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Sarah Gurcel (Traducteur)
EAN : 9782072931956
288 pages
Gallimard (08/06/2023)
4.3/5   37 notes
Résumé :
Dans un futur très proche, le dérèglement climatique n'est hélas plus à prouver. Francesca, célèbre activiste britannique, arpente cependant le monde pour alerter l'opinion sur l'état de la planète : incendies en Australie, inondations au Japon, îles englouties, villes submergées... Elle délaisse de plus en plus son jeune fils Pauly, qui se retrouve en grande partie élevé par sa demi-soeur Caro, encore adolescente.
Un jour, avant de prendre le risque de trop... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Tout le monde meurt, mais la terre que nous quittons demeure, on l'espère. » peut-on entendre dire l'un des personnages de la maison haute de Jessie Greengrass alors qu'une nouvelle catastrophe climatique s'abat sur l'humanité. C'est ainsi que pourrait se définir ce roman de science-fiction sous couverture blanche publié chez Gallimard et signée par une Britannique que l'on découvre pour la première fois en langue française.
Parfaitement en phase avec l'éco-anxiété qui gagne du terrain dans nos sociétés modernes, Jessie Greengrass regarde le futur comme un tout inéluctable, comme une fatalité.
L'humanité va mourir, et c'est peut-être mieux ainsi.

À quoi s'attendre pour la fin du monde ?
Au déluge promis par la Bible ou aux effets pyrotechniques d'un blockbuster hollywoodien un peu kitsch ?
La maison haute choisit une voie médiane, quelque part au milieu de rien, en bord d'un fleuve anonyme, à côté d'un ancien village portuaire qui n'en finit pas de mourir, là-bas dans un futur proche, trop proche.
Nous suivons d'abord Caro, une jeune fille qui vit avec son père et sa belle-mère, Francesca, une universitaire et activiste écologique anglaise.
La vie de cette famille recomposée se voit bouleversée par l'arrivée d'un nouvel enfant, Paul, affectueusement surnommé Pauly par sa demi-soeur.
Mais alors que Francesca découvre que son fils noue davantage de liens avec sa belle-fille qu'avec sa propre mère, elle s'inquiète surtout du destin qui les attend tous.
À la télévision et sur le net, la planète sombre. Incendies, inondations, tempêtes… il n'est plus temps de se réunir et de se fixer des objectifs pour réduire le réchauffement climatique. Il est trop tard. Beaucoup trop tard.
Francesca, pourtant, ne peut pas rester les bras croisés et décide de partir une dernière fois en croisade pour secouer le monde autour d'elle.
Jusqu'à y perdre la vie avec l'homme qu'elle aime.
Pauly et Caro, eux, savent qu'il ne leur reste qu'un endroit où aller, dans cette maison reculée où les spectres de l'enfance rôdent, cette maison haute qu'on ne voit pas depuis la route.
Ils n'ont alors aucune idée de la présence de Grandy et de sa petite-fille Sally, tous deux chargés par Francesca de l'entretien de la maison haute, cet ultime refuge, alors que les eaux montent encore et encore.
Roman lucide, La maison haute n'est plus là pour batailler avec le lecteur comme pouvait le faire encore Kim Stanley Robinson avec son Ministère du Futur. Pour Jessie Greengrass, il est trop tard car nous n'avons rien fait, nous n'avons rien voulu voir et… voilà.
Traversé tout du long par un sentiment de gâchis et une mélancolie lancinante qui prend aux tripes, l'histoire de Caro et de son frère regarde lentement le monde sombrer.

Mais cette vision des choses n'a rien de globale, elle n'est pas le ressenti de l'humanité entière ou l'exposition sans fin de catastrophes terribles.
La maison haute fait le pari de l'intime, du récit pudique qui sait profiter de la tristesse de ses personnages pour reconstruire le chagrin du monde.
C'est avant tout l'histoire d'une famille qui se décompose et qui se recompose, de l'amour entre Pauly et Caro ébranlé par la perte et le deuil.
Jessie Greengrass explore la relation d'amour-haine qui unit Caro à Francesca, cette mère qui n'en est pas une. Sur celle-ci plane nombre d'interrogations, sur qui elle voulait sauver et pourquoi.
Caro doute, se torture l'esprit, mais elle retrouve une braise encore rougeoyante de courage en Pauly, ce gamin qui aime les oiseaux et les pierres. En face, Grandy et Sally forment un tout plus conventionnel, un grand-père et sa petite-fille venue là presque par hasard.
Le vieil homme incarne la mémoire des lieues. Lui aussi a connu des inondations, lui aussi a connu des catastrophes.
Il sait, mieux que personne, que lorsque l'eau déborde, les hommes disparaissent.
Lentement, minutieusement, Jessie Greengrass tisse des liens invisibles entre ses survivants, elle raconte comment ceux-ci s'accrochent à la vie alors que tout le monde disparaît autour, comment la colère et la peur se disputent le coeur de Sally.
Surtout, elle constate à la fin que personne ne survivra, que nous ne sommes rien sans l'électricité qui nous éclaire et nous réchauffe.
La maison haute n'est en aucune façon un roman d'action, il n'est pas là pour vous entraîner dans des péripéties extraordinaires mais pour vous faire ressentir au plus près les sentiments les plus intimes de ses personnages, pour vivre l'apocalypse telle qu'elle sera certainement pour la plupart d'entre nous : lente, implacable et quasiment silencieuse.
Privé de tout, l'humain devra alors compter sur ce qui lui restera en dernier : l'amour et la chaleur de ceux qu'il considère comme les siens, sa famille pour le crépuscule.

Magnifique roman de fin du monde, préférant l'intime et la pudeur aux combats grandiloquents perdus d'avance, La maison haute est un peu le genre de livre qu'on lit au coin du feu à la campagne en se demandant quand viendra la fin… et pourquoi diable nous n'avons rien fait pour l'empêcher ?
Lien : https://justaword.fr/la-mais..
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On ne compte plus le nombre de romans relevant de l'imaginaire publiés chez les grands éditeurs généralistes qui n'osent mettre le terme d'anticipation (je ne parle même pas de science-fiction !) dans la présentation de leurs livres. La Maison Haute de Jessie Greengrass en est un exemple frappant.

Dans un futur proche, le dérèglement climatique n'est hélas plus à prouver. Entre les incendies en Australie, les inondations au Japon, les îles submergées et les villes englouties, la planète se meurt. Francesca, une activiste britannique, parcourt le monde pour alerter l'opinion. de ce fait elle délaisse son jeune fils Pauly au profit de son activité professionnelle, le laissant de plus en plus dans les mains de sa belle-fille Caro, jusqu'à ce jour où elle leur ordonne de rejoindre la maison haute, leur vieille bicoque de campagne isolée au fin fond de l'Angleterre. Une nouvelle vie s'offre alors à eux...

La Maison Haute nous narre un drame familial sur fond d'urgence climatique. Sans être révolutionnaire, cette anticipation (n'ayons pas peur des mots) menée de main de maitre, est de toute beauté (pardon de toute cruauté !). Ce roman choral est basé autour de trois personnages ayant chacun une perception différente de leur histoire commune. le passage d'une vision à l'autre donne du rythme et du corps au récit, l'ensemble se faisant avec fluidité et une certaine légèreté.

Jessie Greengrass évite l'écueil de la surenchère ou de l'extrémisme. Elle se contente d'être factuelle ne tombant jamais dans le militantisme outrancier. En toile de fond le changement climatique est à l'échelle de la planète mais son histoire est locale, celle d'une famille qui pourrait être n'importe laquelle d'entre nous. Sur un temps d'une génération, elle imagine les changements possibles, des petits désagréments aux immenses bouleversements, de ceux insidieux que l'on ne découvre que trop tard à ceux qui font tomber des pans entiers de notre monde.

Derrière les dévastations, des hommes et des femmes se battent pour vivre, survivre dans des conditions de plus en plus difficiles. L'amour, le partage et la capacité d'adaptation sont les moteurs de ces êtres meurtris, un peu perdus face à leur sombre destin.

La Maison Haute est un grand cri d'alarme écologique. Il est déjà trop tard pour éviter le désastre mais il faut s'y préparer et tout faire pour retarder son arrivée et atténuer ses conséquences. Touchant, déprimant et pessimiste, ce roman est une grande claque dans lequel la résilience et la résignation s'apparentent à une forme d'espoir (probablement vain). Reste que Jessie Greengrass a réussi son pari en apportant sa modeste contribution à l'éveil des consciences.


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Je m'attendais à un roman contre le dérèglement climatique, avec son cortège de slogans militants et culpabilisants. Sans aucun de ces poncifs, il est cependant une alerte bien réelle sur un avenir qui risque de basculer pour beaucoup d'entre nous : inondations, sécheresse, manque d'eau, incendies... Loin de faire dans le mélodrame, ce roman nous impressionne par sa vérité, par la simplicité des situations, par la compassion des uns envers les autres. On découvre la psychologie des personnages dans leurs actions en situation extrême. Bref, j'ai adoré et l'ai relu immédiatement dans la foulée. Un roman fort par la simplicité de son style et l'amour qui transpire à chacune de ses pages.
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Ce n'est pas un livre drôle. Il est même angoissant, mais aussi magnifique. Avec une intrigue dépourvue d'action, l'auteure nous plonge dans "si on avait su" qui nous prend au nez. Les personnages sont très attachants et j'ai regretté que le roman soit si court. Mais sa concision le rend d'autant plus percutant. Je le recommande pour son réalisme car que reste-t-il quand on n'a plus rien et que ce que l'on considérait comme acquis, n'est plus ?
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Quelque part en bord de mer, face à une montée des eaux inexorable et pour finir violente, la Maison Haute est un refuge, pensée comme un nid par une mère pour ces enfants qu'elle tient à protéger pour toujours. Un roman sensible et intelligent, d'une grande humanité. Comment s'adapter sereinement aux forces de la nature.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Et puis il y avait autre chose : cette sécurité et ce confort dont nous jouissions, le chauffage, l'isolation, les plaques de cuisson au gaz et les lumières électriques, ce qui se passait lorsqu'on appuyait sur un bouton, tout cela avait un coût. Pendant des dizaines d'années on avait différé le paiement ou passé la facture aux suivants, mais il faudrait bientôt régler la note, et qui restait-il pour solder les comptes ?
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J’ai beaucoup de mal, maintenant, à me rappeler ce que ça faisait d’habiter cet espace entre deux futurs, nos vies entières coincées dans l’interstice entre crainte et certitude – je crois que ça ressemblait surtout à ces rêves dont on essaie de se réveiller sans y parvenir, si bien qu’on n’en finit pas de retomber sur le matelas, la couette en bataille, les yeux fermés. Par un mécanisme de survie salutaire, profondément ancré en nous, il nous est beaucoup plus facile de nous soucier de ce qui est petit et proche. Comment vivre, sinon ?
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- Eteins-moi ça, veux tu ? me disait papa.
Francesca laissait faire, mais fronçait les sourcils :
- Ce n'est pas d’éteindre la radio qui fera disparaître le problème...
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Elle exsudait la peur comme une odeur, mais ce n'était pas pour nous qu'elle s'inquiétait - ni même pour Pauly. Elle avait peur pour tout le monde, en même temps - tous les gens qui, cette nuit-là, couraient ou ne couraient pas, tous ceux qui attendaient dans le noir des secours qui n'arrivaient pas, tous ceux qui s'accrochaient à leur toit, qui entassaient leurs biens dans leur voiture et prenaient la route sans destination - ceux qui, tout le long de la côte, étaient déjà noyés ou en train de se noyer tandis que la pluie tombait sur eux comme sur nous, trempant tout ce qu'elle touchait. C'était une peur de compassion, une peur de rage, et je sentais sa force nous pousser vers l'avant. J'ai pris sa main et, ensemble, on s'est engagées sur le pont.
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Si je suis le dernier à partir, je me demande combien de temps je resterai après la mort des autres. Je n'aimerais pas être seul ici, mais je crois que ce serait pire encore de faire le choix de mourir sans leur présence pour me réconforter. Je crois que j'aurai la sensation d'un grand froid. D'un grand vide. Je m'imagine faire le tour de la maison une dernière fois. Je m'imagine fermer les fenêtres, les portes. Le dernier d'entre nous n'aura pas d'enterrement. Il reposera pour toujours ici, dans la maison haute. Elle est notre sanctuaire, elle sera notre tombe.
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