Dans
le jour où on a retrouvé le soldat Botillon, à sa façon,
Hervé Giraud parle de la première guerre mondiale et de ses horreurs : c'est terriblement beau et émouvant.
Après avoir lu un bon nombre de romans sur la première guerre mondiale, je ne pensais pas me prendre une telle claque avec un récit sur le sujet. Mais en même temps, avec
Hervé Giraud, j'aurais dû me douter qu'il saurait aborder ce thème différemment : c'est décalé, original et très réaliste.
J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman. le fait que le récit se joue sur deux époques donne beaucoup de rythme tout en nous permettant d'aller au bout de cette histoire.
Il y a la guerre, réelle, inimaginable et mortelle. Et puis, il y a celle qui se déroule avec ces enfants, descendants du soldat, Noël Botillon, qui jouent eux à la faire. L'opposition des deux "guerres" rend la première, la vraie, encore plus saisissante. Les moments d'aujourd'hui permettent de souffler mais en même temps, ils accentuent l'horreur. Mais ils sont de toute façon nécessaire pour tenir tout du long... Les passages qui racontent le quotidien de Noël Botillon sont difficilement soutenables et cela ne fait qu'empirer au fur et à mesure qu'on avance dans le récit.
Hervé Giraud ne cherche pas à nous épargner les détails.
On est au coeur de l'horreur. le sang, la boue, les morts... On sait tout ça mais c'est impossible de l'imaginer vraiment.
Hervé Giraud, par la force de ses descriptions, nous amène près, très près de cet enfer que tant d'hommes ont vécu et dans lequel des centaines de milliers d'entre eux ont péri.
Noël Botillon, soldat comme les autres, chair à canon, n'a pas eu le choix. Il est là, il suit les ordres. La mort, dans tous les cas (désertion ou combat au front), l'attend au bout du chemin. Noël décrit les combats, l'attente et pense à ce qu'il a laissé derrière lui : sa femme et son enfant qui va naître. Il garde sur son uniforme une médaille gravée qui lui rappelle cette vie d'avant qui lui semble si loin. Et puis, il y a l'explosion, un drame de plus parmi les milliers de milliers d'autres.
Et à partir de là, on s'enfonce dans un autre enfer...
Entre deux horreurs, on se retrouve au coeur d'une fête, celle de l'anniversaire de Grand-Mamie qui fête ses 100 ans. Elle est âgée mais elle se souvient. Dans une vieille boîte, des souvenirs de sa vie à elle, trépidante et bien remplie. Mais aussi une photo d'un groupe de soldats, parmi lesquels pose son père. Grand-Mamie cherche à intéresser ses petits-enfants à tout ça, en vain.
C'est intéressant la façon dont l'auteur aborde, à travers ce jeu des époques, le rapport de la nouvelle génération à l'ancienne. Il y a une certaine insouciance, une désinvolture et de la moquerie dans le regard des petits enfants.
Nous qui lisons en parallèle le récit de Noël Botillon, nous sommes à la fois amusés et choqués de les voir aussi insouciants.
Mais au final, le passé rattrape le présent. Noël Botillon n'a pas dit son dernier mot.
Le coup de théâtre final nous prend à la gorge et nous submerge d'émotion.
Merci
Hervé Giraud pour ce texte qui nous rappelle les horreurs de notre Histoire et nous remet les idées en place. Il nous permet aussi de nous souvenir et d'honorer la mémoire de ces hommes, qui comme Noël Botillon, ont sacrifié leur vie pour leur pays...
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