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sur 636 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça parle de joie. Ça parle de tous ces petits plaisirs qui amènent le sourire et qui font qu'on se sent plus léger... Lorsqu'on réalise qu'on a besoin de pas grand-chose pour se sentir immensément bien ; lorsqu'on prend conscience qu'on ne devrait pas demander beaucoup plus que ce qu'on a financièrement, matériellement, parce que ce qu'on a profondément besoin, c'est d'autre chose.
Ça parle d'abord d'une rencontre qui nous change. La rencontre d'un homme un peu magicien, un peu sage aussi, qui a ce don-là : savoir ce qui peut donner de la joie aux autres, à ces autres hommes qui l'ont perdue depuis bien longtemps. Cet homme leur apprend peu à peu comment connaître cette joie au fond de soi. (Ça ne parle pas d'un hypothétique symbole religieux. Ma petite critique est athée, païenne et parle à tous).
Ça passe par de toutes petites choses, si simples, tellement naïves peut-être, au fond si élémentaires. C'est pouvoir admirer les fleurs aux couleurs chatoyantes, aux odeurs enivrantes. C'est être enchanté à la vue d'un champ de blé, de coquelicots ou de lavande. C'est regarder le ciel, les nuages, les couchers de soleil rougeoyant, les étoiles. C'est s'asseoir sur une plage et regarder la mer, voir les vagues se fracasser contre les rochers, marcher pieds nus dans le sable, sentir chaque grain de sable contre la plante de son pied. C'est fermer les yeux et écouter le bruit des vagues, faire battre son coeur à leur rythme, humer l'air iodé, prendre de larges bouffées d'oxygène, respirer. C'est regarder les mouettes, les petits oiseaux migrateurs, les oyats danser doucement sous la brise. Sentir les rayons du soleil sur sa peau. Sentir le coeur plein, presque lourd, tellement c'est beau. C'est ouvrir grand les yeux à tout ce qu'il y a de magique autour de nous, comme des enfants. D'éternels enfants. C'est être curieux. Savoir encore se laisser surprendre par la beauté de la nature, de la faune, de la flore. Savoir encore s'émerveiller.
Ça parle du corps, de cette conscience du pas qu'on place l'un devant l'autre. de chaque mouvement de son corps, même infime, lent. Cette conscience comme éveillée, réveillée, que l'on retrouve enfin de tous ces gestes. de tous nos gestes.
Ça parle d'envie. de toutes sortes d'envie : de chanter, de danser, de bouger, de la main de l'autre qu'on prend dans la sienne, du contact des peaux, d'étreintes, du parfum, des odeurs des autres. du corps qui se met à vous parler. Ce corps qui vous parle de toutes ces impressions, de chaleur, d'embrasement. de vie.
C'est parler aux autres. Se donner la peine de parler aux autres. Leur envoyer un message. Prendre de leurs nouvelles. C'est un simple mot. Un petit sourire, tout simplement. C'est un petit rien. Un simple petit rien qui amène la joie. Même le silence. C'est apprendre que lorsqu'on donne aux autres, on est plus riche. C'est apprendre que lorsqu'on partage, on est plus humains.
C'est être ensemble. Passer du temps avec ceux qu'on aime. Donner de l'affection, de la tendresse. C'est être capable de dire à tous ces gens qui font partie de notre vie combien on les aime. C'est être capable de dire « je t'aime ».
Ça parle de toutes ces petites choses que, parfois, on ne remarque plus, que parfois on a oublié. C'est penser à faire toutes ces petites choses, s'offrir ces petits plaisirs. Ça parle de toutes ces petites choses de la vie si futiles mais indéniablement si utiles à notre humeur. Ça parle de ce lâcher prise aussi, parfois nécessaire. de prendre du temps, de prendre le temps.
Ça parle au coeur et à l'âme.
Ça parle de poésies qui réchauffent le coeur. Ça parle de livres comme celui-là qui donne le sourire. Un sourire qui reste. de ces sourires qu'on a toujours aux lèvres lorsqu'on lève les yeux du roman et qu'on a toujours en regardant les autres passagers du métro. Et parfois de cette joie lorsqu'ils remarquent ce sourire et qu'ils nous le rendent en retour. Juste comme ça. Gratuitement.
Ça parle de cette sensation de se sentir plus léger, le corps comme en apesanteur. Ça parle de toutes ces petites choses qu'on apprend pour ressentir la joie. de ces petits moments qu'on fait entrer en nous et qu'on garde précieusement, comme le plus doux des trésors.
Ça parle de la joie. de la joie à faire partager ce moment. de la joie des autres qu'on peut imaginer s'il leur prenait l'envie d'un petit peu de bonheur en lisant ce roman si frais, si profond, si beau et qui fait tellement de bien.
Ça parle d'un petit billet pour un livre tellement important, tellement vital. Un petit billet d'une simplicité presque naïve. Un billet tout simple pour remercier Jean Giono, où qu'il soit, de m'avoir donnée ces sourires plusieurs jours durant, de m'avoir emplie le coeur en me rappelant les choses de la vie.
Parce que, finalement, avec les actualités si terribles qui nous donnent des maux de coeur, des larmes aux yeux, et tant de désespérance en l'être humain, avec tous les tracas de la vie quotidienne, ces journées grises et sans soleil, ces journées harassantes de boulot, ces petits désaccords ou brouilles avec les autres, cette profonde solitude, ces questions sur le sens de la vie, de temps en temps, il faut prendre le temps d'un peu de calme, profiter du silence ou pourquoi pas d'une musique qui nous fait planer, de se nourrir de beauté, d'étreindre la vie, pour pouvoir supporter tout cela.
Parce que, malgré tout ça, ce qu'on souhaite, c'est que la joie soit la plus forte. C'est qu'elle fasse de la résistance et remporte la lutte. Tout ce que l'on souhaite, c'est que la joie advienne. Et que la joie demeure.
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Depuis le temps que l'un de mes amis, amoureux fou des livres de Jean Giono, me disait qu'il fallait que je lise ce livre, ça y est, j'ai enfin pris le temps de suivre ses conseils, de mettre en stand-by mes lectures en attente et de lire cet ouvrage-là !
Et il est vrai qu'il est toujours de bons conseils et je ne regrette, o combien pas, de l'avoir écouté !

Cet ouvrage, c'est avant tout une hymne à la joie, un souffle de vie qui se pose sur nous, lecteurs, souvent trop occupés dans notre petit monde que nous en oublions trop souvent d'en revenir aux choses essentielles, aussi simples soient-elles. D'ailleurs, ces choses-là sont tellement simples et nous paraissent tellement couler de source que nous n'y faisons même plus attention. Quel chef-d'oeuvre que la nature, le vent qui nous caresse le visage, les fleurs qui éclosent, les champs de blé et tant d'autres encore. Oui, tout cela, Giono nous le rappelle ici pour pas que l'on oublie ! Ici, l'histoire se déroule sur la plateau de Grémone dans les Alpes-de-Haute-Provence où Jourdain, propriétaire et agriculteur, réside avec sa femme Marthe. Malheureux ? Non, on ne peut pas le dire mais il sait qu'il lui manque quelque chose pour qu'il soit complètement heureux mais quoi ? Il a tout ce qu'il lui faut, une ferme avec des terres à cultiver, une épouse aimante et des voisins avec qui il entretient des relations on ne peut plus cordiales, alors quoi ? Que pourrait-il rêver de plus ? Il ne le sait pas encore mais ce qui lui manque, c'est voir la vie autour de lui, et cette vie -là, c'est Boby, un jeune acrobate un peu poète qui va la lui apporter. de quelle manière ? Cela, je ne vous le dirai pas car le roman est essentiellement basé là-dessus et celui-ci est trop beau pour que je vous laisse le soin de le découvrir par vous-mêmes !

Une véritable bouffée d'oxygène ! Dans cet ouvrage, le lecteur en vient lui-même à se poser des questions sur ce qui lui manque vraiment à lui, pour profiter tout simplement de la vie et là, je ne pense pas à des choses matérielles car c'est certain, l'Homme est ainsi fait qu'il veut toujours plus mais si il prenait simplement le temps de regarder un coucher de soleil et de se dire :"Ouawh ! C'est superbe et ce qui l'est encore plus, c'est que je suis vivant !".
A découvrir et à faire découvrir !
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Dans les Alpes de Haute Provence, sur le plateau de Grémone, quelques paysans vivent là, isolés les uns des autres. Des vies simples mais sans joie, rythmées par le passage des saisons.
Par une nuit limpide, illuminée d'étoiles, un homme, Bobi, saltimbanque, va apparaître et s'installer chez Jourdan, paysan résigné. A son contact les gens du plateau vont découvrir le plaisir d'être ensemble, la solidarité, le partage, la beauté des choses. L'homme n'a pas besoin que de blé, il a besoin de joie, il a besoin d'amour, de poésie…
Un très beau texte, magnifiquement écrit, et qui reste d'actualité, sur notre rapport à la nature, aux animaux sauvages et domestiques, aux autres, à notre propre vie. Sur la nécessité de l'inutile, l'éveil au monde qui nous extrait de notre ennui, la fête qui nous rapproche de nos semblables. Mais l'aspect tragique de l'existence humaine reste présent malgré une volonté d'optimisme : la violence des éléments climatiques, la solitude, le désespoir, la mort volontaire, le handicap, le combat permanent qu'il faut mener car la joie sans cesse nous échappe…
Un livre lumineux à méditer .
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Bobi, poète, acrobate, vagabond, arrive dans un village provençal où quelques familles de paysans tentent de vivre, du mieux qu'ils peuvent. le climat est rude, les hivers sont longs, le labeur est quotidien.

Bobi, va essayer de leur redonner la joie de vivre. Il sera leur guide, leur berger.
Il leur parle simplement , avec des mots venus du coeur. Sa façon de parler est poétique, imagée.

Ces paysans ont oublié de se donner le temps de vivre. Ils moissonnent leurs champs pour manger et aussi pour mettre des sous de côté. Tout ce qu'ils font est utile, tout a de la valeur. ils ont le sens de la propriété. Ils travaillent chacun de leur côté, dans leur solitude, leur tristesse. Ils bataillent contre le sort.

Bobi va les amener petit petit à changer leur façon de voir la vie. Il vont moissonner du bonheur, tous ensembles;" tous pour tous".
"plus pauvres de grains mais tellement riches de temps". du temps qui sera consacré à l'inutile, au volontiers. Il ne faut plus que le blé soit leur seule joie, le seul sens de leur vie. Une seule lampe allumée dans une vie ne suffit pas. Il vont se créer de nouveaux besoins, de nouvelles envies.

Bientôt, en prenant le temps, des désirs vont les animer, ils vont créer, ils vont se souvenir des gestes des anciens. Ils vont se réunir autour de plusieurs projets communs, en repeuplant leurs collines de biches, de cerfs, de faons, de moutons .L'espoir renait, à travers les yeux du cerf, qui semble contenir toute la sagesse du monde. Chacun profitant des biens de l'autre.
Un très bel ouvrage est créé; "la tissandière"; symbole d'un passé retrouvé, d'un savoir- faire ancestral. Elle leur donnera l'émotion de la jeunesse retrouvée. le métier à tisser trônera au sein de la maison tel un hôte et propagera la joie parmi eux.

Il faudrait que la joie soit paisible et non pas batailleuse et passionnée, qu'elle soit habituelle. Mais, la joie peut-elle demeurer ? Y-a-t-il un remède au malheur ou peut-on seulement l'endormir?
Bobi connait-il ce mystère ou veut-il se persuader lui aussi que la joie véritable existe, afin de panser ses propres blessures?

Très belle hymne à la joie. On croirait par moment entendre les chansons de Charles Trénet ,lors des descriptions de l'éveil de la nature et des animaux . Partout " y'a d'la joie".
Cela nous rappelle aussi qu'il serait bon de prendre le temps de regarder la nature, et tout ce qu'elle a à nous enseigner, de voir la beauté du monde qui nous entoure . La nature n'est pas triste, il n'y a que l'homme qui le soit.
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C'est avec beaucoup de regrets que je referme ce livre, regrets de ne pas l'avoir apprécié à sa juste valeur sans doute, regret de ne pas ressentir l'enthousiasme du plus grand nombre. Pourtant une fois encore j'ai aimé l'écriture de Giono , un auteur que j'ai lu à de nombreuses reprises et apprécié. Est-ce la période hivernale, pandémique, délétère qui ne se prêtait pas à une lecture sereine? Sans doute ...
Ce roman ,qui nous parle de joie, de quête de bonheur, de partage, de spiritualité , ce roman qui nous projette dans un autre monde où règne la bienveillance, ce roman où la poésie affleure à chaque mot, où la nature est omniprésente et où l'homme se doit de s'y fondre, ce roman où le merveilleux prédomine et frôle l'utopique ne s'est pas trouvé entre mes mains au bon moment. ... Dommage !
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Il m'aura fallu atteindre l'âge respectable de 37 ans pour oser jeter un oeil, avant d'y plonger à coeur plein dans l'univers de Jean Giono.
C'était une bonne idée, cette attente. Il faut être mûr à point pour savourer l'écriture de ce grand monsieur. Il faut déjà avoir un peu vécu la fuite du temps, la course effrénée du quotidien, le stress imposé, par nous nous-mêmes souvent, du reste, pour apprécier le calme, la nostalgie, le voir-vivre, les joies toutes simples qui parsèment "Que ma joie demeure". Il faut déjà en être arrivé à cette étape de la vie où la Nature devient un idéal à retrouver, où les histoires d'antan nous touchent pas leur charme désuet pour goûter ces descriptions de la vie paysanne, des champs de narcisses, des chants des oiseaux, cet éveil des cinq sens que l'on frôle des doigts au fil des pages. Il faut avoir déjà avoir vu défiler un certain nombre de livres, bons ou moins inoubliables, pour sentir son coeur et son cerveau frétiller de concert à la découverte, ligne après ligne, de ces mots, si bien mariés, poétiques et philosophiques.
J'imagine les ptits jeunes désabusés lisant telle une corvée ce roman, dans lequel, il est vrai, l'action n'est point l'aspect le plus évident.
Vingt, trente ans plus tard, voilà que l'expérience de vie, de lecture, font que nos papilles lecturophiles retrouvent leur Madeleine littéraire...
A découvrir absolument !!! Mais ... point trop tôt ! (L'apparition des premiers cheveux blancs pourrait être un bon timing ! ;) )
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Ce livre est avant tout pour moi celui de la toute puissance de la nature, qu'elle s'exprime dans les paysages, le climat, la faune, la flore ou les désirs, les joies et les peines des femmes et des hommes. Car il ne s'agit pas des hommes face à la nature, mais bien des hommes qui appartiennent la nature, qui en font littéralement partie, qu'ils le veuillent ou non, qui vivent son influence et ses rythmes dans leur chair et leur quotidien. Cette puissance de la nature est magnifiquement portée par une écriture et une langue fortes, typées, riches et colorées. Certaines scènes sont musicales -- les semailles, par exemple, d'autres évoquent irrésistiblement la peinture et les oeuvres des grands paysagistes. Dans cette nature majuscule et grandiose, l'homme est si petit qu'il peine à trouver sa juste place et la joie simple qui l'accompagne. Bobi essaiera d'apporter aux autres et bien sûr à lui-même un peu de cette "joie véritable" en les rapprochant de la nature et des bêtes, en leur faisant adopter d'une certaine façon le rythme de vie de ces bêtes, toutes dans le présent, suivant leurs instincts. Mais la nature est indifférente, les hommes et les femmes ne sont pas des cerfs ou des biches et ne suivent pas le mode de vie de la harde. Les hommes ne sont que fétus et en guise de joie peut-être ne trouvent-ils parfois que la consolation, comme l'apporte le sommeil.

Un très grand livre, encore une fois "puissance" est le mot qui me vient toujours à l'esprit, tant dans l'écriture que dans le thème. C'était mon premier Giono, ce ne sera pas le dernier mais il me faudra quelque lecture plus légère avant de continuer.

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A ma première lecture, adolescente, je suis tombée amoureuse de cette ode à la nature, une nature pourtant rude, voire hostile à l'homme, de la poésie sublime de ce livre.Mais, on ne peut le réduire à cet aspect, bien sûr.

Publié en 1935, ce roman concrétise avant tout les idées de l'auteur,notamment sur le monde des paysans.Le très beau titre , emprunté à une cantate de Bach, est tronqué d'un mot" Jésus".On pourrait voir en Bobi ce "Messie", plutôt païen...Bobi, le poète et théoricien, qui arrive parmi les paysans isolés du plateau Grémone et leur propose une autre façon d'organiser leur travail, en une communauté d'entraide, reposant le moins possible sur l'argent.

Suite au drame lié à Aurore, Bobi, sentant la faillite de son projet, s'en va mais un vent d'espoir souffle quand même sur ceux qui restent: " Il reviendra, j'en suis sûre", affirme Joséphine, à la fin du livre.

J'ai été sensible à la dimension cosmique que prennent les éléments naturels, dans ce livre.Souvent personnifiés, ils acquièrent un rôle essentiel , sont au coeur de l'histoire et donnent une ampleur particulière à cette parabole, à cette utopie rêvée par Giono." le vent parlait.C'était un vent laiteux comme tout le reste.Il était plein de formes, plein d'images, de lueurs, de lumières, de flammes.Il charriait des mots comme les pierres dans les torrents."

En attente, Jourdan se dit, au début du livre: " La joie peut demeurer."Notre joie de lecteur est, elle, entière, renouvelée à chaque lecture, magnifié par les mots.

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Publié au milieu des années 30, « Que ma joie demeure » et un roman-poème dans lequel Jean Giono célèbre, comme il sait si bien le faire, la nature et les bonheurs qu'elle apporte ; les champs ; les bois ; la terre et la vie qu'elle impose ; l'isolement sur des plateaux reculés ; les paysans ; les bergers et leur activité immuable aussi ancienne que l'homme lui-même.

Pour son texte, Giono utilise une écriture simple et directe, proche de la psychologie de ces personnages dont il sait rendre les états d'âme et le cheminement de la pensée, par petites touches et par des dialogues parfois laconiques, lapidaires, mais toujours justes.

Par opposition, lorsqu'il évoque la nature, qu'il décrit les saisons, qu'il parle de la vie des végétaux et qu'il fait une place importante aux animaux, son style devient beaucoup plus complexe et beaucoup plus riche. Il utilise alors un vocabulaire d'une très grande précision et montre combien tous ces éléments sont liés, mêlés les uns aux autres, inséparables, quasi intriqués au sens quantique. Son lexique est à ce moment-là très pointu, spécifique.

L'action se passe en Haute Provence sur le plateau de Grémone (dont j'ignore s'il existe vraiment, Google Maps fait mention des plateaux d'Albion, d'Iroire, de Valensole, en Haute-Provence, mais pas de Grémone…)
Une vingtaine de paysans vivent isolés les uns des autres sur ce plateau. Ils vivent une vie simple, qu'ils rendent eux-mêmes probablement encore plus simple, plus dénuée de fantaisie, pour pallier à la rudesse de leurs conditions. Pourtant, tous rêvent, plus ou moins consciemment, d'une vie plus spontanée, plus belle, une vie où demeure la joie.

C'est ce que va savoir leur proposer un homme de passage qui prend sur eux un certaine ascendant. Éloigner le malheur de la vie ; ramener la joie et faire qu'elle demeure ; laisser le temps au temps ; rendre l'inutile nécessaire ; planter des fleurs ; installer un cerf ; observer la beauté de la nature ; faire naître une fraternité : en somme, rendre la vie plus belle.

Giono oscille sans trancher entre une vision de défense des intérêts agraires des paysans et un collectivisme où les terres et le travail sont mis en commun.

Je n'ai pas lu ce livre, je l'ai écouté en version audio lu par Pierre-François Garel. Ce qui m'a particulièrement emballé dans son interprétation, c'est son incroyable sens du rythme. Pour s'en convaincre, je recommande tout particulièrement la scène de l'orage au premier tiers de l'ouvrage. Certes Giono a déjà tout mis en place dans son texte, mais la manière dont Garel le comprend, s'en empare et l'amplifie est admirable. On entend plus les mots, on vit simplement l'orage : ses prémices, son développement, son acmé, le retour au calme et finalement la paix qu'il engendre.
Bravo.
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Le drame (c'en est un) se déroule sur le plateau de Grémone, où vit une petite communauté de paysans. Un jour débarque en ce haut lieu isolé, Bobi, venu d'ailleurs. Il tente de leur délivrer un message : il faut que les hommes s'accordent à la nature, et qu'ils privilégient leurs désirs, la poésie, la joie d'être au monde sur le profit et l'argent.
Ce message est souvent obscur mais on peut y voir un genre de communisme panthéiste.
Mais, pour le lecteur d'aujourd'hui, l'essentiel n'est pas là. Car Giono brode son habituelle ode à la nature et c'est là que l'on trouvera son plaisir de lecture, en particulier dans les descriptions de la vie animale et des relations de l'homme avec les animaux qui lui inspire des pages superbes.
Voilà un livre qui se déguste peu à peu, par petites doses, comme un grand alcool littéraire.
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