Qui suis-je ? est un court roman du Rouergue Jeunesse, un format que je semble n'apprécier que chez eux. Celui-ci pourrait presque s'apparenter à une nouvelle, mais je dirais plutôt que c'est une parcelle de vie, un petit bout d'un adolescent en équilibre.
Mon résumé
Aujourd'hui Vincent rentre en 3e pour lui c'est presque « la der des ders », la dernière ligne droite avant de changer de lieu, changer de têtes à voir tous les jours, avant que tout bascule aussi, peut-être. Alors que tous ses amis semblent avoir trouver leur place dans cet écosystème précaire lui a peur de se regarder dans un miroir. Pourquoi ? Qu'est ce qui l'effraie tant que ça ? de voir une grande asperge blanche et blond filasse ? Ou bien plutôt de se découvrir lui-même ?
Mon avis
Beaucoup lui ont reproché de ne pas aller au fond des choses. de ne pas approfondir les souffrances de cet adolescent en mal de vivre. de ne pas parler de ce sujet « tabou » qu'est l'homosexualité. A tous ceux là j'ai envie de dire : et alors ?
Le parcours que doit faire tout un chacun vers la découverte de sa propre sexualité est unique, singulier, il n'appartient qu'à soi. Il y a des adolescents qui mettront toute une vie à s'en rendre compte. Il y en a qui seront martyrisés pour leurs choix. Il y en a qui tenteront de chercher encore. Et il y en a qui le découvre petit à petit, avec quelques heurts, quelques douleurs. Mais il n'est pas forcément nécessaire d'en faire à chaque fois un drame universel.
Et moi c'est ce qui m'a surtout plu dans ce roman : sa simplicité avec ses quelques coutures témoignant de blessures irrégulières. Vincent n'est pas ce qu'on pourrait appeler un ado parfait : oui il a de très bonnes notes, voire excellentes, mais il est nul en sport ; oui il semble se rendre compte quand d'autres font des remarques débiles, mais ça ne l'empêche pas d'en faire ; oui il sait que certains actes sont mauvais par nature, mais il n'empêche rien. Vincent est un ado somme toute lambda, et bizarrement il ressemble bien plus à toute une tranche des adolescents, peut-être moins torturée, moins analysée mais qui co-existe avec celle dont se repaissent les écrivains et les scénaristes, ceux des exclus, ceux des suicidaires, ceux des plaies vivantes.
Et pourtant, n'allez pas croire que ces adolescents-ci n'ont pas leurs propres maux. Vincent cache d'ailleurs souvent ses douleurs sous du cynisme au départ, rêvant en ricanant d'une famille parfaite. Jusqu'à ce que, petit à petit, la découverte de soi le mène aussi vers la sincérité. Et qu'il pleure en regardant le plafond de sa chambre dans le lit de ses six ans. le chemin est long, laborieux, et les yeux électriques de Cédric n'y sont pas pour rien, lui qui, tantôt le regarde tantôt l'ignore. Parce que tout le monde en parle bien sûr. Et si Cédric et Vincent étaient ensemble ? Et s'ils étaient gays ?
De plus, l'auteur entoure son personnage principal de multiples personnages secondaires que l'on pourrait associer très facilement à nos anciens camarades de classe, avec quelques clichés bien sûr mais nuancés, non plus en noir et blanc mais couleur brume, couleur ardoise. Et ce sont presque ces derniers qui construisent le décor, posent les bases, créent l'ambiance qui nous permet de nous immerger, en seulement 80 pages, dans ce roman.
Le mot de la fin
Tout en finesse et en délicatesse,
Thomas Gornet, amène son sujet aux yeux des lecteurs. Sans pathos mais avec justesse, témoignage d'une adolescence en construction.
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