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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avoir la possibilité de lire un récit de Julien Gracq, découvert plus de quatre-vingts ans après sa rédaction, me semble une très grande chance. Cela m'a donné l'envie de lire d'autres oeuvres de ce grand écrivain que j'ai à tort laissées de côté.

Ce petit recueil offre une écriture exceptionnelle, à des milliers de lieues de tout ce qui est publié aujourd'hui par les écrivains français, même si quelques pépites émergent, écrites par les valeurs sûres comme JMG le Clézio, Sylvain Tesson, ou par de rares jeunes auteurs qu'il faut dénicher après de multiples lectures infructueuses.

Chez Julien Gracq, on trouve d'abord un style éblouissant, l'écrivain mettant en ordre de marche des mots simples dont l'harmonie dégage immédiatement la sensation de se trouver immergé dans les lacis broussailleux de la campagne angevine, au point que la découverte de la maison, partagée avec la patience observatrice de l'auteur, génère tout un environnement de mystère à l'intérieur duquel le lecteur désire se fondre pour explorer au plus profond toute la poésie de l'écrivain.

Et dans la maison, il y aura, inévitablement, une femme, un pied nu, une chevelure blonde, l'ensemble entrevu au travers d'un vitrage presque opaque, Julien Gracq mettant en scène toute la sensualité que peut exprimer pareil spectacle inattendu, espéré probablement.

Chaque mot de Gracq paraît pesé, choisi, remplacé, à nouveau mis en place, ainsi qu'en témoignent les si nombreuses ratures du premier manuscrit, malheureusement peu lisible.

J'ai retrouvé en lisant La maison "cette voie forestière perdue" évoquée dans La presqu'île et savouré toutes les descriptions des bois, des arbres, des milans, entendu le chant de la femme, au point de presque toucher ses pieds nus et percevoir le frôlement de sa chevelure blonde.
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C'est avec un plaisir non dissimulé que je me suis laissé guider par la plume tant aimée de Julien Gracq. L'imaginaire de l'auteur naît et se développe avec grâce dans ces quelques pages. Comme chaque fois, on découvre l'univers sensible et intime de Gracq; ici, sa manière de regarder le monde et de transformer une maison souvent aperçue de la fenêtre d'un autocar (sans doute un élément biographique, comme le suggère la postface) en un lieu presque mystique.
Le rythme du récit, les glissements, les fondus enchaînés (pour reprendre une métaphore utilisée par l'auteur dans ce texte), nous arrachent du quotidien morne et soucieux de l'Occupation pour nous faire pénétrer au coeur d'un monde mystérieux et doux. La richesse de vocabulaire chez Gracq est toujours un régal : ses phrases se dévorent, s'apprivoisent parfois.
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La maison est une petite gourmandise, où la beauté des phrases nous emmène dans une aventure littéraire aussi fugace qu'inoubliable. Tout est dans l'observation, la sensation, l'émotion. Cette petite aventure étrange, guidée par la curiosité, c'est à la fois rien et beaucoup.
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"Ce qui dérivait immanquablement dans sa direction le cours de mes promenades, c'étaient les friches -...-"
Cette affirmation de Julien Gracq précédemment lue, et partagée ici cette semaine, semblant une coïncidence, pourrait très bien s'écrire en exergue à ce court récit qu'est "La Maison".

Au cours d'un trajet hebdomadaire en autocar, le narrateur, l'oeil attiré par une rupture de la végétation dans le paysage, est surpris d'apercevoir à la lisière de cette "friche", tout en fouillis, un maison dont le style, à lui seul, interroge sur sa présence dans le lieu.
Curieux de la découvrir davantage, et profitant d'un moment de liberté, il refait à pied la partie de la route passant devant la bâtisse et s'enfonce dans l'enchevêtrement végétal autant inquiétant, hostile que silencieux, comme déserté des oiseaux ou de la moindre douceur.

C'est toujours un merveilleux moment hors du temps qui s'offre à celui qui pénètre les pages écrites par Julien Gracq. Il sait qu'il lira et relira inlassablement les mêmes phrases, ébloui, en préservant leur compagnie pour mieux s'en imprégner et savourer le moment présent. Une atmosphère qui s'écrit en attente, souvent mêlée d'inquiétude, un paysage, personnage à lui seul qui se fait messager de l'époque tourmentée ou d'un lieu, en confessant sa rudesse, en dévoilant la tristesse et la solitude qui l'habitent. Une maison qui occupe toutes les pages, mais pas seulement, puisque la traversée de ces bois inamicaux loin de mener à une ruine maléfique entraîne au rythme des mots choisis et des descriptions minutieuses vers l'incarnation d'une sensualité qu'il fallait mériter en acceptant de traverser cette friche menaçante et sans vie.


(Je me sens toujours minuscule devant les mots de cet écrivain, n'en parlant que très maladroitement, mais je voulais seulement vous donner l'envie d'apercevoir à votre tour cette "Maison".)
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Comment ? Qu'ouïs-je ? Un inédit de Julien Gracq ? Un court texte, encore mieux, car parfois sur la longueur, Gracq peut être difficile à suivre -bien que le rivage des Syrtes soit et reste indubitablement dans mon classement de mes livres préférés. Et cette couverture verte qui attire l'oeil et que j'ai vue du premier coup chez mes libraires attitrées. Et José Corti, évidemment... Tout est là pour me faire passer un délicieux moment. Il faut rechercher un endroit calme pour en profiter, pour ne pas être distrait et ne pas perdre le fil. Et le charme opère. L'écriture délicate, travaillée, élégante, faite de longues phrases aux mots méticuleusement choisis, pesés imprègne le lecteur qui se retrouve avec l'auteur dans "l'autocar fourbu" puis dans le sous-bois qui entoure la maison. de même, ses remarques sonnent juste : "D'où vient qu'à certaines minutes privilégiées de notre vie, minutes de vacuité apparente et de tension très basse où nous nous abandonnons au courant et marchons vraiment où nos pieds nous mènent, la paroi volontaire qui nous mure contre l'infini pouvoir de suggestion embusqué dans les choses soudain flotte et se dissout, -rendant à une sorte de pesanteur native et aveugle ce qu'il faudrait bien appeler notre matière mentale pour en faire la proie d'attractions sans réplique, et déchaînant en nous un sentiment confus à la fois de sommeil du vouloir et de presque scandaleuse liberté ?" (p.19) Certes, la chose eut pu être dite plus simplement, en moins de mots, mais l'élégance mon cher, l'élégance en eut été absente.

Je peux reconnaître que Julien Gracq ne s'adresse pas à tous les lecteurs, que sa lecture est parfois ardue et qu'il peut paraître abstrus, mais ce petit texte, ne fait qu'une trentaine de pages. Trente pages de Julien Gracq demandent plus d'attention que trente pages de n'importe quel autre écrivain(e), mais celles-ci offrent une entrée assez simple dans son oeuvre et l'on pourra dire ensuite que l'on a lu Gracq et que pfff, finalement c'est quand même vachement bien.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Tout y est. Gracq l'auteur arpenteur de lieux est bien à l'oeuvre dans ces pages : le sous bois, la lande, le lieu déserté, l'eau qui serpente...

« Une douzaine de kilomètres avant d'arriver à A..., la route nationale, qui commence ici à descendre doucement à travers les étendues de plateaux bas […] une tache lépreuse au milieu du paysage bocager, une étendue de campagne remarquablement hostile et déserte. »

Le thème du lieu enchanteur où foisonnent les signes qui attendent d'être révélés est peut-être celui qui m'emporte le plus à chacun de ses livres . Comment ne pas penser à la ruine d'Argol ou à la maison forte du Balcon ? Ces lieux qui ne sont pas seulement le décor d'une intrigue mais qui sont racontés à travers tous les sens du marcheur aventureux.
À travers La Maison, nous apercevons des maisons, celle aux fenêtres ouvertes du poète Keats, celle des Usher chez Poe :

“ le sentiment d'accablement qui de près persistait pourtant et même s'approfondissait dans la lumière rajeunie venait d'ailleurs ”

La décadence, le mystère et un certain érotisme ne sont pas en reste. Et le sortilège veut qu'au détour d'une phrase j'ai même pensé à Hill House :

“courbant encore après des années puissamment l'âme sous le flétrissement de ces stigmates mornes, ici pour toujours une porte s'était refermée”

Certains parleront de maniérisme, je préfère le goût du mot rare : « une couleur pulvérulente », « une terre gâte », « une végétation naine et déjetée », « ces taillis crayeux », celui de la poésie. Celui où le verbe n'est plus le messager mais devient poésie et convoque l'imagination. le mot, comme une clef qui ouvre à cet autre monde, celui que l'on devine, mais que l'on ne voit pas sans le sortilège du mot. Sans cela ce récit se résumerait finalement en tout et pour tout au coup de la panne au milieu de nulle part.

Enfin, observer cette voix narrative toujours aussi intense en train de se construire dans les dernières pages fac-similées était un beau cadeau qui prolonge le plaisir de lecture suffisamment bref pour me laisser orpheline.
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j'avais fait mon deuil de J Gracq : comme une vieilles connaissance décédée, dont on regarde quelquefois les photos jaunies en sachant que jamais plus.
Ce court texte fut donc une bonne surprise. Lu avec un peu d'appréhension . Mais non! tout est là.
Ceux qui connaissent et apprécient cet écrivain le retrouveront.
Pour les autres ,vous verrez:
C'est comme un instant de vie qui aurait duré une trentaine de page.
Je préfère ajouter quelques citations.
Critiques cependant contre l'éditeur ( probablement changement de propriétaires)
Pourquoi ajouter les différentes versions manuscrites du textes:
--- personnellement je n'ai aucun intérêt pour la "cuisine" d'un écrivain possédant un tel talent,voire génie.
----- textes illisibles (trop petit)
----- abattre des arbres pour rien.
----
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Court texte envoûtant est une petite merveille qui nous replonge dans l'atmosphère si particulière du "balcon en forêt". On retrouve ici avec plaisir tout le savoir-faire de Julien Gracq en matière de description d'une marche dans les sous-bois. Au fil de la lecture nous gagne la fascination qu'exerce sur l'auteur une maison en état apparent d'abandon. Littéralement attiré, fasciné, ensorcelé, on avance avec lui vers ce qui restera peut-être un mystère ou se révélera avoir été un mirage. On sent la pluie qui nous dégouline dans le cou, le froid humide de novembre, on est à l'affût d'un désir possible. Viendra-t-il ?

Approchez-vous du Maître. Il vous fera entrevoir "l'infini pouvoir de suggestion embusqué dans les choses" en brisant la paroi qui nous mure contre ce pouvoir même.
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Julien Gracq nous parle d'une maison qu'il aperçoit lors de son voyage en car de F à A.
Nous sommes pendant la seconde guerre mondiale.
Un jour, il descend du car et part à la recherche de cette maison.
C'est un texte court qui s'apparente plus à une nouvelle.
Nous retrouvons le style de Gracq qui décrit, suggère.
J'ai beaucoup aimé ce court roman qui me donne envie de partir moi aussi à la recherche de cette maison.
Je jetterai un oeil intéressé la prochaine fois que je passerai à G.


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La Maison est un récit classique merveilleusement soigné et bien écrit. Une petite lecture à savourer comme une gourmandise. Ce texte court est très poétique, il est extrêmement bien construit et se lit d'un seul souffle. On regrette que ce texte soit si bref car il est simplement beau. le manuscrit qui suit est très touchant car on comprend mieux la réflexion de l'auteur dans la construction de son récit. La post-face, très éclairante à cet égard sur le contexte historique et littéraire, est tout aussi agréable à lire. Une petite pépite doublée d'une jolie découverte !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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