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Pour Günter Grass, un grand maître de la langue allemande et une si belle écriture, une critique en vers :
.
À l'aube de ma jeunesse,
En strates, je me livre à l'appel.
Couché, sur mon lit de paresse,
J'épluche l'oignon, je le pèle.
.
Où sont mes rêves d'allégresse ?
Mes Siegfried, mes princes de guerre,
Dans mes livres, ils étaient liesses.
Mes héros wagnériens de naguère ;
Blonds, nordiques aux yeux bleus.
L'esprit vide de contes et de contrées,
Aujourd'hui, si las, je me sens si vieux.
Loin des marches au rythme cadencé
Où l'on scandait des notes blêmes.
Pris par mégarde, bon gré, mal gré,
Par des chants et des emblèmes
Loin de mon être et même à l'apogée ;
.
Le choeur au pas, j'ai grandi bien trop vite,
Et vu les noires vicissitudes du monde
Où je fus projeté, le coeur encore en friche.
M'échauffant de transes et de faire ma ronde
Mais, auprès d'elle, mon autre pareille. Rêveuse !
Petite mademoiselle, emprunte de félicité.
Je l'aurais voulue épanouie et bienheureuse
Si du néant, revenu, et l'ambition désabusée,
J'avais baissé mon arme et baisé son sein
À l'armée embrassée, ravi un blanc-seing.
.
Et puis, tout rugissement éteint,
Que je me trouve en quelque point
Sur le qui-vive, à mon grand dam,
Les yeux rougis par les flammes
Celui à qui la vérité a dit son nom,
Dans le silence des feux et des canons.
De part et d'autre et en-deçà des lignes
Quels que soient son camp et l'adversité,
Pas un mot, une rime ni même insigne
Du non assimilable ne permet de juger
Par delà les pays et les frontières.
Du combat, expliquer la folie guerrière.
Erveine 2014
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Je lisais les premières pages de pelures d'oignon lorsque Günter Grass s'est eteint. Une grande voix allemande, de celle qui - avec le groupe 47 notamment - ont contribué à redresser la langue allemande après qu'elle fût avilie par les nazis. Ce livre pourtant fit scandale, et la révélation de son enrôlement dans la Waffen-SS ternit durablement son image, à la hauteur de son importance. Pourtant Grass fut une grande conscience allemande, et ce livre en témoigne. de la fin de la guerre, et son enrôlement à l'après-guerre chaotique, Grass défait une à une les couches de l'oignon, convoque les souvenirs autour de trois envies de vie : la nourriture, les femmes, l'art. Comment chacun de ces besoins vitaux fut appréhendé, pris en main, dans cette étrange periode, de guerre, de faim, de doutes.
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Grass présente de façon originale ses souvenirs : comme des peaux d'oignon qu'on enlève les unes après les autres et qui révèlent, chacune, un petit secret… jusqu'au secret majeur, bien enfoui. Ou comme ces morceaux d'ambre que l'on trouve sur les plages de la Baltique, qui datent de milliers d'années.
Au-delà de cette présentation, ce livre est un témoignage sur une adolescence allemande pendant la période nazie, d'une honnêteté rare.
Et plus que cela :, sur la vie des femmes allemandes (sa mère, sa soeur) seules en territoire reconquis ou conquis par les soudards polonais et russes, sur la vie d'adulte de Grass…
Lien : https://www.edilivre.com/app..
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Gunther Grass, « Pelures d'oignon », Seuil, 2007

C'est l'histoire d'un garçon brillant, précocement doué, avec une forte sensibilité romantique. Grass sait, dés le départ, choisir son destin. Bien qu'il soit d'ascendance mixte, allemande et polonaise, il admire les nazis pour leurs idées de grandeur, de discipline et leur esthétisme.
Il collectionne les cartes de cigarettes représentant des chefs d'oeuvres européens - rêvant un moment de porter un uniforme et d'accomplir son service militaire, loin de sa mère aimante et d'un père effacé, loin de leur deux-pièces exigu, de sa Dantzig natale.
Après une période comme jeune conscrit, Grass se joint à une unité de Waffen SS, rassemblée à la hâte pour protéger l'écroulement du front de l'Est. Cette période de sa vie, caché depuis des décennies et d'abord révélée dans ce livre, a tout naturellement éclipsé le reste l'ouvrage.

Grass passe les derniers mois de la guerre, souvent pris au piège, derrière les lignes russes. Il survit à plusieurs accidents (évités de justesse). À la fin du conflit, il se retrouve dans un camp de prisonniers de guerre américain, où il prend des leçons de gastronomie et discute de religion, de poésie et de métaphysique avec un jeune fervent catholique nommé Joseph (futur Benoit XVI) sic !

Après avoir été libéré du camp, il passe plusieurs années d'errance à travers un pays en ruines. Au début, il travaille sous terre dans une mine de charbon, avant de se faire embauché comme tailleur de pierre. Un tremplin pour obtenir l'admission à l'école des beaux-arts. Devenu sculpteur, il voyagea à travers l'Europe et fit la rencontre de sa première épouse Anna, avec laquelle il s'installa à Paris dans les années 50, et où il commença à écrire le roman qui allait le rendre célèbre « le tambour ».

Pelures d'Oignon c'est une métaphore, ça permet de faire ressurgir à la surface le passé enfoui, souvent douloureux. Il est très facile pour les lecteurs qui ont grandi à l'abri de l'endoctrinement politique et les impératifs du conflit de la seconde guerre de porter un jugement moral. La guerre est injuste, elle crée des victimes des deux côtés. Peut-on reprocher à un gamin de 16 ans de s'être enrôlé dans les « jeunesses hitlériennes » ?

Ce qui est reproché à Grass – prix Nobel de littérature -, c'est d'avoir une sorte de mémoire sélective : une touche de victimisation avec des chicanes rhétoriques pour minimiser le passé sombre de l'histoire de l'Allemagne. C'est ainsi que chaque sentiment de culpabilité est équilibré par la comptabilité de sa propre terreur pendant les derniers mois de la guerre, la faim dans le camp de prisonniers, et son statut de refugié, déplacé et semi-orphelin.
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un livre très émouvant avec des personnages très attachant et avec énormément de courage et d'amour pour les autres.
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De ce célèbre écrivain allemand († 2015), je n'avais lu que “en crabe” qui m'avait beaucoup impressionné. Pour moi, c'était le Philip Roth allemand ou le Céline français. Après moult romans, il y a eu cette polémique dans les années 2000 concernant son passé nazi pendant lequel il est incorporé dans les jeunesses hitlériennes et puis les SS. Ce n'est qu'en 1947 qu'il réalise les atrocités commises. Il met cet aveuglement sous le compte de la propagande mais il ne s'excuse pas vraiment et relative un peu trop. Cerise sur le gâteau, il envoie une salve contre le chancelier démocrate Adenauer, ce qu'il n'a pas fait contre Hitler.
Ensuite, il devient sculpteur (ce que j'ignorais) et il parle très peu des romans qu'il a écrits. Par contre, il évoque très souvent sa carrière de poète (et je ne suis pas sûr que ses poésies aient été traduites en français).
Il faut s'accrocher et bien connaître la géographie de l'Allemagne ainsi que sa culture. Plus qu'une autobiographie, ça ressemble plus à un journal où il tente de mettre en ordre ses souvenirs, d'éplucher l'oignon du temps mais c'est souvent trop anecdotique.
Mais bon, l'histoire se termine dans les années 50 près du canal Saint-Martin à Paris. L'honneur est sauve ! Vive l'Allemagne, vive la France et vive la liberté 🗽.

lecture : septembre 2018
sur papier, éditions du Seuil, 400 pages
note : 2/5
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Autobiographie de l'auteur. Son enfance, la guerre, ses années d'apprentissage.
L'intelligence du propos éclipse une prose parfois difficile.
L'époque était certainement terrible pour des jeunes gens fragiles et idéalistes.
Quoiqu'on puisse dire et penser du passé troublant de Grass, respect pour son parcours et son évolution pas forcément évidente au vu de son vécu lors des années sombres….
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Ecrit dans un style flamboyant, l'ouvrage se noie au fil des pages dans des aller-retour chronologiques et la relation des formations artistiques de l'auteur. Autant le jeune homme balloté par la guerre jusque dans la Waffen SS témoigne "pour de vrai" de la fin de la guerre, autant le lecteur a bien du mal à trouver quelque intérêt aux errements d'un jeune artiste cherchant sa voie. En tant que mémoires, on cherche en vain une simple explication de la construction des options politiques de l'auteur.
En lire quelques pages est un délice, en savourant le style.
Lire de A à Z est un exploit pour ne pas sombrer dans l'ennui.
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Vous connaissez très certainement Günter Grass, Prix Nobel de littérature 1999, auteur allemand notamment du mondialement célèbre Tambour, dont vous pourrez lire une bonne critique ici.

Et non moins certainement entendu quelques-un des échos de la polémique ayant fait suite à la grande révélation contenu dans "pelures d'oignon" -- un "scoop" sulfureux (non j'exagère) et retentissant contenu, pour les curieux, page 106 et suivantes (107 pour être très précis).

Günter Grass, auteur phare de l'après guerre, symbole de la lutte contre le silence plein de culpabilité qui a longtemps pesé sur le peuple allemand comme une chape de plomb -- un non dit sociétal et transgénérationnel -- militant pour un repentir "constructif"... évoque de façon détaillée son entrée au sein des Waffen-SS, et les quelques jours où il a revêtu l'uniforme sans tirer un seul coup de fusil (sic)

Bon, autant dire, si cet auteur ne vous dit rien, ce bouquin risque de ne pas beaucoup vous intéresser. Günter Grass se livre ici au difficile exercice de l'autobiographie non exhaustive -- par morceaux choisis.

Son enfance à Dantzig, ses relations avec ses parents, avec la peur, l'amour et la mort, sa rencontre avec l'art et l'écriture ....

(...)
http://lelabo.blogspot.com/2008/01/gnter-grass-pelures-doignons.html
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