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EAN : 9782350213927
253 pages
Naïve (30/11/-1)
4.67/5   3 notes
Résumé :
C’est une enfant et ses parents n’ont pas de temps à lui consacrer. Charlie, dix-sept ans, est engagé. Il sera le précepteur.
Charlie vient d’arriver dans la vie de l’enfant de six ans. Il va la séduire. Il va la détruire.
Moutchi, c’est l’histoire d’un prédateur et de son pouvoir.
Depuis l’âge de six ans et jusqu’à l’âge adulte, Corinne va subir ce pouvoir, seule, plongée dans un entourage familial jet-set et délétère, abandonnée par ces adulte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai été un ami de Corinne. J'étais au courant de Moutchi, des grandes lignes, mais je ne voulais pas le lire. C'est différent de lire ce genre de récit de quelqu'un que vous ne connaissez pas (Le Consentement, par exemple) et celui d'une amie. Mais elle voulait que je le lise. Je l'ai fait. Peut-être que j'aurais du le faire avant. Je n'imaginais pas la profondeur de la blessure. Je suis abasourdi et révolté.

C'est une fille qui a été abusée pendant sept ans, dès l'âge de six ans jusqu'à ses treize ans. L'abuseur était un adolescent qui avait seize ans au départ. Donc, dix ans plus âgé. Ça a duré jusqu'à sont mariage à lui. Donc, elle de six à treize ans et lui de seize à vingt trois ans.

Donc, ça débute en 1962, six ans avant 1968. C'est important !

Le contexte ?

Un ancien hôtel à Neuilly transformé en trois appartements. La famille de Corinne habite au 1er étage tandis que la famille de Charlie habite au 2ème étage. La famille du garçon, une famille "normale" d'intellectuels. le père de Corinne, sorti d'Harvard, un jeune homme ambitieux. le couple avait une vie sociale intense, trop intense pour qu'ils puissent s'occuper convenablement de leurs deux filles.

Le garçon, naturellement a commencé à faire du baby-sitting pour les deux filles, avec une “attention” particulier pour Corinne, lainée.

Je reprends un paragraphe du livre “Les moins de seize ans” de Gabriel Matzneff :

« Dans la mesure du possible, je choisis mes petits amis dans les familles désunies, chaotiques, et je m'en trouve toujours bien. » (p. 87)

Et c'est justement le comportement du prédateur, aussi dans la nature : dans un groupe la victime est choisie parmi celles les plus vulnérables, les moins surveillées, les moins protégées. C'était la tactique avouée de Matzneff et c'est ce qui s'est mis en place dans le cas de Corinne.

Donc, d'un côté on trouve une petite fille perdue qui ne reçoit pas d'attention de ses parents et de l'autre, un prédateur qui ne cessait pas de répéter qu'il l'aimait et qu'il l'aimerait pour l'éternité. Il lui a attribué le petit nom de Moutchi. Dans ces conditions, elle ne pouvait que s'accrocher à Charlie et c'est ce qui s'est passé. Elle est devenue dépendante de lui.

Charlie dénigrait souvent les parents de Moutchi, disant que tous les deux avaient des amants (ce qu'il semble ne pas être faux) ou qu'ils ne s'occupaient pas des enfants. Charlie disait que son père à lui le suggérait de coucher avec la mère de Moutchi. Tout ceci n'est qu'une tactique pour isoler encore plus la victime et la rendre encore plus dépendante.

Plusieurs passages m'ont laissé pantois. Je raconte une seule.

Les deux fillettes ont du être placées pendant quelque temps dans un internat catholique en Normandie, à cause des conditions de déroulement du divorce. Dans un week-end-end (p. 115-123), Charlie est venu prendre les filles pour les promener. Ils ont pris une chambre d'hôtel avec deux lits jumeaux. Les deux filles étaient sensées dormir dans un lit et Charlie dans l'autre. Lorsqu'ils ont éteint la lumière, Charlie demande a Moutchi de le rejoindre, ce qu'elle a fait. Il lui demande alors de jouer avec son sexe. Moutchi obéit tandis que sa petite soeur pleure doucement dans le lit à côté. Moutchi avait 12 ans et Charlie 22.

Le divorce prononcé, la mère tombe dans une situation d'abandon. Au lit tout le temps, ne s'occupe de presque rien et le frigo souvent vide. Je passe.

Quelques années après, toujours sans savoir quoi faire, la nouvelle femme de son père (une femme “extravagante”) lui présente un, soit disant, ex-toxicomane (il faut enlever le “ex” et la belle-mère le savait). Et la, c'est la descente aux enfers. Drogue dure, perte de tout l'argent qu'elle a eu d'un héritage. Et fini, heureusement, par quelques jours de prison. C'est la fin de la descente même s'il y a eu encore, juste après, une tentative de suicide.

Récupérée par sa soeur, elle se lance dans une psychanalyse (à 24 ans). C'est ce qui lui a, à nouveau, donné l'envie de vivre et de relever la tête. Elle s'est mariée et a eu un enfant (à 40 ans).

A 46 ans, elle revoit Charlie (Syndrome de Stockholm – pages 229 et suivantes) puis Charlie avec son père qui vraisemblablement avait peur d'un scandale. Vraisemblablement son père était au courant, mais a essayé de minimiser ce qui s'est passé. Corinne voulait juste une reconnaissance et, peut-être, une demande d'excuses. Temps perdu.

En 2006, 50 ans, elle retrouve, par hasard grâce à des moteurs de recherche sur internet, quelques traces des ennuis judiciaires de Charlie pour détournement de fonds et pédophilie. Je cite : “En appel, et considérant que les faits sont établis mais pas reconnus… il est condamné à deux ans avec sursis et confirmation de la peine complémentaire”. (p. 252). En 2021 elle savait encore où il était.

C'est un livre très dense, très détaillé, et très bien écrit.

Corinne est décédée à 65 ans. Son plus grand souhait, jusqu'au bout, était d'avoir une reconnaissance et des excuses. Elle n'a pas eu droit à cela.

Elle a réussi à reconstruire sa vie, si on peut le dire, mais pas sans séquelles.

Corinne est très certainement une des femmes les plus formidables que j'ai rencontré.
Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Une autobiographie touchante et révoltante, comment peut-on être à ce point aveugle à la détresse de son propre enfant ? C'est aussi le premier roman de l'auteur qui est thérapeute et cela se ressent dans la manière dont elle se raconte. J'ai lu bon nombre de livre sur le sujet de la pédophilie et des pervers narcissiques mais jamais raconté comme cela. Pas d'apitoiements, de larmoiements ni de misérabilisme, juste une histoire comme tant d'autres racontées à la manière d'un polars ou d'un bon policier. J'ai été embarquée dès les premières pages et j'avais envie de savoir si on allait écouter Moutchi, lui donner enfin l'importance qu'elle mérite.

Ce livre sur la maltraitance et sur les dégâts que peut faire la rencontre d'une personne mal attentionnée, le style est direct et enlevé et l'écriture légère et la combinaison des deux confère à ce témoignage un quelque chose en plus comparé aux livres déjà lus sur le même sujet. On suit Moutchi de ses six ans à l'age adulte avec les diverses phases qui accompagne chaque age. Corinne alias Moutchi, surnom que lui a donné son bourreau, nous montre que le malheur peut frapper à toutes les portes et que l'argent et le milieu social ne sont pas une protection. Elle qui vient d'une famille aisée est complètement oubliée et laissée pour compte par ses parents ce qui laisse le champ libre à son babysitter qui va être son malheur. On sent que l'auteur a eu besoin de se livre pour enfin se libérer de cette emprise et que soit reconnu sa souffrance et l'anormalité de la situation qu'elle a vécu.

On ne dira jamais assez combien il est important de dialoguer avec ses enfants, de les aimer, les mettre en valeur et les entourer afin que le pire ne puisse jamais arriver. J'ai été bouleversée et la lecture ne fut pas aisée. Je n'ai pas pu le lire d'une traite, non pas par manque d'intérêt ou parce qu'il est mal écrit ce n'est absolument pas le cas, mais parce qu'il a remué des choses en moi que j'avais enfoui, parce que je ne supporte pas que l'on vole l'innocence d'un enfant.

Un livre qui ne laisse pas indifférent et qui résonne encore des semaines après l'avoir fini.

VERDICT

Une autobiographie qui sort de l'ordinaire et qui saura vous touchez en plein coeur. Un livre dur mais nécessaire, une libération.
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Moutchi est une auto-biographie, Corinne nous raconte son enfance dans une famille Franco-Américaine bourgeoise, dans laquelle rien n'aurait dû lui manquer. Pourtant, pas d'attention ni d'amour familiale pour Corinne.

Elle devient donc Moutchi avec et pour Charlie, un jeune homme qui devient son baby-sitter mais aussi son abuseur physique et moral.

Un livre dérangeant avec des scènes qui le sont tout autant mais qui interpelle sur la nécessité pour l'enfant d'être aimé, d'être guidé, d'être pris en charge, rassuré.

Quelque soit ce type d'amour, l'enfant s'y réfugie, il se laisse formater par l'adulte.

Corinne Goodman a eu besoin d'écrire ce livre afin d’exorciser cette enfance, pour avoir confirmation de l'anormalité, de l'immoralité de ce qu'elle a vécu avec Charlie.

Un livre difficile mais au fil duquel on sent l'auteure se libérer de l'emprise de son abuseur.

Difficile de se faire une opinion tranchée à la fin de cette lecture. y a t-il un seul coupable, une seule victime?
Lien : https://livresque78.wordpres..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(p. 253) 60 ans après les faits...
Les faits sont établis à défaut d'être reconnus. Je me répète la formule à l'infini... Je m'endors avec, je me réveille avec. Je consulte des articles de droit. La formule juridique classique dans ce genre d'affaire est un procédé de preuve qui s'établit par un nombre suffisant de faits qui deviennent des preuves à défaut d'aveu.
...
Alors écrire pour déjouer l'ultime piège. Écrire pour moi, pour elles.
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“Le mal n’a besoin de rien d’autre pour parvenir à ces fins que l’inaction des gens du bien” – John Stuart Mill – vu dans “Déchéance de rationalité” – de Gérald Bronner

Ce n'est pas une citation trouvée dans ce livre mais elle a tout à fait sa place ici.
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Moutchi n'existe plus depuis longtemps et Corinne n'arrive pas à exister.
Je faisais bien le lien entre ma difficulté à exister et Charlie. C'était une intuition, pas une certitude.
...
Je suis divisée. Corinne sait mais Moutchi respire encore. (p.226)
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(p. 135)
"Ça me faisait mal de te voir t'éloigner", mentira Charlie trente ans plus tard...
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