Atatürk

La collection Ils ont fait l'histoire s'éloigne, pour cet album, de la France, pour privilégier une figure historique ayant davantage oeuvré en orient, bien que ses décisions aient également impacté l'occident.

Pour être pleinement apprécié, notamment par les personnes moins à l'aise avec le sujet, il est fortement recommandé de débuter la lecture par le cahier historique car celui-ci développe des propos qui ne sont pas repris dans l'album, ce qui fait d'ailleurs le principal défaut.

L'orientation autoritaire du protagoniste est ici très sous-entendue alors qu'elle aurait mérité d'être exprimée au moins durant quelques planches. le propos reste ici annoncé à petites touches subtiles mais aurait mérité un traitement plus important.

Il s'agit là probablement d'un choix des auteurs qui ont dû limiter leur propos, tant l'album est bien rempli. Chaque planche, chaque case est utilisée pour un but bien précis. L'équilibre entre textes et dessins sera bien respecté. L'ennui ne sera jamais au rendez-vous et le lecteur sera constamment occupé, mais au prix de certains sacrifices (la jeunesse et la fin du personnage notamment).

Un deuxième volume qui aurait pu laisser davantage de place à l'empire ottoman et à sa perception en occident aurait été la bienvenue, ce qui aurait pu libérer de l'espace, mais tout cela reste très facile à écrire sans la prise de risque prise par l'éditeur.

Les dessins sont agréables à suivre. Ils nous permettent d'approcher le personnage (bien que son évolution physique ne reste guère marquée), mais surtout le défi de moderniser le pays qui hésiter encore à quitter les fastes d'un empire en fin de vie, perceptible notamment dans les cases dans lesquelles apparaissent le sultan.

Atatürk et donc un bon cru, même s'il pâti de certains défauts qui sont autant de conséquences de choix probablement imposés aux auteurs. Il serait regrettable de bouder notre plaisir à si peu de frais.

Dans cet album, très bien documenté, même si on aurait pu en faire une série de 4 à 5 tomes, tant le contenu est riche, on va suivre l'évolution d'un jeune militaire, idéaliste, qui n'a qu'un rêve, rendre sa gloire et sa fierté à son pays, la Turquie.

Voici l'histoire de Mustafa Kemal, dit, Atatürk.

Victorieux sur les champs de bataille lors de la Grande Guerre, les Ottomans n'en doivent pas moins signer un traité d'armistice avec les alliés.
Une défaite au goût amer pour certains, mais une paix honorable pour d'autres, car le sultanat préserve ses armes.

Un sultan corrompu, et à la botte des occidentaux, voilà encore quelque chose qui doit changer.
Mustafa Kemal, après avoir décidé de quitter de lui-même ses fonctions militaires, entreprend de mettre sur pied un mouvement politique contestataire et d'opposition.
Les pressions vont se succéder à un rythme tel qu'il sera même condamné à mort par le pouvoir en place à Istanbul.

Mais au beau milieu de la campagne, en Anatolie, le mouvement prend de l'ampleur, et une grande partie de l'armée est restée fidèle à son ancien général, ce qui constitue un atout majeur.

Tantôt à Erzurum, puis à Sivas, c'est à Ankara que le mouvement va se concrétiser et devenir une véritable puissance politique, décidant même d'en faire la nouvelle capitale, au détriment d'Istanbul.

Après avoir expulsé les troupes Grecques de Smyrne et annihilé l'ingérence des représentants occidentaux, la voie est en effet devenue royale pour Mustafa Kemal de déclarer la fin du sultanat Ottoman de Mehmed VI, et la naissance d'une toute nouvelle république Turque, laïque, souveraine et ouverte aux idées de l'Occident.

Et un seul homme peut en revendiquer tout le crédit, Mustafa Kemal, Atatürk !!
Voici son histoire.