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Me voilà à lire un live qui parle de philosophie et j'y prend goût… comme quoi mon cas n'est pas si désespéré ! Ce livre d'une belle érudition se lit comme un roman et nous fait voyager au travers du temps.

Le fil conducteur de ce livre est le texte de Lucrèce de rerum natura. Greenblatt prend comme prétexte sa redécouverte au XVe siècle par Poggio Braccioloni, dit Le Pogge, pour évoquer l'épicurisme, l'antiquité romaine, l'Humanisme qui annonce la Renaissance, la diffusion et l'impact du texte de Lucrèce depuis cette époque.

Le Pogge a été secrétaire apostolique du pape Jean XXIII, à l'époque où il y avait 3 papes en concurrence. Son parcours permet de retracer la vie de l'Eglise et le schisme qui s'est terminé avec le concile de Constance et l'élection de Martin V. Le Pogge serait qualifié aujourd'hui « d'intellectuel », il a côtoyé les érudits de Florence et de Rome et a consacré quelques temps à rechercher des manuscrits anciens dans les monastères, c'est ainsi qu'il a mis la main sur le texte de Lucrèce que tout le monde croyait disparu.

Greenblatt synthétise brillamment et simplement la vie et la doctrine d'Epicure, son impact et son influence dans l'antiquité romaine. Lucrèce fait partie de ses disciples et de rerum natura est une oeuvre qui reprend et développe les thèses épicuriennes. Une des principales est qu'il n'y a rien après la mort et que les dieux n'interviennent pas dans les affaires des hommes ; on comprend aisément que les clergés de tout poil n'aient pas apprécié et notamment le christianisme.

Le texte est réapparu en 1417, juste avant la Renaissance (1453 ou 1492 selon les écoles). Il a d'abord été diffusé confidentiellement par des copies manuscrites, puis largement grâce à l'imprimerie. le texte latin semble d'une beauté classique exceptionnelle et a contribué à son succès, même si les idées ont pu choquer la sensibilité chrétienne.

On retrouve des influences plus ou moins fortes de Lucrèce dans les thèses de Giordano Bruno, dans les Essais de Montaigne et même dans la déclaration d'indépendance américaine de Jefferson qui évoque la « poursuite du bonheur ».

Tant de thèmes dans un même livre pourraient faire craindre à une accumulation de sujets, mais l'histoire de ce manuscrit permet de lier les différents époques et de montrer une continuité du foisonnement intellectuel.

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(Grand merci à Masse critique de Babelio et à Flammarion pour m'avoir fait parvenir ce livre !)

1417, c'est l'année où Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, humaniste, secrétaire apostolique « en vacances forcées » et chasseur de manuscrits rares découvre un exemplaire du « de rerum natura » de Lucrèce (Titus Lucretius Carus) que l'on croyait perdu à jamais mais présent dans le fonds d'une bibliothèque monastique suisse (Fulda ?). C'était l'occasion pour l'auteur d'une leçon sur la transmission des manuscrits anciens : papyrus, codex, volumen… mais plus encore sur le mépris de la religion catholique envers tous les auteurs, poètes, orateurs, dramaturges, scientifiques… d'avant J-C, considérés comme des auteurs païens. le Quattrocento marque la transition entre l'obscurantisme médiéval et la Renaissance ou le « souffle nouveau » dont le mouvement a été initié par Pétrarque par la re-découverte des écrits des Anciens et le développement de l'humanisme. le « de rerum natura » est une oeuvre poétique écrite en hexamètres dactyliques : « Un poème alliant un brillant génie philosophique et scientifique à une force poétique peu commune. (Cicéron) », « La langue est difficile, la syntaxe complexe et l'ambition intellectuelle considérable. (Le Pogge) » Ceci n'est pas un roman, mais un récit brillant et érudit (50 pages de notes et index) qui ravira tous les lecteurs friands de culture classique et les humanistes épicuriens.
Lien : http://leoalu2.blogspot.com
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Une quête d'humanistes pour retrouver les anciens écrits afin de faire connaître et faire perdurer les connaissances de l'humanité. 
À travers ces recherches, l'histoire de la pensée et de ses évolutions est relatée, remise dans son contexte et analysée. 
Le style et le sens des descriptions donnent l'impression de vivre cette histoire tout en s'enrichissant. Une somme d'informations considérable.
Merci aux scribes et moines copistes qui, au fil des siècles, ont permis de garder les traces de notre évolution. 
Certes, il y a beaucoup de digressions de digressions. Bien que très instructives, on perd parfois le sujet de départ.

Nous croyons notre société au sommet de sa connaissance, mais les auteurs anciens nous prouvent que le savoir existait depuis plusieurs siècles, et nous l'avons occulté pour de sombres et mauvaises raisons, entre recherche de savoirs, de pouvoir et d'obscurantisme.

Pour ceux qui s'intéressent à la préservation des connaissances et souhaiteraient un style plus léger, je conseille la BD Bibliomule de Lupano.
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Ouvrage protéiforme, Quattrocento démarre comme un roman historique qui tournerait autour de la vie de Poggio Braccionlini, dit Le Pogge. On s'aperçoit assez vite qu'il s'agit plutôt d'un essai, qui démontre moins qu'il ne met à jour des trésors d'érudition : revue de la philosophie épicurienne,  découverte de Lucrèce et de son manuscrit, focus sur la Curie (dont Le Pogge n'est pas dupe), digressions en tous sens.Alors soit, la forme n'est pas très carrée, pas plus que le fond qu'on a du mal à faire rentrer dans une catégorie. Et alors ? Cette lecture fut pour moi un plaisir et un émerveillement constant devant l'intelligence humaine, qui ressurgit avec d'autant plus d'acuité que le temps passe.Difficile, une fois le livre reposé, de ne pas être d'accord avec Bernard de Chartres : nos aïeux sont des géants. 
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Une véritable arme de destruction massive ! La découverte du de la Nature, de rerum natura, poème de plus de sept mille vers du latin Lucrèce, Titus Lucretius Carus, apôtre de la doctrine de son maître Epicure (et de l'atomisme de Démocrite), seule capable de libérer l'homme de la peur des dieux et de la mort, remettait en cause les fondements mêmes de la religion hégémonique européenne, le catholicisme. L'historien Stephen GREENBLATT dans Quattrocento en narre la passionnante découverte au début de la Renaissance en 1417 par Broccio Bracciolini dit Le Pogge, secrétaire apostolique du pape Jean XXIII condamné le 29 mai 1415 .

Lucrèce heurtait en effet de front l'idéologie dominante en professant des idées hautement hérétiques pour l'Eglise universelle : un univers sans bornes constitué d'atomes sans créateur ni concepteur, une âme qui meurt avec le corps, la vie intervalle entre deux néants, le principal objectif étant l'augmentation du plaisir et la réduction de la douleur.

Autant de principes qui séduiront les esprits les plus brillants de leur temps, Galilée, Machiavel, Botticelli (Le Printemps), Montaigne et autres, jusqu'au président américain Jefferson qui, imprégné du de Natura, rédigera la Constitution en y introduisant les notions épicuriennes de bonheur et de bien-être général .

Pour nous revigorer au souffle des cimes en nos temps d'obscurantisme, il nous faut (re)lire de rerum natura, opus bimillénaire, dont les propositions, après avoir ébranlé les dogmatismes, seront confirmées par l'avant-garde des scientifiques contemporains. " En niant les dieux indignes et criminels, il [Lucrèce] prend lui-même leur place. Il sort du camp retranché et commence les premières attaques contre la divinité au nom de la douleur humaine. " (Albert Camus, L'Homme révolté, Gallimard, 1951).
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À la fois roman historique et essai, Quattrocento se révèle un livre passionnant mais assez ardu... C'est l'aube du XVè siècle, le début de la Renaissance initiée par l'émergence de l'humanisme.
Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, fut un bibliophile latiniste passionné mais aussi le secrétaire du pape Jean XXIII qui disparut des tablettes pour cause de destitution et d'emprisonnement. Il vécu au coeur de la chrétienté et de toutes les intrigues de la cour papale, et fit partie de ces fins lettrés obsédés par la recherche des manuscrits disparus de l'antiquité. Et en 1417, dans un monastère allemand reculé, il fit une découverte qui bouleversa l'histoire en mettant au jour une copie du « de rerum Natura » de Lucrèce, un immense poète et philosophe romain.
Ce très long et magnifique poème propage et développe la pensée d'Épicure concernant notamment la matérialité de la nature autour de la théorie des atomes (toutes les choses et les animaux sont des constructions de particules de bases appelées atomes, qui s'assemblent et se défont au fil du temps), l'inutilité des dieux et la légitimité de la recherche du plaisir pour soi (faire plaisir aux dieux n'a pas de sens puisqu'ils n'en ont pas besoin...).
Ce livre ressurgissant des temps anciens (écrit environ 50 ans avant Jésus Christ) remet en cause 14 siècles de philosophie chrétienne fondée sur le divin et vouant la vie terrestre au seul salut de l'âme et qui, au passage, avait balayé et fait quasiment disparaître toutes les traces des philosophes antiques, jugées contraires au dogme chrétien.
L'auteur nous montre combien la remise en circulation de ce fascinant poème influença la pensée occidentale en remettant au centre de la pensée l'homme en tant qu'arbitre. En effet, les humanistes et après eux les encyclopédistes, la plupart des philosophes et de nombreux scientifiques ont lu et se sont inspirés de « de rerum Natura ». On en trouve même des preuves dans la constitution américaine, sous l'influence de Thomas Jefferson.

Bref un livre qui éclaire l'évolution de la pensée humaine et donne aussi à réfléchir sur notre époque où la poussée des intégrismes pourrait conduire à un nouveau « Moyen âge »...
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Comme chaque agorien (et contrairement à « mes » bibliothécaires bluffées), je savais déjà que ce livre n'était pas un roman et que l'aventure de la redécouverte du de rerum natura de Lucrèce en 1417 par Poggio Bracciolini n'en constituait pas l'essentiel.
Cependant je ne me doutais pas de la multitude de sujets que l'auteur a mis en relation avec cette oeuvre latine assurément marquante pour les siècles à venir, autant en amont qu'en aval de sa rédaction.
Une partie importante de ce livre - dont le titre original, The Swerve, peut être traduit par « L'embardée », c-à-d. un brusque changement de direction par ex. celle de la pensée entre le Moyen-Âge et la Renaissance, mais peut éventuellement être lui-même la traduction de « clinamen », c-à-d. la déviation spontanée des atomes, concept-clef de la physique épicurienne développée dans le poème de Lucrèce - est consacrée à la transmission des écrits dans l'Antiquité et au Moyen-Âge, jusqu'à l'introduction de l'imprimerie.
Une autre partie fondamentale concerne la réception de la pensée d'Épicure entre la Grèce antique, Rome, la chrétienté médiévale ; son rôle catalytique De La Renaissance et ensuite, entre « Déviations » - usages détournés par des philosophes ne l'assumant pas dans son ensemble – et « Postérité » jusqu'au darwinisme.
Une dernière partie concerne la figure du Pogge dans le contexte plein de turbulences, de bassesses, de complots et d'accusations d'hérésie de la curie du XVe siècle. La cour papale semble cultiver et fonctionner grâce à des membres (ecclésiastiques et laïcs comme Le Pogge) à la fois déloyaux et enclins à sanctionner implacablement la félonie des confrères.
Ces parties se chevauchent et se recouvrent. Cette dernière a été pour moi la plus instructive.
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Un livre intéressant mais pas toujours facile à lire.

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haletant
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Intéressant. Historique, philosophique, dense au niveau des recherches biographiques du moyen âge, un peur soporifique par moment' la dernière partie, a partir de moment ou il aborde vraiment "de rerum natura" est plus alléchante .
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