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Critique de ATOS


ATOS
14 novembre 2013
« Ursus et Homo étaient liés d'une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un loup. »
Victor Hugo.

Retour à Salem est un roman initiatique.
Ce n'est pas un conte, ce n'est pas une légende, c'est une quête, une annonciation, une prophétie.
La lecture d'une partition totale et absolue. Une feuille de route qui se pose sur le chemin de la vie.

Toute chose a son intelligence. Tout est relié et Tout se lit. A nous d'opérer le remontage.

Bachelard et Hesse sont venus naturellement me rejoindre lors de cette lecture.
"L'être est tour à tour condensation qui se disperse en éclatant et dispersion qui reflue vers un centre". Bachelard La poétique de l'espace.

Image universelle traduisant la musique du monde. .

Et puis se sont joints Nietzsche, Levis Strauss et beaucoup d'autres, que je ne connais pas encore, mais que je comprendrai un jour.

Le dehors n'étant que la résonance du dedans, partant de ce principe je ne désespère plus d'entendre un jour le concerto entier de la vie.

«  le possible est une tentation que le réel finit toujours par accepter » m'a rappelé Bachelard.
Et c'est vrai, c'est vrai que le temps est un mouvement pas une durée, et qu'il suffit de se mettre en marche pour retrouver sa demeure.
Sa demeure, pas une maison, plus que ça , le lieu où l'on se doit.
Le lieu où l'on se rappelle que «Nous venons de loin avec notre sang chaud » .
Ça ne sert à rien une mémoire si elle ne vous « rappelle » à rien.

Si le livre d'Hélène Grimaud a convoqué auprès de moi ces esprits là, ce n'est pas pour rien.
C'est qu'on y parle d'esprit, d'âme, de passage, d'imaginaire, de rêve, de poésie, de voyage, de création, d'images, de musique, d'espace, de langage, de matières. de tout ce que nous ne percevons pas, mais qui est en nous, autour de nous, et bien au delà de nous et cela depuis toujours.

Une ressouvenance, une résonance, un écho, un rappel à l'ordre , au premier ordre, celui de l'origine.
Nous n'avons rien perdu, nous possédons toute notre mémoire. Nous vivons dans ce que nous voulons être notre réalité, et nous refusons d'entendre le songe. le songe de notre humanité naît dans le rêve du monde.

«  le fait d'évoquer une idée, de représenter une réalisation, est en soi un petit pas vers cette réalisation même » me rappelle Hesse.

Hélène Grimaud ne fait pas de la musique, elle est Musicienne, comme l'était Monsieur de Saint Colombe.
Comme toutes celles et ceux qui connaissent l'espace, non pas une cavalcade autour du monde, non pas une course à la vitrine du monde, l'Espace immense qui nous habite, là où nous demeurons.

Elle porte sa musique aux autres. Je dis Sa musique parce qu'elle est sienne puisqu'elle l'a comprise.
Sartre dit « tout ce que tu comprends t'appartient ». Alors la musique de Brahms, c'est bien sa musique et elle nous l'offre pour que nous la possédions nous aussi et qu'elle devienne notre musique.
C'est une lumière, le partage d'une flamme pour que nous puissions tous ensemble lire la partition.

Parce qu'une seule âme ne suffit pas. Parce que nous nous ferons, ne construirons, n' élèverons rien si nous ne le conçevons pas pour tous, pour tout ce qui fait partie de la Création, pour l'ensemble des règnes .
Sinon cela ne veut rien dire. Une silence ou une cacophonie, voici la définition de l'enfer pour Hélène Grimaud.

Pour déchiffrer, trouver la clé qui ouvre le passage, il faut retrouver l'essentiel, l'essence commune. C'est ça le retour à Salem. le retour, le lieu du commencement.

« ...Un jour, peut être, au cours des siècles à venir, on lirait cette écriture, elle serait déchiffrée elle aussi, et traduite. Et l'immensité d'un poème illisible se déploierait dans le ciel »... Duras

« Des périodes de terreur et de très profonde misère peuvent survenir. Mais s'il doit y avoir encore un bonheur dans la misère, ce ne peut être qu'un bonheur de l'esprit, orienté, dans le passé, vers le sauvetage de la culture des époques antérieures, et pour l'avenir, vers l'affirmation sereine et persévérante de l'esprit, dans une ère qui sans cela risquerait d'être entièrement vouée à la matière.» ...Hesse.

« En tout commencement un charme a sa demeure,
C'est lui qui nous protège et qui nous aide à vivre ».
« Prépare toi à des luttes, je vois bien qu'elles ont déjà commencé. ».
….Le jeu des perles de verre. …. Hermann Hesse.

Soutenir un regard c'est toujours tenir un engagement.
Alors, placez vous devant ce miroir, et écoutez,
écoutez attentivement ce que cet esprit vous dit.

«Pour savoir, il faut s'imaginer»,
« révoquez l'inimaginable!», Georges Didi-Huberman.

Alors, autour du monde convoquons notre esprit.

Les loups resteront toujours des loups pour les hommes,
à nous de redevenir humains pour les loups.

Bon retour à tous.
Et particulièrement à toi, que je sais déjà en chemin.

« Lou, je m'appel-le Lou,
Lou, c'est moi, c'est vous ».
Lou Boland, jeune musicien , aveugle, atteint du syndrome de Morsier.


Astrid Shriqui Garain.
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