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Quand souffle le vent du nord" est un roman de l'écrivain autrichien
Daniel Glattauer, paru en avril aux éditions Grasset.
Parce qu'elle a fait une erreur en tapant l'adresse email du magazine dont elle voulait résilier l'abonnement, Emmi reçoit un message de Leo.
L'histoire aurait pu s'arrêter là si la jeune femme n'avait pas oublié de supprimer Leo de ses contacts, ce qui l'aurait empêchée de lui faire parvenir un second email visant cette fois à lui souhaiter "Joyeux Noël et bonne année de la part d'Emmi Rothner"comme à tout son répertoire.
De ce malentendu naîtra une relation virtuelle entre les deux protagonistes qui, malgré les aléas de leurs vies respectives, prendront le temps de se connaître par écrans interposés.
A quoi cette correspondance les mènera-t-elle?
Voici un roman épistolaire un peu particulier puisqu'il ne contient pas de lettres mais des emails échangés entre Leo et Emmi, deux personnages dont l'humour et la spontanéité tendent immédiatement à rendre attachants.
Je vous rassure tout de suite, il n'est pas question ici de smileys, de lol ou de "kikou sa va bien é twa?" Non, en fait la structure de ce roman aurait très bien pu être celle d'un roman épistolaire traditionnel, auquel cas il aurait suffi d'y intégrer des dates.
Enfin presque. Car nous sommes ici dans l'instantané. Nul besoin d'avoir à subir les caprices de la poste, de chercher une bouteille sur une plage ou de guetter l'arrivée d'un canasson.
Un clic sur "nouveau message" et la réaction du correspondant survient pour ainsi dire en temps réel. Présenté comme ça, ça a l'air plutôt facile...
Emmi et Leo vont rapidement entrer dans la vie de l'autre, non par la voie habituelle d'une rencontre de visu avec déballage de cv's et apparats sur mesure, mais par la petite porte qui mène tout à droit à leur intimité.
Ils s'attacheront l'un à l'autre, ils souffriront de leur impatience à l'attente du prochain message, ils se bouderont, souffleront le chaud et le froid en repoussant sans cesse la terrible question de la rencontre.
Emmi et Leo sont deux êtres qui, pardonnez-moi l'expression, "tournent autour du pot", bien planqués derrière leurs écrans. Leurs échanges ont instauré une dépendance malgré l'absence de contact visuel et fait d'eux les prisonniers de ces mots dont ils sont tombés amoureux.
Leur relation est à ce point sublimée qu'ils craignent que celle-ci souffre d'une rencontre réelle.
Parce que se voir impliquerait de repartir à zéro, en intégrant à leurs conversations une voix, un visage, des expressions et qu'il suffirait qu'une seule de ces composantes se révèle différente de leurs fantasmes pour que la désillusion participe de ce rendez-vous.
Mais malgré toute la tendresse que j'ai ressenti à l'aune de leurs échanges, ces deux-là m'ont aussi vraiment agacée à force d'hésitations et de discussions sur ce-qui-pourrait-être-mais-ne-sera-pas-à-moins-que.
Si ça ne tenait qu'à moi je les aurais traînés de force dans une pièce pour les obliger à se regarder et commencer à vivre ! Parce qu'après tout, quel est l'intérêt de trouver la personne idéale si celle-ci demeure inaccessible? (et là on me souffle en coulisses qu'un idéal est par essence inaccessible, adieu Keanu).
Une suite est déjà sortie en Allemagne. Bien sûr que je la lirai si elle sort en français. Car malgré son côté "trop beau que pour être vrai" (ne faites pas attention, c'est la vieille chouette qui parle) et l'agacement qu'ont suscité en moi les deux gugusses, j'ai dévoré ce roman d'une traite.
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