Un fléau si rentable: Vérités et mensonges sur l'huile de palme

Au départ, l'autrice est primatologue et biologiste. La première fois qu'elle arrive en Indonésie (en 1997), elle est émerveillée par la luxuriance de la forêt tropicale dans laquelle elle effectue ses premières recherches sur les orangs outangs. Elle n'a encore jamais entendu parler du palmier à huile. Mais des années plus tard, elle constate que cette merveilleuse forêt se meurt, pour faire place à la production effrénée de cet arbre.
C'est donc par son travail sur les orangs outans à Bornéo qu'elle se pose des questions sur le palmier à huile, qui est-il, d'où vient-il, à quoi sert-il ?
Le premier chapitre de son ouvrage est consacré son historique, à sa biogéographie (étude de la distribution géographique des espèces) qu'elle réalise en effectuant une revue exhaustive de la littérature.
Est-il africain, américain? de la découverte de pollen fossilisé dans des sédiments du Miocène au Nigéria datant de 24000 av. J.-C, jusqu'à la production en masse de nos jours pour satisfaire les besoins croissants de l'industrie agro-alimentaire, en passant par l'augmentation de l'utilisation du savon et du développement de l'éclairage public en Angleterre début du 19ème siècle, elle nous propose dans ce chapitre un historique extrêmement bien documenté et terriblement intéressant pour tout lecteur lambda pas particulièrement féru d'histoire.
Le deuxième chapitre est intitulé : le palmier à huile nuit-il gravement à la santé ?
Non, consommé en quantité « normale » mais étant donné que l'huile de palme est présente partout, on en arrive facilement à une surconsommation. Nous consommons beaucoup trop d'acides gras saturés (en tout genre, beurre, huile, gras …), ce qui évidemment engendre des effets tels que favoriser l'obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète.
Une « anecdote » interpellante : dans les pays riches, ce sont les populations les plus défavorisées qui vont être les plus touchées par ces nourritures low costs. Dans les pays moins favorisés, c'est l'inverse car ce sont les riches qui ont les moyens d'aller au fast food.
On y apprend aussi, ou plutôt, j'ai eu la confirmation de ce que je présentais : les lobbys sont extrêmement puissants. Pour preuve, entre autres, la tentative de l'amendement « Nutella » qui visait à taxer un peu plus l'huile de palme, accepté par le sénat mais retoqué à l'assemblée. Cela s'est passé en 2012 et depuis, plus rien. L'huile de palme continue à être utilisée et peu taxée.
Le 3ème chapitre intitulé « le palmier qui gâche la forêt » se penche sur la culture du palmier à huile et la production de l'huile de palme.
C'est un produit très rentable à produire, on est en zone tropicale, le palmier produit toute l'année, la main d'oeuvre humaine est sous payée. En comparaison, la production de l'huile de colza en Europe est mécanisée et donc beaucoup plus chère à la production.
C'est pourquoi cette huile de palme est produite en tellement grande quantité générant des problèmes environnementaux gigantesques. Cette monoculture se fait au détriment de la forêt, non seulement on déforeste mais en plus on n'essaye même pas de couper et de récupérer le bois, pour aller plus vite, on incendie les forêts, ce qui émet des quantités faramineuses de CO2 dans l'atmosphère.
Enfin, le 4ème chapitre propose quelques pistes de solutions … ou d'illusions.
Le palmier à huile pourrait être un facteur de développement intéressant mais il faudrait pour cela que la culture se réalise de façon raisonnée, que l'on utilise les espaces laissés libres plutôt que de recourir à la déforestation massive.
Il faudrait aussi que le consommateur se transforme en consommacteur, en étant plus exigeant dans ses choix … sans se laisser berner par les campagnes de greenwashing, pratique qui a le vent en poupe depuis que le bio, le vert, l'écolo ont envahi les médias et nos quotidiens (page 234).
Ma conclusion : il s'agit d'un ouvrage hautement documenté, très intéressant mais très déprimant. Il a été publié en 2013 et sans suivre ce sujet spécifiquement dans les médias, je n'ai pas l'impression que quoi que ce soit ait été fait depuis pour limiter la déforestation, la production ou la consommation de ce produit. J'en ai apprécié ma lecture mais il est grand temps que je me replonge dans une bonne fiction pour ne pas sombrer dans un moment d'angoisse et d'anxiété.