Londres, 1864, Lizzie Martin arrive du Derbyshire, une région minière où son père médecin a exercé auprès des pauvres gens, leur apportant soins et parfois aide financière, ne s'étant pas enrichi dans une activité relevant plus pour lui du sacerdoce. A sa mort, sa fille n'a pu que vendre la maison de famille et rejoindre la capitale, la veuve d'un ami de son père ayant accepté de la prendre comme dame de compagnie.
En chemin, Lizzie assiste à l'évacuation d'un cadavre, découvert dans un quartier populaire en voie de destruction en vue de l'implantation d'une nouvelle gare. Elle apprend peu après que la victime est la jeune femme qu'elle remplace, qui avait disparu pour, croyait-on, une fugue amoureuse.
La narration est à deux voix, celle de Lizzie alternant avec celle de L'inspecteur Ross qui dirige l'enquête, et qui a grandi également dans la même région que la jeune femme, ayant eu la chance d'échapper à la dure vie de mineur pour intégrer Scotland Yard, grâce à une volonté de fer et l'aide de personnes bienfaitrices.
Benjamin Ross se trouve rapidement en butte à de multiples oppositions, les forces de police n'étant pas mieux considérées par les masse populaires que par les nantis, alors que de son côté, la jeune femme profite de sa position privilégiée à l'intérieur du lieu d'où est parti la victime vers son funeste destin pour faire avancer l'enquête en trouvant de précieux éléments.
Le cadre historique est primordial dans le récit, l'auteur nous proposant une impressionnante peinture de la société anglaise de cette deuxième moitié de 19e siècle, que ce soit dans l'évocation de la condition des mineurs, des enfants pouvant être autorisés à descendre sous terre à partir de l'âge de dix ans, ou dans celle des quartiers pauvres de Londres où toute une partie de la population anglaise tentent de survivre, méprisée par une classe aisée bien décidée à maintenir le cloisonnement social.
Le duo formé par Lizzie et l'inspecteur, animés par leur soif de justice pour tous, m'a particulièrement convaincu. Parmi les personnages secondaires, j'ai surtout craqué pour la petite Bessie, l'orpheline au franc-parler et à la charlotte trop grande. Mais les autres ne sont pas en reste, à l'image d'un cocher descendu des rings par amour, mais qui porte encore les traces de son activité première, et d'un imbuvable Dr Tibbett qui concentre en une personne tout ce qu'il y a de plus révoltant.
J'ai découvert avec plaisir l'oeuvre d'
Ann Granger à travers cette première lecture, et je pense ne pas en rester là, la suite des enquêtes de Lizzie Martin et Ben Ross me faisant déjà de l'oeil.