AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Maïra Muchnik (Traducteur)
EAN : 9782743654641
224 pages
Payot et Rivages (06/10/2021)
3.66/5   65 notes
Résumé :
Dans cette chronique saisissante d’une ville fantôme de Patagonie frappée par une épidémie de suicides de jeunes gens, Leila Guerriero, figure majeure du journalisme narratif en Amérique latine, mène l’enquête avec une empathie profonde pour trouver une explication à ce geste ultime et toujours incompréhensible. Est-ce une secte, l’ennui, l’alcool, la violence, la solitude, la religion, le climat ? Parcourant les rues désertes de ce bout du monde arasé par le vent e... >Voir plus
Que lire après Les suicidés du bout du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,66

sur 65 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Las Heras est une petite ville au nord de Santa Cruz, province de l'Argentine, dans un immense désert, à mi-chemin entre la côte et la cordillère des Andes, avec des hivers à – 15 et des vents à cent kilomètres/heure au printemps comme en été.
Le dernier jour de l'an 1999, alors que la ville s'apprête à fêter l'arrivée du nouveau millénaire, elle est témoin d'un n'iéme suicide de jeune.
Cette ville qui a poussé comme un champignon en 1911 à l'occasion de la construction du chemin de fer de Patagonie, se développera plus tard grâce à la production de laine qui y était un prodige , rassemblant tous les ans le gratin des environs au Salon de l'Agriculture. Une petite ville que seul le prix de la laine – à la hausse, à la baisse – faisait frémir. Mais dans les années 60 la découverte d'un des gisements les plus importants de Patagonie dont la ville s'avère être en bordure va complètement changer le paysage. Elle devient une ville d'hommes seuls en quête de fortune, où bientôt vont abonder bars et putes de tous les coins du pays. Et juste derrière le péché arrivera l'église , à laquelle seuls les bordels feront concurrence en nombre : l'unique église catholique accompagné d'au moins onze confessions, Évangélistes, mormons, Témoins de Jéhovah…..Las Heras traversera les années 89 et le début des années 90 dans cette abondance de pétrole, de bars et d'hommes ayant de l'argent à dépenser. Mais en 1991 avec le début de privatisation de l'entreprise publique YFP qui jusque alors y opérait , le paradis va peu à peu se fissurer pour finalement disparaître . Une grande majorité va partir, seuls resteront ceux de qui parle ce livre témoignage, les derniers, les misérables, les cassés en morceau et surtout des jeunes…. vingt-deux jeunes entre dix-huit et vingt-huit ans se suicideront à Las Heras et plusieurs autres également tenteront de mettre fin à leurs jours entre 1997 et 1999.
Leila Guerriero l'écrivaine journaliste arrive à Las Heras au début de l'automne 2002. Son but est de découvrir la vérité en interrogeant familles et amis des victimes pour restituer l'histoire des absents et des survivants. Mais la vérité s'avère fuyante.
Elle recueille les témoignages des habitants, des gens souvent simples, mais aussi des personnalités sophistiquées comme le coiffeur qui habite là comme s'il était à Miami, ou le professeur d'anglais gay qui se maquille les yeux avant d'aller travailler. Les femmes y tombent enceintes très jeunes, et font des enfants seules dont les pères disparaissent très vite de la circulation . Tous sans exception sont désemparés devant une vie qui ne les a pas favorisés mais qu'ils acceptent comme elle vient, considérant les choses graves comme étant naturelles comme ces morts très jeunes, des suicides réalisées sans aucun indice préalable mais aux antécédents souvent tragiques dans cet endroit désolé et où la baise et la mort sont placés trop près l'une de l'autre, « Ici on baise, ici on meurt, et au milieu c'est la vie, bien qu'il y ait eu – et qu'il n'y ait plus – le chemin de fer….quatorze pâtés de maisons …entourés d'un lacet de terre au-delà duquel il y a peu de chose : les rails du train abandonnés, un entrepôt rouillé, la route et un cimetière. »

Écrit dans un style simple, une histoire tragique racontée sans commisération . Un voyage aux confins d'un pays cumulant toutes les malédictions du monde contemporain, dont le style et la conclusion sont d'une humilité étonnante que je vous laisse découvrir.


« Ils étaient nombreux à vouloir devenir quelqu'un à Las Heras. Devenir quelqu'un, disaient-ils. Comme si eux, là, n'étaient personne, n'étaient rien. »






Commenter  J’apprécie          9412
Les suicidés du bout du monde sont-ils si différents des suicidés de nos friches industrielles ou de nos campagnes délaissées ? C'est la question que je me suis posée à la lecture de ce reportage à Las Heras, bourgade de Patagonie qui détient le triste record du plus fort taux de suicides...

L'autrice est la journaliste qui a enquêté sur le phénomène, sillonné la ville, rencontré les proches ou les personnalités locales. Pour autant, elle ne nous apporte pas de réponse évidente à cette 'vague' de suicides, tout au plus parfois des réponses individuelles : deuil, dispute ou parfois rien du tout.

Mais, en filigrane de son reportage, on lit la misère humaine des coins où on n'a rien à faire et pas de perspective d'avenir : près de 30% des filles sont enceintes avant 18 ans, le chômage touche environ 20% des gens, il n'y a pas de cinéma ni de bar...

Un peu désincarné, ce livre n'a pas suscité beaucoup d'émotions chez moi. Mais des réflexions, oui ! Sur ce qui fait la différence entre ceux qui plongent quand les circonstances sont dures et ceux qui nagent et gardent le sourire.
Commenter  J’apprécie          330
Sous-titré Chronique d'une petite ville de Patagonie, ce livre, qui n'est pas un roman, relate l'immersion de la journaliste Leila Guerriero dans une petite ville de Patagonie, à 1700 kilomètres de Buenos Aires. Elle est partie là-bas sur un coup de tête, sur ses congés, sans l'aval de sa rédaction, à l'automne 2002, attirée par un article relatant la mise en place d'un programme spécial de l'Unicef dans cette petite ville, suite au suicide de vingt-deux jeunes entre dix-huit et vingt-huit ans. Elle enquête sur ces décès brusques et inexpliqués, rencontre les familles ou les amis des jeunes. Elle fait connaissance avec des personnages hauts en couleurs de Las Heras, et relate leur histoire, comme celle de Pedro.

Emballée l'année dernière par Une histoire simple, autre enquête, plus récente, de Leila Guerriero, j'avais bien envie de lire cette autre traduction. J'ai été très intéressée par l'enquête et les pistes évoquées, sans qu'aucune explication ne vienne réellement conclure le livre. La recherche passionnante pointe surtout le manque de perspectives d'avenir des jeunes de cette région dévolue à l'extraction pétrolière, l'ennui, le climat, le vent qui souffle sans cesse, les grossesses non désirées et les familles explosées. Plusieurs solutions ont été proposées par différentes institutions ou associations, au fil des années, sans que les suicides ne cessent tout à fait. Les cas, pris individuellement, sont glaçants à la fois par leur banalité et le sentiment d'incompréhension qu'ils provoquent. Toutefois, est-ce un effet de la traduction ou parce que c'est la première fois que l'autrice se lançait dans un projet d'ampleur avec ce livre, le style m'a parfois beaucoup plu et m'a aussi souvent gênée, même si je comprends certains partis-pris expliqués en postface.
Cette lecture édifiante et dépaysante à la fois pourrait pourtant vous passionner, qu'en pensez-vous ?
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          200
Leila Guerriero arrive à Las Heras au début de l'automne 2002.
La ville a été créée au début du XXème siècle avec l'arrivée du chemin de fer en Patagonie. D'abord tournée vers l'élevage de moutons, elle connait un développement effréné avec la découverte d'un des gisements de pétrole les plus importants de la région. L'arrivée de travailleurs en provenance de toutes les provinces du pays accroit significativement sa population, qui atteint entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990 jusqu'à 16000 habitants. S'y installent alors, pour satisfaire les besoins de cet afflux d'hommes seuls venus pour gagner de l'argent et avec l'intention de repartir vite, une multitude de bistrots, de bordels et de cabarets.

En 1991, la privatisation de la société pétrolière qui gère le gisement signe la fin de la prospérité. On réduit les effectifs, le chômage augmente, la plupart des hommes s'en vont. Ne restent alors à Las Heras que les misérables, les « cassés en petits morceaux ». La ville devient fantôme, succession de rues vides et sans nom bordées de maisons sans jardin. On n'y trouve ni cinéma ni kiosque à journaux, sans même parler d'internet. Les lignes téléphoniques y sont souvent coupées. C'est une ville de pampa, perdue au coeur d'une immensité désertique où souffle un vent qui rend fou.

A son arrivée, Leila Guerriero est d'ailleurs d'emblée atteinte par l'ambiance mortifère du lieu, qu'exhausse l'angoisse de rumeurs de blocages routiers qui risquent de l'y maintenir prisonnière plus longtemps que prévu. Elle se demande ce qui lui a pris de venir se perdre dans ce trou perdu et privé de tout attrait. Ce qui l'a attirée à Las Heras n'est d'ailleurs pas plus réjouissant que l'aspect qu'offre la ville, s'agissant de ce que l'on pourrait qualifier d'épidémie de suicides. Douze habitants s'y sont en effet donnés la mort entre mars 1997 et fin 1999, hommes et femmes âgés en moyenne de vingt-cinq ans, issus de familles modestes mais traditionnelles, pour certains des figures de la communauté : le maître-nageur, le meilleur cavalier de la province... et il y en a eu d'autres avant eux, suffisamment pour que la curiosité de la journaliste soit attisée. Il n'y a en revanche aucune recension officielle de ces morts qui alimentent les fantasmes les plus délirants : des on-dit évoquent l'existence d'une secte qui détiendraient la liste des noms des suicidés à venir…

Cette absence de données est révélatrice de la négligence imputable aux autorités quant au sort, voire quant à l'existence même, de la Heras. Il faut attendre le recensement de 1999 pour que la ville dispose pour la première fois de ses propres statistiques, qui mettent alors en évidence sa misère et ses difficultés. Trente pour cent des femmes y tombent enceintes avant 18 ans et sans être en couple, la grande majorité de ses actifs sont des travailleurs pauvres, et 89 % de la population vit d'une industrie du pétrole déclinante.

Leila Guerriero mène l'enquête auprès de familles dont l'un des membres s'est suicidé, et rencontre aussi certains habitants notoires de la commune, pour prendre en quelque sorte le pouls de Las Heras, comprendre à partir de leurs témoignages ce qui la caractérise. Elle s'attarde plus précisément sur certaines histoires. Celle de Luis, orphelin de mère élevé par des tantes puritaines, et qui malgré une fiancée, un bon copain, et le projet de faire des études de médecine, se pend ; celle de Caroline, « fille soignée » qui voulait devenir institutrice, et qui, alors qu'elle est partie, bavarde et rieuse selon ses proches, chercher son fils pour l'emmener à la fête du quartier, met soudainement fin à ses jours ; celle de Ricardo à qui sa mère répond, alors qu'il menace, usé par la maltraitance de son beau-père, de se donner la mort : "tue-toi". Ce qu'il fait le jour même… hormis ce dernier cas, et quelques rares autres, aucune détresse évidente n'a présidé à ces suicides.

Les survivants, entre incompréhension et douleur, se réfugient, en quête de sens, dans la religion ou des certitudes morales pourvoyeuses de logique, et tant pis si elle est bancale.

Les figures lumineuses d'autres habitants de Las Heras sur lesquelles s'attarde l'auteure font comme un contrepoint à la sinistre série : Pedro, quadragénaire homosexuel et exubérant, poète, professeur d'anglais, et animateur d'une émission de radio où il essaie de faire connaitre les cultures autochtones ; Naty, promise à dix ans à un homme auquel elle se fiance à quatorze puis se marie à seize, avant de se retrouver veuve avec trois enfants et d'être contrainte d'arrêter ses études de médecine. Jorge, homosexuel lui aussi, convaincu d'avoir réussi sa vie parce qu'il est le meilleur coiffeur de Las Heras, sa gouaille et son humour plein d'autodérision contribuant sans dote aussi à sa célébrité…

On devine à travers tous ces témoignages à quel point la vie par ici peut être difficile, même si un voile de pudeur recouvre les allusions aux maltraitances, à l'absence cruelle de perspectives pour les jeunes, à la détresse des filles-mères. Aucune explication ne se dégage pourtant face à la vague de suicides qu'a connu Las Heras. Les données parlent mais n'expliquent pas. Les théories avancées sont nombreuses : le désoeuvrement, des parents absents ou maltraitants, des avortements forcés, l'alcool, la drogue, les traumatismes… L'auteure s'interroge sur ce qu'implique d'être de ceux dont on ne parle jamais aux informations, comme si l'on n'avait rien à voir avec le reste du pays, avoue son soulagement à l'idée de n'être là que de passage. Elle-même semble s'engluer dans l'apathie mortifère qui pèse sur la ville, se perdre dans la multiplicité de ces histoires dont l'hétérogénéité empêche de formuler quelque hypothèse. Je dois avouer que, faute de méthode dans l'enquête et de structure dans le récit, je me suis moi-même sentie un peu perdue, confondant certains protagonistes, oubliant les connexions liant certains d'entre eux. Aussi, même si j'ai trouvé certains témoignages très touchants et apprécié la manière dont Leila Guerriero entremêle à son enquête l'évocation des effets de son séjour à Las Heras sur son propre état d'esprit, je suis restée un peu sur ma faim.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          70
J'avoue que cette journaliste a une belle plume.
Chaque page tournée, j'attendais un petit détail, une explication à ces témoignages.
C'est écrit comme un journal de bord, mais avec des sentiments, des liens.
Pourquoi dans cette petite ville de Patagonie, des jeunes personnes se suicident ?

Pourquoi 222 pages, pour en tirer une conclusion que l'on n'a pas ?

Las Heras, ville fantôme, de chômeurs, de poivrots, puits de pétrole, un désert froid et venteux. Des êtres en souffrances pour sans aucune raison, certaines âmes se demandent pourquoi elles sont sur terre ?

Déçu par cette morne lecture …
Commenter  J’apprécie          161


critiques presse (1)
LaLibreBelgique
18 janvier 2022
La journaliste argentine Leila Guerriero est allée à la rencontre de la population de Las Heras où, en deux ans, une dizaine de jeunes personnes se sont donné la mort.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je ne me rappelle pas ce que j'ai vu en premier.
Peut-être la station YPF à l'entrée de la ville, ou l'avenue Perito Moreno avec son terre-plein central, ou le cimetière, où l'énorme entrepôt en tôle qui indiquait Transport Las Heras. Je sais seulement que je n'ai pas vu - ni alors ni jamais - le graffiti dont quelqu'un m'avait parlé : "Las Heras, ville fantôme".
- Tu verras, à peine arrivé, c'est le premier truc que l'on remarque.
Pas besoin. la ville parlait d'elle-même. Il n'y avait ni gens, ni jardins, ni fenêtres ouvertes, ni panneaux indiquant le nom des rues. Les arbres semblaient être des survivants à un mal quelqconque. J'ai su ensuite qu'il n'y avait ni cinéma, ni internet, ni kiosque à journaux, et que de temps en temps le vent coupait les lignes de téléphone, fournies par une coopérative municipale car ni le bras long de Telefonica ni les ambitions françaises de Télécom n'étaient parvenus jusque-là.
C'était une journée ensoleillée et ça aidait, mais quand je suis descendue du bus, le vent m'a poussée, j'ai titubé et senti le sable crisser sous mes dents.
J'ai soulevé mon sac à dos et j'ai marché jusqu'à l'hötel.
La réception était calme, comme en pleine sieste, mais il était midi. J'ai posé mon sac à dos sur le sol et j'ai attendu. Il y avait du monde au bar - un endroit agréable, avec des tables en bois et des fenêtres aux rideaux transparents qui laissaient passer la lumière; l'un des rares, je le saurais par la suite, où il n'y a ni musique assourdissante ni filles s'offrant pour cinquante pesos - et la nouvelle était déjà sur toutes les lèvres : le barrage s'était abattu sur la route, comme un tsunami. On ne pouvait plus rentrer à Comodoro.
Un garçon avec des phalanges tatouées de croix a surgi derrière le comptoir. Il m'a souhaité la bienvenue, m'a donné les clefs, la télécommande de la télévision, et m'a demandé si j'étais déjà au courant.
- De quoi ?
- Que dans cette ville il se passe de drôles de choses. Toutça, c'est la faute des Indiens enterrés qui rôdent dans le coin. Il y a beaucoup d'Indiens enterrés ici.
je suis montée dans ma chambre. J'ai fermé la porte. J'ai allumé la télé. il n'y avait rien. Juste de l'électricité statique, un nuage gris. Le vent arrachait les fenêtres et les dents, jusqu'aux molaires.
Qu'est-ce que je suis venue faire ici. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Ni ce que je cherchais.
(pp.18-19)
Commenter  J’apprécie          100
Typique des petites villes – les grandes cruautés –, à Las Heras, on appelait Pedro « Pepita »…..
– Avant, j’allais de chez moi à la messe et de la messe à chez moi, c’était mon petit univers. Je croyais que tout était péché. On nous disait que si on péchait, même en pensées, on serait maudit toute notre vie. Si je regardais un homme, pour moi c’était péché. J’allais à la messe et je récitais au moins vingt fois le Notre Père pour que ça me passe, parce que je croyais que j’allais finir en enfer.
En Enfer il n’y est pas allé, mais à Bahía Blanca il a découvert qu’entre chez lui et la messe, et entre la messe et le paradis, il y avait un échelon intermédiaire : le commissariat, où tant de fois ils l’ont emmené.
Commenter  J’apprécie          300
J'en avais tellement entendu, des théories qui expliquaient tout.
Parce que c'est comme ça, parce qu'il n'y avait rien à faire, parce qu'ils s'ennuyaient, parce qu'ils ne s'entendaient pas bien avec leurs parents, parce qu'ils n'avaient pas de parents, parce qu'ils en avaient trop, parce qu'on les battait, parce qu'on les forçait à avorter, parce qu'ils ingéraient beaucoup d’alcool et de drogues, parce qu'on leur avait fait du mal, parce qu'ils sortaient le soir, parce qu'ils volaient, parce qu'ils sortaient avec des filles, avec des filles de joie, parce qu'ils avaient des traumatismes d'enfance, d'adolescence, des traumatismes de jeunesse, parce qu'ils auraient aimé naître ailleurs, parce qu'on ne les laissait pas voir leur père, parce que leur mère les avait abandonnées, parce qu'ils auraient préféré que leur mère les abandonne, parce qu'ils avaient été violés, parce qu'ils étaient célibataires, parce qu'ils avaient des relations amoureuses mais malheureuses, parce qu'ils n'allaient plus à la messe, parce qu'ils étaient catholiques, sataniques, évangéliques, passionnés de dessins, punks, sentimentaux, bizarres, appliqués à l'école, coquets, flemmards, dans le pétrole, parce qu'ils avaient des problèmes, parce qu'ils n'en avaient absolument aucun..
Des théories. Et les faits, qui s'entêtaient à rester sans réponse.
J'ai entendu le grondement dans la rue et j'ai su que c'était le vent, encore.
Commenter  J’apprécie          90
On était en 1991. Pedro avait trente ans et des habitudes cent pour cent gays qui ont profondément déplu, mais il s’en fichait. Il sortait avec la douce courbure de son rimmel, un sarouel en satin et de magnifiques chaussures à talons compensés, reine du désert dans une petite ville pétrolière en plein essor : j’ignore ce que peut être le courage mais cela y ressemble.
Commenter  J’apprécie          351
Il était deux heures du matin. De l'autre côté de la rue, se trouvaient les rails désaffectés et, une centaine de mètres plus loin, le cimetière. Je me suis dit que l'argentinité, c'est beaucoup de choses, mais tout particulièrement cette prédilection à placer la baise et la mort si près l'une de l'autre. Ici on baise, ici on meurt, et au milieu c'est la vie, bien qu'il y ait eu-et qu'il n'y ait plus-le chemin de fer. (page 60)
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : patagonieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (244) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}