Bon, faut bien avouer que ces dernières années, entre le COVID, le réchauffement climatique, l'inflation et tout le reste, ça n'a pas été de tout repos. On pourrait même dire que ça a été un peu le bordel pour la plupart des gens, les confinements, les attestations, les pénuries de pâtes et les émeutes sur le papier cul.
Ces bouleversements ont balayé des habitudes très ancrées dans la vie de nos concitoyens, y compris dans les entreprises.
Déjà on avait des doutes sur l'état de santé des managers, mais là on peut dire qu'ils se retrouvent comme des parigos dans un troupeau de vaches en pleine campagne, ils se sentent un peu désorientés, bichettes, avec la généralisation du télétravail, c'est devenu vraiment n'importe quoi.
Les managers sont donc globalement assez paumés. le management à l'ancienne devient plus difficile, il leur faut accepter de faire confiance et ça, y'en a certains qui ne sont pas câblés pour ça. On les sent perdus dans leur petit bureau du siège, zieutant avec effroi le passage de la loupiote de Outlook de "en ligne" à "absent", imaginant ses sales faignasses de collabor..., heu ... de fraudeurs en train de mater Netflix plutôt que de finir ce dossier d'une importance capitale pour l'actionnaire. le télétravail a généré chez certains managers "un renforcement des contrôles, du résultat à court terme [...] Insidieusement, la liberté qu'on gagnait d'un côté, on la perdait dans l'inflation des process."
En tout cas, il faut bien avouer que pour une partie des gens, il y a une perte du sens de leur travail, qu'ils considèrent comme un "métier à la con" (bullshit job en anglais). Et ça, ça conduit inévitablement soit à du désengagement, soit à des démissions pour un retour aux fondamentaux, à savoir cultiver des navets en mode permaculture ou recycler le bois de cagette en table de séjour. Ils veulent maintenant "voir concrètement l'aboutissement de leur travail à la fin de la journée".
Il faut dire que se taper des reportings à gogo, des objectifs périodiques flous avec prime indexée, passer sa vie en réunion "descendante" ou subir la troisième réunion de validation de l'achat d'un lot de 5 stylos bics, peut interroger tout salarié un tant soit peu câblé.
La période 2020-2022 a donc accéléré de manière phénoménale une tendance qui commençait à émerger doucement dans la nouvelle génération : l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Les étudiants commencent également à blacklister les entreprises qui ne proposent pas un équilibre satisfaisant, du télétravail ou qui ne prennent pas suffisamment en compte les enjeux climatiques. Total, prends garde à toi !!
Concernant le télétravail, les tendances actuelles décrites dans le livre vont plutôt vers l'hybride, à savoir un mélange de travail sur site et de télétravail. "C'est donc l'idée d'un travail à la carte, flexible, qui fait son chemin. le besoin d'autonomie se fait plus prégnant et les employeurs sont appelés à faire preuve de souplesse."
Le problème dans cette histoire, c'est que le télétravail fracasse de tout son poids la cohésion d'équipe, fragilise le partage et les relations humaines, rend difficile l'intégration des nouveaux arrivants. Il est de notoriété commune que les informations passent beaucoup plus fluidement quand on discute à la machine à café que quand celle-ci est donnée dans une réunion de communication officielle organisée par la Direction. Tout le monde sait aussi que Gérard aidera plus facilement Michel s'ils ont déjà passé un moment sympa style une bonne bouffe autour d'une bouteille de rouge. Mais il mettra en attente la demande
De Robert, ce type qu'il n'a jamais vu en vrai. le télétravail génère donc un certain individualisme qui nuirait à la communication et à la performance de l'équipe.
En résumé, on se trouve dans le ventre mou d'une phase de transition où le management à l'ancienne et le management moderne (juste avant le COVID) se marchent dessus sans se dire pardon, se reniflent les fesses pour tâter le terrain et savoir qui a raison ou qui a tort, sans comprendre que la solution idéale (s'il y en a une) est encore a construire en commun sans doute.
Sachant que pour le moment, il n'y a pas de consensus sur le mode de management idéal de ce mode hybride, équilibré entre vie pro et vie perso et surtout prenant en compte les enjeux environnementaux. Tout ce qui semblait immuable s'est cassé en mille morceaux, les entreprises se cherchent.
En conclusion, "la plupart des dirigeants sont conscients de ces enjeux. La difficulté, ce n'est pas de vouloir aller vers plus d'actions en faveur de l'environnement, des seniors, des femmes, des jeunes... La difficulté principale c'est la peur du risque, la volonté de tout contrôler [...] Aujourd'hui sans nombre d'organisations, les démonstrations de force sont préférées à l'empathie, à l'attention aux autres, à l'acceptation des singularité".
Ce livre se lit bien, est bien écrit, avec des mots accessibles à tout le monde. Et c'est un super résumé de l'état des difficultés auxquelles le management a à faire face dans ce contexte hypermouvant.
A mettre dans les mains de tous les managers, directeurs, ou petits chefaillons du dimanche.
scob