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3,6

sur 2310 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un pasteur recueille sous son toit une jeune aveugle orpheline , Gertrude .Cette dernière va cohabiter avec la famille du pasteur et ses enfants .
Cette venue de la jeune fille va semer le trouble au sein de
cette famille surtout entre le père et le fils car tous les deux
sont amoureux de la jeune fille .
Un roman qui traite du conflit entre la morale religieuse et les sentiments .
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Tout petit roman, que cette Symphonie pastorale. On pourrait le prendre pour une plaquette sans prétention… presque … Et pourtant. Il est tout comme une symphonie, il commence tranquillement puis évolue et se transforme en une explosion… de mots, de descriptions, de sentiments. Les meilleurs romans n'ont pas besoin d'être des pavés, et l'auteur français André Gide l'a bien compris. Mais attention, si vous cherchez l'action et l'aventure, vous feriez mieux de passer votre chemin.

Le narrateur est un pasteur. Sa promenade quotidienne l'amène à un endroit qu'il n'était plus habitué de fréquenter et il aboutit dans une ferme des parages, où une femme se meurt en laissant derrière elle une lointaine parente, une jeune fille pré-pubère et aveugle. Le narrateur prend sur lui de s'en occuper. Sa femme Amélie n'est pas très chaude à l'idée… c'est qu'ils ont déjà cinq enfants. Mais, fidèle à son habitude, Amélie s'emmure dans son silence pendant que son mari n'est fait qu'à sa tête. C'est ce que son âme chrétienne, protestante lui dicte de faire.

En plus de la religion (une certaine austérité protestante) et de l'évocation de la nature, André Gide exploite un nouveau thème, le mythe de l'enfant sauvage ?

La petite, Gertrude, s'épanouit en même temps que le printemps se pointe. le pasteur s'occupe d'elle, peut-être mieux que ses propres enfants. Mais c'est compréhensible, non ? Ses enfants qui ont tout ce qu'il faut alors que la pauvre orpheline… « Les premiers sourires de Gertrude me consolaient de tout et payaient mes soins au centuple. Car ‘'cette brebis, si le pasteur la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont jamais égarées''. » (p. 41) Ajoute-t-il, paraphrasant la Bible.

Puis, après les sourires, les traits de Gertrude s'animèrent. Une véritable transformation s'opère. le pasteur lui décrit les paysages. Les comparaisons avec la musique lui viennent naturellement. N'est-ce pas la musique de Beethoven qui a amené la phrase : « Chaque paysage est un état d'âme » ? C'est un éveil dans tous les sens du terme ! Parfois, j'avais l'impression de lire du Jean-Jacques Rousseau. Je trouvais à la plume d'André Gide un petit quelque chose des grands romantiques. Avec cet univers bucolique, presque pur, difficile de ne pas faire la comparaison. Et le pasteur y contribut à sa façon, en protégeant la petite et son bonheur, en lui cachant la laideur du monde et le Mal qui se trouve au coeur des hommes. Un brin mouich-mouich. Sortez les mouchoirs ! L'auteur ne pouvait rester dans les descriptions de paysages bucoliques, de sentiments purs, de mièvreries trop longtemps.

En effet, l'ainé du pasteur, Jacques, s'éprend de la jeune fille. le père s'y oppose farouchement. Il envoie son fils étudier à l'extérieur, puis, pour être certain, envoie Gertrude en pension chez une amie. Mais il veut la protéger ou la garder pour lui ? Dans tous les cas, il ne peut rester longtemps loin d'elle. À ce point, je commençais à me douter des sentiments inavoués (enfouis ?) du pauvre pasteur. Évidemment, sa stricte morale protestante l'empêche de jouir du bonheur.

Et c'est là que le style d'André Gide se trouve réaffirmé : au moment où tout semblait aller pour le mieux (Gertrude se fait opérer elle voit à nouveau), un moment d'une grande tristesse, tragique, devait aller de pair. Si tout le livre tourne autour du conflit entre la morale religieuse et les sentiments, le dénouement va encore plus loin et permet une critique de la morale protestantisme, qui voit le Mal partout. Jacques rejette le protestantisme et se tourne vers le catholicisme. Pire, il joint les ordres. C'est admettre la défaite. La symphonie pastorale se termine dans un dernier mouvement saisisant, mémorable. À lire !
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J'ai enfin lu un deuxième livre de mon cher et tendre Gide. Nous retrouvons ici un pasteur qui accueille chez lui une jeune fille aveugle au détriment des autres membres de sa famille. Nous suivons tout au long de ce petit livre le parcours de Gertrude, son apprentissage de la vie. Elle ne voit pas mais elle ressent les sentiments de son entourage. Ce beau livre m'a beaucoup touché. On voit comme une vie peut être chamboulée du jour au lendemain lors de l'arrivée d'une nouvelle personne. Ce roman retrace aussi une histoire d'amour bouleversante où des coeurs seront forcément brisés. L'histoire impossible car incompatible avec la morale nous tient en haleine jusqu'à dernière page. Gide a su dresser le portrait d'un pasteur généreux et altruiste, dont la femme doit subir l'absence car il s'occupe des autres à plein temps, notamment de Gertrude. Ce livre est un petit bijou de finesse et de psychologie, je regrette qu'il soit aussi court. L'auteur a voulu marquer par la qualité de la narration et la profondeur des sentiments décrits. Ainsi, on s'interroge peu à peu avec Gide : Est-ce que l'amour peut être un péché, aussi pur qu'il soit ? Je recommande chaudement cette histoire tragique, facile à lire et pourtant riche en symboles.
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Touchant ouvrage que ce récit, sous la forme d'un journal. Un pasteur recueille dans sa famille une orpheline de 15 ans, aveugle et sans langage articulé.

le grand intérêt de cette histoire, dans le magnifique cadre des montagnes enneigées du Jura, est que la morale religieuse de ce pasteur est soumise à rude épreuve. Sans trahir l'issue finale, non seulement sa femme désapprouve la présence de cette " infirme" à la maison et boude son mari, mais des sentiments bien innocents et confus naissent entre cette élève sans péché et son sauveur devenu un précepteur tourmenté.

Un court roman de Gide, très bien écrit, simple et dépouillé, qui bien qu'usant de nombreuses citations religieuses ne fait pas de prosélytisme mais au contraire questionne cette conscience religieuse quand elle est malheureuse.

Un récit vif, accentué par les pages du journal qui se réduisent peu à peu à une ou deux phrases, jusqu'à une fin percutante et plus détaillée comme un uppercut filmé au ralenti...
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Un pasteur recueille une jeune fille aveugle et quasi sauvage, la forme à l'image du désir et de l'amour dont il se prend pour elle en lui cachant la laideur du monde. Une impasse dans laquelle sa foi, son intégrité, sa famille vont le rattraper, et qui ne peut être que sans issue pour la jeune fille.
Relire ce texte à l'épure magnifique qui ne m'avait pas touchée à l'adolescence, fut un ravissement et aura finalement été une découverte. Les mots de Gide sont d'une beauté sans nom.
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Publié en 1919, « La symphonie pastorale » est sans doute le mieux nommé des romans d'André Gide tant la musicalité de sa langue est évidente ici. Et puis grand amateur de Ludwig Van…
Autant le dire tout de suite : qui ne goûte pas la qualité de la prose début XXe élevée, ici, à un niveau de quasi perfection par André Gide perdra sans doute son temps dans ce court roman sous forme de journal intime.
En effet, l'intrigue peu sembler légère et quelque peu « fleur bleue » : dans le Jura, un pasteur recueille une jeune fille aveugle au décès de sa tante, elle même sourde, et entreprend de faire son éducation. Il en tombera amoureux, de même que son fils Jacques…
La jeune fille finira par recouvrer la vue à la suite d'une opération et découvrira que la vie n'est pas celle que le pasteur lui a décrite ; et Jacques, converti au catholicisme, qui s'est fait moine après avoir été écarté par son père.

Un roman malgré tout émouvant bâti autour d'un amour - et même deux - impossible. Mieux, une exposition du conflit entre la morale religieuse et les sentiments : chez le pasteur pour le sentiment qu'il éprouve pour Gertrude, et qui le conduira à écarter son propre fils ; et chez ce fils, Jacques, qui rendra tout sentiment envers lui impossible par son retrait de la vie publique et son engagement monastique.

De la belle ouvrage.
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Ce court roman rétrospectif d'André GIDE laisse un pasteur faire le récit d'une rencontre inattendue entre un homme de foi et une jeune fille orpheline et quelque peu "sauvageonne", abandonnée à sa condition d'aveugle et illettrée qui se révèle être source d'interrogations et de sentiments confus.

Dans ce roman, l'auteur s'attache à démontrer que les décisions et les agissements tout comme les différentes prises de position du pasteur sont conditionnées par sa propre lecture et interprétation de la Bible mais aussi par son enseignement. Prenant en considération que la pensée protestante lui a jusqu'à présent permis de connaître le bonheur, en fondant une famille (nombreuse), ses convictions et sa foi vont en fin de compte le rendre malheureux tant il va devoir faire face à la désapprobation de sa femme et culpabiliser s'agissant de ses sentiments envers Gertrude et son fils aîné Jacques.
A l'aveuglement de la jeune fille, l'auteur oppose donc un aveuglement spirituel et sentimental qui se révèlera tragique.
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Première fois que je lis André Gide. Une jeune fille aveugle est recueillie et éduquée par le pasteur qui a donné les derniers sacrements à sa tante. Les années passent, la jeune Gertrude devient une belle jeune fille et le pasteur n'y est pas insensible... J'ai aimé la poésie qui se dégage de cette histoire, les émotions qui ressentent Gertrude à travers sa cécité, ses perceptions. L'amour évoquée entre eux est platonique. Gertrude n'hésite pas à dire ce qu'elle ressent et Jean Martens parle de son affection à la jeune orpheline par ellipses. La fin est plutôt brutale et leur met en face leur vision erronée de leur affection respective. Très agréable à lire, sauf quelques passages sur les évangiles qui m'ont un peu ennuyée. Je retenterai bien l'auteur, il faut que je regarde son oeuvre conséquente.

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Livre émouvant dont la trame est très simple. Ce roman d'André Gide est devenu un grand classique de la littérature du 20 ème siècle. C'est une oeuvre incontournable. Il fut porté à l'écran avec le succès que l'on connaît.
Très agréable lecture. Un beau texte.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Suisse, fin du XIXe siècle. Lors d'une visite mortuaire, un pasteur découvre une jeune fille aveugle, prostrée dans un coin de la maison de la défunte. L'homme, marié et père de famille, la ramène chez lui. Il va l'éduquer, l'ouvrir au monde, lui apprendre à lire en braille et à s'exprimer.

J'ai découvert André Gide au lycée, enthousiasmée par 'Les caves du Vatican', 'Les Faux-Monnayeurs', 'La symphonie pastorale' et quelques autres de ses textes. J'ai donc inscrit ces ouvrages dans ma "liste à relire", histoire de voir ce que j'appréciais à l'adolescence, et si j'y suis toujours sensible.

Déception ici sur le contexte qui semble calqué sur celui de 'Victor de L'Aveyron' (Jean Itard), l'histoire de Helen Keller, et 'Le grillon du foyer' de Dickens... Déception également sur la crédibilité de l'intrigue, notamment les progrès fulgurants de la jeune femme.

Le propos, en revanche, est très intéressant. L'égoïsme de ce pasteur, sa lâcheté, sa mauvaise foi représentent l'hypocrisie religieuse, telle que la perçoit Gide. La cécité et le parcours vers la "clairvoyance" (via l'éducation, la culture) évoquent les propres difficultés de l'auteur à s'affranchir d'une éducation protestante stricte, et notamment à oser vivre son homosexualité.

Un grand classique à savourer en passant outre les invraisemblances, les raccourcis et les lourdeurs qu'on peut y trouver.

--- Ouvrage adapté au cinéma en 1946 par Jean Delannoy. le regard de Michèle Morgan m'y semble un peu trop expressif et mobile pour celui d'une aveugle, mais bon...
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