À une époque où aucun homme anglais n'est prêt à accepter une femme dans un poste de police (ça leur fout des frisson rien que d'y penser), à une époque où la place des femmes est en cuisine, avec les marmots, ou au tricot, Lizzie Martin peut s'estimer heureuse d'avoir épousée un homme tel que l'inspecteur Ben Ross.
Oh, il reste un produit de l'époque victorienne, malgré tout, il laisse une grande liberté à son épouse et à l'esprit un peu moins étriqué que la plupart des mâles de son temps (et des femmes, parce que tous les torts ne sont pas dans les mains des hommes).
Cette pauvre Lizzie est obligée d'accompagner sa tante en villégiature dans le New Forest, non loin de là où elle avait résolu les mystères du tome 2 ("
La curiosité est un péché mortel"). Il est difficile de tenir tête à la veuve de son parrain, cette tante aux idées bien arrêtées et qui pratique le culot à un niveau olympique, comme le déni.
Il est amusant de voir comment sa tante s'enfonce dans la bêtise, notamment en étant persuadée que Sir Henry a été assassiné par un cambrioleur. Impossible de faire entendre raison à cette bonne femme, même lui mettant le nez dans ses contradictions ou les illogismes.
Cette dame d'un certain âge est l'illustration de bien des Anglaises de l'époque (pire, c'est intemporel ce genre de déni) qui ne veulent voir que ce qui les arrange, de peur de constater que leur époque change, que le monde change… Alors, telles des moules à leur rocher, elles s'y cramponnent, à leur idée à la con. Sa tante, Mrs Julia Parry, en est une brillante illustration.
Mais revenons au roman et à cette pauvre Lizzie qui se retrouve à la campagne, avec sa tante Parry, dans un petit village où tout se sait en un instant, comme s'ils avaient déjà le téléphone et les réseaux sociaux.
L'esprit des petits villages est bien représenté : tout le monde surveille les nouveaux arrivants, les secrets sont tus, on vous regarde de travers, l'esprit de clocher règne, on est toujours un peu superstitieux…
La séparation entre les nantis et les besogneux est bien représentée aussi et la fracture est nette.
Bien que je n'aie rien vu venir de la personne coupable, j'ai trouvé que ce huitième tome était un peu lent par moment, donnant l'impression que rien n'avançait. La double narration (Lizzie / Ben), que j'apprécie en temps normal, a semblé être un frein à l'avancée de l'enquête.
Rien de rédhibitoire ou de grave, les 360 pages se dévorent en deux jours et les longueurs sont noyées dans les dialogues qui, bien souvent, ne manquaient pas de piquant. Cette enquête manquait juste un peu de sel et m'a semblée un peu fade, comparée à des précédentes.
Durant les neuf dixième, Lizzie et Ben paraissent ne pas savoir qui aurait pu faire le coup et puis, une phrase dite innocemment dans une conversation et boum, Lizzie comprend, vérifie et assemble les pièces du puzzle, démystifie le coupable, prenant une longueur d'avance sur son époux inspecteur, lui-même y étant arrivé avec une grosse longueur de retard. Girl power !
Un polar historique sympathique, des personnages qui j'aime retrouver, une époque victorienne bien détaillée (mais jamais trop) et des vacances, qui, comme toujours, tournent mal avec des meurtres à résoudre.
Les enquêteurs, hommes ou femmes, n'auront jamais droit à des vacances tranquilles !
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