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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Wow, le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne m'attendais pas à ça en ouvrant ce roman à la couverture si éclatante !
Dès le prologue, on est plongé dans ce monde terriblement froid, sombre, cynique et cruel. La faute au Maudit à cause de qui tout a basculé... La faute à cette vieille histoire devenue un mythe, enjolivé, détourné, de la disparition des étoiles.
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Le monde se meurt et les gens deviennent fous.
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Alors, que peut faire un cirque, que peuvent ces laissés pour compte, ces bêtes de foire, dans tout ce fatras ?
L'association des deux notions est curieuse, et pourtant, cette lecture fut un tourbillon magnifique, une petite pépite qui reflète parfois la lumière pour mieux apprécier les zones sombres. (J'avais noté l'inverse, mais cette tournure correspond mieux au sujet, je trouve.)
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Car l'ombre ici est magnifiée, la laideur portée aux nues ; l'égarement devient une nécessité et les croyances sont une force pure. Et l'espoir... l'espoir est tout ce qu'il reste.
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J'ai été touchée par la force des images employées. Tout est joliment dit, même les scènes macabres. C'est dire à quel point la langue est soignée.
L'enterrement des étoiles, c'est un long poème fait de merveilles et de terreurs, c'est un conte joué entre les anges et les démons, c'est une mythologie complexe, une pierre précieuse dénichée dans un bourbier.
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"L'annonce de la fin est proche. À la cité des héritiers, le roi Jenophon reçoit la visite de l'oracle annonciateur"
C'est donc ainsi que l'on commence le roman de Christophe Guillemain : par l'annonce de la fin du monde. Dans son univers, les étoiles ont disparues, et dans l'ensemble, ce n'est pas la fête de la gaudriole : l'ambiance est lourde, collante, désespérée, et il semble que tout le monde (y compris le lecteur) attend la fin de tout, qui apparait presque comme une délivrance.
On fait presque immédiatement connaissance avec les personnages de ce récit, une troupe de monstres de foire aux personnalités haute en couleur... Et aux nombreux secrets. S'ils ne sont pas tous attachants, ils ont toutefois le mérite d'avoir leurs personnalités (certes, pas toujours fouillées), et je me suis surprise à éprouver parfois de l'admiration pour certains, que j'avais commencé par détester.
Au fur et à mesure, on rencontre d'autres personnages - et surtout, des anges déchus, qui écrasent les mortels de leur dédain et de leur puissance. D'ailleurs la seconde moitié de l'ouvrage nous expose l'impuissance des humains, qui ne sont finalement que les jouets des dieux et des anges. C'est pourquoi il n'y a pas vraiment de personnage principal, l'histoire naviguant entre le vampire Matifas, Ylias l'homme fort (qui passera sa vie à être manipulé par tout le monde), et Popiela et Sebaste, les deux enfants innocents qui se transforment lentement en arbre et dont le destin semble inéluctable.
L'histoire étant gouvernée par les Dieux et anges tout-puissants, ont ressent énormément le poids religieux, mais aussi la culpabilisation qui pèse sur les peuples - qui acceptent donc leurs malheurs, et, comme je le disais, attendent la fin.
Étonnamment pourtant, il faudra arriver à la fin du récit pour réaliser que, contrairement aux apparences, l'histoire n'est pas dénuée d'espoirs ni d'optimisme. Les révélations qui apparaissent au fur et à mesure éclairent l'intrigue, et nous laissent sur une note plus lumineuse - malgré tout.
Si l'histoire nous fait voyager, les double-sens sont également nombreux, et on pourra aisément donner à L'Enterrement des étoiles la complexité d'une parabole... Mais que peut-être l'auteur n'a pas souhaité !
Je dois toutefois avouer m'être un peu perdue en cours de route, peut-être trop affectée par cette ambiance de fin du monde. Ou alors par la complexité de l'histoire. Quoiqu'il en soit, j'ai terminé assez laborieusement le roman, par petites touches. J'ai néanmoins beaucoup aimé la résolution de (des ?!) intrigue(s).
Bref, un roman étonnant, plutôt exigeant également, et qui mérite sa reconnaissance de "Pépite de l'imaginaire 2022".
Au plaisir de lire les prochaines publications de l'auteur !
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L'enterrement des étoiles est le premier roman de Christophe Guillemain. Dans ce roman de fantasy, l'auteur nous présente une bande de personnages étranges et mystérieux. Ils appartiennent tous à la même troupe de théâtre. Ce sont pour la plupart des êtres difformes, rejetés par la société. Il y a par exemple Martifas, le vampire qui vit dans sa jarre, les enfants atteints par l'Errrance et qui se transforment peu à peu en arbustes, le Bossu Tristo amoureux de Jyss, la magicienne ou encore Ylias, le muet. Tous ces éclopés ont été recueillis par Tod. Quand la troupe s'arrête dans la cité du roi Jenophon, mêmes les Dieux se tournent vers ces mal-nés…

Je dois d'abord faire un point sur le style de Christophe Guillemain. Il est riche, poétique, pas toujours évident mais d'une rare beauté, c'est sûr. Ce roman demande un effort dans la lecture car l'auteur travaille chaque phrase, chaque mot pour les sublimer.

Il y a ensuite l'intrigue qui là aussi n'est pas forcément évidente et facile à suivre. Il va être question de divinités, de prophéties. L'auteur mène une réflexion sur la place de la religion dans la société. Nous sommes bel et bien dans un univers de Dark fantasy où le monde est sur le point de basculer dans la nuit noire. le roi Jénophon agite la religion comme un étendard sous lequel le peuple, terrorisé, peut se rassembler pour se réfugier. On y voit des hommes de pouvoir qui manipulent les masses pour mieux faire entendre la prophétie divine. Prenez garde aux monstres qui deviennent des héros et aux anges qui se changent en bourreaux!

Il faut aussi savoir lire entre les lignes. La troupe de théâtre de Tod n'est qu'une mise en abyme du monde créé par l'auteur! Comme dans une pièce de théâtre, le roman se déroule en trois actes. Alors tragédie ou comédie? Il faut aller jusqu'au bout du roman pour en savourer le dénouement. J'ai cependant particluièrement apprécié la dernière partie du roman où tout s'accélère et où j'ai trouvé des réponses à mes questions.

L'enterrement des étoiles est un roman exigeant qui développe un univers de fantasy riche et surprenant!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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--- Première pépite de l'imaginaire 2022 ---

Subjuguée par sa couverture et son synopsis, c'est sans hésiter que j'ai demandé à recevoir L'Enterrement des étoiles, la pépite de l'imaginaire des éditions Mnémos pour l'année 2022. Je remercie donc la maison d'édition pour l'envoi de ce roman que j'ai débuté dès le lendemain de sa réception – chose assez rare pour être soulignée !

Dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment de lecture entre prophétie incertaine, mythologie chrétienne et magie de l'illusion. Alors, si comme moi vous êtes amateur de dark fantasy, je ne peux que vous le recommander.

--- Poétique et mélancolique ---

Voilà qui caractérise bien la plume de Christophe Guillemain. S'il utilise un vocabulaire riche et un style soutenu, le texte est on ne peut plus fluide. Veillez simplement à être bien concentré, car c'est une lecture assez exigeante, en fin de compte. Je l'ai appris à mes dépens, la fatiguant m'ayant rendue distraite. Rapidement, j'ai perdu le fil de l'histoire. J'ai donc choisi de refermer le livre pour le reprendre le lendemain, et j'ai bien fait.

Autre petit conseil : soyez attentif à la pièce de théâtre qui se déroule dans le deuxième chapitre. Personnellement, j'y suis revenue à plusieurs reprises afin de mieux cerner les bases de l'intrigue.

--- À la rencontre des mal-nés ---

L'auteur ne tarde pas à nous présenter ses personnages qui, tous, souffrent de difformités, qu'elles soient apparentes ou non. J'admets avoir été un peu submergée par le nombre au début, mais des rappels sont intelligemment insérés, ce qui m'a permis de mémoriser chacun d'entre eux.

Todestre est indéchiffrable, Ystar intrigant et les enfants Sébaste et Poppiela attendrissants, toutefois je ne sais lequel d'entre eux je préfère. Matifas, peut-être ? C'est une créature de la nuit qui s'est offerts à l'oubli il y a déjà fort longtemps. En des termes plus simples, c'est un vampire, mais Christophe Guillemain intègre cette figure quasiment réservée à l'urban fantasy au sein d'un univers médiéval sans la moindre difficulté.

Si je n'ai pas de préférence parmi les héros, j'en ai une parmi les antagonistes : l'ange Mether. Tiraillée entre la peur que lui inspire le roi Jenophon et l'envie d'accomplir ses propres desseins, elle n'hésite pas à comploter pour atteindre ses fins.

L'Enterrement des étoiles a donc lieu dans un monde où les anges peuvent être des monstres et les monstres des héros !

--- Entre mythologie chrétienne et magie de l'illusion ---

Le concept de prophétie n'est certes pas innovant, mais la mythologie inventée par Christophe Guillemain l'est bel et bien. Il s'inspire notamment de la religion chrétienne, ce qui l'amène à personnifier Dieu (il s'appelle ici Oudath) et à imaginer le paradis. Sur terre, les étoiles s'éteignent, car un homme s'est cru assez fou pour défier Oudath. Qu'adviendra-t-il de l'humanité si le soleil disparaît définitivement ? Est-il encore possible de franchir la porte du paradis ? Mais qui fera partie des rares élus ? Voici autant de questions auxquelles j'avais hâte de trouver des réponses !

La magie s'invite également dans cet univers obscur. Les détenteurs du Verbe sont ainsi capables de créer des illusions tangibles jusque dans le toucher pour mieux les faire disparaître ensuite – ou les faire perdurer, qui sait ? Sincèrement, j'ai adoré cette partie de l'histoire !

--- Un récit, trois actes distincts ---

Le premier est surtout dédié à la présentation des personnages et de l'univers. L'auteur en profite pour exposer sa prophétie sans tomber dans les écueils propres à ce genre de procédé. Certes, un Élu est désigné, mais il est surtout manipulé par ceux qui souhaitent voir la prophétie se réaliser. D'ailleurs, d'autres refusent d'accorder du crédit à cette dernière. En définitive, Christophe Guillemain laisse planer le doute sur ce point, laissant au lecteur la possibilité de se faire son propre avis.

C'est toutefois le deuxième acte qui remporte ma préférence, car il amorce un complot au niveau politique et religieux. Et vous savez comme j'aime suivre les machinations de clans opposés ! Sachez tout de même qu'un flou entoure l'intrigue. J'ai lu L'Enterrement des étoiles il y a peu, pourtant je serais bien en peine d'en dresser un résumé complet. C'est pour moi la preuve incontestable de la richesse de son scénario et de son univers.

--- Et concernant le troisième acte ? ---

Si le rythme du récit est relativement lent au début, il s'accélère nettement dans le deuxième acte. Je m'attendais donc à une apothéose pour le dernier. Cependant, malgré des révélations lourdes de sens, j'ai trouvé que l'intrigue s'essoufflait en bout de course.

En fait, le final manque de panache ; je l'imaginais spectaculaire, il s'est avéré prévisible, mais pas sur tous les points heureusement ! Enfin, j'ai beaucoup apprécié l'épilogue, ce qui m'a permis de refermer L'Enterrement des étoiles le sourire aux lèvres !
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça, mais j'ai l'impression d'être éternellement condamnée à me faire surprendre par les titres de la maison d'édition Mnemos. Est-ce un mal ? Je ne crois pas ! Tout dans ce récit était d'une surprenante beauté, tout en étant sombre, cruel et froid.

Mon résumé

La fin du monde approche, les étoiles ont disparu du ciel, et le soleil semble se ternir de jour en jour. Les anges, rejetés sur la Terre des mal-nés ne souhaitent que retourner au paradis alors que les hommes se raccrochent à leurs espoirs perdus et des rêves de prophéties grandioses. C'est dans la cité de Naachts, la cité des Héritiers, que la troupe de Todestre vient se produire. La magicienne Jyss, le bossu Tristo, les enfants maudits Sébaste et Poppiela condamnés à finir en plante, le vampire contorsionniste Matifas, le muet Ylias, la déesse Nypha et son amant sauvage Joran ; tous sont les héros d'une prophétie qui les dépasse, tissée de fils blancs et d'illusions. Précipités par leur guide, Tod, dans ce purgatoire, chacun devra se mettre en quête de vérité et se révéler à eux-mêmes afin de réconquérir leur paradis perdu.

Mon avis

Je dois avouer d'emblée que j'ai eu un mal fou à entrer dans ce roman. Les cinquante premières pages ont été aussi laborieuses que nébuleuses alors que nous nous enfoncions corps et âme dans cet univers sombre où subsiste bien peu d'espoir. Nous commençons par un prologue obscur où le Roi Jénophon écoute un Ancien, Ypsol, lui délivrer une prophétie tortueuse sous les yeux médusés de sa commandante Méther qui ne caresse guère l'idée de sauver l'humanité. Nous basculons ensuite du côté de la compagnie, cette troupe hétéroclite que seul Todeste semble pouvoir rassembler autour de lui tant ils sont différents et monstrueux à leur façon. Très vite, les clés nous sont cachées pour ne nous donner que des petites bribes dissimulées ici et là, l'énigme se dérobant sans cesse à nos regards inquisiteurs.

C'est seulement au bout d'une cinquantaine de pages que l'on commence à percevoir où l'auteur nous conduit : dans une conquête d'un paradis perdu, avec d'un côté les Héritiers du Verbe, pouvoir de la création, et de l'autre les mal-nés, les créées. Si les uns veulent regagner leur paradis dont ils ont chu en voulant suivre celui qui avait attenté à la vie de leur dieu, ce ne se fera pas aux côtés des humains qu'ils abhorrent et rejettent pour leur monstruosité. Les mal-nés, eux, souhaitent surtout qu'on leur fiche la paix et qu'on leur rende la lumière qui leur permettra d'exister.

Une prophétie l'a dit, il y aura Celui qui ouvre, un guerrier venu les protéger, et Celui qui pourra les conduire dans le labyrinthe. Todestre est persuadé que Celui qui ouvre est son fils adoptif, Ylias, dont la force est légendaire, alors même que celui-ci se déteste aussi profondément qu'il est amoureux de la magicienne Jyss qui se joue de lui. Bientôt, c'est toute la troupe qui se retrouvera mêlée à cette histoire, d'une façon ou d'une autre. S'il est bien connu que le Cabinet des Merveilles de Todestre vient en ville pour donner spectaculaire et frissons, rejouant des scènes de la mythologie locale, et notamment de la chute d'Otham, leur dieu lumineux, rien ne laissait présumer qu'ils seraient les protagonistes de cette histoire…

Cette ambiance de dark fantasy, m'a énormément plu. Mêlée d'illusions, de mensonges, de secrets et de chemins tortueux, elle plonge dans le lecteur dans un sentiment de malaise et de tension diffus. Figurant une fin du monde toute proche, plutôt originale dans un univers de fantasy, l'auteur y mêle toutes sortes de créatures : des anges, des vampires, des magiciens, des confesseurs et des dieux, formant une cosmologie de monstres aussi redoutables que sans pitié. En revanche, en dehors de Poppiela et Sébaste, voire même Matifas, je les ai tous trouvés cruels, sombres, sans morale, et j'ai détesté la plupart des personnages dont le traitement des personnages féminins… Todestre est un vil manipulateur, Tristo s'emporte sans arrête et voit Jyss comme sa possession avant de ramper à ses pieds (bonjour la relation toxique), Ylias, tout autant « amoureux » de Jyss ne semble l'être que pour son physique ou par comparaison avec le bossu sans jamais s'intéresser autrement à elle. Jyss quant à elle, semble singulièrement s'amuser de leur jalousie sans rien faire pour les taire, préférant humilier ses compagnons d'infortune qui, de toute façon, ne la voit que comme un bout de viande. La relation entre Nypha et Joran aurait pu être touchante, si Nypha n'était pas à moitié nue sans arrêt. Quant à Méther, on ne la présente que comme une manipulatrice sans honneur et sans moral. Soit dit en passant, il ne s'agit pour moi pas de sexisme ou de mysoginie comme on peut le voir dans certains romans puisque tous les personnages sont ainsi, sombres, cruels, mesquins, égoïstes, comme si le pire de l'humanité avait été placée en eux.

Seule Poppiela, la jeune enfant maudite, semble trouver grâce à mes yeux, une petite lumière dans l'obscurité, qui vient égayer le récit de sa loyauté et de son courage. A mon sens, c'est d'ailleurs grâce à elle, et grâce à ce qu'elle incarne pour l'un des personnages de cette histoire, qu'elle en est peut-être la véritable héroïne.

Si les personnages ne m'ont pas donc pour la plupart pas beaucoup plu, et non pas convaincue parce qu'ils sont tous convaincants dans leurs rôles respectifs, c'est sans doute l'intrigue et l'univers, originaux à leur manière, qui fait de ce roman une fameuse « pépite de l'imaginaire ». Leur construction à tiroir, venant nous en révéler ouverture après ouverture, page après page, partie après partie, en fait un texte suffisamment addictif pour tourner les pages les unes après les autres sans jamais vouloir réellement s'arrêter. La plume, suffisamment fluide, n'en reste pas moins fine et travaillée tout en manquant peut-être d'un peu de poésie que j'aurais mieux appréciée dans ce roman si sombre.

En résumé

L'Enterrement des étoiles est un roman relativement court mais aussi très exigeant dans ses premières pages. Sombre, plus proche de la dark fantasy que de la poésie du roman gothique, il offre pléthore de personnages aussi égoïstes que cruels lancés dans une quête pour un paradis perdu. Une plongée dans une ambiance de fin du monde, où meurt la dernière étoile alors que les anges, les hommes, les magiciens, les vampires, s'offrent un dernier combat pour la lumière.
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Je remercie les éditions Mnémos pour l'envoi de ce roman. La magnifique couverture couleurs nuit et or m'a envoutée et le résumé mentionnant la fin du monde, un cirque et une sombre prophétie a fini de me convaincre de craquer pour cette lecture. J'aime aussi toujours autant découvrir de nouvelles plumes francophones, surtout quand elles sont aussi soignées et pointues que celle de Christophe Guillemain !

Le prophète a annoncé que la nuit tomberait bientôt sur le monde. Des confesseurs, pouvant lire dans la tête des gens en les touchant, sont envoyés parcourir le monde à la recherche de l'élu, celui qui ouvrira le chemin dans le labyrinthe pour mener à la terre promise. Pendant ce temps, Todestre mène son cirque dans la ville pour y donner des représentations des événements liés à la prophétie, bien que les mal-nés soient mal perçus dans la cité. C'est alors qu'un confesseur va se pencher sur un des protégés de la troupe…

On est partagé entre croire à cette obscure prophétie dont les éléments apparaissent un peu trop facilement, et penser qu'il ne s'agit que d'une fable pour donner de l'espoir à un peuple au bord du gouffre. J'ai bien aimé cette ambivalence, soulignée par le fait qu'on suit à la fois les différents personnages du cirque, mais aussi les confesseurs et l'entourage du roi. Certains sont attachants, d'autres font réfléchir, et d'autres encore nous montrent la face la plus sombre du monde.

J'ai pour ma part beaucoup aimé la magicienne Jyss bien que son rôle soit assez ambigu : elle fera tout pour sauver sa peau, même le pire, mais elle est tout de même rattrapée par son altruisme envers ceux qu'elle aime. Les deux enfants atteints de l'errance, maladie qui les transforme petit à petit en plante, sont attendrissants dans les attentions qu'ils ont l'un pour l'autre et envers les autres de la troupe, tout en gardant l'espoir qu'ils pourront guérir de ce mal pourtant incurable. J'ai aimé également suivre le cheminement du confesseur Lauranz, qui voit sa foi remise en question en continu. J'ai par contre détesté l'élu (dont je ne révélerai pas l'identité ici pour ne pas spoiler), qui se prend pour le roi du monde alors qu'il n'était rien au départ (et qu'il n'est peut-être qu'une marionnette dans un plan plus vaste au final) !

Ce monde est peuplé de créatures étranges et mystérieuses : déjà parmi les personnages principaux, on retrouve des anges, des vampires, des magiciens, un homme-ours, une femme à la peau dorée et diaphane, des enfants qui se changent en arbre… Mais ce n'est pas tout, les rues de la cité, ces eaux ou encore ces souterrains regorgent de monstres menaçants, d'obscures présences et de créatures divines. Un répertoire impressionnant et fascinant à explorer !

J'ai trouvé le texte très bien écrit, soigné et qui amène de nombreuses pistes de réflexion sur divers sujets. Ce n'est cependant pas un texte facile à appréhender, il est assez dense dans ses thématiques et dans le cheminement qu'il entreprend. Ce n'est donc pas un roman à mettre entre toutes les mains.

Christophe Guillemain nous propose un premier roman atypique et réussi : il nous emmène dans un monde en fin de course peuplé de créatures magiques, vivant de l'espoir qu'une obscure prophétie va le sauver de la nuit. Un texte très soigné, amenant des réflexions intéressantes, mais qui est assez dense et ne sera donc peut-être pas pour tous les lecteurs.
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Dans ce roman, nous suivons un cirque itinérant dont les membres sont extrêmement particuliers : un vampire, des enfants souffrant de l'Errance et qui se transforment petit à petit en végétaux, ou encore une femme à la peau (littéralement) dorée. Leur quotidien va se voir bouleversé à l'annonce d'une prophétie qui pourrait concerner Ylias, le jeune muet de la troupe.

J'ai beaucoup aimé cette lecture même si je n'ai pas été aussi embarqué que j'aurais aimé. Autant l'histoire et la mythologie de l'univers m'ont énormément plus, j'ai été moins charmé par la plume (pourtant plutôt jolie) et par le rythme. J'ai un peu de mal à vraiment mettre le doigt sur ce qui a pu me gêner au niveau de l'écriture : peut-être un petit manque de fluidité ou l'aspect parfois très nébuleux de certains événements ? Toujours est-il que ça m'a parfois un peu freiné dans ma lecture.

En revanche, j'ai adoré le world building et, surtout, la mythologie de cet univers. Certaines des créatures rencontrées sont on ne peut plus classiques (comme les vampires et les anges) mais l'auteur parvient à leur ajouter un petit élément en plus qui permet de renouveler un peu ces figures.

J'ai aussi beaucoup aimé la façon dont l'auteur se joue du concept de prophétie et de tous les clichés qui vont avec, ainsi que sa revisite de la figure de l'élu. Tout n'était pas forcément inattendu pendant la lecture mais ces quelques éléments sont parvenus à susciter de la surprise dans le récit.

Notez quand même que les personnages du roman ne sont pas forcément les plus sympathiques, ce qui pourrait déranger certaines personnes. Pour ma part, j'ai réussi à apprécier la plupart d'entre eux (à part peut-être Jyss qui m'a laissé un peu dubitatif).

En tout cas, j'ai trouvé que c'était un très bon premier roman, à condition de ne pas être trop hermétique aux histoires qui prennent leur temps, et d'apprécier les ambiances un peu sombres et cryptiques.
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Le point fort de ce livre : sa splendide couverture illustrée par Abel Klaer et son récit captivant qui vous tiendra en haleine.

C'est un récit de Dark Fantasy très clairement inspiré par la religion catholique avec ses éléments clés : la lumière et l'ombre, le péché et la vertu, les anges et les démons, Dieu, le Paradis, le prophète, la prophétie, l'élu, la quête, etc.

Chacun pourra en tirer une morale selon son interprétation et ses sensibilités. Les métaphores utilisées sont puissantes et se superposent sans mal à notre réalité. La critique sociale est bien présente et fait réfléchir.

La galerie de personnages est touchante, éclectique et surtout, ils sont les pions d'un jeu d'échec qu'on déplace depuis bien longtemps en vue du coup final, l'apocalypse.

Le texte est fluide, découpé en chapitres courts et présenté en plusieurs actes comme les représentations de cette troupe de saltimbanques mal assortis.

Le décor est sombre, l'ambiance pas très joyeuse et pourtant les amitiés amours et haines qui rythment le récit captent toute l'attention.

L'ensemble est cohérent, on essaye de démêler le vrai du faux, de démasquer les traîtres parmi les saints et c'est difficile dans ce monde ou l'illusion côtoie de si près la réalité, pour autant qu'il existe quelque chose de vraiment réel dans ce monde.

Laissez vous envelopper, aspirer, subjuguer par cette histoire qui revisite de manière inattendue le mythe de l'apocalypse et de la fin du monde, par la noirceur de l'âme humaine mais aussi par l'éclat de l'amitié et de l'amour.

Une belle lecture qui vous fera rêver.
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Je le redis (encore), Mnémos est pour moi une des meilleures ME françaises en ce qui concerne les auteurs SFFF francophones. C'est pourquoi j'ai été plus que ravie de recevoir ce SP que j'avais demandé, j'en profite d'ailleurs pour les remercier. ⁠
Et puis, parlez-moi de fin du monde, de monstres dans un cirque itinérant et je ne réponds plus de rien (sans compter que la couverture est juste CA-NON)⁠
Comme je m'y attendais, c'est un voyage onirique que nous fait vivre Christophe Guillemain. Sa plume est vraiment très belle et j'ai été très touchée par l'histoire. C'est un roman très riche en péripéties et en rebondissements et on se laisse surprendre de page en page. Toutefois, c'est une lecture exigeante, qui demande qu'on s'y consacre pleinement. ⁠
J'ai eu un gros coup de coeur pour les personnages mais j'aurais voulu des pages en plus pour approfondir encore les histoires des personnages secondaires. Pour ma part, je m'y suis beaucoup attachée, je les ai trouvés si plein de vie et d'humanité ! ⁠
Pour faire court, c'est très perché mais moi j'ai adoré. Ça n'a pas été le coup de coeur mais c'est un auteur que je suivrai avec attention. ⁠
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