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EAN : 9791035204105
288 pages
Editions Thierry Magnier (27/01/2021)
3.28/5   23 notes
Résumé :
Dans une cellule du couvent qui la retient prisonnière depuis des mois, Jeanne vient de mettre au monde un enfant. Elle n'a pas eu le temps de le voir.
Les soeurs, déjà, le lui ont arraché et ont bien l'intention de la laisser mourir ici.
Ce qu'elles n'ont pas compris, c'est que Jeanne n'est pas du genre à renoncer. Elle le sait, le sent du plus profond de ses entrailles : le jour est proche où elle se vengera.
Coûte que coûte, la rage au coeur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Tout d'abord merci aux éditions Thierry Magnier et à Babélio !

Malheureusement ma lecture de « Jeanne, Dieu, le diable et les autres » a plutôt mal commencé. Je n'ai pas aimé le déchaînement de cruauté gratuite des nonnes envers Jeanne (il est d'ailleurs peu crédible envers une fille d'échevin parisien même dévoyée). Et je n'ai pas non plus aimé la personnalité de cette dernière, ce qui m'a empêché d'éprouver la moindre empathie à son égard. C'était mal parti, et ça ne s'est pas arrangé par la suite.

Le livre plaira certainement aux amateurs de Tarantino et des « Trois mousquetaires » de Paul Anderson, les bateaux volants en moins. de fait le roman a un côté très cinématographique : c'est presque une seule longue didascalie, où sont inscrits les ralentis, et à l'inverse le montage dynamique des joutes verbales et des combats chorégraphiés avec panache, tandis que les morts s'affaissent avec juste ce qu'il faut d'hésitation. L'effet hollywoodien se poursuit d'ailleurs dans les dialogues pleins de réparties jetées souvent de façon volontaire mais intempestive dans les moments critiques. Moi aussi je rigole tous les jours avec le bourreau, et je commande tous les jours des tapis d'Aubusson parce que ça tache de trouer le bide des méchants. Cela donne une progression et des scènes d'action qui passeraient à l'écran mais qui sont ici poussives et surjouées, avec des enjeux dans lesquels on ne voit pas pourquoi il faudrait s'investir, puisque les issues sont globalement très prévisibles et dénuées de véritable impact émotionnel.

J'ai eu beaucoup de mal avec les personnages principaux, les gentils taillés tout d'une pièce avec bien peu de subtilité. Jeanne m'a insupporté du début à la fin : condescendante, teigneuse, perpétuellement insolente et d'une absence de scrupule remarquable. A ce sujet j'ai été choquée par sa façon de se venger des nonnes ; je me suis dit que pour une héroïne, elle n'avait rien à leur envier. Elle fait aussi preuve d'un profond mépris en plusieurs occasions (crachat à l'appui) envers des inconnus qui n'ont parfois que le tort d'avoir croisé son chemin. L'auteur excuse son personnage en faisant de Jeanne une sorte d'incarnation d'une volonté de liberté totale, radicale et intransigeante, qui a mieux à faire qu'avoir des regrets ou des remords. Pour quelqu'un qui prétend apprendre à son fils ce qu'est la vie (parce qu'à dix-sept ans on sait), elle se montre bien dispendieuse de celle d'autrui. Et comme ses acolytes sont des copies conformes niveau caractère, jamais on ne souffle. Résultat : j'ai passé tout le roman à lever les yeux au ciel.

Un autre problème du roman à mon sens, c'est l'accumulation d'éléments pas du tout crédibles. Une intrigue improbable, je ne dis pas non ; Conan Doyle en a fait son fonds de commerce et je chéris mon exemplaire du « Chien des Baskerville ». Mais on est ici dans un roman historique et j'imagine que c'est pour exploiter à bon escient la grande époque du règne de Louis XIV. Ah non, pardon, c'est juste pour pratiquer un anticléricalisme primaire et mettre des duels à l'épée.

Le plus gênant à ce niveau, c'est le personnage japonais. le règne de Louis XIV s'inscrit en plein dans la période d'Edo au Japon, qui se caractérise par une politique isolationniste intransigeante. Personne ne sort, et seuls quelques Hollandais peuvent débarquer sans être passés par les armes. Alors un Japonais mutique tout seul en France – qui plus est un samouraï – ça ne tient pas la route. En tout cas, le paragraphe de background qui est dédié à You, jeté au début d'un chapitre parce qu'il fallait bien le mettre quelque part, n'est pas du tout suffisant pour justifier sa présence. En plus un samouraï n'utiliserait pas son sabre pour faire le bucheron ou un barbecue. C'est dommage, c'est le seul personnage dont la personnalité ne m'a pas déplu (un rapport avec le fait qu'il ne parle pas ? peut-être).

Un dernier problème que j'ai relevé, ce sont les fréquentes ruptures de ton, en dehors des dialogues et donc sans grande justification. Ça m'a particulièrement déplu dans deux paragraphes consécutifs relatifs à un péril auquel est confronté Pierre, l'amoureux de Jeanne : le premier paragraphe m'offre enfin une occasion de ressentir un peu d'empathie pour lui avec des phrases bien tournées qui font mouche (« il pleure d'un désespoir indicible et vertigineux »), et le second démolit tout avec des détails inutiles énoncés crûment (« car [ils] éjaculent et chient, c'est comme ça »).

La plume de Hervé Giraud est plutôt agréable en soi, mais elle pâtit de tout le reste. Peut-être qu'un peu plus de simplicité aurait sauvé cette intrigue rocambolesque à la Alexandre Dumas, plutôt que tous ces efforts trop visibles pour obtenir un effet de film hollywoodien de capes et d'épées fun des années 2010.

Le résumé de l'éditeur et la couverture catchy me faisaient très envie, mais la promesse n'a pas été tenue pour moi.
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Aiguisant sa plume comme l'épée de Jeanne-Elisabeth, son héroïne, Hervé Giraud nous livre là le roman que nous attendions. Sous couvert d'une épopée amoureuse improbable, l'auteur nous livre une critique acerbe de cette société bourgeoise du 16ème siècle, où la religion, les principes, les idées bienpensantes des puissants semblent mener la danse et gérés la vie de ceux dont ils se sentent supérieurs. Tout cela est bien vu, bien écrit avec moultes détails, parfois sanguinolents, mais toujours réalistes et bien documentés. Nous sommes tenus en haleine jusqu'au dénouement final et c'est là tout le talent de l'auteur, de puissantes idées exprimées sous une forme parfois guillerette et souvent très drôle, à dévorer sans interruption jusqu'à la dernière page.
Il n'y a qu'un pas à franchir pour transcrire ce scénario au 21ème siècle où religion, principes, bienpensance et liberté bafouée restent toujours d'actualité et se développe toujours sur le lit des esprits étriqués. A lire absolument, que la liberté de ton d'Hervé Giraud puisse se transmettre et devenir notre combat contre l'obscurantisme quotidien.
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Thèmes : Liberté de la femme, égalité, émancipation, combat à l'épée

La couverture colorée est en adéquation avec le livre lui-même.
Dans ce roman haletant, nous suivons les aventures de Jeanne accompagnée de son vrai père Artus et de You, leur fidèle protecteur. La jeune femme ne rêve que d'une chose : tracer son chemin, mener sa vie comme elle l'entend et être heureuse.
Si sa mère (à contre-courant avec le reste de la société de l'époque) l'a élevé dans cette optique, de nombreux obstacles vont se dresser sur la route de notre héroïne.
Ici l'Amour avec un grand « A » est glorifié. Jeanne se battra bec et ongles pour récupérer son fils et retrouver (Pierre) celui qu'elle aime au lieu de « rentrer dans le moule » que lui impose la société de l'époque.
Entre combats à l'épée, lutte contre l'obscurantisme de la religion, barbarie d'un beau-père qui n'en voit que par la gloire, l'amour prend une grande place et montre toute la force qu'il procure aux individus.
Le texte est fluide, bien écrit, plein de rebondissements et nous transporte facilement.

A noter : La violence des scènes (tentative de viol, meurtres, description des combats sanglants, …), la scène d'amour érotique relativement détaillée entre Pierre et Jeannette, la méchanceté sans commune mesure des soeurs du couvent, … sont des éléments qui me font néanmoins dire que ce livre n'est pas adapté pour des enfants de collège. Un niveau lycée voire jeunes adultes me semble plus approprié.
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Jeanne vit. Jeanne aime. Jeanne est libre de corps et d'esprit. Alors Jeanne dérange dans la société mortifère et recroquevillée du 17ème siècle dans lequel elle vit. Elle est même une menace pour les puissances établies, qui n'auront de cesse de la tenir enfermée. Mais aucune cage n'aura raison de son élan, surtout pas celle d'une foi misanthrope qui ne sert que les intérêts personnels de tous les frustrés que produit ce monde. Ni Dieu, ni Diable.
Jeanne enfile ses bottes de sept lieux et s'en va secouer avec sa ténacité rageuse tous les obstacles qui se présenteront à elle. Elle franchit les paysages et les préjugés et ira où elle veut avec qui elle veut.
Elle a donné son coeur une fois pour toute et ne le reprendra pas.
La scène d'ouverture est flamboyante, à la fois héroïque et violente. Impossible ensuite de lâcher le fil du destin en marche de cette fille moderne avant l'heure !
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Jeux de contrastes, courbes, contre-courbes, ombres, lumières, mises en scènes extraordinaires, bien qu'il ne soit pas (loin s'en faut) au service de l'église catholique, L'histoire de cette Jeanne que nous offre H Giraud est un roman baroque où se nouent et se dénouent la passion et le drame. Les personnages y sont, certes, un peu caricaturaux, mais si le trait forcé et cinématographique surfe avec l'esprit de la BD, c'est sans doute parce que comme le signifiait Abel Gance : « la vision de la chose n'est pas de l'art et seul le mensonge est à la base de la vérité ». Hervé Giraud s'amuse à fouetter cette dernière comme on cravache un cheval. Son discours et son écriture esthétique portent un regard moderne sur un récit sans doute historique mais dont l'encrage et le thème sont toujours actuels. Sa quête de l'émancipation, de l'amour et de la liberté est bien rafraichissante. Une lecture d'été qui décoiffe et fait grand bien.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'ai grandi dans une île, en slip comme Tarzan, mais mon héros, c'est Mowgli, définitivement. Je nage comme un poisson et j'ai une mémoire comme celle des moineaux. A huit ans, je lisais Rudyard Kipling perché dans les arbres, je fumais des lianes comme les hommes, je construisais des cabanes qui faisaient peur aux loups. Aujourd'hui, je continue à courir pieds nus dans les cailloux et à grimper dans les cimes pour rien, juste pour le plaisir de regarder loin. Entre les deux, j'ai vécu dans les villes, j'ai fait le tour des boulevards périphériques en moto, j'ai attendu l'heure de la sortie, j'ai traîné dans des aéroports en écrivant des livres de voyage, j'ai réparé des maisons, déchargé des camions,
bricolé des moteurs, mis des fleurs dans des vases.
Il m'a fallu capturer des vipères à la main et les brandir dans la lumière, nager dans l'eau glacée des rivières, apprendre à aimer la vitesse, la musique et les chiens abandonnés couverts de pluie.
On m'a dit de faire dans la vie ce que je savais faire de mieux, je m'y emploie chaque jour : je raconte des histoires qui servent à fabriquer des livres et à rafraîchir la température du monde. Je tue le temps mais jamais les insectes, ni les taupes, ni les plantes. A-t-on besoin d'en savoir plus ?
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Jeux de contrastes, courbes, contre-courbes, ombres, lumières, mises en scènes extraordinaires, bien qu’il ne soit pas (loin s’en faut) au service de l’église catholique, L’histoire de cette Jeanne que nous offre H Giraud est un roman baroque où se nouent et se dénouent la passion et le drame. Les personnages y sont, certes, un peu caricaturaux, mais si le trait forcé et cinématographique surfe avec l’esprit de la BD, c’est sans doute parce que comme le signifiait Abel Gance : « la vision de la chose n’est pas de l’art et seul le mensonge est à la base de la vérité ». Hervé Giraud s’amuse à fouetter cette dernière comme on cravache un cheval. Son discours et son écriture esthétique portent un regard moderne sur un récit sans doute historique mais dont l’encrage et le thème sont toujours actuels. Sa quête de l’émancipation, de l’amour et de la liberté est bien rafraichissante. Une lecture d’été qui décoiffe et fait grand bien.
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Jeanne fut conduite au couvent des sœurs cinglées tandis que l’on menait Pierre place de Grève. C’est ici que l’on sut ce qu’il adviendrait de leurs vies et de leurs sentiments : défaits l’un de l’autre, Jeanne muselée à vie derrière des murs dont on ne donne jamais les clés et Pierre offert à la mort et pendouillé en public. - Mais c’est sans compter sur la force de vie des deux héros !
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Pourtant, vivre n'est pas une injonction à se taire et obéir. Vivre, c'est vivre. C'est aimer qui on veut. Aller où on veut. Prier qui on veut, et changer de dieu si on en a envie. Ne pas être obligé de faire, de ne pas faire, de se taire ou de tout avouer.
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La liberté est un leurre. La morale qu'on impose aux hommes en leur infligeant la culpabilité du péché ne les rend pas meilleurs. La crainte de l'Enfer ou de la loi ne sert qu'à les domestiquer et les mettre au service d'autres hommes.
p. 215
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Video de Hervé Giraud (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Giraud
Mercredi 30 novembre – Avec la participation de l'autrice Maïa Brami, des auteurs Hervé Giraud, Taï-Marc le Thanh et de l'auteur-illustrateur Geoffroy Monde.
L'engagement et la lutte comme désir de monde, comment le faire bouger pour s'émanciper…
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images Sara Lunderg, L'oiseau en moi vole où il veut, trad. du suédois Jean-Baptiste Coursaud, La Partie Avec le soutien du Swedish Arts Council et de l'Institut suédois.
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