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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Premier volet d'une impressionnante fresque sur la bataille de Stalingrad (le second volet étant le célèbre Vie et Destin, dont rien que la parution est une épopée à elle seule), Pour une juste cause est celle du bien contre le mal, de la liberté contre l'oppression incarnée par le « diable de l'hitlérisme ». Dans ce domaine, il a tendance à verser un peu trop radicalement dans le manichéisme mais quand même… quel souffle !
Car au-delà du fracas de la guerre et des idéologies, comment ne pas entendre la voix du peuple résonner et vibrer sourdement, tantôt avec ferveur, tantôt avec résignation, ponctuée parfois de « ces rires incomparables des Russes, capables de s'amuser avec une merveilleuse simplicité dans les instants les plus terribles, les plus durs de leur destin. »
C'est la voix des ouvriers, des paysans, des ingénieurs, des hommes et des femmes de la vieille garde, de la jeunesse, des soldats que nous découvrons à l'oeuvre dans les usines, dans les mines, dans les hôpitaux, dans les villes, sur les routes, dans la vie de famille, en première ligne, dans la réserve ou à l'arrière, dans tous les recoins de la vie, ou de la mort.

J'ai trouvé la mise en place un peu longue. Je ne sais si j'ai manqué de concentration mais j'ai eu du mal à m'approprier les personnages (et les villes !). Combien de fois ne suis-je pas revenue en arrière parce que j'avais oublié le contexte ou la filiation d'un personnage ! Ils sont présentés à la chaine dans un contexte et un historique qui leur sont propre, si bien qu'un personnage peut ne pas réapparaitre avant plusieurs centaines de pages. Ce manque d'interaction et d'alternance m'a gênée. C'est plus proche d'une mosaïque de personnages et de destins, même si une grande partie d'entre eux sont les membres (étendus) d'une même famille.

A noter que j'ai également été surprise de découvrir dans la préface de Luba Jurgenson que, déjà, ce premier volet avait valu des ennuis à son auteur. Si le décès de Staline lui a évité des poursuites, il a quand même été contraint d'en publier « une version expurgée ». J'ose espérer que mon exemplaire est la version originale, rien n'est précisé à ce sujet. Il lui aurait été reproché de « déformer l'image des Soviétiques » alors qu'il me semble au contraire qu'il la sublime. La foi envers le Parti est d'ailleurs omniprésente. Il y a bien une ou deux remarques à demi-mots un poil plus critiques mais pas de quoi fouetter un chat, encore moins un Staline. Franchement, je n'ai pas bien compris ce qui avait pu lui défriser la moustache…

Une chose est sûre, la résilience des Russes est à l'honneur. Ode au patriotisme, à la Mère patrie, au travail aussi, ce n'est pas tant un livre sur la guerre qu'un livre sur le quotidien de la guerre, celle des soldats comme celle des civils. La guerre s'installe peu à peu dans les discussions, dans la vie quotidienne, devient un état d'esprit, fait corps. « À cette époque la guerre était cette mer dans laquelle se jetaient tous les fleuves et dans laquelle naissaient tous les fleuves. »

Ce premier volet se termine à Stalingrad en septembre 1942, alors que les dernières poches de résistance russes sont fortement mises à mal, et ce n'est rien de le dire. Forcément, cela appelle une suite ; d'autant que certaines destinées restent en suspens. A suivre donc…
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Je viens de terminer les 1.050 pages de ce roman-récit, épopée, écrite par un journaliste de guerre, observateur : Vassili Grossman) entre l'armée nazie d'Hitler et l'armée soviétique. de Staline.
Le thème principal : victoire des russes sur les allemands en gagnant la bataille de Stalingrad.
J'ai eu, non pas des difficultés de lecture, l'écriture reste claire et parfaitement accessible, mais les principales pierres d'achoppement furent : la complexité des grades militaires à laquelle est ajoutée des qualifications précises par rapport à la profession civile ou politique; les noms russes des personnages, : trois mots, plus souvent, des diminutifs, pour une seule personne (je sais c'est comme cela en russe), j'ai dû me faire une petite liste,; les nombreuses petites villes éparpillées : sur un bout de carte géographique, et enfin les tactiques, les stratégies militaires : avances, retraits, encerclements, attaques, contre-attaques, qui font une grande partie du récit, où viendra apparaître les personnages, avec pour chacun un morceau de son histoire personnelle.
Le commissaire politique est un agent de surveillance, chargé d'orienter les hommes de tous grades dans le sens voulu par le parti communiste.Il reflète la discipline et la propagande inhérente à toute dictature.
La guerre, les destructions massives, la mort, le courage face à un ennemi puissant sur-armé, la force, la volonté de défendre sa terre, son pays, son honneur face à une armée d'envahisseurs décidée à tuer, à éliminer tout ce qui n'est pas allemand afin de conquérir un monde qui serait à sa merci
Je ne regrette pas cette lecture ayant été jusqu'à la dernière page avec ténacité. Je vais lire la suite "Vie et Destin" paru en 1980., universellement reconnu comme l'un des plus grands romans du XXe siècle.. Mais sincèrement, j'ai eu quelquefois un peu de mal à suivre les troupes, les régiments, les bataillons etc n'ayant pas l'esprit militaire..
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Stalingrad.
Difficile d'évoquer ce nom sans le relier à la Seconde guerre mondiale, à cette bataille terrible qui y fit rage et qui reste un moment décisif de ce conflit.

Vassili Grossman était journaliste, envoyé sur le terrain pour relater ces terribles affrontements.

Il publiera deux romans fleuves (plus de mille pages chacun) qui narreront la bataille de Stalingrad au travers du destin d'une famille, les Chapochnikov, et leurs proches.

Ces deux romans sont "Pour une juste cause" et "Vie et destin". J'ai lu ce dernier en premier, cette lecture consistant une véritable claque littéraire. La finesse de l'analyse politique, les récits des combats, les émotions ressenties au cours des pages m'avaient laissés sans voix, même si à certains moments la multiplicité des personnages était venue contrarier ma lecture.

D'où mon achat du premier "tome" pour en apprendre davantage sur le passé des personnages qui m'ont tant marqués.

Mon impression est cependant plus mitigé. Si je retrouve une plume acérée et criante de vérité pour évoquer les scènes de combat, un certain nombre de longueurs m'ont gêné.

Là où "Vie et destin" offre une critique d'une incroyable lucidité des régimes nazi et soviétique, "Pour une juste cause" se présente davantage comme une élégie, un hommage au peuple russe, de ses soldats, ouvriers, techniciens... qui ont défait l'armée allemande.

On sent, tout de même, poindre ça et là les prémisses des critiques qui seront développées plus tard.
Si vous ne deviez en lire qu'un seul sur les deux, jetez-vous sur "Vie et destin". "Pour une juste cause" vous permet de l'approfondir en quelque sorte mais il n'a pas la même force.
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II - Correspondant de guerre pour "L'Etoile Rouge", Vassili Grossman eut tout le temps d'assister aux combats qui marquèrent le siège de Stalingrad et qui durèrent de juillet 1942 à février 1943. Il y puisa l'idée de "Pour Une Juste Cause" qui, on ne s'en étonnera pas, est avant tout une oeuvre très engagée, patriotique et nationaliste. L'auteur nous dépeint la lutte de géants qui opposa son pays à l'Allemagne nazie en nous présentant tout un lot de personnages plus ou moins attachants, dont les membres de la famille Chapochnikov. Si l'on excepte les absurdités administratives de l'armée, les instances soviétiques ne sont pas critiquées.

Sans être ennuyeuse, cette partie du livre dépasse rarement le niveau d'un honnête roman de propagande. Mais tout va changer avec "Vie & Destin."

Quand il s'attaque à cette deuxième partie, Grossman est un homme gravement ébranlé par la guerre : il y a perdu son fils aîné et il a été l'un des premiers à entrer à Treblinka. Pire encore : sa mère, à laquelle il dédiera "Vie & Destin", est morte dans un ghetto. En d'autres termes, ce Russe d'origine juive, qui ne parle pas le yiddish et qui a été élevé dans une famille non pratiquante, se voit appelé, pour la première fois, à réfléchir à son identité.

Pour couronner le tout, si l'on peut dire, la sortie, en 1952, de "Pour Une Juste Cause", et sa démolition en flammes par un critique empressé aux ordres du Généralissime, font comprendre à Grossman que ce socialisme soviétique pour lequel il s'est battu est en train de relever le flambeau hitlérien contre les juifs. Oh ! bien sûr, Grossman avait entendu parler des pogroms mais tout cela se passait sous le régime tsariste et était d'autant plus inconcevable dans l'URSS marxiste-léniniste de l'après-guerre que les Soviétiques d'origine juive s'étaient battus comme les autres contre l'envahisseur ...

Et pourtant ... (A Suivre ...)
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За правое дело suivi de Жизнь и судьба
Traduction : Luba Jurgenson pour "Pour Une Juste Cause" et Alexis Berelowitch et Anne Coldefy-Focard pour "Vie & Destin"

I - Aucun livre n'a jamais été présenté de cette manière sur notre forum et il n'y en aura sans doute pas d'autre. Les deux volumes peuvent se lire séparément et ont été édités tous deux séparément et pourtant, il ne nous viendrait pas à l'esprit de les présenter l'un sans l'autre car la spécificité de "Vie & Destin", son caractère unique non seulement dans la littérature russe mais aussi dans la Littérature tout court, ne se perçoit pleinement que par opposition à ce que son auteur avait conçu comme la première partie de sa fresque, "Pour Une Juste Cause."

L'axe central des deux volumes, c'est le siège de Stalingrad. Rappelons brièvement que le sort de l'Europe et de la Seconde guerre mondiale s'est décidé à Stalingrad et que, sans l'héroïsme du peuple russe tout entier et de ses soldats, les Alliés auraient peut-être réussi à abattre Hitler mais cela leur aurait pris infiniment plus de temps. L'affirmer n'est ni faire mentir L Histoire, ni dénier aux Américains l'importance que revêtit pour nous leur intervention dans le conflit. Mais il faut garder à l'esprit que, au moment où débute "Pour Une Juste Cause", l'Europe entière, à l'exception de l'Italie fasciste, de l'Espagne, d'obédience franquiste, et de la Grande-Bretagne de Sa Gracieuse Majesté, est envahie par les Nazis. On peut chipoter sur les distinctions entre les pays annexés (comme l'Autriche ou une partie de la Pologne), les pays effectivement occupés (comme la France) et les pays satellites (comme la Roumanie ou la Hongrie) mais la réalité s'impose : l'Europe appartient aux nazis.

Pour une raison connue de lui seul, Hitler prit la décision de rompre le pacte que l'Allemagne avait signé avec l'URSS le 23 août 1939. L'idéologie nazie des "sous-hommes" incluait largement les Slaves et cette arrogance de ceux qui s'auto-proclamaient comme appartenant à la "race des Seigneurs" allait entraîner leur perte. Car si l'attaque allemande du 22 juin 1941 fut pour Staline comme un véritable coup de massue - et l'homme n'était pourtant pas facile à déstabiliser, on le sait - il allait très vite se reprendre et, à sa manière très particulière, exiger et obtenir du peuple russe un effort si gigantesque, si surhumain, qu'il finit par renverser la vapeur de l'énorme machine de guerre allemande.

Toutefois, le 22 juin 1941, l'armée allemande se trouve aux portes de la taïga : l'Ours soviétique semble sur le point de rendre l'âme et le reste de l'Europe se tait, comprenant avec horreur que la conquête de l'URSS, si on l'ajoute à toutes les précédentes et aux victoires remportées également en Asie et en Afrique, marque la naissance d'un monde entièrement soumis au nazisme. (A suivre ...)
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III - Comme Stalingrad pour la Seconde guerre mondiale, cette découverte marque le tournant décisif dans l'oeuvre de Grossman. Mais il ne tombera pas dans le piège de l'auto-apitoiement, il fera beaucoup mieux : l'horreur imposée aux Juifs par les Nazis, il fait en sorte de la dépeindre comme un fléau universel, capable d'atteindre du jour au lendemain l'Humanité tout entière. Vous faut-il une preuve ? le sort infligé à Sturm, alter ego vraisemblable de l'auteur dans le roman et physicien dont se détournent peu à peu, après la guerre, parce qu'il est juif, tous ses bons "camarades", qu'ils aient ou non leur carte au Parti, voilà cette preuve, froidement et presque cliniquement détaillée par un homme à qui les siens ont fait perdre ses dernières illusions.

On admirera l'ironie avec lequel l'effacement progressif de Sturm dans et par une société soviétique qui se soumet à l'antisémitisme stalinien est justement stoppé par un appel téléphonique du Coryphée suprême, désormais soucieux, en raison des progrès américains en la matière, des théories sur l'atome du physicien déchu ...

Sturm est sauvé, certes : mais les autres ? Les autres Juifs, bien sûr mais aussi tous les autres qui, sans être juifs, pourrissaient dans les isolateurs ou dans les camps de travail du régime ? ...

On ne peut que demeurer muet et admiratif devant l'humanité profonde qui a permis à Vassili Grossman non seulement de transcender ses chagrins personnelles - en tant que fils, en tant que père, en tant que juif - et de trouver la force de faire si tôt le lien entre les deux grands totalitarismes du XXème siècle, mais aussi de refuser l'auto-apitoiement facile de ses pairs pour se préoccuper avant tout de la souffrance humaine universelle. Ce faisant, il faisait de "Vie & Destin", dont tous les exemplaires manuscrits furent, en principe, confisqués par le KGB en 1961, un livre lui aussi universel qu'il ne faut pas hésiter à lire. S'il y a un homme qui mérita un jour le titre si galvaudé à notre époque de "citoyen du monde", ce fut bien Vassili Grossman : lisez "Vie & Destin" - vous comprendrez. ;o)
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J'ai profité du confinement pour lire le diptyque de Vassili Grossmann et il fallait bien ce temps-là. C'est une épopée qui raconte la vie d'une famille et de ses proches dans la période de la bataille de Stalingrad. Bien que la guerre soit omniprésente et qu'elle pèse, influence et détermine la vie de chaque personnage, ce n'est que la toile de fond de cette saga.
Les deux livres sont dans la même ligné, mais la différence qu'on y perçoit et une nette évolution politique de l'auteur, dans « Pour une juste cause » il loue Staline qui est le grand protecteur de la patrie socialiste alors que dans « Vie et destin » il critique par la voix de ses personnages l'administration tentaculaire qui brise les citoyens russe.
« Vie et destin », a été interdit en URSS et c'est par un manuscrit sortie illégalement qu'il a fini par être publié, après la mort de Vassili Grosman.
Mis à part la difficulté à s'habituer aux patronymes Russes, ces romans sont captivants on y voit un peuple qui lutte avec acharnement contre la barbarie d'un envahisseur nazi particulièrement brutal et inhumain, essayant de survivre dans le chaos de combats féroces. La vie et sa force est présente dans ce magma de feu, l'amour y trouve sa place au milieu des gravats et dans les couloirs des hôpitaux. Ces livres décrivent la force de gens simples qui s'accrochent à ceux qu'il leur reste pour survivre. Cette oeuvre est un message d'espoir que je vous conseille
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Fresque historique à tiroirs captivante de bout en bout (ou presque car certains passages de glorification du peuple soviétique sont parfois redondants...).
Le livre retrace les prémices et les débuts de la Bataille de Stalingrad au travers de multiples personnages (russes surtout mais aussi allemands). de nombreux flash- back dans la vie de ceux-ci retracent le cheminement du front de l'est depuis l'invasion. Si j'ai eu parfois eut des difficultés à me souvenir du passé de tous les personnages, j'ai vite été happée par l'atmosphère de ce livre et me suit senti véritablement immergé dans L Histoire . On vit véritablement les multiples tensions , interrogations et souffrances de l'époque (et des 2 camps).
Se plonger dans ce pavé de plus de 1000 pages vaut vraiement la peine.
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Je voulais lire « vie et destin » du même auteur, mais l'avertissement en tête de ce livre précisant que ce livre était la suite de « pour une juste cause » m'a incité à lire celui-ci.
Un grand roman où l'auteur affiche à la fois son amour de la Russie et son attachement au communisme.
Le livre suit les parcours croisés de quelques personnes du début de la guerre au combat de Stalingrad (il se termine vers septembre 1942 en plein combats de rue).
Autant les parties romancées et historiques sont intéressantes, autant les digressions sur le communisme sont un peu à l'eau de rose.
J'attends la suite « vie et destin » avec impatience
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