eter Godman est un historien néozélandais, spécialiste de l'histoire Vaticane. Il a pu accéder aux archives du Pontificat de
Pie XI qui s'achève en 1939. Il nous fait découvrir les arcanes de la diplomatie vaticane des années 30, au moment où la cardinal Pacelli, ancien nonce à Berlin qui deviendra
Pie XII, est cardinal secrétaire d'état.
Attention, nous ne sommes pas face à l'ouvrage d'un polémiste portant l'anathème sur tel ou tel, mais sur un ouvrage d'histoire diplomatique, sérieusement documenté. Il met à bas l'image de
Pie XII "pape de Hitler", démontre la parfaite conscience qu'avaient Pacelli et
Pie XI de la réalité du nazisme et leur rejet de l'idéologie et du personnage de Hitler.
Mais il montre aussi un Vatican, qui comme tout État, au-delà, ou plutôt en-deçà, de la position morale qui aurait pu /du être la sienne, se trouve pris dans les contraintes d'un jeu diplomatique, dont pourtant leur adversaire ne respecte pas les règles. On découvre un État dont les structures éclatées et concurrentes font remonter des analyses et des informations contradictoires, où les hommes jouent aussi parfois au subtil jeu du pouvoir, où la prudence est vertu; d'autant qu'il s'agit aussi de protéger la vie des catholiques allemands, ce qui peut expliquer la recherche continue d'apaisement des évêques. Pacelli est présenté avant tout comme un politique réaliste, mais finalement d'assez faible envergure. L'ouvrage s'arrête en 1939 puisque les archives ultérieures ne sont pas encore ouvertes. le rôle de personnages moins connus est mis en lumière : comme Monseigneur Hudal, allemand, nationaliste convaincu et opportuniste ambitieux, qui développe tout une théorie (absolument déroutante) pour rapprocher la théologie catholique et de l'idéologie nazie ; mettant dans l'embarras le pape, qui pourtant ne le condamnera que de manière indirecte; voulant éviter tous scandale. le Pape veut à tout prix protéger l'équilibre inscrit dans le concordat de 1933, auquel il se raccroche malgré l'évidence du comportement hostile des nazis. C'est aussi la difficulté d'une institution millénaire, peuplée d'érudits et d'hommes de foi qui oeuvrent pour l'éternité, face à la brutalité revendiquée comme une vertu.
Alors qu'un texte de condamnation est rédigé (joint à l'ouvrage); sa publication n'aura jamais lieu. En voici un extrait : " L'église condamne comme hérétique l'idée que la nature humaine n'est pas par essence la même chez tous les hommes et que l'humanité qui peuple aujourd'hui la terre est composée de races si différentes les unes des autres que la plus basse est plus éloignée de la race supérieure qu'elle ne l'est de l'espèce animale la plus proche de l'homme