir qu'il l'aime.Mais il n'est pas le seul à éprouver ce sentiment pour elle, son fils devient un rival.

Quand Gertrude, grâce à une opération, retrouvera la vue, ce sera le drame...

Lors de cette relecture,si j'ai été émue par la relation passionnée et fervente entre le narrateur et Gertrude et le rapport particulier que la jeune aveugle établit avec le monde, j'ai moins adhéré à ce déchirement religieux entre le Bien et le Mal et certains aspects du texte m'ont semblé assez désuets.

La fin est tragique et assez désespérante: " J'aurais voulu pleurer, mais je sentais mon coeur plus aride que le désert."

Une symphonie du malheur et de la mort.
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Cela commence un peu comme l'enfant sauvage, le film de François Truffaut où le docteur Itard, par un concours de circonstance va s'occuper du jeune Victor, trouvé dans les bois dans l'Aveyron qui se révèlera être sourd. le docteur, avec force patience va l'éduquer contre l'avis de tous qui pensent qu'il n'y a rien à faire.

Ici, il s'agit d'un pasteur qui, dans un endroit reculé va découvrir la jeune Gertrude, aveugle et sauvageonne. Il va la prendre sous son aile dans son foyer, auprès de sa femme et de leurs cinq enfants.

La jeune et jolie Gertrude va dépasser toutes ses espérances et devenir une jeune fille pleine de charme, suscitant l'intérêt du fils ainé de la famille comme du médecin dans un déni total de ce qu'il éprouve pour elle.

Sous la forme d'un journal, Gide, dans une écriture brillante de facture très classique (Nobel oblige) nous livre les états d'âme du pasteur. Sa femme n'est pas dupe de ce qui se joue dans la relation entre le pasteur et sa protégée.

« Je m'étais imposé ce devoir de consacrer quotidiennement un peu de temps à Gertrude » Mouais, mon oeil, tu la kiffes grave la petite Gertrude, tu nous la joue foi chrétienne et sens du devoir mais on ne nous la fait pas.

Cette lecture n'est pas désagréable mais l'abus de subjonctifs imparfaits m'a quelque peu saoulé, j'ai un peu de mal ces derniers temps avec les classiques. Il paraît que le film est meilleur, je n'en ai qu'un vague souvenir.

Challenge Multi-Défis 2024.
Challenge Riquiqui 2024.
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Ce livre est une relecture pour un challenge. Comme je l'ai lu il y a de nombreuses années, je ne me rappelais plus trop de l'histoire, ni de son déroulement, aussi c'est avec plaisir que je l'ai redécouvert. Si le style de l'auteur me plaît toujours autant, j'ai eu plus de peine avec certains éléments du récit, n'adhérant pas complètement aux propos tenus.

C'est l'histoire particulière d'un pasteur qui prend sous son aile une jeune aveugle qui nous est contée. Bien décidé à l'instruire et à l'orienter sur le chemin de la vie et de la foi, il consacre beaucoup de son temps à cette jeune fille qui se transforme de plus en plus en une obsession ingérable, au détriment de sa propre famille et principalement de sa femme...

C'est la descente aux enfers d'un homme de foi, la rencontre avec l'amour interdit, l'abnégation pour un être autre que Dieu, que l'auteur nous dépeint. Voilà justement l'élément pour lequel j'ai eu un peu plus de peine. Finalement la religion prend beaucoup de place dans ce texte, presque un peu trop à mon goût... Mais bon cela n'enlève rien au charme de cette histoire, au côté sombre de la fin et à la chute du pasteur.

L'auteur nous sert un récit envoûtant, avec des mots justes, simples, forts et troublants. Si Gertrude nous touche fortement, l'impact qu'elle a sur la famille du pasteur ne nous laisse pas de marbre pour autant... J'ai été surprise par la fin du récit qui nous prend au dépourvu et qui n'était pas prévisible. J'ai aimé ce parti pris de l'auteur, même si cela ressemble un peu à une punition (divine? Allez savoir...). Si le texte reste un peu court et donc finalement peu développé, aller droit au but n'est pas un mal non plus.

En bref, j'ai aimé cette histoire même si j'ai eu un peu de peine avec la place importante que prend la religion dans le récit. Mais ce côté-là rend la fin d'autant plus ironique et réflexive...
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Un pasteur prend sous son aile une enfant sauvage et aveugle et tend à l'éduquer, à lui faire découvrir le monde et la vie. Mais un amour impossible pourrait venir tout gâcher.
Un récit court qui se lit facilement, un classique de plus qui me fait revenir sur mes a priori les concernant. Il peut paraître religieux mais m'a semblé surtout philosophique.
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