AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Michel Brottier (Traducteur)Benoît Lemay (Préfacier, etc.)
EAN : 9782818500118
848 pages
Fayard (06/04/2011)
3.81/5   49 notes
Résumé :
C'est le récit d'un homme dont le destin fut, douze années durant, lié à celui de Hitler. Occupant des situations très différentes mais toujours exceptionnelles, il fut tour à tour l'architecte de la métropole germanique, l'ami fidèle des réunions nocturnes à la Chancellerie du Reich et au Berghof, le technocrate et l'organisateur qui obtint, dans la production d'armements, des résultats qui étonnèrent le monde, l'opposant enfin, aussi efficace qu'inattendu, à qui l... >Voir plus
Que lire après Au coeur du troisième ReichVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 49 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
1 avis
Au coeur du Troisième Reich est un document de première main tout à fait exceptionnel pour l'histoire du nazisme à plusieurs titres. D'abord car Speer, architecte personnel de Hitler transformé en puissant ministre de l'armement pendant la Guerre, est le seul haut dirigeant du troisième Reich à avoir témoigné après-guerre - tous les autres étant morts, soit par suicide, soit des suites du procès de Nuremberg. Par ailleurs, c'était sans doute l'un des plus intelligents, et l'un des moins politisés du lot - il n'adhéra au parti qu'en 1931 (sous le charme de Hitler), et a suscité la méfiance des historiques du parti durant toute sa carrière. Enfin car ayant un temps été l'un des plus proches "amis" d'Adolf Hitler, il apporte sur le petit moustachu une lumière plus intimiste, mais pas moins sévère que la plupart des témoignages connus.

Parlant ici d'un loup politique qui a réussi à 35 ans à se faire une place à côté des Goering, Goebbels et autres Himmler, il serait absurde de ne voir dans ce livre qu'un pur exercice de contrition et de témoignage désintéressé. Bien sûr, Speer cherche à redorer son image, à la fois occultant certains aspects particulièrement dérangeants de sa carrière (très peu de lignes sur le recours à la main d'oeuvre concentrationnaire en particulier, même s'il reconnaît sa faute morale, et absolument rien sur le génocide) et décrivant avec fierté ses efforts pour éviter les destructions dans les derniers mois de 1945. Mais qu'attendre d'autre d'un homme tout de même condamné à 20 ans de prison à Nuremberg, alors qu'il était pendant la guerre l'un des seuls dirigeants allemands à pouvoir envisager se recycler dans un autre gouvernement, et le seul des condamnés à reconnaître une part de la culpabilité ? Les pages de remord, n'importe qui pourrait les écrire pour lui ; le témoignage sur le quotidien d'Hitler ou les relations de travail au plus haut niveau à côté de criminels comme Goering ou Himmler, en revanche, sont uniques.

Il serait donc hasardeux de voir ce livre comme une simple histoire du troisième Reich, et non pas comme ce qu'il est, encore une fois : le plus important témoignage, sans doute, de l'intérieur de l'Allemagne nazie (j'attends aussi de lire le Journal de Goebbels pour comparer, mais visiblement celui-ci pensait aussi à la postérité en l'écrivant), donné par un homme ayant travaillé sur certains pans seulement de sa structure tentaculaire : l'architecture, la construction, l'armement.

Ce témoignage, passionnant et souvent très bien documenté, montre d'abord ce que beaucoup de personnes semblent oublier concernant le : c'était un bordel sans nom où une poignée d'hommes de la cour de Hitler - et généralement pas les plus compétents -, se livraient une concurrence féroce par le biais des organisations à leur service, Goebbels et sa propagande, Bormann et le parti, Himmler et la SS, Goering et sa Luftwaffe, par la manipulation et les petites phrases désobligeantes vis-à-vis de leurs rivaux susurrées subtilement à l'oreille d'un Hitler à la fois manipulé et tout puissant, caressé dans le sens du poil et sollicité à tout bout de champ pour des ordres, en fin de compte, purement contradictoires. Si l'Allemagne nazie a été si efficace, c'est en tant qu'Allemagne, car le verni nazi a clairement été un facteur de désorganisation et d'inefficacité, à tous niveaux.

Les réflexions plus techniques concernant l'architecture et la construction (avant-guerre) puis l'armement sont passionnantes mais s'adressent à un public déjà plus "averti" (j'allais dire passionné mais ça sonne bizarre vu le sujet…). En particulier, on découvre les projets grandioses, l'obsession du gigantisme néo-classique qui caractérise les chimères de Germania, imaginées à quatre mains entre l'architecte wannabe, Hitler, et le véritable, Speer pour remplacer le petit Berlin par une ville "digne d'une capitale mondiale".

Les débats sur la priorisation des armements et de l'économie de guerre montrent surtout les faillites de l'organisation nazie et constituent une très belle collection d'erreurs fondamentales de gestion (et pas seulement de guerre):
- ultra dépendance vis à vis d'un chef incompétent (Hitler) beaucoup trop impliqué dans les détails de la guerre ;
- concurrence entre toutes les armes (aviation, armée de terre, marine) sans coordination entre leurs besoins à part Hitler ;
- potentats locaux qui s'arrogent une partie du pouvoir et nuisent aux efforts de coordination globale ;
- arrogance amenant à agir face à l'adversaire non par rapport à des éléments stratégiques, mais par rapport à de purs préjugés (“les Russes sont faibles et n'ont pas du bon matériel”, “les Américains ne savent pas se battre”, etc.) ;
- incapacité à lancer une politique de guerre totale, du fait de l'arrogance vue ci-dessus, et aussi pour se ménager l'opinion publique et par idéologie, pour ne pas faire travailler les femmes contre tout bon sens ;
- ordres contradictoires et non alignement entre les priorités stratégiques et les moyens mis en oeuvre (exemple : faibles moyens donnés à la recherche sur les fusées ou l'arme nucléaire, mais propagande massive sur “les armes nouvelles qui feront basculer la guerre”) ;
- diagnostics quant à la situation militaire décorrélée de la réalité, poussant par exemple à produire bombardiers sur bombardier pour lancer des attaques punitives contre l'Angleterre alors que a) un avion de chasse supersonique venait d'être développé et b) que le pays devait se défendre face, justement, aux bombardements alliés ;
- ordres de destruction qui auraient amené à détruire tous moyens de production d'armes, d'électricité et à créer des flots de millions de réfugiés allemands, qui même en soutenant le point de vue de la “guerre jusqu'à la mort” n'avait aucun sens.

Mais les éléments les plus intéressants sont sans doute les pages qui décrivent les attitudes de Hitler,son comportement au quotidien, . On découvre un homme curieux (dans le sens étrange), à la fois fascinant car persuadé de sa propre force et rempli d'une énergie communicative, et profondément médiocre par la qualité de son raisonnement et ses sujets de conversation, dilettante capable de balayer nonchalamment des sujets stratégiques, et de s'intéresser pendant des heures à l'urbanisme de la ville dans laquelle il entend prendre sa retraite d'ici une quinzaine d'années.
C'est aussi un dictateur qui a changé (pour le pire), entre son arrivée au pouvoir et la guerre : du populiste, qui a le flair de s'adapter à son auditoire pour convaincre, on glisse à partir de la guerre vers le despote coupé du monde, enfant colérique qui impose son autorité par principe, en refusant de se retirer ses ordres les plus absurdes et destructeurs, ou d'écouter autre chose que les flatteries de son entourage. On observe la trajectoire d'un Hitler dont les faveurs sont, jusqu'au dernier moment, recherchées par les membres du cercle pour leur agenda propre, mais dont les ordres, confinant de plus en plus à la folie, ne sont parfois plus exécutés par les gauleiters eux-mêmes. S'enfonçant dans le déni de la réalité, seule une poignée d'hommes fidèles restent avec lui, dans son monde chimérique et dans son bunker en avril 1945, où il tente de mener à 5 mètres sous terre la dernière bataille de Berlin.

Une fois terminé le livre, on ressent encore le souffle épique et destructeur des événements de la guerre, sentiment renforcé par la structure d'un livre où le temps se dilate au fil des chapitres, comme à l'approche d'un trou noir, jusqu'à la chute, si ce n'est du pays, du moins de l'auteur et de ses comparses : la capitulation, la capture et le jugement historique de Nuremberg, où Speer a pris 20 ans, 20 années de captivité à Spandau durant lesquelles il écrit Au coeur du Troisième Reich.

En synthèse : lecture obligatoire pour toute personne qui s'intéresse à l'histoire de la seconde guerre mondiale et des totalitarismes. Ceux qui viennent y lire des exercices de contrition, de remords ou de rédemption seront un peu déçus.
Commenter  J’apprécie          40
Pourquoi avoir décidé de lire ce livre? Simplement car je l'avais en stock et que j'avais besoin pour un challenge de lire des mémoires... Mais bon, franchement, si j'étais intriguée par la teneur de cette autobiographie, j'ai eu beaucoup de peine à la terminer... Non pas qu'elle soit mal écrite ou pas intéressante, je n'ai tout simplement pas réussi à me faire à la personnalité autocentrée et arriviste de Albert Speer...

Cet ouvrage amène des éléments intéressants sur ce qu'il se passait au sein du pouvoir au coeur du Troisième Reich, mais avoir Albert Speer comme narrateur a été pour moi un supplice. Déjà moi et l'architecture cela fait deux, donc bon je me suis vite lassée des descriptions à rallonge des commandes qui lui sont passées et des lieux qu'il visite ou construit... Ensuite, si ces descriptions prennent beaucoup de place, les relations et les discussions entre les personnages sont mises clairement au second plan, pour n'avoir que les réflexions et les théories de notre narrateur... Autant vous dire qu'il sait ce qu'il veut et que seule sa réussite compte, le reste n'étant que secondaire.

Alors bon avoir l'archétype même des gens que j'ai de la peine à supporter m'a rendu ce livre difficilement lisible et j'ai clairement ramé pour arriver au bout. le côté historique n'en reste pas moins intéressant, car vivre de l'intérieur certaines scènes ou décisions s'avère très intéressant. Albert Speer a quand même fermé les yeux sur bien des événements pour orienter sa carrière comme il le souhaitait et cet élément amène une réflexion et une analyse différenciée de certains faits. Finalement nous nous rendons vite compte que tous poursuivaient leurs propres objectifs, pour leur propre gloire, de quoi glacer le sang à la vue des événements qui en ont découlé...

En bref, ces mémoires sont intéressants et un atout historiquement parlant. Maintenant il vaut mieux aimer l'architecture et les personnes autocentrées pour réussir à les lire jusqu'au bout...
Commenter  J’apprécie          120
En gros ça parle de :

Et bien c'est l'autobiographie de Albert Speer, personnage le plus énigmatique du troisième Reich qui a collaboré étroitement avec Hitler tout en n'appartenant pas au NSDAP. En fait Hitler l'a contacté pour ses talents d'architecte et de metteur en scène (notamment des premier rassemblements nazis de Nuremberg, ceux filmés par Leni Riefenstahl dans le triomphe de la volonté) puis en gagnant les grâces du führer il a fini deuxième personnage le l'état en charge notamment des industries de l'armement (et donc accessoirement de l'organsisation Todt et du STO). Il passera au procès de Nuremberg et s'en sortira quasiment indemne après 20 ans de réclusion. Il prendra alors une vie de conférencier avant de mourir en 1981 d'un simple arrêt du coeur.

Mon avis à moi que j'ai :

Ce livre pose un problème à l'image de son auteur. Il a été écrit après la défaite et Speer se donne clairement le beau rôle, anticipant à chaque fois la suite dans le "bon" sens et tentant de rendre le système nazi le moins violent possible (notamment en empêchant -dit-il- la destruction systématique au retrait des troupes nazis). En fait Speer est une anguille, une énigme et son esprit tordu, insaisissable me met profondément mal à l'aise (ce qui explique pourquoi j'ai laissé tomber ce livre plus d'un an). Pour être un peu grossier je crois que les mémoires de goebbels seront plus faciles à lire si je m'y met un jour parce qu'au moins le personnage fait preuve d'une logique, d'une direction. Là Speer avance sans avancer toujours sur la pointe des pieds, toujours absent et pourtant toujours présent , toujours par hasard. Une seule phrase lui échappe enfin suite à l'attentat raté de l'opération Walkyrie je cite (p 550) " Naturellement je me suis demandé à l'époque ce que j'aurais fait, si le putsch du 20 juillet avait réussi et si on m'avait prié d'exercer mes fonctions. je l'aurais fait sans doute provisoirement, mais non sans me poser des questions". Quand on sait qu'il s'agit de participer à un gouvernement qui se serait bâti sur le meurtre de la personne qui vous a porté au pouvoir, le portrait du non politique qui se retrouve au pouvoir "par hasard" en prends un sale coup il me semble. de même, plus tard, quand il a l'occasion de s'opposer à un Hitler affaiblit et enfermé dans son bunker pour lui demander de ne pas détruire l'Allemagne en se retirant alors qu'il se dit absolument prêt à s'opposer et à en assumer les conséquences, "malgré lui" il renouvelle sa confiance totale au führer....

En clair Speer me met profondément mal à l'aise parce qu'il est l'archétype de l'ambition pure, de la conviction profonde d'être essentiel à la marche d'un État, tout ce qui est bon pour lui personnellement suffit et il n'a strictement aucune limite morale des conséquences de ses actes. Et il me gêne d'autant plus que si on croise rarement d'antisémites ou de raciste notoires, on croise des centaines de speers en puissance, tous les jours, qui seront toujours prêts à vous humilier et à ruiner votre vie pour se faire bien voir de la hiérarchie en place. Quitte à jurer la main sur le coeur ensuite (dés que le vent aura tourné) qu'ils ne connaissaient pas les conséquences de leurs actes et qu'ils les regrettent. Des Speer en fait, j'en croise tous les jours et c'est bien ça le problème, le profond malaise.
Lien : http://yannfrat.com/blog/?p=..
Commenter  J’apprécie          72
Découvert dans une niche permettant l'échange de livres entre particuliers, j'ai dévoré ce pavé, et de plus en plus vite au fur et à mesure qu'il me restait de moins en moins de pages.

Construit en trois parties, cet ouvrage présente d'abord Albert Speer comme un jeune architecte, fils d'architecte, amoureux et sportif dont rien ne laissait présager la destinée. Repéré par Hitler, il devient l'architecte du Fuhrer. Ce dernier, qui aimait bien dessiner, voit en Speer un égal. Dans la 2e partie, Speer devient ministre de l'Armement et continue la description de la vie sous le IIIe Reich. Finalement, dans la dernière partie, la plus terrible, Speer raconte comment Hitler refuse d'admettre les évidences, comment des tentatives d'assassinats sont montées comme le caporal de Brunau. La description de la folie d'Hitler est clairement mise en évidence, prouvée par exemples (ce qu'il avait écrit dans 'Mein Kampf' est l'inverse de ce qu'il veut faire pour le peuple allemand - on parle d'une politique de terre brûlée extrême).

Speer, par ce livre, essaie sans doute de se montrer sous le meilleur jour. Comment pourrait-il être le "méchant" de cette histoire, lui qui a commencé à s'entrainer au tir au pistolet au début de l'année 1945? Il n'a que fait des dessins pour des bâtiments colossaux puis a géré une administration de roulements à billes!!!

Le livre n'obtient pas de moi la 5e étoile car il est très décousu. Speer saute joyeusement d'une date à l'autre, sans se soucier d'une quelconque chronologie. Il faut avoir une solide connaissance des événements pour s'y retrouver.

Ouvrage de référence, il reste utile à lire, ne serait que pour le portrait glaçant du petit vieillard d'Obersalzberg.
Commenter  J’apprécie          20
Je trouve qu'Albert Speer n'est pas objectif lorsqu'il dit"ne pas se soucier","ne pas avoir ete mis au courant","ne s'est pas senti concerne par...".Il elude et evite les evenements embarassants.Ces descriptions architecturales occupent une bonne partie de l'ouvrage.
Je le trouve faux!Et pour moi peu probable!Je trouve qu'il critique beaucoup les grands pontes qu'il cotoyaitaupres d'Hitler,mais n'a pour sa part aucune auto-critique.
Ce n'est pas parce qu'il "semble" se justifier en ecrivant ce livre qu'il faut tout prendre pour argent comptant.Il n'est pas pour moi revelateur du IIIe Reich.Il se defend d'ignorer les holocaustes,camps de concentration...alors qu'il se dit intime et privilegie d'Hitler.Pour moi,il ne me convainct pas,il ne peut pas ne pas savoir et ignorer.Je ne suis pas dupe!Et pour finir,je n'aime pas la facon qu'il a de denigrer Rudolf Hess,enferme a Spandau,ou ils n'avaient aucun contact et ne pouvaient donc pas parler"du bon vieux temps"
Par rapport aux camps de concentration et l'exploitation des hommes comme esclaves,etaient connus de lui mais se defend en disant qu'il n'a pas chercher a savoir;fermer les yeux ne le disculpe en rien!!!
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
Lexpress
05 juillet 2011
Dans un style enlevé, Speer décrit les interminables dédales bureaucratiques, l'effroyable vie mondaine et la paranoïa générale entourant Hitler.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
S'il faisait tourner les usines de guerre allemandes à plein régime et soutenait le combat jusqu'au naufrage du III ème Reich, Speer ne songeait cependant pas à périr lui aussi. A l'automne 1944, il prenait déjà ses dispositions pour l'après-guerre et, par le fait même pour l'après-Hitler, en cherchant à se dédouaner, si possible.
Un article écrit par Sebastian Haffner et publié dans l'hebdomadaire londonien Observer l'encourageait à marcher sur un fil du rasoir. On pouvait y lire : "Speer est l'exemple même de la révolution en matière de gestion (...). Il aurait pu rejoindre tout autre parti politique si celui-ci lui avait permis de faire carrière (...). Il est le symbole du type d'homme qui sera de plus en plus important dans chaque Etat billigerant : le technicien pur (...). Nous parviendrons à éliminer les Hitler et les Himmler, mais nous resterons longtemps avec des hommes comme Speer.
Commenter  J’apprécie          60
(26 juin 1940) ... je quittai le quartier général pour aller à Reims visiter la cathédrale. Une ville fantomatique m'attendait, presque déserte, bouclée par la Feldgendarmerie à cause de ses caves. Des volets battaient au vent qui chassait dans les rues les journaux, vieux de plusieurs jours; des portes ouvertes laissaient voir l'intérieur des maisons. Comme si la vie s'était arrêtée de manière absurde, on voyait encore sur la table des verres, de la vaisselle, des repas commencés. En chemin, nous rencontrâmes sur les routes d'innombrables réfugiés se traînant sur les bas-côtés, tandis que les colonnes de formations militaires allemandes occupaient le milieu de la chaussée. Ces fières unités formaient un étrange contraste avec ces gens harassés, qui emportaient leurs pauvres biens dans des voitures d'enfants, dans des brouettes ou dans tout autre véhicule de fortune. Trois ans et demi plus tard, je devais revoir le même tableau, en Allemagne cette fois.

930 - [Le Livre de pohce n° 3471, p. 232]
Commenter  J’apprécie          40
On avait inculque aux petits militants que la grande politique etait beaucoup trop compliquee pour qu'ils puissent en juger.En consequence,on se sentait constamment pris en charge,jamais personne n'etait invite a prendre ses propres responsabilites.Toute la structure du systeme tendait a empecher quiconque de se poser des cas de conscience.Le resultat etait que les conversations et toutes les controverses qui pouvaient avoir entre eux les tenants de notre cause etaient parfaitement steriles.Il n'y avait aucun interet a se confirmer reciproquement des opinions d'une totale uniformite
Commenter  J’apprécie          70
Je m'apercois que la vue de la souffrance des hommes a eu une influence sur mes sentiments,mais non sur ma conduite.Au plan affectif,je n'eus que des reactions empreintes de sentimentalisme;au niveau des decisions par contre,les principes de finalite rationnelle continuaient a me dominer
Commenter  J’apprécie          120
Nous n'eprouvions reellement aucun scrupule de conscience.L'univers ou nous vivons nous avait rendus insensibles.Pourtant les decisions d'Hitler etaient lourdes de consequences;nos soldats se trouvaient parfois encercles dans une poche uniquement par la faute de Hitler qui,par ses atermoiements,avait sans cesse recule le moment d'ordonner le repli conformement a la proposition de l'etat-major general.Mais ce que signifiaient les decisions de Hitler;les combats,les morts,tout cela nous laissait indifferents
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Albert Speer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Speer
Cette année encore, Gérard Collard et les libraires de la Griffe Noire vous proposent à l'apporche des fêtes de fin d'année, plusieurs idées cadeaux sous forme de coffrets :
COFFRET DE NOEL
Coffret Histoire
Speer de Martin Kitchen et Martine Devillers-Argouarc'h aux éditions Perrin
Une remise en cause totale de la personnalité et du rôle du confident d'Hitler et ministre de l'armement du III Reich : derrière le technocrate affable et courtois se cache en réalité un meurtrier totalement dépourvu de sens moral. Albert Speer, confident d'Hitler, ministre de l'Armement et acteur majeur de l'administration du Troisième Reich, a toujours insisté sur sa méconnaissance des crimes du régime et dissimulé la centralité de son rôle dans l'Etat nazi, notamment à travers ses célèbres Mémoires, Au c?ur du Troisième Reich et Journal de Spandau. Cette version mensongère lui a permis de duper ces juges à Nuremberg comme ses précédents biographes et s'est imposée aussi bien en Allemagne qu'à l'étranger. Jusqu'à ce livre. Martin Kitchen conteste cette déformation des faits opérée de bout en bout par le principal intéressé. Il montre que ce qui rend Albert Speer particulièrement effrayant, et intéressant, c'est que cet homme creux et résolument bourgeois, d'une grande intelligence mais manquant totalement de vision morale, incapable de s'interroger sur les conséquences de ses actes et dépourvu de tout scrupule, est loin d'être un marginal. Représentant typique de sa classe sociale et de sa génération, voix des intérêts économiques et des barons de l'industrie, il appartient à cette catégorie d'hommes, au sein des ministères, des associations et cercles professionnels, qui ont permis l'enracinement du national-socialisme. le Troisième Reich, en effet, n'aurait jamais été aussi dangereux et efficace s'il avait uniquement pris appui sur des aventuriers, idéologues à moitié fous et fanatiques racistes, qui finissent par créer un nuage de fumée. A la fois technocrate, expert et courtisan considérablement enrichi sous le régime, Speer, en réalité, représente bien mieux le type de personnalité qui a favorisé l'établissement et le fonctionnement de l'Etat nazi, y compris dans sa dimension génocidaire.
https://www.lagriffenoire.com/94858-encyclopedie-speer--l-architecte-d-hitler.html

Je suis Jeanne Hebuterne de Olivia Elkaim aux éditions Stock
Jeanne Hébuterne est une jeune fille quand, en 1916, elle rencontre Amedeo Modigliani. de quinze ans son aîné, il est un artiste « maudit », vivant dans la misère, à Montparnasse. Elle veut s?émanciper de ses parents et de son frère, et devenir peintre elle aussi. Ils tombent fous amoureux. de Paris à Nice - où ils fuient les combats de la Première Guerre mondiale ?, ils bravent les bonnes m?urs et les interdits familiaux. Mais leur amour incandescent les conduit aux confins de la folie.
https://www.lagriffenoire.com/89143-divers-litterature-je-suis-jeanne-hebuterne.html

Liberia de Christophe Naigeon aux éditions Tallandier
1807. Westport, Massachussetts. Julius Washington est un jeune Noir, grouillot au New Bedford Mercury. Né libre en 1789 d?une ex-esclave éduquée et d?un marin africain de passage, il rêve de liberté, d?écriture et de navigation. Quand les États abolitionnistes du Nord autorisent ceux qui le veulent de retourner sur le continent d?où ils ont été arrachés pour y créer une colonie américaine, le garçon n?hésite pas une seconde et s?embarque pour un voyage qui durera 60 ans? Negroland est bien sûr construit autour de Julius et de ses aventures, mais aussi autour des personnages qu?il va rencontrer tout au long de sa vie : le capitaine Paul Cuffee, plus riche Noir d?Amérique, premier et généreux promoteur du «retour» ; Théodore Canot, le négrier français, cynique au grand c?ur ; Augustus Vossa, autre capitaine noir, dandy anglais qui milite dans les antichambres de la royauté ; Sinoe Kruman, Africain qui trafique pour la cause de la Suprématie Noire en Amérique ; George Hartwell Cocke, planteur du Sud pour qui l?esclavage est un piège mortel pour les Blancs ; enfin, trois femmes ? Liza sa mère, Diana son épous
+ Lire la suite
autres livres classés : seconde guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (199) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..