VICTOR POUCHET - LA GRANDE AVENTURE - 18 questions sur la vie et la poésie
« le fil c'est peut-être une histoire très simple : tragi-comédie en cinq actes et deux personnages. L'un régulièrement menace de partir. L'autre se contente d'écrire des poèmes, dans l'espoir absurde de l'en empêcher. » Dans le roman-poème La Grande aventure, Victor Pouchet déroule une histoire à la fois bouleversante et légère en vers : une rencontre, des micro-aventures qui prennent des proportions de l'univers, des angoisses cosmiques, chansons tristes et verres de vin. Cette conférence-performance est l'occasion de traverser le livre et l'aventure de son écriture à travers une série de questionnements poétiques (ou presque) qui concerneront entre autres choses l'hypnose, Georges Perros, les récits épiques, Eugène Guillevic, les imprimantes laser avec option wifi, le doute et les chips au vinaigre.
À lire – Victor Pouchet, La grande aventure, Grasset, 2021.
Eugène GuillevicAnne-Marie Mitchell/5
2 notes
Résumé :
Qui êtes-vous Guillevic ? C’est la question que pose Anne-Marie Mitchell tout au long de cette rencontre avec un grand poète contemporain. Lire Guillevic dans un long poème inédit « L’été », l’écouter converser simplement, réfléchir au sens à donner à son œuvre, découvrir l’homme au travers d’un itinéraire photographique, telles sont les différentes résonances de cette étude.
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INÉDIT
ÉPERVIER
5
Ce n'est pas seulement
Pour cela que je plane,
Bien sûr.
J'en parlerai.
Mais, quand même, se voir
Un point fauteur de plan !
6
En plein azur,
Je ne redoute rien.
Le danger
Ne m'atteindra pas.
Rien ne vole aussi vite
Que ce point que je suis
Quand il se laisse
Appâter par le bas.
p.217
ÉPERVIER
5
Ce n'est pas seulement
Pour cela que je plane,
Bien sûr.
J'en parlerai.
Mais, quand même, se voir
Un point fauteur de plan !
6
En plein azur,
Je ne redoute rien.
Le danger
Ne m'atteindra pas.
Rien ne vole aussi vite
Que ce point que je suis
Quand il se laisse
Appâter par le bas.
p.217
Si je fais couler du sable
De ma main gauche à ma paume droite,
C'est bien sûr pour le plaisir
De toucher la pierre devenue poudre
Mais c'est aussi et davantage
Pour donner du corps au temps,
Pour ainsi sentir le temps
Couler, s'écouler
Et aussi le faire
Revenir en arrière, se renier.
En faisant glisser du sable,
J'écris un poème contre le temps.
(Art poétique, 1989)
De ma main gauche à ma paume droite,
C'est bien sûr pour le plaisir
De toucher la pierre devenue poudre
Mais c'est aussi et davantage
Pour donner du corps au temps,
Pour ainsi sentir le temps
Couler, s'écouler
Et aussi le faire
Revenir en arrière, se renier.
En faisant glisser du sable,
J'écris un poème contre le temps.
(Art poétique, 1989)
INÉDIT
ÉPERVIER
À Mohammed Dib
1
J'ai accepté l'espace
Et la hauteur.
Je m'y sens bien.
Même assez pour ne pas
craindre de me rêver
Tâtant les souterrains,
Dormant avant les sources.
2
Je ne suis pas de ceux
Qui tremblent du soleil
Ou d'autres majestés.
J'ai les cieux avec moi.
p.215-216
ÉPERVIER
À Mohammed Dib
1
J'ai accepté l'espace
Et la hauteur.
Je m'y sens bien.
Même assez pour ne pas
craindre de me rêver
Tâtant les souterrains,
Dormant avant les sources.
2
Je ne suis pas de ceux
Qui tremblent du soleil
Ou d'autres majestés.
J'ai les cieux avec moi.
p.215-216
INÉDIT
ÉPERVIER
7
Je me sais fort.
Je me sais craint.
Envié aussi.
Je m'accepte seigneur.
8
Fondre.
On dit : fondre.
Moi je ne me sens fondre
Que lorsque je m'oublie
Aux délices du plan.
Pas quand je fonds
Sur quelque chose.
Alors je me sens proche
De ces pierres qui m'agacent
Avec leur assurance.
9
Je voudrais traverser
Bien plus épais que l'air.
p.218
ÉPERVIER
7
Je me sais fort.
Je me sais craint.
Envié aussi.
Je m'accepte seigneur.
8
Fondre.
On dit : fondre.
Moi je ne me sens fondre
Que lorsque je m'oublie
Aux délices du plan.
Pas quand je fonds
Sur quelque chose.
Alors je me sens proche
De ces pierres qui m'agacent
Avec leur assurance.
9
Je voudrais traverser
Bien plus épais que l'air.
p.218
INÉDIT
ÉPERVIER
3
Je n'ai pas inventé le plan.
Je le pratique
Mieux que quiconque.
J'aime plonger, grimper,
J'aime rester sur mon palier,
À l'endroit où le vent
Est à peine de brise.
4
J'aime tracer mon plan.
J'aime aussi m'arrêter
Pour effacer
Ce qui pourrait le signaler,
Pour le deviner
Tel qu'il fut par moi.
Je constate
Mon goût de revenir
Au plan horizontal.
p.216-217
ÉPERVIER
3
Je n'ai pas inventé le plan.
Je le pratique
Mieux que quiconque.
J'aime plonger, grimper,
J'aime rester sur mon palier,
À l'endroit où le vent
Est à peine de brise.
4
J'aime tracer mon plan.
J'aime aussi m'arrêter
Pour effacer
Ce qui pourrait le signaler,
Pour le deviner
Tel qu'il fut par moi.
Je constate
Mon goût de revenir
Au plan horizontal.
p.216-217
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